Victor Judet

1871 - 1938

Informations générales
  • Né le 30 avril 1871 à La vaufranche (Creuse - France)
  • Décédé le 14 octobre 1938 à Saint-georges-de-nigremont (Creuse - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 7 juillet 1907 au 31 mai 1910
Département
Creuse
Groupe
Gauche radicale-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 24 avril 1910 au 31 mai 1914
Département
Creuse
Groupe
Républicains radicaux-socialistes
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 26 avril 1914 au 7 décembre 1919
Département
Creuse
Groupe
Parti républicain radical et radical socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Creuse
Groupe
Parti radical et radical socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 30 avril 1871 à Lavaufranche (Creuse), mort le 14 octobre 1938 à Saint-Georges-de-Nigremont (Creuse).

Député de la Creuse de 1907 à 1924.

Sénateur de la Creuse de 1928 à 1939.

L'exemple de François Judet illustre éloquemment la rapide ascension dans l'échelle sociale, aux temps de la IIIe République, de la petite bourgeoisie d'origine rurale. Son grand-père, un agriculteur ; son père, un agriculteur aussi, mais député de la Creuse de 1902 à 1907. Quant à lui, qui devait représenter son département pendant plus de 30 ans, à la Chambre d'abord, puis au Sénat, il avait beau s'intituler « agriculteur » sur certaines professions de foi, il ne l'était certes pas du modèle courant car, ingénieur des Arts et Manufactures, autrement dit ancien élève de l'Ecole centrale, il se trouvait être aussi avocat à la Cour d'appel de Paris.

Donc, la mort de son père, le 7 mai 1907, rendait vacants les deux mandats que ce dernier occupait, celui de maire de Lavaufranche et celui de député de l'arrondissement de Boussac : il lui succéda dans l'un et dans l'autre.

Elu au second tour de scrutin le 7 juillet 1907 par 5.098 voix contre 4.682 à Lacôte, il alla siéger parmi le groupe des radicaux-socialistes et participa aux travaux de la commission des postes et télégraphes. Si, pendant cette législature, l'activité de François Judet n'apparaît pas très intense, du moins se manifestent les premiers signes de l'intérêt - grandissant au cours des ans - qu'il vouait aux questions agricoles.

A propos du projet de loi Caillaux instituant l'impôt sur le revenu, il traite des « terres exploitées à portions de fruit ». Enfin, il parle dans la discussion de la proposition de loi portant modification du tarif général des douanes : il est, bien entendu, protectionniste.

En 1910, il est réélu au premier tour, le 24 avril, par 5.224 voix contre 3.347 à son concurrent malheureux Lacôte et 913 à un autre rival, Beaufils. Cette fois, c'est à la commission des travaux publics qu'il siège. Ses interventions se font plus nombreuses et plus diverses. De nouveau élu au premier tour, mais de justesse, le 26 avril 1914, par 4.852 voix contre 4.466 à un nouveau compétiteur, Parry, il siège encore à la commission des travaux publics, au nom de laquelle il présentera un rapport relatif à des subventions accordées à certains chemins de fer d'intérêt local. En réalité, la liste de ses interventions, qui s'allonge, porte exclusivement sur des questions touchant l'agriculture ou les agriculteurs.

Ainsi commence à se manifester « le grand spécialiste des questions agricoles ». Rien d'étonnant donc à ce que, réélu en novembre 1919 sur une liste aux couleurs du « bloc des gauches », réunissant républicains-radicaux, radicaux-socialistes et socialistes (il est élu au quotient avec 19.945 voix sur 51.840 suffrages exprimés et 75.478 inscrits), ce soit à la commission de l'agriculture qu'il choisisse de siéger. Il participe toujours, au nom des intérêts agricoles, à plusieurs discussions : nouvelles ressources fiscales, alimentation de la nation en pain, distribution de l'électricité dans les campagnes..

Ce zèle n'est pourtant pas reconnu par les électeurs qui, au scrutin de mai 1924, préfèrent à lui - second de liste, qui n'obtient que 19.762 voix - le troisième de la liste du bloc des gauches, Binet, lequel en obtient 20.029 sur 53.028 suffrages exprimés.

Cruelle mésaventure, mais bien vite réparée par les électeurs sénatoriaux qui, le 8 novembre 1925, l'appellent à remplacer Viviani, décédé ; élection, acquise de justesse il est vrai, au troisième tour et par 276 voix contre 264 au concurrent immédiat, sur 633 votants.

François Judet va donc siéger au Sénat, dans les rangs de la gauche démocratique et, revenant à ses premières amours, c'est la commission des travaux publics qui l'accueille. Cependant, le projet de loi relatif à l'approvisionnement en blé, en farine et en pain ayant été transmis par la Chambre au Sénat, le représentant de la Creuse réitère, au bénéfice du second, les discours qu'il avait prononcés naguère devant la première. On le voit ensuite intervenir dans la discussion du budget de l'agriculture, demander à interpeller le gouvernement sur la mévente du bétail, participer à une interpellation sur « les conditions économiques actuelles de l'agriculture ». En somme, c'est d'agriculture - et d'agriculture surtout - qu'il s'occupe.

C'est pourquoi, après avoir été réélu - également au premier tour et par 363 voix sur 624 suffrages exprimés lors du scrutin du 20 octobre 1929 - nul n'est surpris de le voir revenir à la commission de l'agriculture, tout en conservant sa place dans celle des travaux publics. Sa double compétence oriente ses interventions : stockage des blés ; services automobiles de transports en commun ; outillage national ; constitution de caisses d'avances pour les communes. Lors de la discussion d'une interpellation concernant la répartition des crédits de grands travaux en faveur des villages non desservis, il adjure avec instance, avec chaleur, le gouvernement de « maintenir à notre pays de France sa structure paysanne ». Le bourgeois parisien n'avait pas oublié son origine. C'est dans la Creuse qu'il devait mourir comme il y était né, le 14 octobre 1938, à 57 ans seulement, d'une pneumonie, neuf jours seulement avant les élections pour lesquelles il s'était de nouveau porté candidat.