Emile Morinaud

1865 - 1952

Informations générales
  • Né le 17 février 1865 à Philippeville (Algérie)
  • Décédé le 20 février 1952 à Djidjelli (Algérie)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Anciens départements d'Algérie
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Anciens départements d'Algérie
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Républicain socialiste et socialiste français
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 22 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Gauche sociale et radicale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 1er mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Gauche radicale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 26 avril 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Gauche démocratique et radicale indépendante

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 17 février 1865 à Philippeville (Algérie).

Député de Constantine de 1898 à 1902 et de 1919 à 1942.

Sous-secrétaire d'Etat à l'Instruction publique Chargé de l'Education physique du 2 mars au 4 décembre 1930 et du 27 janvier 1931 au 16 février 1932.

D'une famille originaire de la Charente mais depuis longtemps déjà installée en Algérie, Emile Morinaud était fils et petit-fils d'agriculteurs. Après avoir achevé ses études à l'Université de Paris, licencié en droit et lauréat de la Faculté, il retourna en Afrique du Nord, où il fut d'abord avocat au barreau de Constantine, puis bâtonnier de l'ordre. Rédacteur en chef du Républicain de Constantine depuis 1885, il était déjà conseiller municipal de cette ville et conseiller général de Djidjelli quand il se présenta aux élections législatives de 1898 comme « candidat du parti français, démocratique et antijuif ».

L'affaire Dreyfus approche alors de son paroxysme et c'est dans un climat passionnel qu'Emile Morinaud s'adresse aux électeurs de la 1re circonscription de Constantine.

Le 8 mai 1898, Emile Morinaud est élu au premier tour de scrutin par 5.724 voix sur 9.767 votants, contre 4.036 à Paul Cuttoli. Avec lui, les électeurs d'Algérie envoient au Palais Bourbon trois autres «antijuifs», dont Edouard Drumont, et deux modérés aux idées exemptes de tout racisme, Thomson et Etienne.

Nommé secrétaire du groupe antisémite que préside Drumont et qui comprend entre autres membres, Lasies et Paul de Cassagnac, Emile Morinaud fait partie de la commission de la législation criminelle et de la commission de la législation fiscale. En séance publique, il intervient fréquemment, sans craindre de lasser l'auditoire par la longueur de ses discours.

D'une façon générale, il entend défendre les intérêts des colons, dont la France, dit-il en 1901, n'a pas à rougir. D'où ses propositions de loi sur l'institution d'un budget spécial, sur l'organisation de la sécurité et sur la création de deux cours d'appel en Algérie. D'où ses nombreuses interventions plus particulièrement axées sur l'économie algérienne, crédit agricole, viticulture, etc..

Battu aux élections de 1902 par le docteur Aubry, président du Conseil général de Constantine, Emile Morinaud ne se représente pas en 1906, 1910 et 1914. Mais, alors qu'il semblait retiré de la scène politique, les élections de 1919 fournissent un nouveau tremplin à sa carrière parlementaire, qui ne sera interrompue que vingt ans plus tard par la guerre de 1939.

Le 16 novembre 1919, Emile Morinaud est élu, devant Thomson, par 15.556 suffrages sur 22.847 votants. Inscrit au groupe républicain et socialiste en compagnie de Briand et Painlevé, il est nommé membre de la commission de l'Algérie et des colonies, et vice-président de la commission de la marine marchande. Il intervient en séance publique, soit en qualité de rapporteur, soit à titre personnel, non seulement sur les problèmes spécifiques à l'Afrique du Nord, mais aussi sur des questions de politique générale intéressant de près ou de loin les populations dont il se fait l'ardent défenseur.

Prenant part à la discussion d'interpellations relatives à l'Algérie, il proclame l'amitié des colons pour les indigènes, mais continue de refuser à ceux-ci le droit de vote, « droit incompatible avec leur état social », et trouve déjà regrettable que la loi du 4 février 1919 leur ait permis de participer à l'élection des conseillers municipaux. Ce qu'il préconise, c'est « une politique ferme, mais généreuse vis-à-vis des indigènes, protectrice des intérêts français ».

Le 15 Janvier 1922, Raymond Poincaré est de nouveau à la tête du gouvernement et le représentant de Constantine ne cesse de soutenir sa politique tant intérieure qu'extérieure, notamment lors du scrutin sur l'occupation de la Ruhr (1923).

Il est réélu le 11 mai 1924 par 18.878 voix sur 24.877 votants.

