Charles Guthmüller

1897 - 1976

Informations générales
  • Né le 20 août 1897 à Tassin (Rhône - France)
  • Décédé le 20 janvier 1976 à Lyon (Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Vosges
Groupe
Rassemblement du peuple français
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Vosges
Groupe
Entente démocratique

Biographies


Né le 20 août 1897 à Tassin (Rhône)

Décédé le 20 janvier 1976 à Lyon (Rhône)

Député des Vosges de 1951 à 1955

Charles Guthmuller a fait ses études au collège Jacquard à Lyon. Il ne semble pas avoir fait d'études supérieures encore que son niveau d'études ne soit pas exactement connu. Assez jeune, il s'installe à Epinal et crée une entreprise de lingerie. Charles Guthmuller qui combattit durant les deux guerres mondiales (il sert dans l'Infanterie de 1916 à 1918) mène de front, comme il est souvent d'usage pour ces industriels de l'Est ou du Nord, activité professionnelle, action sociale puis politique. Ce dernier type d'engagement étant souvent le prolongement des deux premiers. Ainsi fut-il délégué cantonal en 1936 et président du syndicat des confectionneurs des Vosges en 1939.

Membre du mouvement OCM - il fut président de l' œuvre de la Résistance - il est élu conseiller municipal d'Epinal en 1945, premier adjoint du docteur Thinesse, puis maire en 1947 (jusqu'en 1959), conseiller général de Dom-paire en 1949 (jusqu'en 1955), c'est tout naturellement que Charles Guthmuller se présente aux élections législatives du 17 juin 1951.

Charles Guthmuller est en deuxième position sur la liste du Rassemblement du Peuple Français conduite par Maurice Lemaire. Cette liste avait conclu un apparentement avec la liste des Indépendants et du RGR d'André Barbier. Elles se sont partagé les sièges au titre de cet apparentement. La liste RPF, avec 52 958 voix sur 162 209 suffrages exprimés, obtient trois des cinq sièges à pourvoir.

Au Palais-Bourbon, Charles Guthmuller est nommé membre de la Commission de l'intérieur et, à partir de 1953, de la Commission de la famille, de la santé publique et de la population. En leur nom, il présente de nombreux rapports notamment sur des propositions de loi tendant à accroître les droits des résistants. Le 13 décembre 1952, il dépose un amendement visant à permettre la réintégration au sein du corps préfectoral de résistants qui y ont servi à la Libération. Il défend les intérêts de ses mandants et de sa région particulièrement touchée par les dommages de guerre. Par exemple, le 4 décembre 1954, attire-t-il l'attention du ministre de la reconstruction - son colistier Maurice Lemaire- de la nécessité de décider un plan quadriennal de reconstruction des hôpitaux sinistrés dont celui d'Epinal. Il dépose aussi des propositions de résolution. Ainsi le 13 novembre 1952, une proposition visant à ramener le nombre des conseillers municipaux dans les communes de 100 habitants ou moins au chiffre de 9. Le 20 mars 1953, Charles Guthmuller, à l'occasion du débat sur une proposition de loi relative aux élections municipales, s'oppose à la disposition qui vise à faire rembourser par l'Etat les frais de propagande des candidats car il estime urgent de réduire les dépenses publiques. Le même jour, le député des Vosges dépose une proposition de loi tendant à modifier l'article 13 de la loi du 10 août 1871 relative aux conseillers généraux. Le 8 juillet 1955, une proposition de loi tendant à permettre l'admission à la retraite, dès l'âge de 50 ans, des assurés sociaux ayant perdu leur emploi.

