Ernest, Amans Pezet

1887 - 1966

Informations générales
  • Né le 6 décembre 1887 à Rignac (Aveyron - France)
  • Décédé le 21 novembre 1966 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 29 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Morbihan
Groupe
Démocrates populaires
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 1er mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Morbihan
Groupe
Démocrate populaire
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 26 avril 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Morbihan
Groupe
Démocrate populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Morbihan
Groupe
Mouvement républicain populaire

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1958

Fonds d'archives

Le fonds Ernest Pezet, qui représente 2,4 mètres linéaires, est conservé par le Centre d’histoire de la Fondation nationale des sciences politiques sous la cote PE. Il a été donné en 1999. Ces archives se composent notamment de notes, rapports, correspondance, coupures de presse, brochures, ouvrages. Elles couvrent la période 1905-1966, et sont décrites dans un répertoire numérique détaillé. Leur consultation est soumise aux délais fixés par le code du patrimoine. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet du Centre d’histoire.

Biographies

Né le 6 décembre 1887 à Rignac (Aveyron). Député du Morbihan de 1928 à 1942.

Ernest Pezet est né dans une famille modeste : son père était meunier et monteur de moulins à eau, sa mère couturière et mercière. Il fait ses études secondaires au collège Saint-Pierre à Rodez. Bachelier ès lettres, il s'oriente très jeune vers le journalisme et commence par faire du reportage social à l'Action populaire de Reims (1909). Il collabore ensuite au « Sillon » de Marc Sangnier - dont il devient le collaborateur à la Démocratie et dont il dirige la campagne électorale en 1914 et 1918. Après la dissolution du « Sillon » il fait partie du conseil national de la Jeune République.

Mobilisé en août 1914 comme simple soldat, il devient sous-officier puis officier. Deux fois blessé, deux fois cité, il est décoré de la Légion d'honneur pour faits de guerre en 1916. Devenu inapte au service, il est nommé en 1917 chef du service de la censure à la présidence du Conseil ; il le restera jusqu'en mars 1919. Après la guerre il est un des six fondateurs de l'Union nationale des combattants, et membre de son conseil. Dès décembre 1918, il crée à Paris, dans le XIIIe arrondissement, la première section de l'U.N.C. Il fonde également la Fédération régionale de Paris, qu'il préside de 1919 à 1922. Il est un des dirigeants de la Fédération interalliée des anciens combattants. Rédacteur en chef de la Voix du combattant, il fera plus de cent conférences à travers la France, entre 1918 et 1928, pour inviter les anciens combattants à s'organiser. C'est lui qui est à l'origine de la retraite mutualiste des anciens combattants, de l'Office du combattant, de la Croix du combattant. Avec des centaines d'articles, on lui doit plusieurs ouvrages sur les anciens combattants : Des curés sac au dos, Des héros hors-la-loi - les religieux anciens combattants, Le devoir social des anciens combattants, Le devoir civique des anciens combattants, Les cahiers de la France combattante, Les combattants et la Nation, Combattants et citoyens.

Cependant, il a fondé en 1917 L'âme française, qu'il dirigera jusqu'en 1924 ; cette revue hebdomadaire rassemble « les fils du même Esprit » qui, dispersés dans plusieurs groupes depuis la fin du « Sillon », se veulent à la fois catholiques, républicains et artisans du progrès social. D'autre part, il fonde et dirige des quotidiens régionaux à Reims : le Télégramme du Nord-Est, puis Nord-Est. Il collaborera, tout au long de l'entre-deux-guerres, à un grand nombre d'autres journaux parisiens (l'Eclair, le Temps, l'Ordre, l'Information, l'oeuvre, la Démocratie, la Jeune République, l'Aube) et provinciaux (Ouest-Eclair, le Journal de Roubaix, le Nouveau Journal, de Lyon, le Lorrain, de Metz, le Journal de Rouen, le Télégramme, de Toulouse). Il assure la chronique parisienne de la Neue Freie Press autrichienne. Rédacteur puis chef de la publicité au Petit Journal, il dirigera la publicité Pupez. Il publiera en 1935 un livre intitulé Presse, publicité et vie moderne.

En 1924, il est l'un des fondateurs du parti démocrate populaire et il se pré sente aux élections législatives de 1928 dans la 2e circonscription de Vannes.

Il est élu au second tour par 9.606 voix sur 16.433 votants contre 6.434 à Chabannes ; en 1932, il est réélu au premier tour par 12.467 voix sur 16.972 votants et en 1936, toujours au premier tour, par 10.495 voix sur 16.560. Il fait partie de plusieurs commissions : colonies, armée, pensions, aéronautique.

