Henry Maret

1837 - 1917

Informations générales
  • Né le 4 mars 1837 à Sancerre (Cher - France)
  • Décédé le 5 janvier 1917 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 21 août 1881 au 14 octobre 1885
Département
Seine
Groupe
Gauche radicale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 18 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Cher
Groupe
Gauche radicale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Cher
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 20 août 1893 au 31 mai 1898
Département
Cher
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Cher
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1902 au 31 mai 1906
Département
Cher
Groupe
Radical-socialiste

Biographies

Député depuis 1881, né à Sancerre (Cher) le 4 mars 1837, fils d'un percepteur de Sancerre, il fit de brillantes études classiques au séminaire de Bourges, puis se rendit tout jeune à Paris où la protection du duc de Bassano, son parent, le fit admettre dans les bureaux de la préfecture de la Seine ; il s'y lia avec MM. Gabriel Guillemot et Henri Rochefort.

Sa détestable écriture, son peu d'assiduité, et une vocation décidée pour la littérature interrompirent bientôt sa carrière administrative. M. Henry Maret collabora à plusieurs journaux et recueils littéraires, publia dans l'Illustration une série d'articles qui furent remarqués sous ce titre : le Tour du monde parisien (1862), donna des romans à l'Opinion nationale, au Temps, etc., fut rédacteur du Charivari et de la Vie parisienne, et ne commença à s'occuper de politique que vers la fin de l'Empire. Il appartint alors, comme chroniqueur, à la rédaction de plusieurs journaux républicains, où il publiait aussi des articles de critique dramatique; il écrivit successivement à la Presse libre, à la Réforme, au Rappel, critiqua vivement, pendant le siège de Paris, le gouvernement de la Défense nationale, et, pendant la Commune, fonda avec M. Henri Rochefort le journal le Mot d'Ordre ; il s'y prononça contre la démolition de la colonne Vendôme, mais attaqua, d'autre part, l'Assemblée de Versailles dans divers articles qui le firent traduire, après la victoire du gouvernement, devant le même conseil de guerre que son rédacteur en chef. M. H. Maret fut condamné à cinq ans de détention; mais l'état de sa santé et les actives démarches de sa famille lui valurent sa mise en liberté au bout de quelques mois. Il collabora depuis, tantôt sous son nom, tantôt sous les pseudonymes de Henry Tram, Yorick, Horatio, aux journaux radicaux que dirigea M. Ed. Portalis de 1871 à 1873 : la Constitution, le Corsaire, l'Avenir national. Il quitta cette dernière feuille, en même temps que MM. Tony Révillon, Gabriel Guillemet, Cantagrel, etc., à la suite de l'adhésion donnée, sans son aveu, à la politique du prince Napoléon, par un rédacteur du journal, M. Pierre Denis. La finesse de ses polémiques et la distinction de son talent avaient mis M. Henry Maret au premier rang des publicistes républicains, lorsque, après avoir collaboré encore à la Marseillaise de M. A. Duportal, il devint le principal rédacteur politique du nouveau Mot d'Ordre (1878). On y remarqua beaucoup les articles incisifs dans lesquels il attaqua, au nom de la liberté et des principes « intransigeants », la politique opportuniste de Gambetta et de ses partisans.

Au mois d'octobre 1878, il fut élu conseiller municipal de Paris pour le quartier des Epinettes (17e arrondissement), après une lutte des plus vives où il eut pour adversaire M. Risler, républicain modéré; il obtint sa réélection en janvier 1881. En 1879 et en 1880, M. Henry Maret, presque seul dans la presse de gauche, mena avec indépendance une campagne très remarquée contre l'article 7 de la loi Ferry et contre les décrets relatifs aux congrégations religieuses. Partisan de la liberté absolue d'association, il se trouva, sur la « question cléricale », en désaccord avec ses collaborateurs, dut quitter le Mot d'ordre en octobre 1880, et accepta de M. Ed. Portalis la rédaction en chef de la Vérité. Il y continua, avec le même talent, sa lutte contre « l'opportunisme autoritaire» puis, au mois d'août 1881, peu de jours avant les élections législatives, il fonda le journal le Radical dont il n'a cessé d'être, depuis, le rédacteur en chef.

Candidat de l'extrême gauche, le 2l août, à la Chambre des députés dans le 17e arrondissement de Paris (2e circonscription), il obtint 3,216 voix au premier tour de scrutin, et fut élu député, au scrutin de ballottage du 4 septembre, par 4,608 voix (10,751 votants et 16,681 inscrits), contre 2,348 à M. le colonel Martin, opportuniste. Il avait demandé dans son programme la révision intégrale de la Constitution, l'autonomie communale, et l'obligation pour le gouvernement de consulter la nation avant de déclarer la guerre.

A la Chambre, M. Henry Maret s'assit à l'extrême gauche, où il fut quelque temps le « leader », avec M. de Lanessan, d'un petit groupe « libertaire », qui se sépara, en quelques circonstances, du chef parlementaire des radicaux, M. Clemenceau. Après avoir combattu de tout son pouvoir le ministère de Gambetta, qu'il appela un jour « Vitellius » en pleine séance de la Chambre, M. Henry Maret fut du nombre des députés intransigeants qui crurent devoir prêter leur appui au cabinet « libéral » de M. de Freycinet. Il déposa une proposition tendant à établir au chef-lieu de chaque département un jury pour statuer sur les contestations civiles relatives à la réparation des dommages causés par accidents. En 1882, il combattit, d'accord avec M. Gaillard (de Vaucluse), comme attentatoire à la liberté de la presse, un projet de loi ayant pour objet la répression des outrages aux bonnes mœurs, et déposa (juin) un amendement à la loi du divorce portant abrogation de l'article 298 du code civil qui interdit le mariage entre le conjoint adultère et son complice. En 1883, après l'affaire de Montceau-les-Mines, il demanda l'amnistie pour tous les crimes et délits politiques. En 1884, il intervint dans la discussion de l'interpellation Langlois sur la politique économique du gouvernement, et dans celle qui eut trait à la responsabilité des patrons dans les accidents des ouvriers. Il vota pour l'élection de la magistrature par le peuple, pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et contre les crédits de l'expédition du Tonkin. Adversaire décidé de la « politique coloniale », il la combattit sans relâche, tant à la Chambre que dans son journal.

