Léo Hamon

1908 - 1993

Informations générales
  • Né le 12 janvier 1908 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 27 octobre 1993 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 22 juillet 1969
Département
Essonne
Groupe
Union des démocrates pour la République

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1958

Fonds d'archives

Le fonds Léo Hamon, en cours de classement, est conservé par le Centre d’histoire de la Fondation nationale des sciences politiques. Il a fait l’objet d’un don en 1994. Sa consultation est soumise aux délais fixés par le code du patrimoine.

Biographies


Né le 12 janvier 1908 à Paris

Décédé le 27 octobre 1993 à Paris

Conseiller de la République, puis Sénateur de la Seine de 1946 à 1958

Né le 12 janvier 1908 à Paris, Léo Hamon est le fils d'exilés russes, amis de Rosa Luxembourg. Ses parents, médecin et fonctionnaire de l'administration tsariste, quittent Saint-Pétersbourg pour l'Allemagne puis la France où ils rejoignent d'autres émigrés après l'échec de la révolution de 1905.

Léo Hamon fait ses études à l'Ecole alsacienne, rue d'assas, puis à la faculté de droit de l'Université de Paris et à la faculté de lettres de la Sorbonne. Licencié ès-lemes et en droit, le jeune Goldenberg qui prendra comme nom, après la guerre, son pseudonyme de résistant, obtient le doctorat en droit avec une thèse sur « Le Conseil d'Etat, juge de fait » qui lui vaut, en 1932, le prix de thèse de la Faculté de Paris.

Avocat à la Cour d'appel de Paris, à compter de 1930, Léo Hamon devient secrétaire de la Conférence du stage des avocats à la Cour de cassation et au Conseil d'Etat.

Mobilisé comme sous-lieutenant de 1939 à 1940, il s'engage dans la vie politique active sous l'Occupation. Il prend part à la Résistance comme rédacteur au journal clandestin « Combat », diffusé dans le Languedoc, puis devient responsable de l'action ouvrière de « Combat » pour la région toulousaine.

Membre du comité national de lutte contre la déportation, il est responsable de « Ceux de la Résistance » pour la région parisienne. Il se signale alors par des faits, aujourd'hui entrés dans la légende, comme la destruction, par le commando qu'il dirigeait, le 25 février 1944, au siège du Service du Travail Obligatoire (STO), 3, place de Fontenoy dans le VIIe arrondissement de Paris, du fichier de la classe 42, appelée à partir travailler en Allemagne.

Vice-Président du comité parisien de la Libération, c'est en grande partie grâce à son action que la destruction de nombreux édifices de la capitale, envisagée par l'occupant, a pu être évitée. Après avoir libéré l'Hôtel de ville avec ses compagnons, Léo Hamon est, en effet, l'artisan principal de la trêve conclue avec les Allemands par l'intermédiaire du Consul général de Suède.

Aussitôt après la Libération, il se trouve engagé dans la vie politique. Il siège à l'Assemblée consultative provisoire dès son installation à Paris. Le 29 avril 1945, il est élu conseiller municipal de Paris et désigné comme rapporteur général du budget de la ville. Un an plus tard, le 8 décembre 1946, il est élu à la Haute assemblée, en qualité de Conseiller de la République de la Seine, puis de sénateur à compter de 1948, mandat qu'il détiendra jusqu'en 1958.

Dans le même temps, il fonde, avec René Capitant, l'Union gaulliste. Entré au MRP dès 1945, agnostique perdu parmi les démocrates-chrétiens, il en est exclu en décembre 1954, en raison de son opposition à la Communauté européenne de défense (CED) dans laquelle il voit une atteinte à la souveraineté nationale.

Aux élections d'avril mai 1953, il est élu conseiller municipal de Malakoff. Lors des élections législatives de janvier 1956, il connaît un échec dans la troisième circonscription de la Seine.