Au cours de la législature, Charles Guthmuller, inscrit au groupe RPF, s'abstient lors de l'investiture d'Antoine Pinay le 6 mars 1952. Après que le général de Gaulle a rendu leur liberté aux parlementaires, il s'inscrit au groupe d'Union républicaine et d'action sociale et vote l'investiture de René Mayer (6 janvier 1953) et de Joseph Laniel (26 juin 1953). En revanche, il s'abstient lors de l'investiture de Pierre Mendès France le 17 juin 1954. Le 23 juillet, il approuve les accords de Genève qui mettent fin à la guerre d'Indochine. Contrairement à ses collègues de l'URAS, Charles Guthmuller vote contre l'adoption de la question préalable du 30 août 1954, autrement dit en faveur de la Communauté européenne de défense (CED). Pourtant, lors des votes du 13 décembre 1951 sur le traité de la CECA et du 19 février 1952 sur la CED, il avait voté contre. Il soutient Pierre Mendès France le jour de sa chute. Il approuve les accords de Londres le 12 octobre 1954 et les accords de Paris le 30 décembre. Le 23 février 1955, lors du débat d'investiture d'Edgar Faure, Charles Guthmuller intervient pour faire part de son inquiétude au sujet de la situation de l'économie et plus particulièrement de l'industrie textile. Les produits sont trop chers, précise-t-il, et se vendent moins. Or, plutôt que de reconvertir cette industrie, le député des Vosges propose d'avoir recours à « l'immense marché » de l'Union française et de baisser les impôts de consommation. Il annonce que son vote dépendra des réponses du Président du Conseil désigné sur l'industrie textile et l'Union française « qui est d'une importance capitale pour tous », ce qui lui vaut d'être applaudi à extrême droite et sur quelques bancs de droite. Le 29 novembre 1955, il contribue par son vote à la chute du gouvernement Edgar Faure.

Charles Guthmuller ne se représente pas aux élections législatives du 2 janvier 1956 mais sera réélu à la première législature de la Ve République dans la 1re circonscription des Vosges.



GUTHMÜLLER (Charles)
Né le 20 août 1897 à Tassin (Rhône)
Décédé le 20 janvier 1976 à Lyon (Rhône)

Député des Vosges de 1951 à 1955 et de 1958 à 1962

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français (1940-1958), tome 4, p. 289)

Réélu maire d’Epinal sur une liste d’union des gaullistes et des modérés de droite en 1953, Charles Guthmüller préside l’Association des maires vosgiens, qu’il a fondée, de 1952 à 1959. Député sortant, il ne s’est pas représenté aux élections du 2 janvier 1956 en raison d’une mésentente avec l’ancien ministre et directeur général de la SNCF Maurice Lemaire, dont la liste est apparentée au MRP et aux Indépendants. Adhérent du Centre national des Républicains sociaux dès sa création en 1954, Charles Guthmüller s’en est éloigné dans les dernières années de la IVème République. Au lendemain des événements du 13 mai 1958, le maire d’Epinal participe au Comité de salut public formé dans le département des Vosges, en écho à celui d’Alger.

C’est en candidat d’« Union et de rénovation nationale » qu’il se présente aux élections législatives de novembre 1958 dans la 1ère circonscription des Vosges, qui compte pour villes principales Epinal et Thaon-les-Vosges. Sa suppléante, maire d’une commune du canton de Bruyères, est la veuve d’un industriel du textile membre du RPF sous la IVème République. Charles Guthmüller dirige lui-même une société de 30 employés spécialisée dans la confection de lingerie féminine : il forme avec sa suppléante, Mme Georges Boucher, un tandem très représentatif d’une certain tradition vosgienne de paternalisme industriel étendu à la vie publique.

