Paul Lafargue

1843 - 1911

Informations générales
  • Né le 15 janvier 1843 à Santiago-de-Cuba (Cuba)
  • Décédé le 25 novembre 1911 à Draveil (France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 25 octobre 1891 au 14 octobre 1893
Département
Nord

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 15 janvier 1843 à Santiago de Cuba (Cuba), mort le 25 novembre 1911 à Draveil (Seine-et-Oise).

Député du Nord de 1891 à 1893.

Paul Lafargue naquit à Santiago de Cuba. Ses parents étaient français mais son père, François Lafargue, négociant bordelais, possédait d'importantes propriétés à Cuba. A l'âge de 9 ans, Paul Lafargue vint à Bordeaux pour faire ses études en France. Il fut reçu bachelier ès lettres à Toulouse puis vint à Paris entreprendre des études de pharmacie. Après un stage à la pharmacie Touzac, 67, rue Montorgueil, il s'inscrivit à la Faculté de médecine. Dès cette époque, il se mêle activement au mouvement socialiste et, en février 1865, au cours d'un voyage à Londres, il fait la connaissance de Karl Marx. Du 29 octobre au 1er novembre de la même année, il participe au Congrès international des étudiants, à Liège. Il s'y fait remarquer par la véhémence de ses interventions. Les autorités universitaires le sanctionnent lourdement à son retour en France : il est exclu à vie de l'Académie de Paris et pour deux ans des autres académies de l'Empire.

Son père l'envoie alors à Londres achever ses études de médecine. Il devient assez vite un intime de la famille Marx et bientôt, il épouse la fille aînée du philosophe, Laura, qui collaborera étroitement à son action et à son œuvre. Il en aura deux enfants.

Au début de la guerre de 1870, il s'installe chez son père, à Bordeaux, rue Naujac. Candidat aux élections municipales de Bordeaux sur une liste socialiste, il adhère à la Commune ; mais sa participation n'est guère active malgré un voyage à Paris dans le courant d'avril 1871. Après l'échec de l'insurrection, recherché par la police, il quitte Bordeaux avec sa famille puis, par Luchon, passe en Espagne. Nouvel exil au cours duquel il collabore à l'organe du parti socialiste espagnol avant de s'installer à Londres. Il entreprend alors une œuvre importante de théoricien du socialisme et de vulgarisateur du collectivisme. Dès 1880, il entretient d'étroites relations avec Jules Guesde.

En 1882, Paul Lafargue rentre en France et, avec Jules Guesde, il commence une longue campagne de propagande en faveur des idées socialistes. Il collabore notamment à de nombreux journaux de tendance révolutionnaire. Condamné avec Guesde à six mois de prison en avril 1883, pour son action dans l'Allier, ils rédigent ensemble dans leurs cellules, le Programme du parti ouvrier. Inculpé de provocation au meurtre après l'affaire de Fourmies, il est de nouveau condamné à un an de prison. Le 19 septembre 1891, Werquin, député républicain-radical de la 1re circonscription de Lille, meurt. Paul Lafargue pose sa candidature aux élections partielles destinées à pourvoir à son remplacement.

Il se présente aux électeurs comme docteur en médecine du Collège des chirurgiens de Londres.

Au premier tour, il arrive en tête avec 5.005 suffrages sur 16.809 inscrits, contre 2.928 à Depasse, 2.358 à Roche, 1.256 à Béré et 6 à Viguier. Il l'emporte au second tour avec 6.470 voix contre 5.175 à Depasse.

Sur proposition de Millerand, la Chambre des députés, faisant appliquer la règle de l'immunité parlementaire, vote la levée de sa détention. Il sort de Sainte-Pélagie pour entrer à la Chambre où son élection est bientôt validée malgré l'opposition de certains adversaires qui lui reprochent d'être né à Cuba et de n'avoir pas accompli son service militaire.

Le premier texte qu'il dépose est une proposition tendant à l'amnistie plénière, puis il propose la séparation de l'Eglise et de l'Etat, vœu qu'il verra réalisé plus tard lorsqu'il aura, depuis plusieurs années, perdu son mandat.

Il propose encore l'abrogation des droits d'entrée sur les denrées alimentaires, l'établissement d'un crédit agricole et de caisses municipales d'approvisionnement.

Mais c'est surtout dans le domaine social et, en particulier, dans celui de la réglementation du travail et dans celui des rapports entre patrons et ouvriers qu'il déploie la plus grande activité parlementaire. Il dépose des propositions tendant à réglementer le travail des femmes avant l'accouchement, l'emploi des ouvriers étrangers, participe aux discussions des projets et propositions sur l'arbitrage des conflits du travail, le travail des accouchées dans l'industrie, les règlements d'atelier et demande à interpeller le gouvernement à l'occasion de conflits sociaux dans sa région.

Aux élections de 1893, candidat dans la 2e circonscription de Lille, il est nettement devancé au premier tour par Loyer, filateur de coton « rallié aux institutions républicaines ». Il ne recueille que 4.745 suffrages contre 7.081 à Loyer, et 3.523 à Verly. Bien qu'il comble une partie de son handicap au second tour, il ne peut empêcher Loyer d'être élu par 8.261 voix contre 6.256.

Paul Lafargue poursuit son action politique en dehors du Parlement, avec Jules Guesde, à la tête du parti ouvrier français jusqu'à la fusion socialiste de 1905, puis au parti socialiste S.F.I.O. La verve, l'ironie et le mordant de ses articles en font un journaliste apprécié tandis qu'il continue son œuvre de théoricien du marxisme. Ayant fixé lui-même à 70 ans le terme de son existence, il se suicida, avec sa femme, dans sa propriété de Draveil, le 25 novembre 1911. Le parti socialiste lui fit des funérailles grandioses.

Parmi ses ouvrages principaux, restent : Le droit à la paresse (1880), Cours d'économie sociale (1884), La religion du capital (1887), Le communisme et l'évolution économique (1892), Idéalisme et matérialisme dans l'histoire (1895), La propriété, origine et évolution.