Inscrit au groupe du Mouvement républicain populaire (MRP) de 1946 à 1954, il est, de 1955 à 1958, rattaché administrativement au groupe des Indépendants d'outre-mer (IOM) devenu, à compter de 1956, groupe des Indépendants d'outre-mer et du Rassemblement Démocratique africain (IOM-RDA).

Il est difficile de rendre compte de l'activité parlementaire de Léo Hamon, au sein du Conseil de la République, tant cette activité est intense et les champs qu'elle couvre variés. Sa curiosité insatiable, son immense culture et sa science juridique, que consacrera en 1958 une agrégation de droit public, expliquent le nombre et la diversité des centres d'intérêt du Conseiller de la République puis du Sénateur de la Seine, tout au long des douze années passées au Palais du Luxembourg.

Ainsi, au cours de la session 1946-1947, première année de son mandat, Léo Hamon dépose trois propositions de loi, deux propositions de résolution et présente deux rapports. Il intervient dans la discussion de dix-huit projets et propositions de loi, dans celle de deux propositions de résolution, sans oublier le débat budgétaire sur les crédits du ministère de l'intérieur.

Au fil des sessions, ce rythme, loin de décroître, s'accélère plutôt.

Ses principaux centres d'intérêt sont les questions relatives aux collectivités territoriales et aux finances locales, à la presse, aux libertés publiques, à l'évolution de la fonction publique civile et militaire, au droit électoral, à l'audiovisuel, au cinéma, et à la reconstruction.

Il prend part, également, à des débats sur la situation du théâtre au lendemain de la guerre, sur la fiscalité mais aussi sur les questions européennes et constitutionnelles.

Léo Hamon manifeste un grand intérêt pour tout ce qui concerne l'outre-mer français : Indochine, Algérie et territoires d'outre-mer et l'émancipation de leurs populations. Il est, en 1950, l'avocat des futurs dirigeants tunisiens.

Il vote les pleins pouvoirs au gouvernement de Gaulle et la modification de la Constitution les 2 et 3 juin 1958.

Léo Hamon n'est pas réélu aux élections sénatoriales de juin 1958. Il ne regagnera le Parlement que neuf ans plus tard, en juin 1968, en qualité de député de l'Essonne.

Ces neuf années, hors des enceintes parlementaires, seront consacrées à l'enseignement universitaire du droit et à la réflexion politique.



Léo HAMON

Né le 12 janvier 1908 à Paris
Décédé le 27 octobre 1993 à Paris

Conseiller de la République, puis Sénateur de la Seine de 1946 à 1958
Député de l’Essonne de 1968 à 1969.
Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement du 22 juin 1969 au 14 mai 1972
Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la participation et de l’intéressement du 15 mai au 5 juillet 1972

Partisan du retour au pouvoir du général de Gaulle, qu’il célèbre dans son livre De Gaule dans la République, Léo Hamon vote les pleins pouvoirs au gouvernement de Gaulle et la modification de la Constitution les 2 et 3 juin 1958. Sans adhérer à l’UNR, il fonde en avril 1959, avec Louis Vallon notamment, l'Union démocratique du Travail (UDT) en vue de regrouper les gaullistes de gauche dont il devient l’une des figures notables. Il préside l’association l’Université moderne qu’il a fondée.

Défait aux élections sénatoriales de 1959, Léo Hamon décide alors de préparer l’agrégation de droit à laquelle il est reçu à la deuxième place. Sa carrière politique semble alors laisser place à une carrière universitaire qui le comble, lui apportant selon ses mots « la satisfaction de pouvoir prendre du recul, d’étudier, de comprendre et juger librement ». Ses commentaires de la jurisprudence du tout jeune Conseil constitutionnel sont particulièrement remarqués.

