Pierre Montel

1896 - 1967

Informations générales
  • Né le 13 décembre 1896 à Lyon (Rhône - France)
  • Décédé le 13 janvier 1967 à Lyon (Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Rhône
Groupe
Parti républicain de la liberté
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Rhône
Groupe
Parti républicain de la liberté
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Rhône
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Rhône
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 13 décembre 1896 à Lyon (3ème)
Décédé le 13 janvier 1967 à Lyon (2ème)

Membre de la deuxième Assemblée nationale constituante (Rhône)
Député du Rhône de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat aux forces armées (guerre) du 2 au 11 juillet 1950
Secrétaire d'Etat aux forces armées (air) du 11 août 1951 au 19 mai 1953

Fils d'un industriel, Pierre Montel poursuit des études classiques au lycée Ampère de Lyon. A l'issue de celles-ci, il obtient le baccalauréat ès lettres. La Grande guerre interrompt ses études. En 1914, il s'engage, à 17 ans, au 19e bataillon de chasseurs alpins et finit la guerre avec six citations, après avoir obtenu la Légion d'honneur le 25 juillet 1918. Démobilisé, il obtient une licence en droit à la faculté de Lyon et fréquente par ailleurs le petit séminaire d'Oullins. Tout d'abord directeur d'une usine textile, durant dix ans, il exerce ensuite pendant trente-cinq ans comme expert près des tribunaux et expert comptable.

Pierre Montel n'a pas d'activité politique précise avant la seconde guerre mondiale. En 1939, bien que marié et père de 5 enfants (une fille et quatre fils), il est de nouveau mobilisé comme capitaine d'infanterie. Le 2 juillet 1941, Vichy désigne autoritairement une nouvelle municipalité à Lyon. Pierre Montel, notable estimé, est nommé premier adjoint au maire de Lyon, l'industriel Georges Villiers qui n'a accepté le poste qu'après avoir reçu l'accord d'Edouart Herriot. Le maire et son adjoint se rendent en 1943 à Vichy pour protester contre la politique de « relève » et le service du travail obligatoire. Montel démissionne peu après et Villiers est démissionné.

Depuis octobre 1941, Pierre Montel est administrateur provisoire de la Société des mines de Borralha qui exploite des mines de wolfram au Portugal. A ce titre, il s'est vu attribuer un passeport de service, lui permettant d'effectuer de nombreuses sorties pour le Portugal pour participer aux pourparlers relatifs au sort de cette société française au nom du ministère des finances. Fin 1943, il quitte la France et, passant par l'Espagne, reprend du service comme commandant dans l'armée de Lattre. Trois de ses fils seront déportés et mourront à Buchenwald et Dora.

Pierre Montel qui n'a pas été candidat à l'élection pour la première Assemblée nationale constituante en octobre 1945, conduit dans la 1re circonscription du Rhône (Lyon-Villeurbanne) la « liste du cartel républicain », formée par le Parti républicain de la liberté (PRL), le parti paysan et les Républicains indépendants, pour les élections à la seconde Assemblée constituante du 2 juin 1946. Elle obtient 34 668 suffrages sur 348 890 inscrits et 277 754 votants. Elle est devancée par la liste du RGR conduite par Edouard Herriot (66 786 suffrages), par la liste communiste (66 758), celles du MRP (55 235) et de la SFIO (40 868) et suivie par deux autres listes emportant respectivement 8 490 et 4 949 suffrages. Le député du Rhône est nommé à la Commission de la défense nationale le 26 juin 1946. Le nouveau député se fait surtout entendre en donnant à la tribune plusieurs explications de vote au nom du PRL. Il vote contre l'ensemble du projet de Constitution le 28 septembre 1946.

En novembre 1946, Pierre Montel conduit une liste limitée au PRL qui obtient 28 725 voix sur 360 539 inscrits et 272 657 exprimés. Les communistes et le RGR progressent de près de 10 000 voix, le MRP de 8 000 voix, alors que le PRL et plus encore la SFIO perdent des suffrages (respectivement 6 000 et 14 000) mais conservent leurs sièges. Pierre Montel est réélu et est l'un des rares parlementaires à refuser la formation du gouvernement de transition formé par Léon Blum en décembre 1946, déposant un bulletin en faveur de Robert Schuman. Dans le vote de confiance, après le renvoi par Ramadier des ministres communistes, il ne prend pas part au vote, refuse le texte du statut de l'Algérie et refuse de nouveau la confiance au gouvernement le 30 octobre 1947. Avec vingt-et-un autres membres du PRL, menés par Edmond Barrachin, il entre à l'intergroupe gaulliste dont il devient vice-président.

