Joseph Halléguen

1916 - 1955

Informations générales
  • Né le 2 juillet 1916 à Quimper (Finistère - France)
  • Décédé le 31 janvier 1955 à Quimper (Finistère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 31 janvier 1955
Département
Finistère
Groupe
Rassemblement du peuple français - ARS

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 2 juillet 1916 à Quimper (Finistère)

Décédé le 31 janvier 1955 à Quimper

Député du Finistère de 1951 à 1955

Né le 2 juillet 1916 dans une vieille famille de Quimper, Joseph Halléguen fait de brillantes études littéraires sanctionnées par une licence de lettres et le diplôme d'Etudes supérieures de philosophie. La Seconde guerre mondiale le surprend en Palestine, où il dirige le programme français de Radio-Jérusalem ; et c'est lui qui, au micro du « Palestine Broadcasting System », doit commenter pour ses compatriotes, au soir du 23 juin 1940, ce qu'il appelle « l'humiliation de sa patrie ».

Refusant d'admettre la défaite de la France, de s'incliner devant un armistice dont il accepte mal la honte, il fait vœu de se mettre au service de la cause alliée. Lorsque le général de Gaulle arrive à Jérusalem en avril 1941, sa décision est prise : il s'engage dans les Forces Françaises Libres, part vers Suez, et de là gagne Londres. Pour combattre, il choisit le ciel : aviateur à l'Escadrille « Lorraine », il participe à de très nombreuses batailles. Il accomplit personnellement 72 opérations de bombardement au « Squadron 342 » de la Royal Air Force. La Légion d'honneur, la Croix de guerre, la Médaille des Forces Françaises Libres et la Rosette de la Résistance viennent récompenser ses actions d'éclat.

A la Libération, il est chargé de mission en 1945 au cabinet de Jacques Soustelle, alors ministre de l'information ; puis il se présente aux élections municipales en 1947 et devient maire de Quimper le temps d'un mandat. En 1951, il est élu conseiller général du Finistère. Ses initiatives locales sont nombreuses : il met sur pieds, en liaison avec le commissariat au Plan et à l'aménagement du territoire, un programme d'équipement de la Bretagne pour faire face aux besoins régionaux d'une agriculture qu'il juge mal outillée et peu performante. Il est avant tout membre du Comité d'Etudes et de Liaison des Intérêts Bretons (CELIB) que dirige René Pleven. Cet organisme, dont Joseph Halléguen préside le bureau exécutif, se préoccupe du développement de la Bretagne, particulièrement en matière de pêche et de tourisme, mais aussi d'infrastructures : le CELIB, parfois qualifié de « lobby breton » il agit nécessairement à Paris - représente toutefois le premier exemple réussi d'action concertée de l'Etat et des responsables locaux dans le domaine de l'aménagement du territoire, et préfigure bien des initiatives futures.

Le 17 juin 1951, Joseph Halléguen se présente aux élections législatives sur la liste RPF ; aucun apparentement n'avait été conclu entre les partis de la Troisième Force. Sa liste arrive en tête avec trois élus et un score de 27,8 % : Joseph Halléguen devient député avec 106 390 des 375 012 suffrages exprimés. Le RPF fait jeu égal avec le MRP, et devance communistes et socialistes qui n'ont que deux élus chacun.

A la Chambre, Joseph Halléguen est nommé membre de la Commission de l'éducation nationale, de celle de la marine marchande et des pêches, et de celle de la presse. Le 5 mars 1954, il est nommé par la Commission des territoires d'outre-mer, à laquelle il appartient également, membre de la Commission de coordination pour l'étude des questions relatives à la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier). Il est enfin élu juge suppléant de la Haute Cour de justice. En 1952, à la scission du RPF, il s'inscrit au groupe des Indépendants d'Action Sociale et Républicaine (ARS).

S'il ne dépose aucune proposition de loi ou de résolution, Joseph Halléguen intervient à plusieurs reprises à la tribune, principalement sur les questions d'outre-mer et de défense. Ainsi, le 19 novembre 1953, appelle-t-il de ses vœux une modification de la Constitution pour obtenir l'ajournement de l'intégration des Territoires d'outre-mer dans l'Europe unie. Le 10 août 1954, il exprime son inquiétude sur la situation en Tunisie, et affirme que le terrorisme déborde du seul cadre du Néo-Destour et de la Ligue arabe : l'URSS (qui entraîne des déserteurs nord-africains d'Indochine en Tchécoslovaquie), les Etats-Unis (qui, comme le dit le maréchal Juin, « tient le même langage que les gens de Moscou ») et l'Angleterre (Bourguiba invité à Londres et s'exprimant sur la BBC) constituent les puissances étrangères qui s'en prennent aux intérêts français ; il termine son interpellation ainsi : « En conclusion, Monsieur le Président du Conseil, je vais demander la création d'une commission d'enquête officielle constituée par l'Assemblée nationale et le Conseil de la République, dotée des pouvoirs les plus étendus et chargée d'enquêter sur toutes les menées anti-françaises de puissances étrangères en Afrique du Nord ». Deux semaines plus tard, il dénonce de nouveau les menées étrangères dans le Protectorat, qualifie d'insuffisante la maturité politique du peuple tunisien et souligne le caractère anti-démocratique et néo-théocratique du Néo-Destour ; il préconise des solutions constructives : en complément de la répression totale du terrorisme, il faut favoriser l'exercice des libertés communales, la « promotion sociale » des masses, une politique d'intégration économique graduelle, de sorte à définir un « protectorat seconde manière » avec acheminement vers la co-souveraineté.

Le 31 août 1954, lendemain du rejet de la CED par l'Assemblée nationale, rejet auquel Joseph Halléguen s'est opposé fermement, il lutte pour qu'un débat sur les conséquences stratégiques de cette décision ait lieu, en appuyant la demande d'interpellation du gouvernement faite par Paul Reynaud. Opposant les périls hypothétiques (allemands) aux périls réels (soviétiques), il insiste sur « la chance émouvante, historique, de la réconciliation franco-allemande » qui a été perdue, et tente de convaincre ses pairs de laisser de côté tout complexe d'infériorité vis-à-vis de l'Allemagne. Enfin, il fustige la coupable neutralité du Président du Conseil, Pierre Mendès France qui a laissé les communistes arbitrer la séance de la veille.

Joseph Halléguen se prononce en faveur de la loi Barangé-Marie le 21 septembre 1951, s'abstient volontairement en décembre sur la question de la CECA, et de nouveau lors du vote d'investiture de Pierre Mendès France le 17 juin 1954 et lors du vote de ratification des Accords de Paris du 29 décembre 1954 qui autorisent le réarmement de l'Allemagne de l'ouest et son entrée dans l'OTAN.

Le décès de Joseph Halléguen est annoncé à l'Assemblée nationale le 1er février 1955 par le Président Schneiter qui fait son éloge funèbre auquel se joint celui de M. Robert Buron, ministre des finances, des affaires économiques et du Plan.

Ecrivain de talent, il avait publié un premier ouvrage de souvenirs intitulé Aux Quatre-Vents du Gaullisme et avait mis en chantier deux nouvelles compositions qui devaient en être la suite.

A 38 ans, il laisse une jeune veuve et une petite fille de six mois.