Lorsque Jacques Maziol, ministre du logement, lui propose de se présenter aux élections législatives de 1962dans la 2ème circonscription de la Haute-Garonne, qui comprend les cantons de Montastruc-la-Conseillère, Toulouse-centre et Verfeil, Léo Hamon renoue avec son goût pour la politique active. Mais avec 11 1158 voix il est battu par le député sortant, candidat des Républicains Indépendants Pierre Baudis, qui obtient 15 982 voix. Alors que l’UDT fusionne avec l’UNR pour devenir l’UNR-UDT, Léo Hamon devient membre de la Commission politique du parti et siège au Bureau exécutif jusqu’en 1973.

En 1964, son brillant parcours de résistant est salué par le général de Gaulle lui-même à aux célébrations du vingtième anniversaire de la libération de Paris. Le chef de l’Etat lui remet la cravate de commandeur de la Légion d’honneur sur la place Montparnasse. Il entre aussitôt au Conseil économique et social où il siège jusqu’en 1968. A la différence de René Capitant il fait partie des gaullistes de gauche qui participent en 1966 aux assises de l’UNR, dominées par Georges Pompidou, qui prend l’appellation d’UD Vème. Durant ces années, il se fait connaître du grand public en participant régulièrement à des débats télévisés avec Maurice Duverger, notamment dans l’émission Tour d’horizon politique.

Cette renommée médiatique ne lui permet pourtant pas de revenir sur le devant de la scène politique nationale. En effet, en mars 1967, il se présente aux élections législatives dans la quatrième circonscription de l’Essonne (Limours-Palaiseau) sous la bannière de l’UDR. Léo Hamon arrive en tête du premier tour avec 16 885 voix, devant ses trois adversaires : le communiste Robert Vizet (15 929 voix), le candidat démocrate républicain, Pierre Ceccaldi-Pavard (10 190 voix) et le candidat du PSU, Jean Babin (5 803 voix). Le report des voix bénéficie pourtant à Robert Vizet qui est élu à plus d’un millier de voix supplémentaires (22 701 suffrages contre 23 903).

Cet échec, son veuvage suivi d’un remariage et de la naissance de deux enfants, ne l’éloignent pas pour autant de la vie politique. Ainsi, lorsque le 27 novembre 1967, le général de Gaulle qualifie lors d’une conférence de presse, après la guerre des Six-Jours, « les Juifs » de « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », Léo Hamon fait part au chef de l’État de ses critiques et de son trouble.

Cet intérêt pour la politique se traduit une nouvelle fois à l’occasion des élections législatives anticipées qui suivent les événements du printemps 1968 et la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle. Fidèle au gaullisme, l’ancien sénateur défend les couleurs de l’UDR, toujours dans la quatrième circonscription de l’Essonne. Au soir du premier tour, Léo Hamon se place à nouveau en tête des suffrages avec 20 020 voix, loin devant le député sortant, Robert Vizet, qui n’en recueille que 15 180. Surtout, les reports des voix ne sont pas favorables à son adversaire communiste, qui dispose d’un faible réservoir de voix de gauche, les socialistes totalisant à peine 6 200 voix. Léo Hamon, de son côté, peut compter sur une partie des 6 399 électeurs du parti Démocratie et Progrès emmenés par Adrien Nemoz. Dans ces conditions, il est élu au second tour avec 24 956 voix, soit près de 53,9 % des suffrages exprimés., ayant appelé à la mobilisation « contre la dictature communiste que représente Robert Vizet ».

