Guy Jarrosson

1911 - 1994

Informations générales
  • Né le 9 mars 1911 à Lyon (Rhône - France)
  • Décédé le 20 août 1994 à Lyon (Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Rhône
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Rhône
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Rhône
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies

Biographie de la Ve République

JARROSSON (Guy, Joseph, Marie, Maurice)
Né le 9 mars 1911 à Lyon 6ème (Rhône)
Décédé le 20 août 1994 à Lyon 3ème

Député du Rhône de 1951 à 1958 et de 1958 à 1962

Né le 9 mars 1911 dans le sixième arrondissement de Lyon, il grandit dans une famille aux origines lyonnaises et dauphinoises ancrées. Il compte des ancêtres notaires royaux dans les provinces du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais, des fabricants de soieries, ainsi qu’un grand-père professeur de droit à Grenoble, bâtonnier de l’Ordre des avocats de la ville. Elève à la Trinité de Lyon, puis aux lycées Janson-de-Sailly à Paris, et Ampère à Lyon, Guy Jarrosson obtient un baccalauréat lettres, langues vivantes et latin. Etudiant aux facultés de Lyon puis de Paris, il est licencié en droit quelques années plus tard. Dans la foulée, il entre à l’Ecole libre des sciences politiques et en sort diplômé de la section administrative. Il est alors rédacteur de la rubrique de politique étrangère du mensuel L’Alerte, entre 1938 et 1939.
Mobilisé en 1940, cité, à titre individuel, à l’ordre de son régiment, le 1er juillet de la même année, il est intendant militaire de 2ème classe, grade équivalent à celui de lieutenant-colonel. Il combat contre l’ennemi durant deux ans et trois mois. Directeur du service de l’Intendance de la VIe Armée, son courage lui vaut l’obtention de la médaille d’argent départementale et communale. Le 18 août 1941, il épouse Jacqueline Chambe, union de laquelle naissent huit enfants.
Guy Jarrosson commence sa carrière professionnelle d’agent de change à la Bourse de Lyon en 1947. C’est aussi cette année-là qu’il fait ses premiers pas en politique. Membre du Parti républicain de la liberté (PRL), il est élu conseiller municipal de Lyon en octobre 1947. Il est reconduit dans cette fonction aux élections de 1953, 1959, 1965 et 1971. Il ne se représente pas en 1977. Il est délégué dans les fonctions d’adjoint au maire de Lyon, de 1973 à 1977.
Ce natif de la capitale des Gaules s’engage aussi dans la vie politique départementale. Il est élu conseiller général, dans le septième canton de Lyon, en 1949, réélu en 1955, mais battu en 1961. Durant son mandat à l’Assemblée départementale, il est président de la commission des finances. Au plan national, il tente sa chance, par deux fois en vain, aux élections à la deuxième Assemblée nationale constituante, le 2 juin 1946, puis aux premières élections législatives de la Quatrième République, le 10 novembre 1946. Il est finalement élu député au scrutin du 17 juin 1951, sur la liste d’union des Indépendants, des paysans et des républicains sociaux. Parlementaire actif, il acquiert une légitimité en matière économique. A ce titre, il est d’ailleurs rapporteur pour avis à plusieurs reprises de projets de loi à caractère économique et social. Il est réélu député du Rhône, à la consultation du 2 janvier 1956, consécutive à la dissolution de l’Assemblée nationale. Favorable, quelques années plus tôt, à la Communauté européenne de défense (1954), il se prononce en faveur du projet de loi portant ratification des traités instituant la Communauté économique européenne (C.E.E.) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (C.E.E.A. ou Euratom), le 9 juillet 1957. Il est vice-président de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, au cours de la dernière législature de la Quatrième République. Il ne soutient pas Pierre Pflimlin, le 13 mai 1958 et vote, le 1er juin suivant, la confiance au général de Gaulle et se prononce le lendemain en faveur des projets de loi relatifs aux pleins pouvoirs et à la révision constitutionnelle.
