Antoine, Emmanuel, Ernest Monis

1846 - 1929

Informations générales
  • Né le 23 mai 1846 à Châteauneuf (Charente - France)
  • Décédé le 25 mai 1929 à Châteauneuf (Charente - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 18 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Gironde
Groupe
Union républicaine

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 25 octobre 1891 au 2 janvier 1897
Sénateur
du 3 janvier 1897 au 6 janvier 1906
Sénateur
du 7 janvier 1906 au 10 janvier 1920

Gouvernement

Chef du Gouvernement
du 2 mars 1911 au 23 juin 1911

Biographies

Député de 1885 à 1889, né à Châteauneuf (Charente) le 23 mai 1846, avocat à Cognac, conseiller municipal de cette ville et conseiller d'arrondissement, il se mêla activement à l'organisation du parti républicain dans la Charente, et lutta contre l'influence de M. Cunéo d'Ornano; dans la période du 16 mai, il plaida plusieurs fois pour les journalistes républicains de la région.

Ayant épousé, en 1879, une jeune fille de Bordeaux, il se fixa dans cette ville, s'y fit inscrire au barreau et y acquit de la réputation.

Porté, aux élections du 4 octobre 1885, sur la liste opportuniste de la Gironde, il fut élu député de ce département, le 6e sur 11, par 88,872 voix 162.286 votants, 203,661 inscrits. Il prit place à l'Union républicaine, soutint les ministères Rouvier et Tirard, vota l'expulsion des princes, et se prononça, dans la dernière session,

- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes ;

il s'abstint sur le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, et il est porté absent par congé lors du scrutin sur les poursuites contre le général Boulanger.


Né le 23 mai 1846 à Châteauneuf (Charente), mort le 25 mai 1929 à Châteauneuf.

Député de la Gironde de 1885 à 1889.
Sénateur de la Gironde de 1891 à 1920.
Ministre de la Justice du 22 juin 1899 au 7 juin 1902.
Président du Conseil, Ministre de l'Intérieur et des Cultes du 2 mars au 27 juin 1911.
Ministre de la Marine du 9 décembre 1913 au 20 mars 1914.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 396.)

Aux élections législatives du 22 septembre 1889, Monis fut battu au second tour de scrutin, ne recueillant que 5.816 voix sur 12.199 votants, par le boulangiste Chiché qui en recueillait 6.289 et qui l'avait déjà devancé au premier tour. Monis, abandonnant momentanément la vie parlementaire, reprit sa profession d'avocat - qu'il avait continué à exercer d'ailleurs mais d'une façon moins active - à la cour d'appel de Bordeaux. Il continuait en même temps à siéger au Conseil général de la Charente où il représentait le canton de Cognac.

Le 25 octobre 1891, une élection sénatoriale partielle fut provoquée par le décès du comte de Lur-Saluces. Monis se présenta et fut élu dès le premier tour, obtenant 714 voix sur 1.266 votants, contre 380 à de Montesquieu, monarchiste, et 174 à Jules Brisson, républicain.

Il devait désormais être constamment réélu, toujours au premier tour : le 3 janvier 1897, où il arriva en tête avec 896 voix sur 1.281 votants, devant Trarieux, 888 voix et Raynal, 810 voix ; puis le 7 janvier 1906, mais cinquième position seulement, avec 857 voix sur 1.307 votants, derrière Decrais, 936 voix, Obissier Saint-Martin, 883 voix, Courrégelongue, 881 voix et Thounens, 878 voix, mais devant le comte de Lur-Saluces, 420 voix et Durand-Desgranges, 341 voix.

Au Sénat, il s'inscrivit au groupe de la gauche démocratique. Il fit partie d'un certain nombre de commissions : armée, marine, finances dont il fut un des rapporteurs spéciaux du budget. Il fut également membre du comité consultatif des chemins de fer, du groupe agricole et de l'union démocratique.