Dans les débats parlementaires de cette première législature de la IVe République, Pierre Montel se montre un élu particulièrement actif. Il retrouve pour toute la durée de la législature sa place à la Commission de la défense nationale, dont il devient vice-président le 28 janvier 1948, puis président le 20 janvier 1949. Il est désigné à la Commission « chargée d'étudier l'ensemble du problème des émissions de radiodiffusion vers l'étranger » et comme juré à la Haute Cour de justice le 27 décembre 1946 et en est nommé vice-président trois mois plus tard. Il dépose plusieurs projets de loi ou projets de résolution portant surtout sur les questions militaires et sur les questions fiscales et présente au nom de la Commission de la défense nationale de très nombreux rapports. Ses interventions couvrent treize pages des tables. Signalons son intervention le 28 janvier 1947, lors de la formation du gouvernement Ramadier, où il dénonce l'organisation du ministère de la défense nationale qui ne tient pas compte, selon lui, de l'interdépendance des armes et vise surtout la présence à sa tête du communiste François Billoux. Un an plus tard, en février 1948, il prend part au débat budgétaire sur le reclassement de la fonction publique où il demande des augmentations en faveur des sous-officiers. Le 15 juillet suivant, dans la discussion qui aboutit à la chute du gouvernement Schuman, avec le vote de l'amendement Capdeville, il dépose un amendement proposant la baisse des crédits militaires d'un franc symbolique. En août 1948, il démissionne de l'intergroupe gaulliste désapprouvant sa position sur les projets financiers de Paul Reynaud et par crainte que l'exigence d'élections anticipées formulées par le général de Gaulle ne provoque une guerre civile. Dans le débat sur la ratification du Pacte atlantique, en juillet 1949, il invite au nom de la Commission de la défense nationale à accepter la ratification, à la condition qu'une aide militaire conséquente, matérielle et financière, soit accordée par les USA et qu'un chef militaire français soit le collaborateur immédiat du commandant suprême. Il continue à être un des défenseurs du Pacte atlantique et de l'aide militaire à la France dans les débats ultérieurs. En octobre suivant, il fait partie de la délégation française de l'ONU. Aussi, son vote favorable dans le scrutin d'investiture de Jules Moch est contesté à la tribune alors qu'il se trouve à Lake Success.

Le 2 juillet 1950, Pierre Montel est appelé pour la première fois dans un cabinet ministériel, comme secrétaire d'Etat aux forces armées (guerre) du second gouvernement Queuille où il est le seul représentant du PRL. Il donne sa démission le 11 juillet suivant. En mars suivant, il représente les autorités françaises à la tête d'une délégation extraordinaire qui assiste à l'investiture du nouveau président de l'Uruguay à Montevideo. En mai 1951, il vote contre la loi sur les apparentements.

La forte position de Montel dans les milieux modérés est fragilisée en juin 1951 par la concurrence pratiquée par le RPF et même par le RGR. Son propre parti, le PRL est divisé entre ceux qui lui sont fidèles et les partisans de l'alliance RPF-PRL. Montel se présente sur une liste dite « de l'Union des indépendants et paysans et républicains nationaux », apparentée avec les partis de la Troisième force, la SFIO, le Parti républicain radical et radical socialiste d'Herriot, le RGR, l'UDSR et le MRP. Sa liste obtient en moyenne 40 771 suffrages sur 347 111 inscrits et 256 076 exprimés, 42 530 suffrages s'étant portés sur son nom. Montel est élu avec, grâce à l'apparentement son colistier, Guy Jarrosson. Il est reconduit à la présidence de la Commission de la défense nationale le 19 juillet 1951, est désigné comme vice-président de la Commission de coordination pour l'examen des problèmes intéressant les Etats associés d'Indochine le 1er juin 1954, et entre à la Commission de coordination de l'énergie atomique et des recherches nucléaires le 10 mars 1955. Enfin, il est désigné par l'Assemblée pour représenter la France au sein de l'Assemblée de la Communauté européenne du charbon et de l'acier le 20 juillet 1955.

Pierre Montel est appelé à assumer les fonctions de secrétaire d'Etat aux forces armées (air), du 11 août 1951 au 19 mai 1953, dans quatre gouvernements successifs : René Pleven, Edgar Faure, Antoine Pinay et René Mayer. Il démissionne du cabinet Mayer le 12 mai 1953, pour protester contre les réductions de crédits effectuées sur son budget.

L'année 1953 est particulièrement riche pour Pierre Montel. Aux municipales d'avril, sa liste arrive en tête à Lyon, avec 43 275 voix et 10 173 signes préférentiels. Elle emporte 16 sièges et Montel est élu au poste de premier adjoint, jusqu'alors tenu par M. Pinton, sénateur radical-socialiste. En décembre, lors de l'interminable élection à la présidence de la République, Pierre Montel est un des candidats « surprise » qui se présente aux 9e et 10e tours. Il rassemble sur son nom 103 suffrages sur 916 votants aux 9e tour, puis 84 seulement au tour suivant. Il se retire alors de la compétition permettant l'émergence de la candidature René Coty victorieuse au 13e tour.

