Henri Baudouin

1926 - 2020

Informations générales
  • Né le 18 juin 1926 à Saint-georges-de-gréhaigne (Ille-et-Vilaine - France)
  • Décédé le 26 mai 2020 à Paris 5ème (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 6 décembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Manche
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 3 avril 1967 au 30 mai 1968
Département
Manche
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 1er avril 1973
Département
Manche
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Manche
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Manche
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 1er avril 1986
Département
Manche
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

BAUDOUIN (Henri)
Né le 18 juin 1926 à Saint-Georges-de-Gréhaine (Ille-et-Vilaine)
Décédé le 26 mai 2020 à Paris

Député de la Manche de 1962 à 1986

Henri Baudouin est né à Saint-Georges-de-Gréhaigne, le 18 juin 1926. Fils d’exploitant agricole, il suit des études secondaires au collège Saint Magloire de Dol-de-Bretagne, puis au lycée Chateaubriand de Rennes, avant de rejoindre la Faculté de droit de Rennes et l’Institut d’études politiques à Paris, ce qui lui permet notamment d’obtenir sa licence en droit. Chef adjoint du cabinet du préfet d’Ille-et-Vilaine à cette époque, il effectue son service militaire dans l’armée de l’air à la base de l’École de Marrakech.

Marié en 1950 à Jacqueline Le Sénéchal, avec laquelle il a deux enfants, il s’installe à Granville en 1954, ville où il exerce la profession d’agréé près le Tribunal de commerce, avant d’obtenir le titre d’avocat en 1972, à la suite de la fusion des professions judiciaires. Cinq années plus tard, en 1959, il se décide alors à entrer en politique en qualité de conseiller municipal de Granville, avant d’être élu maire de la « Monaco du Nord », le 18 juillet 1961, à la suite de la démission de l’ancien maire, Marius Beaumois. Cet ancrage local lui permet dès lors de se présenter aux élections législatives des 18 et 25 novembre 1962, après la dissolution de l’Assemblée nationale.

Candidat de l’Union républicaine d’action sociale, familiale et rurale, de tendance gaulliste, Henri Baudouin profite de l’élan populaire en faveur du général de Gaulle, en se faisant élire député de la 3e circonscription de la Manche (Coutances-Granville) dès le premier tour. Avec 24 819 des 35 985 suffrages exprimés (68,97%), il devance ses différents concurrents, notamment le député sortant et candidat indépendant Édouard Lebas qui n’obtient que 17,09% des voix. Sa campagne électorale a relayé les préoccupations du monde agricole, le candidat se faisant le défenseur d’un programme « d’action sociale, familiale et rurale ». Son suppléant est René Beaudry, agriculteur de profession et membre de la Fédération des Agriculteurs.

À son arrivée au Palais-Bourbon, le 11 décembre 1962, Henri Baudouin s’apparente au groupe gaulliste Union pour la nouvelle République-Union démocratique du travail (UNR-UDT). Au cours de ce premier mandat de député, dès le 12 décembre 1962, il est nommé membre de la commission des affaires étrangères, avant de siéger, à plusieurs reprises, au sein de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration de la République. Malgré son jeune âge, mais sans doute du fait de sa formation initiale, le jeune député est désigné à dix reprises comme rapporteur de cette commission entre le 27 novembre 1963 et le 20 décembre 1966. Trois de ces projets de loi concernent le droit commercial, un autre les pouvoirs de police du maire en matière de circulation, les six derniers la pêche et les questions maritimes, navires et navigation. Vers la fin de cette IIe législature, il présente deux propositions de loi : la première sur la fixation d’un délai pour la conservation des archives des agréés près les tribunaux de commerce (2 juin 1965) et la seconde sur la modification de l’article 812 du Code rural relatif au statut du fermage (le 29 juin 1966). Il prend aussi à quatorze reprises la parole, dont sept en qualité de rapporteur, sur différents sujets : éducation nationale, aménagement du territoire, pouvoirs de police du maire, législation commerciale, droit maritime et agriculture.

Lors des élections législatives des 5 et 12 mars 1967, Henri Baudouin est candidat à sa propre réélection. Investi par le Comité d’action pour la Ve République, il fait campagne pour que le général de Gaulle puisse bénéficier d’une majorité solide afin de poursuivre « le redressement » du pays, déjà bien entamé, malgré des problèmes persistants dans son département, notamment « les difficultés du monde agricole » ou « l’insuffisance du développement économique de la Manche », autant de difficultés qu’il entend bien résoudre. Au premier tour, il n’obtient pourtant que 42,20% des voix. En effet, le gaulliste dissident et maire de Coutances, Henri Troudé obtient 17,88% des voix. Bénéficiant d’un ballottage favorable, le maire de Granville parvient néanmoins à conforter son avance. Il est finalement élu triomphalement face à son rival avec 17 297 des 32 384 suffrages exprimés (65,71%) au second tour. La force électorale du gaullisme est alors telle en Basse-Normandie que des duels entre candidats gaullistes peuvent avoir lieu.

