Marius Patinaud

1910 - 1987

Informations générales
  • Né le 11 décembre 1910 à Saint-chamond (Loire - France)
  • Décédé le 23 mars 1987 à Saint-etienne (Loire - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Loire
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Loire
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Loire
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Loire
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie de la IVe République

PATINAUD (Marius, Antoine)
Né le 11 novembre 1910 à Saint-Chamond (Loire)
Décédé le 23 mars 1987 à Saint-Etienne (Loire)

Membre des deux Assemblées nationales constituantes (Loire)
Député de la Loire de 1946 à 1955
Sous-secrétaire d'Etat au travail du 27 janvier 1946 au 16 décembre 1946

Marius Patinaud est fils de maçon. Il étudie à l'école pratique de Saint-Chamond, puis à l'Ecole des Beaux-Arts de Saint-Etienne. Il travaille d'abord comme ajusteur. Puis, à partir de 1928, il est employé comme graveur sur armes par la Manufacture d'armes et de cycles de Saint-Etienne. Il adhère au parti communiste, à la veille de l'arrivée au pouvoir du Front populaire. Il se fait connaître comme meneur syndical lors de la grande grève qui paralyse la «Manu» entre août et novembre 1937. Secrétaire du comité de grève, il pousse à l'occupation de l'entreprise et rédige des articles véhéments dans l'hebdomadaire communiste Le Cri du peuple. Il cesse alors de travailler en usine pour devenir permanent du mouvement révolutionnaire. Il devient rédacteur en chef du Cri du peuple, puis secrétaire du syndicat des métaux de Saint-Etienne, enfin secrétaire régional du PC. Le 26 septembre 1939, le Parti communiste est interdit pour défaitisme par le gouvernement Daladier. Le 23 octobre, Marius Patinaud est arrêté ainsi que d'autres dirigeants communistes du département. Condamné à cinq ans de détention, il passe de prison en prison, jusqu'à son évasion, en juillet 1944, avec l'aide de maquisards FTP. Il participe aux combats de la Libération.
De retour à Saint-Etienne, Marius Patinaud reprend le combat politique. Il se bat pour la nationalisation des charbonnages de la Loire. Il est élu en mai 1945 conseiller municipal de Saint-Etienne. Au vrai, cette élection est décevante pour le PC local puisque la liste dominée par le parti a été battue, au second tour, par la liste alliant la SFIO, le MRP, le MLN et les radicaux. Aux élections du 21 octobre 1945, Marius Patinaud dirige la liste communiste du département. Il affronte cinq autres listes : une liste MRP dirigée par le ministre des affaires étrangères Georges Bidault ; une liste d'union démocratique (en fait MLN-SFIO) conduite par Eugène Claudius-Petit ; une liste radicale ; une liste dite de la Résistance ; une liste de droite, dite d'union des républicains. Le 14 octobre, Maurice Thorez est venu à Saint-Etienne soutenir les thèses et les candidats du parti : près de 50 000 personnes ont assisté au meeting. La liste MRP arrive en tête avec 128 604 voix, suivie de la liste communiste et de la liste Claudius-Petit. Seules ces trois listes ont des élus : quatre pour le MRP, deux pour le PC, un pour la liste SFIO-MLN. Dans une note du 6 novembre 1945, les Renseignements généraux de Saint-Etienne reconnaissent avoir exagéré le poids des communistes et des socialistes et sous-estimé les chances du MRP. Le parti démocrate-chrétien obtient en effet deux fois plus de députés que les RG ne l'ont pronostiqué. Marius Patinaud est nommé membre de la commission de l'équipement national et de la production, dès son élection de 1945. Son activité parlementaire est très réduite, en raison de sa nomination au gouvernement. En effet, dans le cabinet que Félix Gouin forme après la démission du général de Gaulle, les trois formations du tripartisme se partagent les portefeuilles ministériels. Le nouveau président du gouvernement provisoire laisse les partis désigner les titulaires des ministères qui leur sont attribués. Ambroise Croizat retrouve le ministère du travail, rebaptisé ministère du travail et de la sécurité sociale, qu'il dirigeait dans le gouvernement précédent. Marius Patinaud est l’un des quatre sous-secrétaires d'Etat que compte la combinaison ministérielle. Il s’occupe directement du Travail. A ce titre, il n’intervient pas dans le cadre de la délibération parlementaire.