Inscrit au groupe d’Union des Démocrates pour la République, le député de l’Essonne est d’abord nommé membre de la commission des lois en juillet 1968 avant de rejoindre celle des affaires culturelles, familiales et sociales en septembre. Ses interventions en séance concernent des thèmes très variés, témoignant de la diversité de ses sujets de préoccupation : dans le contexte suivant immédiatement les événements de Mai 1968, il intervient, le 25 juillet 1968, dans le débat sur la déclaration du gouvernement relative à l’Education nationale et, le 10 octobre 1968,dans la discussion du projet de loi sur l’enseignement supérieur, soulignant notamment la « nécessité d’assurer aux enseignants la possibilité d’un travail créateur et d’une recherche efficace ». Dans la discussion du projet de loi de finances pour 1969, il intervient aussi bien pour dénoncer l’entrée des troupes étrangères en Tchécoslovaquie que pour défendre la production cinématographique française, alors victime d’une baisse de fréquentation. A l’occasion du débat sur la réforme des régions et du Sénat, le député de l’Essonne apporte un soutien critique au projet de loi défendu par le gouvernement et par le président de la République, en rappelant la légitimité du sénat comme contrepoids à l’Assemblée nationale. Le député de l’Essonne manifeste son soutien à l’exécutif en votant les grandes lois du début de la législature, notamment la loi d’orientation de l’enseignement supérieur en octobre 1968, ainsi que la loi relative à l’exercice du droit syndical dans les entreprises en décembre 1968.

Cette activité parlementaire est de courte durée : en juin 1969, Léo Hamon est nommé dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement, tandis que Jacques Baumel, également secrétaire d’Etat dans le même gouvernement, occupe des fonctions voisines. Le Canard Enchaîné surnomme rapidement ce brillant orateur « Léo-Parleur Hamon-Commandement » - ce qui amuse plutôt l’intéressé. Fidèle à sa sensibilité de gauche il soutient néanmoins Georges Pompidou et fonde en 1971 avec Pierre Billotte, Philippe Dechartre et Yvon Morandat le Mouvement socialiste pour la participation. En dépit de son adhésion au projet de « nouvelle société » du Premier Ministre – qui le nomme le 15 mai 1972 au poste de secrétaire d’Etat à la Participation et à l’intéressement –, l’ancien résistant peine à être entendu dans ses propositions. En mars 1971, il ne parvient pas à convaincre le gouvernement de célébrer le centenaire de la Commune de Paris. Ainsi, lorsque Pierre Messmer succède à Jacques Chaban-Delmas à Matignon le 5 juillet 1972, il n’est pas reconduit dans ses fonctions et refuse le poste de membre de la Commission Européenne qui lui est proposé.

L’année suivante, Léo Hamon se présente une dernière fois aux suffrages des électeurs de la quatrième circonscription de l’Essonne avec pour suppléant Maurice Fraudeau qui l’a remplacé le 23 juin 1969 à l’Assemblée nationale. Ce binôme de l’URP remporte 31,4 % des voix au premier tour, devant l’ancien député communiste Robert Vizet (30,7 %), le socialiste Paul Calandra (14,9 %) et le candidat du mouvement réformateur, Denis Huismans (17,8 %). Après une campagne d’entre-deux-tours tendue, la victoire revient finalement à Robert Vizet qui retrouve son siège de député, recueillant 51,7 % des suffrages exprimés, soit près de 2 000 voix de plus que Léo Hamon.

Après ce nouvel échec électoral et celui de Jacques Chaban-Delmas dont il soutient la candidature à l’élection présidentielle de mai 1974, Léo Hamon prend ses distances avec la droite. Avec quelques amis, il fonde le club « Initiative républicaine et socialiste », mouvement rassemblant des gaullistes de gauche autour d’un journal, Notre présence. S’il appelle à voter Michel Debré au premier tour de l’élection présidentielle de 1981, Léo Hamon se refuse à donner une nette consigne de vote pour le second tout en plaidant pour « un rapprochement durable des gaullistes et des socialistes » - ce qui le conduit, à l’élection présidentielle 1988, à soutenir nettement François Mitterrand. En 1992, il s’oppose à la ratification du traité de Maastricht et se rapproche du Mouvement des citoyens fondé par Jean-Pierre Chevènement.

Il décède à Paris le 27 octobre 1993. Auteur de nombreux ouvrages, dont ses mémoires, intitulés Vivre ses choix et publiés en 1991, Léo Hamon était Grand officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la rosette de la Résistance.

Une esplanade située à l'intersection des boulevards de Port-Royal et Arago, à Paris, porte le nom de Léo-Hamon, en hommage au grand résistant.