Paul Hutin-Desgrées

1888 - 1975

Informations générales
  • Né le 21 octobre 1888 à Bovée-sur-barboure (Meuse - France)
  • Décédé le 25 mars 1975 à Le rheu (Ille-et-Vilaine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Morbihan
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Morbihan
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Morbihan
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 21 octobre 1888 à Bovée-sur-Barboure (Meuse)

Décédé le 25 mars 1975 au Rheu (Ille-et-Vilaine)

Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Morbihan)

Député du Morbihan de 1946 à 1955

Issu d'une famille d'exploitants agricoles de la Meuse, Paul Hutin-Desgrées effectue ses études supérieures à la Faculté des lettres de Paris et à l'Ecole libre des sciences politiques.

Réformé, il s'engage comme combattant volontaire pendant la première guerre mondiale. Grièvement blessé à Verdun, il se voit décerner six citations.

A son retour à la vie civile, il se consacre au journalisme, d'abord dans sa région d'origine, puis à Rennes. Il y fera une brillante carrière.

Directeur de l'Echo de l'Est en 1930, il est ensuite secrétaire général du quotidien Ouest-Eclair édité à Rennes, dont l'un des fondateurs est son beau-père, Emmanuel Desgrées du Loû.

Il quitte ce poste sous l'occupation et participe activement à la Résistance.

A la Libération, il fonde le quotidien Ouest-France dont le premier numéro sort le 7 août 1944. Le capital de cette publication est partagé entre de nombreux porteurs de parts. Plusieurs dirigeants du MRP (Georges Bidault, Pierre-Henri Teitgen, Francisque Gay) figurent parmi ceux-ci.

Très vite, Ouest-France, dont Paul Hutin-Desgrées assume la direction générale, devient le premier quotidien régional français, avec quarante-quatre éditions et plus de 600 000 exemplaires.

Parallèlement, Paul Hutin-Desgrées entame une carrière parlementaire en se présentant aux élections à la seconde Assemblée nationale Constituante, le 2 juin 1946, dans le Morbihan.

Il figure en deuxième position sur la liste du MRP conduite par le député sortant Paul Ihuel. Cette liste arrive très largement en tête, avec 142 331 voix sur 257 123 suffrages exprimés. Les trois listes concurrentes (PC, SFIO et RGR) recueillent respectivement 48 223, 42 514 et 24 055 voix. La liste du MRP obtient cinq sièges, dont trois par application du quotient électoral. Les deux autres sièges de la circonscription sont attribués au PC et à la SFIO.

Paul Hutin-Desgrées est nommé membre de la Commission des affaires étrangères et de la Commission de la presse, de la radio et du cinéma. Il est également désigné en qualité de juré à la Haute cour de justice.

Il se signale par le dépôt d'une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à faire bénéficier les employés communaux des garanties dont jouissent, en matière de retraites, les fonctionnaires de l'Etat (24 septembre 1946) et d'une proposition de loi tendant à instituer le bénéfice automatique de l'assistance médicale gratuite aux catégories sociales économiquement faibles (30 septembre 1946).

Paul Hutin-Desgrées se présente à nouveau comme second de liste de Paul Ihuel dans le département du Morbihan, aux élections à la première Assemblée législative, le 10 novembre 1946. Le rapport des forces politiques est, notamment, modifié par la constitution d'une liste d'« Union gaulliste et parti paysan » conduite par Raymond Marcellin qui est créditée de 29 009 voix sur 259 338 suffrages exprimés et obtient un siège. Le MRP (118 003 voix) perd un siège. Le PC (57 176 voix) et la SFIO (39 448 voix) se partagent les deux sièges restants. La liste RGR (15 702 voix) n'a pas d'élu.

Paul Hutin-Desgrées siège aux commissions des pensions, de la presse, des affaires étrangères ainsi qu'à la Commission chargée d'enquêter sur les événements survenus en France de 1933 à 1945. Il est, à nouveau, juré à la Haute cour de justice.

Les propositions de loi et de résolution qu'il dépose au cours de cette législature portent sur des objets très divers : octroi du bénéfice automatique de l'assistance médicale gratuite aux catégories sociales économiquement faibles (proposition de loi du 4 février 1947), économies à réaliser sur les dépenses des départements ministériels et administratifs, spécialement en ce qui concerne les missions et les déplacements (proposition de résolution du 25 mai 1949), révisions des conditions d'attribution de la carte du combattant aux marins du commerce de la guerre 1914-1918 (proposition de résolution du 20 janvier 1950), création d'une commission parlementaire habilitée à connaître des abus dans la gestion des services dépendants de l'Etat et à proposer les sanctions nécessaires (proposition de résolution du 27 février 1951).