Dans la nouvelle Chambre, il est inscrit au groupe républicain socialiste français. Ce sont surtout les affaires d'Afrique du Nord qui donnent lieu à ses interventions les plus marquantes.

C'est ainsi que le 23 juin 1925, il s'élève derechef contre la propagande du parti communiste, qui « consiste à semer la révolte dans les colonies et à y provoquer l'assassinat des Français ».

Ce sujet lui tient tant à cœur qu'il y revient le 3 juin 1927, dans la discussion d'une interpellation de Marcel Cachin. Mais, tout en fustigeant les campagnes antinationales, il demande au gouvernement de s'attaquer aux sources qui alimentent la propagande communiste - mercantilisme, exploitation des indigènes, fortunes scandaleuses. De vifs applaudissements répétés de la droite, du centre et de la gauche saluent cette péroraison.

Aux élections législatives suivantes, Emile Morinaud est constamment réélu dans la 1re circonscription de Constantine, qu'il a choisie après le rétablissement du scrutin uninominal, le 22 avril 1928 par 7.245 voix sur 9.970 votants, le 1er mai 1932 par 5.041 voix sur 9.948 votants et le 26 avril 1936 par 6.647 voix sur 12.446 votants, battant à chaque fois le même adversaire M. Cianfarani.

Membre du groupe de la gauche unioniste et sociale, qui prend à partir de 1929 le titre de groupe de la gauche sociale et radicale, il occupe au sein des commissions les mêmes fonctions que sous la législature précédente. Mais il est de plus appelé à siéger au Comité consultatif des mines.

Le 2 mars 1930, Emile Morinaud est nommé sous-secrétaire d'Etat à l'Instruction publique chargé de l'éducation physique, dans le second ministère Tardieu. Il conservera ce poste sous les trois premiers ministères Laval.

Inscrit en 1932 au groupe de la gauche radicale, que préside M. Laurent-Eynac, et en 1936 au groupe de la gauche démocratique et radicale indépendante, Emile Morinaud est nommé sous ces deux législatures vice-président de la commission de la marine militaire et de la commission des mines. S'il intervient moins longuement, les affaires algériennes demeurent son sujet de prédilection ; mais il se montre moins intransigeant qu'autrefois sur certains points. C'est ainsi que, le 9 avril 1933, traitant des demandes de naturalisation, il déclare : « Nous devons recevoir largement dans la famille française tous les sujets étrangers, musulmans ou israélites, qui sont dignes d'y entrer.» Néanmoins, le principe de la prédominance française dans les assemblées algériennes lui parait toujours intangible.

Le 10 juillet 1940, à Vichy, Emile Morinaud vote les pouvoirs constituants au maréchal Pétain.




Né le 17 février 1865 à Philippeville (Constantine)

Décédé le 20 février 1952 à Djidjelli (Constantine)
Député de Constantine de 1898 à 1902 et de 1919 à 1942
Sous-secrétaire d'Etat à l'instruction publique chargé de l'éducation physique du 2 mars au 4 décembre 1930 et du 27 janvier 1931 au 16février 1932

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VII, p. 2522, 2523)

En Algérie, durant l'occupation, Emile Morinaud souhaite que la France poursuive la guerre contre l'Allemagne, ce qui ne l'empêche pas d'appliquer avec vigueur les mesures antisémites prises par le gouvernement de Vichy, notamment l'abrogation du décret Crémieux. Il fait paraître en 1941 un ouvrage intitulé : Cinquante années d'histoire politique du département de Constantine, mes Mémoires, première campagne contre le décret Crémieux dans lequel il explique longuement comment, quarante ans auparavant déjà, il avait entraîné sa Loge Union et Progrès dans une campagne antisémite. L'importante communauté juive du Constantinois ne le lui pardonnera pas. Anticlérical, le maire de Djidjelli s'était fait, au cours de sa longue carrière politique, de nombreux ennemis dans les milieux catholiques. Anticommuniste notoire au surplus, il n'est donc pas surprenant qu'à la suite de sa comparution devant la Commission d'épuration d'Alger, un décret du Comité français de libération nationale, en date du 20 mars 1944, le déchoie de tous ses mandats.

Néanmoins, il redeviendra conseiller municipal de Djidjelli de 1945 à 1947.

Il se retire alors de la vie politique et meurt à Constantine, le 20 février 1952, à l'âge de 87 ans.