De retour à l’Assemblée, le 3 juin 1967, Henri Baudouin rejoint les rangs de la majorité et s’apparente au nouveau parti gaulliste, l’Union démocratique pour la Ve République (UD-Ve). Comme lors de son mandat précédent, il siège à la commission des lois. Il est également désigné comme membre du Conseil national des services publics départementaux et communaux, le 29 juin 1967. Au cours de cette brève législature, le 19 avril 1967, il réitère sa proposition de loi tendant à fixer un délai pour la conservation des archives des agréés près les tribunaux de commerce. Il est également rapporteur de quatre projets de loi sur les questions maritimes, autant de circonstances où il prend la parole sur des points techniques durant les discussions. En parallèle, il continue de se faire le porte-parole des difficultés du monde rural. Ainsi, le 29 juin 1967, souligne-t-il le problème de la reconversion professionnelle dans les régions rurales, lors de la discussion sur la déclaration du gouvernement sur la politique économique et financière ; de même, le 8 novembre 1967, il expose les réalités des agriculteurs et des éleveurs en termes de prix des productions et de succession. Il évoque plus largement les difficultés posées par la législation en vigueur sur l’élevage et les calamités agricoles.

Aux élections législatives des 23 et 30 juin 1968 qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale, après une campagne où son ancien rival, Henri Troudé, accepte de se rallier à sa candidature, Henri Baudouin est largement réélu dans sa circonscription dès le premier tour avec 27 462 des 42 171 suffrages exprimés (65,12%) comme candidat de l’Union pour la défense de la République (UDR), nouvelle appellation électorale du parti gaulliste, face notamment à Jean-Claude Richard, candidat du Centre droit (CD) et Michel Lecostey, candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui n’obtiennent respectivement que 15,67% et 13,20% des voix. Durant la campagne électorale, le député sortant n’hésite d’ailleurs pas à écrire que les électeurs sont appelés à arbitrer « un conflit qui vient de diviser les Français pour le plus grand risque de leur liberté », et que de la consultation dépend « l’avenir » des institutions de la Ve République ; un avenir « menacé par des minorités agissantes ». À l’opposé de « l’anarchie » entretenue par « certains fauteurs de troubles », et dans le prolongement de la manifestation de soutien au général de Gaulle organisée le 30 mai, il souhaite que, par son vote, le corps électoral de sa circonscription manifeste son hostilité « à la dictature totalitaire, au drapeau rouge de la révolution, au drapeau noir de l’anarchie militaire » en même temps que son « attachement à la République, à la liberté, à la France ». À cette époque, son suppléant historique, René Beaudry, est par ailleurs remplacé par le directeur d’imprimerie Gaston Brision, conseiller général du canton de Coutances depuis 1961.

Au cours de ce nouveau mandat parlementaire, Henri Baudouin continue d’être apparenté au parti gaulliste, qui prend alors le nom d’Union des démocrates pour la République (UDR). Il est nommé secrétaire de l’Assemblée nationale en avril 1972. Il continue de siéger à la commission des lois. Il en est à cinq reprises rapporteur sur des textes techniques : sur l’armement et les ventes maritimes en octobre 1968, la prescription des créances sur les personnes publiques en novembre 1968, sur la conservation des archives des juges et de plusieurs professions juridiques en 1971, et sur les greffes des tribunaux de commerce, cette même année, sur la proposition de loi tendant à fixer un délai pour la conservation des archives des agréés près les tribunaux de commerce, en octobre 1968. En parallèle, dès le 17 octobre 1968, il continue de siéger au Conseil national des services publics départementaux et communaux. Le 1er juillet 1972, il est nommé membre de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi de Lucien Neuwirth tendant à créer un office national d’information et d’éducation familiale, qui avait notamment pour but de promouvoir l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires. Comme lors de ses mandats précédents, ses prises de parole ne sont jamais très éloignées de ses réalités quotidiennes d’avocat et de maire. Ainsi évoque-t-il, le 7 novembre 1970, lors de la discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1971, tout comme le 16 juin 1971, lors de la discussion du VIe Plan de développement économique et social, les problèmes des milieux agricoles qu’il ne cesse de défendre depuis tant d’années. De même, à l’automne 1971, le député du Sud-Manche s’exprime à plusieurs reprises sur le projet de loi relatif à la protection des usagers du droit et portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques ou bien encore sur le projet de loi instituant l’aide judicaire, comme rapporteur.