En juin 1946, Marius Patinaud dirige à nouveau la liste communiste de la Loire. Il affronte derechef la liste MRP de Georges Bidault. Pour le reste, le panorama électoral est très différent de ce qu'il était en octobre 1945. La droite locale a trouvé un leader de poids en la personne d'Antoine Pinay. Claudius-Petit ne fait plus liste commune avec la SFIO : il conduit une liste RGR (Rassemblement des gauches républicaines), tandis que les socialistes disposent de leur propre liste. Viennent enfin une liste radicale très remaniée et une liste «républicaine et sociale de la Résistance» totalement différente de la liste de la Résistance d'octobre 1945. Le 28 mai, le meeting communiste de Saint-Etienne réunit 3 000 personnes. Patinaud y attaque Antoine Pinay, de manière véhémente, en déclarant que l’élu de Saint-Chamond «se cachait il y a 18 mois à la libération de notre pays par peur du jugement de la classe ouvrière.» La liste communiste connaît un léger tassement, mais elle fait réélire ses deux députés. Claudius-Petit retrouve son siège. En recul, le MRP perd un siège au profit d'Antoine Pinay. On attribue le succès limité de celui-ci à ce qu'il n'est soutenu par aucun journal d'importance. En effet la presse locale est dominée alors par L’Espoir (MLN), La Dépêche démocratique (MRP), Le Patriote (Front national) et Le Cri du peuple (PC). La liste communiste semble avoir aussi bénéficié du soutien du Patriote. La seconde Constituante étant élue, Félix Gouin remet la démission de son ministère. Georges Bidault présente sa candidature à la présidence du Conseil. Investi le 19 juin, malgré l'hostilité du PC, il constitue un cabinet tripartite. Les communistes sont sept à y siéger : jamais le parti n'a eu - et n'aura - autant de ministres. Croizat et Patinaud gardent leurs attributions. Le 25 juin 1946, Marius Patinaud retrouve son ministère. Là encore, ses interventions ministérielles, dans le cadre de la délibération parlementaire, sont extrêmement réduites.
Aux élections de novembre 1946, seulement cinq listes s'affrontent dans la Loire : liste Patinaud (PC), liste Robert (SFIO), liste Claudius-Petit (RGR), liste Bidault (MRP), liste Pinay (républicains indépendants). Toujours en tête, le MRP est de nouveau en recul. La liste communiste maintient son score et obtient un siège de plus (le huitième siège qui vient d'être accordé au département). Georges Bidault remet la démission de son gouvernement, laissant la place au ministère Blum, ministère socialiste homogène. La carrière ministérielle de Marius Patinaud est terminée. L'ancien sous-secrétaire d'Etat est nommé membre de la commission du travail et de la sécurité sociale, pour toute la législature. Il est l'auteur de six rapports. Il dépose quatre propositions de résolution et douze propositions de loi. Sa proposition de résolution du 2 juin 1949 invite le gouvernement à cesser immédiatement l'introduction de main-d’œuvre étrangère et à s'opposer effectivement à l'immigration clandestine. Sa proposition de loi du 10 juin 1949 vise à garantir aux «économiquement faibles» des moyens convenables d'existence. Sa proposition de loi du 20 février 1951 tend à instituer l'échelle mobile des salaires. En séance, Marius Patinaud participe aux grands débats sociaux, notamment sur la politique de formation professionnelle (7 mars 1947). Il lui arrive de prendre la parole à d'autres occasions : le 5 mars 1948, il intervient sur la question grecque ; en octobre 1949, il s'engage contre l'investiture de Georges Bidault. A plusieurs reprises, il dépose des demandes d'interpellation : sur les graves incidents dans la ville ligérienne de Firminy (16 novembre 1948), sur l'arrestation du commandant FFI Vial-Massat (15 mars 1949), sur la politique gouvernementale en matière de sécurité sociale (30 juin 1949), sur la politique gouvernementale autorisant en France l'importation d'outillage agricole allemand (29 décembre 1949), sur le projet Monnet-Schuman de pool charbon-acier (17 mai 1950), sur la fermeture du centre d'éducation populaire de Terrenoire (Loire) et sur la suppression de dix directions départementales du travail et de la main-d’œuvre (17 octobre 1950), sur le déficit de la sécurité sociale provoqué par la hausse des prix (18 novembre 1950). Comme nombre de cadres communistes, Marius Patinaud joue son rôle dans le combat du PC contre la guerre d'Indochine. Ce combat atteint son apogée en 1950. Le 23 mars 1950, les dirigeants communistes de la Loire déclenchent de violentes manifestations à Roanne pour empêcher le départ d'un train de matériel militaire. Vingt-et-une personnes sont arrêtées. Marius Patinaud participe activement à la campagne menée par le parti en leur faveur. En août, à l'agacement du préfet de la Loire, le tribunal militaire de Lyon prononce un acquittement général. Patinaud célèbre cette victoire. Dans Les Cahiers du communisme d'octobre 1950, il publie un article intitulé «L'acquittement des combattants de Roanne».