Le maire d’Epinal n’a pas souhaité obtenir l’investiture de l’Union pour la nouvelle république (UNR). Ancien délégué départemental du RPF dans les Vosges sous la IVème République, il ne se voit pourtant pas opposer de candidat par la nouvelle formation gaulliste le 23 novembre 1958. Charles Guthmüller entend solliciter les suffrages des Vosgiens sans le soutien « d’aucun Comité parisien », « en dehors des partis politiques », armé de sa « longue et constante fidélité au gaullisme ». Au premier tour de scrutin, pas moins de sept candidats briguent les suffrages des électeurs dans la première circonscription des Vosges. Le député sortant MRP Lucien Nicolas, premier magistrat de Rambervillers, qui a pour suppléant André Argant, un adjoint de Charles Guthmüller à la mairie d’Epinal, fait figure de principal concurrent. L’ancien maire d’Epinal Alfred Thinesse, membre du Conseil général, qui avait accueilli le général de Gaulle dans la préfecture des Vosges le 29 septembre 1946, sollicite également les suffrages des électeurs de la première circonscription en candidat « d’Action nationale économique et sociale ». Le 23 novembre 1958, l’ancien député Charles Guthmüller arrive en tête avec 14141 voix, soit 28,1% des suffrages exprimés devant le candidat sortant MRP (21,4%), le socialiste Pierre Blanck, futur maire d’Epinal (14,5%), le docteur Thinesse (13,4%) et le communiste André Bliquez (11,8%).

Dans l’entre-deux tours, Charles Guthmüller est confronté à une alliance objective entre la SFIO, dont le candidat s’est retiré, et le démocrate-chrétien Lucien Nicolas. Les reports de voix demeurent incertains dans l’ensemble, malgré une tendance favorable au tandem d’industriels Guthmüller-Boucher. Le maire d’Epinal dénonce alors les « coalitions et combinaisons qui se sont faites pour ranimer les représentants déçus des partis moribonds » et s’oppose à « ceux qui ont dit un Oui à retardement et du bout des lèvres » au référendum portant sur la Constitution de la Vème République du 28 septembre 1958. Lui se réclame de « ceux qui ont dit Oui dans un superbe élan au général de Gaulle pour la remise en ordre de l’Etat, pour le rayonnement et le prestige de la France ». Charles Guthmüller rappelle également, à l’intention des électeurs, que c’est son action dans la Résistance qui l’a qualifié aux yeux du préfet de la Libération pour entrer au Conseil municipal d’Epinal en 1944. Plus surprenant, le maire d’Epinal évoque son engagement à l’Union gaulliste pour la IVème République : fondée par l’ancien ministre René Capitant en août 1946, cette formation politique n’eut que quelques mois d’existence.

Le 30 novembre 1958, Charles Guthmüller est élu avec 47,1% des voix, dans une triangulaire contre les candidats communistes (15,1%) et MRP (35,8%). Il retrouve les bancs de l’Assemblée nationale après deux ans d’absence.

Au Palais-Bourbon, il siège d’abord parmi les non-inscrits, dont il défend les intérêts avec conviction le 10 décembre 1958, à l’occasion de la discussion sur le procès-verbal de la séance du 9 décembre 1958. Charles Guthmüller regrette alors que les pratiques de la IVème République soient conservées par le nouveau régime, et s’insurge de l’importance accordée par le règlement de l’Assemblée aux groupes parlementaires. Le 27 juillet 1959, le député des Vosges rejoint toutefois le groupe de l’Entente démocratique, composé pour l’essentiel de radicaux comme Georges Bonnet ou d’anciens membres de l’UDSR, comme le président René Pleven. Charles Guthmüller quitte cette formation parlementaire le 26 avril 1960 pour redevenir non-inscrit.

Membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République de janvier 1959 à avril 1960, Charles Guthmüller se montre moins actif à l’Assemblée nationale sous la Ve République que lors de son premier mandat (1951-1955), où il était intervenu une dizaine de fois dans l’hémicycle. Le 22 juillet 1961, il dépose cependant avec d’autres députés, dont son collègue vosgien Albert Voilquin, l’UNR Ernest Denis ou le non-inscrit Julien Catayée, une proposition de loi visant à élever de fait l’âge de la minorité pénale à 21 ans. Le texte préconise que « les dispositions prises par le code pénal en faveur des mineurs de 18 ans soient étendues aux mineurs de 21 ans », et que « sauf dans les cas de récidive, les mineurs de 21 ans condamnés à une peine de prison bénéficieront d’un sursis conditionnel ». L’exposé des motifs de cette proposition de loi évoque la nécessité de privilégier la prévention plutôt que la répression. Le style du texte renvoie à une vision à la fois conservatrice et généreuse des rapports sociaux et de la société. Il y est question de développer une «préparation au mariage » à destination des jeunes, et de renforcement du contrôle exercé sur les films, éditions, titres de presse et salles de projection. L’objectif demeure d’empêcher ce qui pourrait « corrompre les jeunes ». La « promiscuité des prisons » exposant les individus incarcérés à de « mauvais contacts », il convient, selon les députés signataires, d’adapter le droit, dans un double souci de maintien de l’ordre et de protection de la jeunesse. Cette proposition de loi est fut renvoyée à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, à laquelle Charles Guthmüller avait cessé d’appartenir depuis plus d’un an. Elle ne fut jamais adoptée par l’Assemblée nationale.

Député frondeur, qui, quoique gaulliste, n’avait pas hésité à voter contre la question préalable, donc pour la CED le 30 août 1954, sa trajectoire politique ne cesse de s’écarter du gaullisme au pouvoir sous la première législature de la Vème République. Il approuve dans un premier temps le programme du gouvernement de Michel Debré le 16 janvier 1959 et la déclaration de politique générale du même Premier ministre, le 15 octobre 1959, puis accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie, après la semaine des barricades (2 février 1960).

En août 1961, Charles Guthmüller adhère au Parti libéral européen. Cette formation politique succède au Rassemblement autonome des gauches républicaines (RGR) fondé en 1955 par la droite du parti radical, soucieuse de soutenir le président du Conseil Edgar Faure contre Pierre Mendès France. Dans les années 1960, les principales personnalités du Parti libéral européen sont Jean-Paul David, député-maire de Mantes-la-Jolie et anticommuniste passionnée, ou Pierre Marcilhacy, sénateur de la Charente, futur candidat à l’élection présidentielle de décembre 1965. Solidaire de certains des partisans de l’Algérie française, Charles Guthmüller, ancien résistant, s’oppose à la levée l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962). Il est entré dans l’opposition par son refus du programme d’action du gouvernement Pompidou (27 avril 1962), et participe à son renversement en votant la motion de censure du 4 octobre 1962, avec la gauche et une partie des Indépendants. Cette prise de position apparaît comme l’aboutissement d’une trajectoire complexe, qui a conduit Charles Guthmüller, ancien membre de Ceux de la Résistance (CDLR) puis de l’Organisation civile et militaire (OCM) dans les Vosges, d’un gaullisme « résistancialiste » à un radicalisme teinté d’attachement à Algérie française.

Le député Charles Guthmüller perd la mairie d’Epinal aux élections municipales de mars 1959, face à une liste de « Troisième force » associant SFIO et démocrates-chrétiens. André Argant, professeur dans l’enseignement libre, qui se réclame de la frange la plus progressiste et la plus antigaulliste du MRP, lui succède comme premier magistrat de la cité des Images. Charles Guthmüller se trouve marginalisé sur la scène politique vosgienne, d’autant que l’UNR se choisit rapidement un candidat pour les élections législatives de novembre 1962, en la personne de Marcel Hoffer. Le député sortant non inscrit choisit de ne pas se représenter les 18 et 25 novembre 1962. Marcel Hoffer récupère le siège de député d’Epinal pour l’UNR, et se tient à une conception plus disciplinée du gaullisme.

Libéré de tout mandat, puisqu’il avait abandonné le mandat de conseiller général du canton de Dompaire dès 1955, Charles Guthmüller quitte les Vosges à la fin de l’année 1962. Il s’installe alors dans sa région natale. Charles Guthmüller meurt à Lyon (4ème arrondissement) le 20 janvier 1976, dans sa 79ème année.