Défenseur de l'armée et de l'intervention en Indochine, Pierre Montel dépose le 22 juillet 1954 une proposition de résolution invitant le gouvernement à décréter l'inscription suivante dans la pierre de l'Arc de Triomphe « Le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient a bien mérité de la patrie ». En décembre, dans le débat sur l'Afrique du Nord, il se prononce contre toute discussion avec les « fellaghas », instruments selon lui de chantage du gouvernement Tunisien.

Pierre Montel est réélu en janvier 1954 président de la Commission de la défense nationale, contre le sortant, le socialiste Max Lejeune qui se retire pour ne pas être élu avec les voix communistes. Il utilise cette position en octobre 1955 pour s'opposer à la politique de négociation du gouvernement Edgar Faure en Afrique du Nord et surtout au Maroc après les accords d'Antsirabé avec l'ancien sultan déporté à Madagascar. Muni d'un ordre de mission du général Koenig, ministre de la défense nationale, mais sans être mandaté par la Commission, il se rend à Rabat. Reçu en grande pompe au palais impérial par le sultan Ben Arafa, il multiplie les rencontres auprès de ceux qui s'opposent à la politique de Paris. Toutefois, sur intervention de la présidence du Conseil, il doit écourter sa « mission ». Quelques jours plus tard, le 7 octobre, il a une violente controverse à ce sujet avec François Mitterrand à la tribune de l'Assemblée.

En 1956, la liste Union des Indépendants et paysans (CNI), avec en moyenne 53 188 voix sur 404 986 inscrits et 316 829 exprimés a deux élus. Montel obtient personnellement 54 342 suffrages. Du fait de la poussée poujadiste, le deuxième de liste, Jarrosson, ne conserve son siège que grâce à l'apparentement conclu avec le RGR. Montel retrouve sa fonction de président de la Commission de la défense nationale le 10 février 1956 et il est reconduit à cette fonction le 18 octobre 1957. Il se montre toujours un intransigeant défenseur de l'ordre colonial et de l'armée, interpellant le gouvernement sur une manifestation favorable aux nationalistes algériens à la Mutualité en février 1956, refusant le vote des pouvoirs spéciaux en Algérie le 12 mars 1956 après avoir dénoncé le « manque d'énergie du discours de M. Lacoste », appelant à lutter contre les campagnes de presse qu'il juge défaitistes, notamment de Témoignage chrétien. En août, il dépose une proposition de résolution invitant le gouvernement « à prendre les mesures les plus énergiques devant la situation créée par le coup de force sur le canal de Suez ». Et, jusqu'à la fin de la législature, dans ses interventions à la tribune, il dénonce le rôle du parti communiste et des progressistes dans l'action du terrorisme en Algérie, et invite à prendre des mesures contre « le défaitisme et « la trahison ».

Pierre Montel est le porte-parole des Indépendants opposés à l'investiture de Guy Mollet le 28 octobre 1957. En dépit de réserves sur la politique algérienne du gouvernement Félix Gaillard, il le soutient après l'affaire de Sakhiet-Sidi-Youssef et lui vote la confiance le 7 mars 1958. Mais, il refuse ensuite la politique des bons offices anglo-saxons dans les débats du 13 avril où il dénonce une tendance à « l'abandon » ; il contribue à la chute du gouvernement deux jours plus tard.

Le 13 mai 1958, dans le débat d'investiture de Pierre Pflimlin, Montel affirme la nécessité de constituer un gouvernement de salut public ou de retourner devant les électeurs. Une semaine plus tard, alors que le rôle de Massu et de Salan commence à être mis en cause, il invite à faire confiance à l'armée et à ceux à qui sont délégués les pouvoirs spéciaux. Le 1er juin 1958, il vote la confiance au gouvernement du général de Gaulle et le 2 juin, lui accorde les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.

A l'Assemblée générale des Indépendants du 6 septembre 1958, Montel se prononce pour le Non au référendum, avec Maître Isorni, en se déclarant hostile à la politique entreprise outre-mer par le général de Gaulle. Il ne se représente pas aux élections législatives de novembre 1958.

Pierre Montel est par ailleurs membre du Rotary Club de Lyon et de diverses associations d'Anciens combattants. Déjà titulaire des Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945 (9 citations), de la Médaille de la Résistance, de la Croix des combattants volontaires, de la Médaille des évadés, il a été promu grand officier de la Légion d'honneur en 1954.