Ce fils d'huissier, qui avait consacré jusqu'alors toute sa carrière aux questions juridiques, eut une grande activité parlementaire qui s'étendit à tous les domaines car tout le préoccupait : les questions militaires comme les problèmes régionaux, les intérêts des professions viticoles comme les questions algériennes. C'est ainsi qu'il déposa de nombreuses demandes d'interpellation. On l'entendit dans tous les grands débats et tout naturellement dans la plupart des discussions budgétaires annuelles.

Il était devenu un personnage de premier plan au Sénat. Aussi, en 1899, Waldeck-Rousseau, au moment de former son ministère, pensa-t-il à lui pour le portefeuille de la Justice, ce qui ne pouvait que combler les vœux du juriste qu'il était. Comme garde des Sceaux, il représenta souvent le président du Conseil devant le Sénat. C'est lui, par exemple, qui lut la déclaration du gouvernement sur la défense de l'armée française face aux attaques dont elle était alors d'objet. On l'entendit aussi au Palais du Luxembourg dans la discussion du budget de son département ministériel.

A la Chambre des députés, il participa à la discussion du budget et répondit à de nombreuses interpellations. Il eut surtout à se défendre contre les accusations que portait contre lui le journal La Lanterne sur l'affaire dite « des sucres » et par Cunéo d'Ornano, député de droite, qui l'accusait d'avoir profité de sa fonction de garde des Sceaux pour favoriser sa profession de négociant en alcool, en 1901. Il sortit toujours victorieux des interpellations ainsi dirigées contre sa vie publique et ses activités privées.

A la chute du cabinet Waldeck-Rousseau, le 7 juin 1902, Monis reprit son activité de sénateur. Il fut pendant quatre ans vice-président du Sénat de 1906 à 1910.

Le 21 mai 1911, à Issy-les-Moulineaux, Monis fut grièvement blessé par un avion au cours d'une manifestation aéronautique à laquelle il assistait en tant que président du Conseil.

En effet, il était devenu le chef du gouvernement le 2 mars 1911, poste qu'il cumulait avec celui de ministre de l'Intérieur et des cultes. Il le resta jusqu'au 27 juin de la même année, constituant un ministère qui devait servir en quelque sorte de relais entre le 2e cabinet Briand et le cabinet Caillaux.

Son passage à la direction des affaires publiques fut de courte durée mais il revint au gouvernement lorsque Gaston Doumergue, constituant son 1er cabinet, fit appel à lui pour les fonctions de ministre de la Marine, le 9 décembre 1913. Monis démissionna bientôt, n'ayant pu donner son accord à la politique menée par le président -du Conseil, le 19 mars 1914.

Comme ministre de la Marine, il défendit au Sénat le projet de loi sur les pensions et à la Chambre des députés le projet de loi concernant l'amélioration de la situation matérielle des officiers et sous-officiers. Au Palais Bourbon, il eut aussi à faire face à des interpellations sur la politique de défense militaire des côtes et sur des accords intervenus entre l'Etat et la Compagnie générale transatlantique.

Monis avait connu de très nombreuses attaques personnelles durant sa carrière politique. Il convient de citer notamment celle que lui décocha Maurice Barrès dans son livre intitulé Dans le cloaque, où l'auteur rapporta ses impressions de député au moment où Delahaye s'en prit violemment à Monis au sujet de l'affaire Rochette et du renvoi de son procès. Alors que Marcel Sembat proposait de déférer Monis et Caillaux à la Haute Cour, Maurice Barrès s'écria : « Ah non ! J'ai vu trop d'honnêtes gens en Haute Cour, je n'y enverrai pas ceux-là ! ». Fatigué de ses luttes passées, Monis ne se représenta pas aux élections sénatoriales de 1920 et se retira de la vie politique.

Il mourut le 25 mai 1929, dans sa Charente natale, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.

Il avait publié : La poudre B et la marine marchande.

Il était grand-croix de l'Aigle blanc de Russie.