Il retrouve l’Assemblée nationale sous la Cinquième République. Ainsi, au scrutin des 23 et 30 novembre 1958, il est candidat dans la quatrième circonscription du Rhône, qui rassemble les septième, huitième et onzième cantons de Lyon. Candidat investi par les Indépendants et paysans d’action sociale (I.P.A.S.), il reçoit le soutien des démocrates chrétiens du Mouvement républicain populaire (M.R.P.) et des gaullistes de l’Union pour la nouvelle République (U.N.R.). Il est alors le seul candidat dit « national » de la circonscription. Secondé par son suppléant Jacques Goyard, adjoint au maire pour le VIe arrondissement de Lyon, commerçant détaillant et, à ce titre, vice-président de l’Union des commerçants de l’arrondissement, Guy Jarrosson mène une campagne active, fortifiée par l’union des droites. Considérant le mouvement du 13 mai comme « le sursaut d’un peuple qui ne veut pas mourir », il voit, dans la personne du général de Gaulle, « le seul homme capable de réunir à nouveau, dans une harmonie fraternelle, une France près de se perdre et l’Algérie sauvée ». Il considère le « problème des prix » et, plus largement, les questions monétaires et économiques, comme les premières préoccupations d’un Etat soucieux d’assurer son avenir : « Sans une monnaie stable, pas de prix stables », déclare ce proche de l’ancien président du Conseil Antoine Pinay, ministre des finances et des affaires économiques du général de Gaulle. Il précise également, dans sa profession de foi, son vif intérêt pour la législation en matière de logement, domaine dans lequel il encourage « l’engagement des deniers publics ».
Au soir du premier tour, il est largement en tête des six candidats en lice. Il obtient 24 916 des 50 656 suffrages exprimés, et manque l’élection dès le premier tour. Son adversaire le plus sérieux est le docteur Jean Baridon, qui n’obtient que 8 176 voix. La semaine suivante, il triomphe avec 31 410 des 48 269 suffrages exprimés. Jean Baridon et la candidate du Parti communiste français, Marcelle Clerc-Girard, rassemblent respectivement 9 771 et 7 088 voix.
Le nouveau député I.P.A.S. rejoint le groupe parlementaire éponyme à l’Assemblée nationale. Il est nommé membre de la commission des affaires étrangères, et y siège durant toute la législature jusqu’en 1962. Par ailleurs, le 8 juillet 1959, il devient membre du Sénat de la Communauté et, à partir du 16 décembre suivant, il est représentant de la France à l’Assemblée parlementaire européenne, jusqu’en 1962. Au cours de ce mandat, il ne dépose aucune proposition de loi, mais intervient à dix-sept reprises en séance publique. Il ne renoue pas avec l’étude presque exclusive qu’il fit, sous les législatures précédentes, des questions économiques ; en revanche, il s’exprime sur des sujets plus variés. Ainsi, la question algérienne occupe-t-elle une place de choix dans son investissement parlementaire. Le 15 janvier 1959, il prend part au débat sur le programme du gouvernement de Michel Debré, et témoigne de « l’espérance soulevée par le changement intervenu le 13 mai ». Les politiques d’accompagnement de la décolonisation en Afrique du Nord le préoccupent. Le 7 juillet 1959, il est rapporteur pour avis du projet de loi relatif à la réparation des dommages physiques, subis au Maroc, par les personnes de nationalité française. Il regrette la méconnaissance par ce pays d’Afrique du Nord, de ses obligations envers les Français qui y résident, et soutient la régularisation des avances faites par l’ambassade du Maroc. Plus avant, il s’exprime dans la discussion du projet de loi adopté par le Sénat, et portant amnistie. Il se penche, tout particulièrement, sur les cas des fonctionnaires frappés de peines légères, le 8 juillet 1959. Plus globalement, le 14 octobre suivant, il souhaite que le premier ministre poursuive son action gouvernementale en accord avec l’esprit du 13 mai. Il rappelle le désir, « maintes fois exprimé, des populations d’Algérie, de rester françaises ». Fidèle défenseur des droits ultramarins, il est rapporteur pour avis, les 21 juin et 22 juillet 1960, de la proposition de loi tendant à permettre l’accession des travailleurs français non salariés du Maroc et de la Tunisie, aux régimes d’allocation et d’assurance vieillesse. Il défend alors deux amendements au nom de la commission des affaires étrangères : il souhaite l’application des dispositions du texte à tous les Français rapatriés de territoires quels qu’ils soient. A nouveau, le 7 décembre 1960, il prend la parole, à la suite de la déclaration du premier ministre sur l’Algérie. Il regrette que Michel Debré n’ait pu parvenir à faire prévaloir son engagement pour l’Algérie française, en face d’un chef de l’Etat décidé à organiser un référendum d’auto-détermination. Partant, il fait part à la représentation nationale de « l’incapacité » que le Parlement manifeste à exercer son contrôle sur le gouvernement.