Durant cette IVe législature, le député-maire de Granville est par ailleurs réélu pour un troisième mandat de maire (1971-1977), en faisant liste commune avec le chef d’entreprise dans le bâtiment, André Tible, alors conseiller général depuis 1958, ce qui lui permet notamment de lancer l’aménagement et la construction du port de plaisance du Hérel.

Aux élections législatives des 4 et 11 mars 1973, Henri Baudouin décide de se représenter à la députation pour un quatrième mandat, avec comme suppléant l’entrepreneur Eugène Fouchard, son adjoint à la mairie de Granville. À cette époque, il est investi comme candidat de l’Union des républicains de progrès (URP), une coalition des trois groupes de la majorité de droite (UDR, Républicains indépendants et CDP). Comme les fois précédentes, il continue de faire campagne pour défendre le monde rural, artisan et commerçant dans son département. Pour autant, sur le plan national, comme en 1968, il estime que l’heure est grave, puisque du scrutin à venir dépend le choix entre deux types de société : d’une part, « une société marxiste et collectiviste » dont il faut se garder ; d’autre part, « une société libérale et sociale » qu’il défend déjà au sein de la majorité soutenant le président Pompidou « gardien des Institutions dans l’ordre et le progrès ». En ballottage au premier tour du scrutin avec 45,40% des voix, le député sortant n’est finalement élu qu’avec 19 877 des 43 781 suffrages exprimés (47,73%) face à ses deux concurrents, Lucien Radier (Réformateur) qui obtient 30,37% des voix et William Unterwald (Parti socialiste) qui obtient 21,90% des voix.

Apparenté au groupe des Républicains indépendants (RI), le 2 avril 1973, il s’inscrit à part entière à ce groupe le 18 juin 1974, avant de devenir membre de son bureau du mois d’avril 1976 au mois de mars 1978 ; ce groupe change d’ailleurs de nom le 26 mai 1977, pour prendre la dénomination de groupe républicain, dans le prolongement de la transformation de la Fédération nationale des républicains indépendants (FNRI) en Parti républicain (PR). Nommé une nouvelle fois comme membre de la commission des lois, le député de la Manche est par ailleurs membre du Haut conseil de l’audiovisuel et, au mois de novembre 1973, siège de droit au conseil régional de Basse-Normandie. En lien avec ses connaissances en droit maritime, le 28 juin 1974, le député-maire de Granville est par ailleurs désigné pour faire partie de la commission d’enquête sur la pollution du littoral méditerranéen et sur les mesures à mettre en œuvre pour la combattre et assurer la défense de la nature, avant d’intégrer le conseil d’administration du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres le 15 avril 1976. Il en avait appuyé la création en qualité de rapporteur du projet de loi en ce sens au mois d’avril de l’année précédente. Cette même année 1976 voit également l’adoption de la loi relative à la prévention et à la répression de la pollution marine par les opérations d’immersion effectuées par les navires et aéronefs et à la lutte contre la pollution marine accidentelle, dont il a aussi été le rapporteur. Il est également rapporteur en décembre 1974 du projet de loi sur le statut des navires, en avril 1974, sur le projet de loi relatif à la sauvegarde de la vie humaine en mer, en mai 1976, sur le projet de loi relatif à la responsabilité en matière de transport aérien. Il est en outre rapporteur, en mai 1976, du projet de loi relatif à la répression du port illégitime d’uniformes de police et, en juin 1976, sur la prescription en matière commerciale.

Henri Baudouin n’hésite jamais à s’exprimer sur des enjeux de société qu’il considère fondamentaux. Ainsi, le 13 décembre 1973, à l’occasion de la discussion du projet de loi relatif à l’interruption volontaire de la grossesse, il déclare que celui-ci est imparfait étant donné que « l’avortement libre représente, à [ses] yeux en tout cas, une régression morale, un rejet des valeurs essentielles, un viol des lois naturelles que l’homme, seul parmi les êtres vivants, serait capable de commettre ». En effet, pour lui, cette « atteinte à la vie » ne peut être la solution au problème posé. Pour remédier aux « drames humains existants », il faut intégrer au projet « des mesures préventives », de « l’information éducative et la prise en considération de chaque situation » de détresse et d’isolement par « une vaste action de justice, d’entraide et de solidarité sociale et humaine ».