Aux élections générales d'octobre 1885, M. Henry Maret fut porté à la fois sur la plupart des listes radicales de la Seine et sur la liste socialiste du Cher, où figuraient également Félix Pyat et M. Ed. Vaillant; s'étant laissé porter, dans le même département, sur une autre liste moins avancée, formée par M. Eugène Brisson, maire de Bourges, il dut à l'appoint de quelques voix modérées d'arriver au premier tour, avec une minorité plus forte que celle de ses compagnons de la liste socialiste; il fut, en conséquence, accepté sur la liste opportuniste qui resta seule, au second tour, en présence des conservateurs monarchistes, et fut élu au ballottage, député du cher, le 5e sur 6, par 43,712 voix (82,866 votants, 101,195 inscrits). En même temps, il avait réuni dans la Seine, au premier tour de scrutin, 194,562 suffrages, et avait été définitivement élu au second tour, le 13e sur 34, par 286,763 voix (416,886 votants, 564,338 inscrits). M. H. Maret opta pour le Cher.

Il reprit sa place à l'extrême gauche, se prononça, en juin 1886, contre la proposition Duché relative à l'expulsion des princes, après l'avoir combattue dans le Radical, en 1887 sur le budget de l'Opéra-comique, et conclut favorablement, en 1888, comme rapporteur, à l'entreprise du canal de Panama, pour laquelle le concours du gouvernement était sollicité. Il se prononça un des premiers contre la politique du général Boulanger. Dans les derniers temps de la législature, l'intransigeance de M. Henry Maret parut subir d'assez sensibles atténuations : les nécessités de l'union contre le « péril boulangiste » le déterminèrent, d'une part, à renoncer à toute campagne en faveur de la révision constitutionnelle, de l'autre à s'associer à certains votes restrictifs de la liberté, tels que celui du nouveau projet Lisbonne sur la presse. M. Henry Maret vota encore :

- contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.

On a de lui, outre les ouvrages cités, une pièce sifflée en 1864 au théâtre de Bordeaux : le Baiser de la reine, en collaboration avec M. Lecœur ; un roman, les Compagnons de la Marjolaine, etc.


Né le 4 mars 1837 à Sancerre (Cher), mort le 5 janvier 1917 à Paris (7e).

Député de la Seine de 1881 à 1885. Député du Cher de 1885 à 1906. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 265.)

Henry Maret sera réélu sans interruption de 1889 à 1902 : le 22 septembre 1889 au premier tour par 11.282 voix contre 10.462 obtenues par le marquis de Vogüe, révisionniste ; le 20 août 1893 par 12.249 voix contre 9.133 à Georges Picot de l'Institut républicain libéral et 364 à Oroy, socialiste ; le 8 mai 1898, 13.164 voix contre 8.812 à Picot.

En 1902, la partie est un peu plus difficile. Il est en ballottage au premier tour, le 27 avril ayant obtenu 9.452 voix contre 6.237 à M. Cantin, 4.530 à M. Ravier, 675 à M. Rouquier-Ricard et 588 à M. Lacoudre.

Le 11 mai, il est élu au second tour par 12.814 voix contre 8.088 à M. Cantin : il ne se représentera pas en 1906. Son activité législative est importante.

C'est ainsi qu'en 1889 il dépose une proposition de résolution ayant pour objet de modifier le règlement de la Chambre des députés et de créer de grandes commissions. Il prend une part active aux travaux de la commission chargée de l'examen des projets concernant la liberté d'association. En 1894, il est membre de la commission ayant pour objet la réforme générale de l'impôt et participe cette même année avec fougue à la discussion du projet de loi tendant à réprimer les menées anarchistes.

En 1898, il est membre de la commission des colonies. En 1899, il propose une réorganisation des services de la trésorerie nationale et une modification des règles relatives au cautionnement exigé des comptables des deniers publics et des officiers ministériels.

A partir de 1902, il est membre de la commission de la presse, de la commission de l'enseignement et des beaux-arts, de la commission des économies, de la commission du budget. Il est rapporteur du budget des Beaux-arts et il combat pour la suppression de la censure et défend avec ardeur l'idée qu'il est indispensable de dresser un inventaire des richesses artistiques de la France. Il refusera de voter le projet de loi portant suppression de l'enseignement congrégationniste qu'il estime contraire à cette liberté qu'il a tant défendue, « inutile, dangereuse et détestable » alors que la seule solution possible est pour lui la séparation de l'Eglise et de l'Etat et la suppression du budget des cultes.

En marge de sa longue carrière d'écrivain politique, il a publié de nombreux ouvrages tels Promenades à travers bois, Compagnons de la Marjolaine, une comédie en vers Le baiser de la reine, Carnet d'un sauvage, Le tour du monde politique, Pensées et opinions, et La liberté de l'enseignement.

Retiré de la vie politique, il quittera ce monde le 5 janvier 1917 à Paris où il s'était installé pour finir ses jours.