S'il intervient à de multiples reprises en faveur des anciens combattants et se préoccupe de faire interdire le démarchage financier, c'est à la politique étrangère qu'il va donner le meilleur de son activité. Vice-président de la commission des affaires étrangères - il le restera jusqu'à la guerre - rapporteur permanent pour les problèmes d'Europe centrale et orientale, il sera chargé de nombreuses missions officielles en Autriche, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie et Hongrie. Il préconise la coopération franco-allemande pour assurer la sécurité des frontières, le désarmement et la coopération internationale, demande la formation d'une union économique régionale d'Europe centrale et orientale et prend part à de nombreux débats et interpellations à propos du départ de volontaires pour l'Espagne, de la violation des accords de Munich, du retard des Alliés à secourir la Finlande. En novembre 1939, il dénonce les « camps de rassemblement » d'étrangers. Regrettant la suppression du ministère de la Propagande, il prend part en février 1940 à la discussion d'interpellations sur la propagande et la censure.

Auteur de plusieurs ouvrages de politique étrangère: Où va la Pologne? (1930), Les vraies conditions de la paix (1930), Idéalisme et sens des réalités (1932), Anarchie danubienne, désordre européen, paix précaire (1932), Le drame de Marseille et ses conséquences centro-européennes (1934), La Yougoslavie en péril (1935, interdit en Yougoslavie au moment même où il proteste à la Chambre contre l'expulsion de Yougoslaves étrangers à l'attentat de Marseille), Sous les yeux du monde (1935, préfacé par Henry de Jouvenel, où il analyse notamment les méthodes de propagande en régime totalitaire), il publie aussi Paris-Moscou via Hitler (1936), Défaite de la paix, alarmes des peuples (1937) et en 1938 Fin de l'Autriche, fin d'une Europe qui, préfacé par Herriot, a attiré l'attention d'Hitler. Il devait voter la loi du 10 juillet 1940. Secrétaire de la Chambre en 1930 et 1931, il avait fondé en 1929 le groupe parlementaire de l'information et de la propagande qu'il présida jusqu'en 1940.


PEZET (Ernest, Amans)
Né le 6 décembre 1887 à Rignac (Aveyron)
Décédé le 21 novembre 1966 à Paris

Député du Morbihan de 1928 à 1942
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Morbihan)
Conseiller de la République, puis sénateur représentant les Français à l’étranger de 1948 à 1958.