En parallèle, fin connaisseur des questions financières et fiscales, les différents projets de loi de finances présentés par le gouvernement sont également un moment privilégié qu’il met à profit pour s’exprimer, évoquant les difficultés rencontrées par le monde agricole, le monde marin, ou bien encore, les collectivités territoriales, tout particulièrement dans son département. Sur le plan local, le député-maire de Granville ne s’étant pas représenté aux élections municipales de mars 1977, il cède alors sa place à son premier adjoint, André Tible, qui est finalement battu par le socialiste Rémy Derubay.
Aux élections législatives du mois de mars 1978, Henri Baudouin est candidat de l’Union pour la majorité présidentielle et s’affirme comme un ardent partisan du président de la République en exercice, avec l’incipit d’une profession de foi qui ne laisse la place à aucun doute : « Le Bon choix pour la France avec Valéry Giscard d’Estaing ». Ayant un nouveau suppléant, en la personne de David Rouge, vétérinaire et maire-adjoint de Coutances, il combat l’application d’un programme « d’inspiration collectiviste » qui ne pourrait, selon lui, que plonger la France dans le « désordre économique » et déclare qu’il ne faut pas que les Français se fassent « prendre à la démagogie des partis de gauche qui promettent tout et n’importe quoi ». Pour faire avancer la société française « dans la liberté vers la justice et vers l’Unité », la solution est donc simple : conformément aux institutions de la Ve République, le rassemblement doit s’opérer autour du président de la République et de son Premier ministre. En ballottage au premier tour du scrutin avec 40,57% des voix, contre 20,8% au candidat socialiste et 13,27% au candidat du Rassemblement pour la République (RPR), le député de la 3e circonscription de la Manche est finalement réélu au second tour, le 19 mars 1978, avec 32 257 des 51 799 suffrages exprimés (62,27%) face à son concurrent du Parti socialiste, Jacques Desponts.

De retour à l’Assemblée nationale pour un cinquième mandat, le 3 avril 1978, Henri Baudouin, en conformité avec sa campagne électorale, rejoint les rangs du groupe de l’Union pour la démocratie française (UDF), créée au mois de février précédent. Nommé une nouvelle fois membre de la commission des lois à partir du 6 avril 1978, dès le lendemain, il en est vice-président jusqu’à la session ordinaire d’avril 1981. Il s’investit par ailleurs pleinement au sein du nouveau parti présidentiel, en devenant membre du bureau du groupe à l’Assemblée, mais également en qualité de coprésident de la fédération de la Manche à compter du mois d’octobre 1978. Il est à nouveau membre titulaire du Conservatoire du littoral au mois d’avril 1978.

Il est, au nom de la commission des lois, rapporteur sur quatre projets de lois : le premier, en novembre 1978, sur la circulation maritime, le deuxième, le même mois, sur les courtiers d’assurances maritimes, le troisième sur la pollution de la mer par les hydrocarbures, en décembre 1978, et le quatrième, en octobre 1979, sur les contrats d’affrètement et de transports maritimes.

Il est également rapporteur pour avis des projets de loi de finances du gouvernement pour les crédits de la Justice et, le 19 novembre 1980, dépose une proposition de loi organique tendant à compléter l’article 10 de l’ordonnance du 22 décembre 1958 portant loi organique relative au statut de la magistrature ; une proposition dont il est lui-même le rapporteur le 4 décembre suivant. De même que pour les textes précités, ses compétences en matière maritime conduisent à le nommer, à la suite du naufrage du navire pétrolier l’Amoco-Cadiz au large des côtes bretonnes au mois de mars 1978, membre et rapporteur de la commission d’enquête parlementaire mise sur pied pour faire la lumière sur cet événement. Il est également rapporteur de la proposition de résolution tendant à la création de cette commission d’enquête. Consécration de ses talents, il est par ailleurs nommé au sein de la délégation française à la conférence internationale sur le droit de la mer qui se tient sous les auspices de l’ONU. Une nomination qui lui permet de contribuer à la mise en place des couloirs de navigation, tel le rail d’Ouessant.

En juin 1981, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, Henri Baudouin est candidat à un nouveau mandat aux élections législatives. Investi comme candidat de l’Union pour la nouvelle majorité (UNM), qui réunit alors les députés de droite de la majorité sortante (principalement l’UDF et le RPR), le député sortant choisit comme suppléant Jean-François Le Grand, docteur-vétérinaire alors conseiller général du canton de Lessay, qui sera élu sénateur RPR de la Manche l’année suivante. Lors de cette nouvelle campagne électorale, comme lors des élections précédentes, il rappelle que la France ne peut être « gérée selon les grands principes socialo-collectivistes proclamés par les forces de gauche et d’extrême gauche ». Un homme de gauche ayant été élu président de la République, il faut en tirer les conséquences pour l’avenir du pays. Or, cela passe par un contrôle de l’Assemblée nationale sur « les grandes décisions » qui pourront être prises par le nouveau gouvernement et qui pourraient « avoir des effets désastreux » dans la vie de tout un chacun. Son slogan est donc simple : « Non à la socialisation de l’économie ; de l’agriculture ; de l’enseignement ; de la santé. Oui au respect des valeurs fondamentales » défendues par les candidats de l’UNM.