Les 22, 23 et 29 novembre 1961, il prend longuement la parole dans la discussion du projet de loi adopté par le Sénat, et relatif à l’accueil et à la réinstallation des Français d’outre-mer. S’il regrette l’imprécision du projet gouvernemental, il défend les rapatriés, au titre de plusieurs questions matérielles : contingent supplémentaire de logements ou intégration des Français d’outre-mer par l’octroi de crédits aux entreprises se réinstallant en France. Le 20 mars 1962, enfin, il prend part au débat sur la communication du gouvernement, relative à l’Algérie. Il condamne, cette fois avec plus de vigueur encore, la « mise à l’écart » de la représentation nationale de la négociation et de la ratification des accords d’Evian. Il critique, en conséquence, la « prétendue paix » offerte par ses accords, et la préparation par le gouvernement d’ « un prétendu référendum sur une autodétermination téléguidée d’avance ». Par ses paroles, il souhaite démontrer « l’occasion perdue du 13 mai », en face de la « fraternité franco-musulmane ».
Au fil de la législature, il intervient, à quelques reprises seulement, sur les questions économiques. C’est pour constater, lors de la discussion de la réforme fiscale par exemple, les 22, 28 et 29 octobre 1959, « la déception causée dans l’opinion par ce texte, limité et dénué de tout changement profond ». « Complexité », « inégalité », « encouragement à la fraude », tels sont les termes prononcés par un député pourtant proche du ministre de tutelle à l’encontre de la politique mise en place par le gouvernement. Le 21 juillet 1961, Guy Jarrosson défend la nécessité d’une intervention du Parlement pour modifier le statut actuel des bourses de province ou la bourse réformée de Paris.
Dès le 5 mai 1960, il avertit le gouvernement de « l’avertissement nécessaire constitué par la motion de censure ». D’ailleurs, les votes qu’il émet, au cours des quatre années de son mandat de député, témoignent de sa perte de confiance croissante envers le gaullisme, au regard, essentiellement, de la politique menée par l’exécutif en Algérie. En effet, le 16 janvier 1959, Guy Jarrosson approuve le programme du gouvernement de Michel Debré mais, dès le 15 octobre suivant, il s’abstient volontairement, lorsque le chef du gouvernement prononce sa déclaration de politique générale. Le 23 décembre de la même année, il se prononce en faveur du projet de loi, cher au Premier ministre, sur les relations entre l’Etat et les établissements d’enseignement privé. Par contre, le 2 février 1960, il vote contre le projet de loi sur les pouvoirs spéciaux. Il en fait de même, lors du vote sur la révision constitutionnelle du 11 mai 1960 relative à la Communauté, et s’abstient volontairement, au moment d’approuver le programme de gouvernement de Georges Pompidou, appelé à Matignon, le 14 avril 1962. Le 5 juillet 1962, il vote contre la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault et, le 4 octobre suivant, il vote la motion de censure déposée contre le gouvernement.
Au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale, consécutive au vote de la motion de censure, le député du Rhône est candidat au renouvellement de son mandat, dans la même quatrième circonscription du Rhône. Mais son soutien indéfectible à l’Algérie française lui vaut une large défaite, en face du candidat gaulliste, présent dans la compétition. Il n’a pas plus de chance au scrutin législatif des 5 et 12 mars 1967. Malgré ces deux échecs, Guy Jarrosson conserve d’importantes responsabilités locales. Conseiller municipal et adjoint au maire, il est de surcroît conseiller de la communauté urbaine de Lyon, élu le 23 novembre 1968, réélu le 26 avril 1971. Son mandat prend fin avec celui qu’il occupe depuis 1947 dans l’exécutif municipal, le 13 mars 1977. De 1969 à 1977, il est le rapporteur général du budget à la Communauté. Secrétaire général des sanatoriums de Saint-Hilaire-du-Rouret, il a aussi présidé aux destinées du dispensaire Ozanam, de l’association des Etroits, regroupant les foyers d’étudiants et d’ouvrières, et du Conseil de l’association des officiers de réserve de la 8ème région militaire.
Cet ancien syndic – délégué puis honoraire - de la Compagnie des agents de change de Lyon (1962-1967), puis de la Compagnie nationale des agents de change (1967-1969), vice-président de la Société d’économie mixte pour la restauration du Vieux-Lyon (S.E.M.I.R.E.L.Y.), s’éloigne de la vie politique avec les années 1980, après avoir été l’un des représentants les mieux élus de la droite libérale lyonnaise à l’Assemblée nationale des Quatrième et Cinquième Républiques. Il disparaît le 20 août 1994 à Lyon, à l’âge de 83 ans, laissant la vie politique rhodanienne orpheline d’un homme de tempérament, aux convictions fortes et affirmées, et pour lequel les activités politiques nationales n’ont en rien réduit l’attachement à sa ville natale, terre d’élection et d’accomplissement personnel.