Attentif aux difficultés que rencontre sa circonscription, il dépose, le 31 décembre 1948, une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à venir en aide aux populations de la région bretonne et, en particulier, de la région morbihannaise durement éprouvées par un cyclone dans la nuit du 30 au 31 décembre 1948.

Il est également l'auteur d'une proposition de loi déposée le 9 juin 1949 portant modification de la loi du 23 juin 1886 dite « loi d'exil » interdisant aux membres des familles ayant régné sur la France l'accès au territoire français. Cette proposition fut adoptée l'année suivante et devint la loi du 24 juin 1950.

Outre les travaux mentionnés ci-dessus, Paul Hutin-Desgrées se montre particulièrement actif dans les débats parlementaires. Il prend part, notamment, à la discussion du projet de loi instituant un prélèvement exceptionnel de lutte contre l'inflation (5 janvier 1948), du projet de loi sur les publications destinées à la jeunesse (27 janvier 1949), du projet de loi portant amnistie relative aux faits de collaboration (novembre et décembre 1950).

Il se prononce en faveur du statut de l'Algérie (27 août 1947), du plan Marshall (7 juillet 1948), de la ratification du pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949), du projet de loi sur les conventions collectives de travail (4 janvier 1950), de la modification du régime électoral pour les élections à l'Assemblée nationale (12 mai 1951).

Aux élections du 17 juin 1951, deux listes sur cinq ont conclu des apparentements : celles de la SFIO et du Rassemblement des gauches républicaines (RGR). Sur 248 979 suffrages exprimés, elles n'obtiennent que 45 815 voix. Les sept sièges sont donc répartis à la représentation proportionnelle.

Paul Hutin-Desgrées figure en quatrième position, derrière Robert de la Noé, Paul Ihuel et Raymond Marcellin, sur la « liste d'Union (Action sociale et paysanne) ». Arrivée en tête avec 104 874 voix, soit 42,1 % des suffrages exprimés, cette liste obtient quatre sièges. Les trois autres sièges sont attribués respectivement à la liste du RPF (52 104 voix), à la liste communiste (42 948 voix), et à celle de la SFIO (34 097 voix). La liste RGR (11 718 voix) n'a pas d'élu.

Paul Hutin-Desgrées est nommé membre de la Commission des affaires étrangères et de la Commission de la presse.

Son activité parlementaire porte sur les questions relatives à la marine du commerce et aux écoles d'apprentissage maritime (propositions de loi des 14 novembre 1951 et 28 décembre 1953 tendant à l'amélioration du régime des pensions des marins du commerce et de la pêche, proposition de loi du 28 décembre 1953 tendant à modifier la loi du 7 avril 1942 relative à l'assurance des élèves des écoles nationales de navigation maritime et des écoles d'apprentissage maritime en cas d'accident, de maladie et d'invalidité), sur les gaspillages et abus dans la gestion des services dépendant de l'Etat (proposition de résolution tendant à créer une commission parlementaire pour en connaître et proposer les sanctions nécessaires : 14 décembre 1951), création de contingents spéciaux ou de promotions hors concours dans la Légion d'honneur pour certaines catégories d'anciens combattants (propositions de loi des 25 mars 1953 et 1er mars 1955).

Il intervient dans la discussion des grands projets de loi présentés au cours de la législature : modification de la loi sur la presse (novembre 1951), échelle mobile des salaires (avril 1952), amnistie (mars 1953), renouvellement de l'Assemblée nationale (octobre 1955).

Paul Hutin-Desgrées vote en faveur de l'investiture d'Antoine Pinay (6 mars 1952), de Joseph Laniel (26 juin 1953). Il se prononce en faveur des accords de Genève mettant fin aux hostilités en Indochine (23 juillet 1954) et de la Communauté européenne de défense (30 août 1954). Il vote la confiance au gouvernement Mendès France lors du scrutin du 4 février 1955 qui entraîne la chute de ce ministère (il n'avait pas pris part au vote d'investiture du 17 juin 1954). Le 31 mars 1955, il vote pour le projet de loi relatif à l'état d'urgence en Algérie, et, le 29 novembre 1955, pour l'adoption de la question de confiance dont le rejet entraîne la chute du gouvernement d'Edgar Faure.

Il ne se représente pas aux élections législatives du 2 janvier 1956 pour protester contre l'instabilité gouvernementale.

Paul Hutin-Desgrées, qui fut président de la Caisse des retraites de la presse française, avait abandonné la direction d'Ouest-France en 1955. L'un de ses cinq fils, François-Régis, est devenu directeur général (1965), puis président (1984) de ce quotidien.

Paul Hutin-Desgrées était commandeur de la Légion d'honneur, titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre (1914-1918 et 1939-1945), de la Croix du combattant volontaire (1914-1918 et 1939-1945) et de la Médaille de la Résistance.

Il est décédé le 25 mars 1975 au Rheu (Ille-et-Vilaine).