Aux législatives du 17 juin 1951, cinq listes sont en lice. Les trois députés sortants communistes se représentent. Ils affrontent une liste alliant socialistes et radicaux, une liste RPF, une liste paysanne (dite du rassemblement des groupes républicains et indépendants français) et surtout une liste Bidault de large union, dite liste des ministres, puisqu'elle compte trois ministres en exercice (Bidault, Pinay et Claudius-Petit). Parce qu'elle apparaît comme la liste du pouvoir, cette liste est violemment attaquée par le PC, comme par le RPF. Les trois listes représentant la Troisième force s'apparentent. Mais l'alliance ne réussit pas à obtenir la majorité absolue : elle n'obtient que 142 577 voix pour 292 398 suffrages exprimés. La liste Patinaud arrive en seconde position, derrière la liste Bidault. Elle connaît un léger recul par rapport à 1946, et ne fait élire que deux députés. Arrivé en troisième position, le RPF, conduit par Jean Nocher, obtient deux sièges. Marius Patinaud est nommé membre de la commission de la presse (1951, 1953 et 1954), membre de la commission du travail et de la sécurité sociale (1951-1955). Le 18 janvier 1955, il abandonne la première au profit de la commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions. En outre, il est désigné pour représenter l'Assemblée au sein de la commission supérieure chargée de l'examen des questions relatives à la Caisse nationale d'assurances (22 août 1951).
L’activité du député Patinaud est intense. Au nom de la commission du travail et de la sécurité sociale, il rédige quinze rapports dont deux spéciaux. En outre, il dépose neuf propositions de résolution et six propositions de loi. Huit de ces textes, soit presque un sur deux, ont trait à des problèmes locaux, ceux de son département de la Loire.
Marius Patinaud continue d'être très actif en séance également, puisqu’il intervient à 97 reprises en quatre ans. Il prend part au débat d'investiture de plusieurs présidents du Conseil : Pleven, Faure, Pinay. Il attaque celui-ci avec une particulière véhémence, estimant que son accession à la présidence du Conseil signifierait la revanche du pétainisme et «une insulte à tous ceux qui sont morts contre l'occupant hitlérien et ses valets français». Il intervient lors des débats portant sur les grandes questions sociales de l'heure (financement de la Sécurité sociale, SMIG ou hausse des prestations sociales) et dans les discussions sur la presse. Le 7 décembre 1951, il argumente contre la CECA. Le 1er juillet 1952, il prend la parole sur des sujets relatifs à l'Alsace-Lorraine : enseignement du français dans les trois départements, amnistie des incorporés de force. Il dépose plusieurs demande d'interpellation : sur la disparition des rubaniers à domicile dans les départements de la Loire et de la Haute-Loire (6 novembre 1951), sur la composition du ministère d'Edgar Faure (17 janvier 1952), sur les mesures que compte prendre le gouvernement pour faire baisser le prix du papier journal (9 avril 1952), sur le refus du gouvernement de convoquer la Commission supérieure des conventions collectives (7 octobre 1952), sur la répression (arrestations, perquisitions) menée par le cabinet Pinay (octobre 1952), sur les licenciements décidés à l'encontre des travailleurs de l'Etat et les mesures à prendre pour les éviter (22 octobre 1953).
En 1949, Marius Patinaud est élu membre du Comité central du parti communiste. A partir de 1953, Marius Patinaud perd peu à peu ses responsabilités politiques. Le PC ne l’investit pas aux législatives du 2 janvier 1956. L’ancien député de la Loire quitte alors la vie politique et dirige un atelier de confection. Il disparaît le 27 mars 1987, dans la cité stéphanoise.