Ernest Pezet vote la loi du 10 juillet 1940.
Sous l’occupation allemande, il fait partie de la Résistance, collaborant avec les groupes d’inspiration démocrate-chrétienne. Il est notamment un des membres actifs du « Groupe de la rue de Lille » qui, outre de nombreuses activités de liaison et de renseignements, se met à la disposition de tous les organismes et mouvements de la Résistance pour la réalisation et la diffusion de leurs publications clandestines. Son courage lui vaut, après la guerre, d’être décoré de la médaille de la Résistance, et d’être relevé de son indignité.
A la Libération, Ernest Pezet devient un des leaders du Mouvement républicain populaire (MRP) et est élu, en octobre 1945, député du Morbihan à la première Assemblée nationale constituante. Il est alors vice-président de la commission des affaires étrangères, rapporteur général du traité de paix avec l’Italie et président de la commission d’enquête parlementaire en Autriche. Il siège également à la commission de l’intérieur, de l’Algérie et de l’administration générale, départementale et communale. Durant l’été et l’automne 1946, il est membre de la délégation française à la conférence de la paix, qui se réunit à Paris, puis à la première Assemblée générale de l’Organisation des Nations-Unies, à New York. Durant son mandat au Palais-Bourbon, il dépose une proposition de résolution et un rapport au nom de la commission parlementaire chargée d’enquêter dans les zones d’occupation française d’Allemagne et d’Autriche. Il intervient à six reprises en séance publique.
Vice-président du Conseil supérieur des Français de l’étranger, président de l’Union des Français de l’étranger, président du Foyer des professeurs français de l’étranger, Ernest Pezet est élu, par l’Assemblée nationale, sénateur représentant les Français à l’étranger en 1948. Il le reste jusqu’en 1958.
A son arrivée au Palais du Luxembourg, il rejoint le groupe MRP, et en devient le président. Il est nommé membre de la commission des affaires étrangères – dont il est vice-président de 1951 à 1955 –, et de la commission de la presse, de la radio et du cinéma. Pour l’année 1956, Ernest Pezet est, en outre, membre de la commission mixte chargée d’examiner les projets de propagande intéressant la diffusion de la presse à l’étranger.
En 1950, il est membre suppléant représentant la France à l’Assemblée consultative prévue par le statut du Conseil de l’Europe.
A partir de 1952, il assure la vice-présidence du Conseil de la République. La même année, il est nommé membre titulaire de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe, où il milite pour le mouvement de l’Europe Unie.
Ernest Pezet est également vice-président du groupe français de l’Union interparlementaire. En 1956, il s’oppose fortement à l’entrée du Soviet suprême dans l’Union et fait paraître à ce propos un long article dans le numéro de mars de la Revue politique et parlementaire.
Au Conseil de la République, Ernest Pezet est un parlementaire très actif. Il intervient souvent, sur des sujets divers. Les affaires étrangères l’intéressent tout d’abord ; il en est un des spécialistes. Rapporteur général du plan Marshall et du pacte Atlantique, aucun sujet de politique étrangère de l’époque ne lui échappe : projet de loi instituant une communauté du charbon et de l’acier (CECA), mais aussi budget des affaires étrangères, accord de coopération économique bilatéral franco-américain ou politique de la France en Tunisie. Les questions économiques suscitent également son intérêt, et il participe aux débats sur le projet de loi de finances pour l’exercice 1950, ce texte portant approbation d’une convention avec la Banque de France. Ernest Pezet prend part aussi aux nombreuses discussions portant sur l’armée et la guerre : autorisation d’engagement de dépenses militaires, extension aux sinistrés français à l’étranger de la loi sur les dommages de guerre ou amélioration de la situation des anciens combattants et victimes de la guerre. Bien d’autres thèmes suscitent ses réactions, de la réglementation de l’usage des dénominations « chambre de commerce », « chambre de commerce et d’industrie », « chambre de métiers », et « chambre d’agriculture », à l’attribution de la qualité de fonctionnaire stagiaire à tous les élèves des écoles normales supérieures.
Ernest Pezet réalise fréquemment des rapports pour le compte des commissions auxquelles il appartient ; ainsi en 1952, pour inviter le gouvernement à ratifier le traité portant rétablissement de l’Autriche indépendante et démocratique : il en est de même en 1956, avec un rapport sur le statut de l’agence France-Presse, élaboré cette année-là. A cette occasion, le journaliste, président de l’Association professionnelle de la presse républicaine (APPR), fait une intervention remarquée, portant sur la situation de l’information en France et dans le monde à son époque.
Ernest Pezet prend également de nombreuses initiatives sur le plan législatif. Il dépose des propositions de résolutions, pour inviter le gouvernement à engager avec le pouvoir égyptien des conversations en vue d’améliorer le statut des Français d’Egypte ou inviter le gouvernement à protester auprès du gouvernement espagnol de Franco au sujet de l’exécution de républicains patriotes espagnols. Ernest Pezet dépose aussi des propositions de loi, sur la francisation des noms patronymiques et des prénoms des étrangers, ou sur l’autorisation des jeunes Français résidant à l’étranger de devancer l’appel de leur classe.
Il dépose également des motions d’importance dont l’une rend hommage à Jan Mazaryk, président de l’Etat tchécoslovaque de 1918 à 1935, « deux fois symbole de la lutte du peuple tchèque pour sa liberté contre les régimes d’oppression » ; l’autre motion exprime « son admiration et (..) sa reconnaissance » au général Marshall, concepteur du plan d’aide économique à l’Europe qui porte son nom.
Ernest Pezet n’hésite pas non plus à demander des précisions aux membres du gouvernement dès que cela lui semble nécessaire. En 1949, il interroge ainsi le ministre des affaires étrangères sur la mise en application de l’article 78 du Traité de paix avec l’Italie. En 1951, il expose au ministre des anciens combattants et victimes de la guerre la regrettable situation des anciens combattants français de la principauté de Monaco et lui demande les mesures envisagées pour défendre la dignité et les intérêts légitimes des anciens militaires.
Les 2 et 3 juin 1958, Ernest Pezet vote pour le projet de loi relatif aux pleins pouvoirs et pour la révision constitutionnelle.
Lors des premières élections du Sénat de la Cinquième République, le nombre des représentants des Français à l’étranger ayant été réduit de trois à deux, Ernest Pezet, dans un geste de désintéressement, s’efface devant ses deux collègues.
Après avoir quitté le Sénat, Ernest Pezet se consacre à la réorganisation de l’Union des Français de l’étranger, dont il est président. A ce titre, il est promu commandeur de la Légion d’honneur par le ministère des affaires étrangères. En 1957, il avait reçu les insignes de grand-croix de l’ordre nationale lituanien de Gedimunas.
Les années suivantes, Ernest Pezet les consacre à son foyer. Il publie un dernier ouvrage - Chrétiens au service de la cité - dans lequel il revient sur l’engagement de toute sa vie. Mettant en avant les faiblesses de l’action politique de Marc Sangnier, il analyse avec lucidité les vicissitudes du MRP, regrettant que ce mouvement n’ait pas pris une étiquette franchement « chrétienne ».
Jusqu’à la fin de sa vie, il préside l’Association professionnelle de la presse républicaine (APPR), est vice-président de l’association de la presse de l’Est et membre de la Société des gens de lettres.
Il disparaît le 21 novembre 1966.