Jean Jurgensen

1917 - 1987

Informations générales
  • Né le 4 juillet 1917 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 4 novembre 1987 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Seine
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 4 juillet 1917 à Paris

Décédé le 4 novembre 1987 à Paris

Membre de la première Assemblée nationale constituante (Seine)

Jean-Daniel Jurgensen est né le 4 juillet 1917 à Paris. Il est étudiant à l'Ecole normale supérieure quand la guerre éclate ; hostile à la collaboration avec les Allemands, il rejoint la Résistance dès l'automne 1940. Jean-Daniel Jurgensen agit d'abord au sein du réseau de renseignements franco-britannique Fitz-Roy ; lorsque celui-ci tombe, décimé par la Gestapo, il intègre les rangs du mouvement de Défense de la France, que Philippe Viannay a fondé avec l'un de leurs amis communs, Robert Salmon. Le passage de Jean-Daniel Jurgensen dans la clandestinité intervient en juillet 1943 : déjà agrégé de lettres classiques, il passe avec succès le concours des affaires étrangères, mais refuse de servir l'administration de Vichy.

Dès les premières heures de la Résistance, Jean-Daniel Jurgensen ne ménage pas son soutien au général de Gaulle ; cette fidélité lui vaut d'être nommé membre de l'Assemblée consultative provisoire de Paris en novembre 1944. Il siège alors à la Commission des affaires étrangères, à la Commission de l'information et de la propagande, à la Commission de la réforme de l'Etat et de la législation et à la Commission de reclassement des attachés commerciaux. Jean-Daniel Jurgensen dépose quatre propositions de résolution, qui témoignent de préoccupations très diverses : la première, le 6 février 1945, vise à permettre aux époux qui, « en raison des circonstances, se sont mariés sans contrat pendant les hostilités, de conclure des conventions matrimoniales » ; la seconde, le 3 juillet 1945, invite le gouvernement à prendre une ordonnance accordant aux Français de l'étranger le droit de vote aux élections législatives ; la troisième, le 10 juillet 1945, appelle à la création auprès du secrétariat général du gouvernement d'un conseil technique de la sécurité sociale ; la quatrième enfin, le 25 juillet 1945, suggère au gouvernement la création d'un Office national de la construction, de l'habitation et des loyers.

Jean-Daniel Jurgensen se présente en octobre 1945 aux élections pour la première Assemblée nationale constituante dans la quatrième circonscription de la Seine ; il figure en deuxième position sur la liste de la SFIO conduite par Edouard Depreux. La liste recueille 84 272 voix sur 376 209 suffrages exprimés, et emporte deux des huit sièges à pourvoir; Jean-Daniel Jurgensen est élu à la plus forte moyenne. Sur les six autres élus de la circonscription, quatre sont communistes (Maurice Thorez, Alfred Malleret-Joinville, Marie-Claude Vaillant-Couturier et Albert Petit), et deux MRP (Paul Bacon et Simone Rollin).

Jean-Daniel Jurgensen est nommé membre de la Commission des affaires étrangères, et de la Commission de la presse, de la radio et du cinéma. Il intervient peu dans les débats ; le 17 janvier 1946, toutefois, il interpelle le gouvernement sur sa politique étrangère, en mettant l'accent sur la lenteur avec laquelle s'opère la restitution des biens soustraits à la France pendant l'occupation italienne. Avec ses collègues du groupe socialiste, Jean-Daniel Jurgensen vote les nationalisations et le projet de Constitution qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946.

Candidat de nouveau aux élections pour la seconde Assemblée nationale constituante, le 2 juin 1946, et aux élections pour la première Assemblée législative, le 10 novembre 1946, Jean-Daniel Jurgensen n'occupe plus que la troisième place sur la liste de la SFIO dans la quatrième circonscription de la Seine ; il est battu par deux fois. Il rejoint en décembre 1946 le Quai d'Orsay, en tant que chef de cabinet du sous-secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. C'est le début d'une brillante carrière diplomatique : Jean-Daniel Jurgensen devient en 1947 premier secrétaire de la délégation française au Conseil de tutelle des Nations-Unies à New-York ; il est nommé en mai 1951 sous-directeur du département d'Afrique-Levant à l'administration centrale, puis, en 1955, chef du service d'Europe centrale. Jean-Daniel Jurgensen représente à plusieurs reprises la France au cours des négociations quadripartites qui s'engagent à partir de la Conférence de Genève de juillet 1955. Nommé adjoint du représentant permanent du gouvernement français au Conseil de l'OTAN en 1959, Jean-Daniel Jurgensen rejoint l'administration centrale en 1964, en tant que chargé des affaires d'Amérique. Il manifeste pleinement son adhésion à la diplomatie du général de Gaulle ; au lendemain du discours d'août 1967 sur le « Québec libre », il est l'un des rares, au sein d'une administration circonspecte voire réprobatrice, à applaudir sans retenue l'initiative du chef de l'Etat : « Mon général, vous avez payé les dettes de Louis XV ».

Après la démission du général de Gaulle, Jean-Daniel Jurgensen est nommé directeur-adjoint des affaires politiques. Il quitte l'administration centrale pour devenir ambassadeur à New Delhi (1972-1976) puis à La Haye (1980-1982). Jean-Daniel Jurgensen est élevé, quelques mois avant sa retraite, en octobre 1981, à la dignité d'ambassadeur de France. A peine a-t-il quitté le Quai d'Orsay qu'il prend la tête du comité préparatoire pour la Fondation européenne, et multiplie, jusqu'à ce que la maladie l'immobilise, les démarches pour que s'installe enfin à Paris, conformément au traité signé, cette fondation à laquelle le gouvernement néerlandais continue d'opposer son veto. Fidèle aux principes qui depuis les premières années de la guerre inspirent son action, il publie en 1983 un ouvrage sur George Orwell, dans lequel, au détour notamment d'un chapitre sur la « novlangue », il montre comment la « langue de bois », en interdisant toute expression libre, fait le lit du totalitarisme.

Jean-Daniel Jurgensen décède le 4 novembre 1987.

Il était commandeur de la Légion d'honneur et grand-officier de l'Ordre national du Mérite.