En dépit de la large victoire du Parti socialiste et de ses alliés à ces élections, le député sortant parvient dans ce contexte de la « vague rose », à être réélu avec 23 249 des 45 371 suffrages exprimés (51,24%) le 14 juin 1981, dès le premier tour des élections, face à son rival socialiste Jacques Desponts qui n’obtient que 35,92% des voix, pour son sixième et dernier mandat de député de la 3e circonscription de la Manche. Henri Baudouin est inscrit au groupe UDF, il est secrétaire de l’Assemblée nationale du 3 juillet 1981 au 2 avril 1983. Pour la première fois depuis 1963, il ne siège plus à la commission des lois, mais à la commission de la défense nationale et des forces armées. Il ne prend presque plus la parole dans l’hémicycle et n’est plus rapporteur. En effet, durant ces cinq années de mandat, il n’intervient qu’à trois reprises. Il ne s’exprime pas à l’occasion de la discussion sur l’abolition de la peine de mort, mais il fait partie des cent-dix-sept députés qui votent contre l’adoption du projet, le 18 septembre 1981. Durant, cette même année 1981, il n’intervient que deux fois : la première, le 14 novembre 1981, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1982 ; la seconde, le 24 novembre suivant, à l’occasion de la discussion du projet de loi sur l’exploration et l’exploitation des ressources minérales des grands fonds marins. Puis, l’année suivante, le 7 octobre 1982, son unique intervention se réduit à proposer un amendement, qui est adopté, à l’article unique du projet de loi modifiant la loi du 24 novembre 1961 relatif à la police des épaves maritimes. Au niveau local, son activité ne se réduit pas. En effet, d’abord élu en 1982 vice-président du conseil régional de Basse-Normandie en 1982, c’est au mois de mars 1983, qu’Henri Baudouin retrouve son écharpe tricolore en parvenant à être élu avec 55,5% des voix dès le premier tour, pour effectuer son quatrième et dernier mandat à la tête de la mairie de Granville.

Réélu conseiller régional en 1986, le maire de Granville, comme il l’avait annoncé dans la presse locale à l’automne précédent, renonce officiellement à solliciter le renouvellement de son mandat de député aux législatives qui ont lieu en même temps. Ce choix personnel tient au mode de scrutin puisque, pour la première fois depuis le début de la Ve République, ces élections sont au scrutin proportionnel départemental de liste, système, déclare-t-il, « par nature plus politique » et dans lequel « le poids des appareils se fait davantage sentir », ce qui convient beaucoup moins à son « tempérament ». Il estime aussi qu’après « onze parcours politiques sans faute », cinq au plan municipal et six au plan législatif, il est temps pour lui de céder sa place.

Fervent soutien de Raymond Barre, ancien Premier ministre et candidat soutenu par l’UDF à la présidentielle en 1988, Henri Baudouin hésite alors à se représenter afin de composer une assemblée unie autour du député du Rhône en cas de victoire. Après la réélection de François Mitterrand, le 8 mai 1988, il met un terme définitif à ses ambitions politiques au niveau national. Au niveau local, il ne tarde pas à faire de même. Aux élections municipales du mois de mars 1989, il laisse définitivement son fauteuil de premier magistrat de Granville au chirurgien Jean-Claude Lécossais, élu avec une liste d’Union de la droite, avant de démissionner avec une partie de son conseil municipal l’année suivante. À cette époque, il quitte définitivement Granville pour se partager entre Paris et Saint-Malo.

Figure marquante du Sud de la Manche des années 60 aux années 80, Henri Baudouin disparaît le 22 mai 2020, à l’âge de 93 ans. Il reste dans la mémoire collective comme un homme politique passionné au service de sa région et de son département d’adoption, et comme un homme qui possédait une authentique âme de maire et de bâtisseur. On lui doit, entre autres, plusieurs aménagements à Granville, dont le Centre de rééducation le Normandy et le Centre régional de nautisme. Il était chevalier de la Légion d’honneur. Il avait également fondé le Lion’s Club de Granville et était un grand amateur d’équitation.