Raymond Poincaré

1860 - 1934

Président de la République du 18 février 1913 au 18 février 1920

Informations générales
  • Né le 20 août 1860 à Bar-le-duc (Meuse - France)
  • Décédé le 15 octobre 1934 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 31 juillet 1887 au 14 octobre 1889
Département
Meuse
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Meuse
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 20 août 1893 au 31 mai 1898
Département
Meuse
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Meuse
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 27 avril 1902 au 26 février 1903
Département
Meuse

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 22 février 1903 au 6 janvier 1906
Sénateur
du 7 janvier 1906 au 13 février 1913
Sénateur
du 11 janvier 1920 au 5 janvier 1924
Sénateur
du 6 janvier 1924 au 9 janvier 1933
Sénateur
du 10 janvier 1933 au 15 octobre 1934

Gouvernement

Chef du Gouvernement
du 14 janvier 1912 au 18 janvier 1913
Chef du Gouvernement
du 15 janvier 1922 au 26 mars 1924
Chef du Gouvernement
du 29 mars 1924 au 1er juin 1924
Chef du Gouvernement
du 23 juillet 1926 au 6 novembre 1928
Chef du Gouvernement
du 11 novembre 1928 au 27 juillet 1929

Biographies

Député de 1887 à 1889, né à Bar-le-Duc (Meuse) le 20 août 1860, fils d'un inspecteur des ponts et chaussées, il étudia le droit et se fit recevoir docteur.

Inscrit au barreau de Paris, il devint secrétaire de la conférence des avocats, fut quelque temps attaché au journal le Voltaire comme rédacteur judiciaire (1882), puis fut nommé chef de cabinet du ministre de l'Agriculture (janvier 1886).

Il était conseiller général du canton de Pierrefitte (Meuse), lorsque le décès de M. Liouville détermina une vacance dans la représentation de ce département. M. Poincaré se présenta pour lui succéder, le 31 juillet 1887, et fut élu par 34 796 voix (46 944 votants, 82 994 inscrits), contre 3 705 à M. Hurel, 1 145 au général Boulanger et 1 582 à M. Gérardin.

Il se trouva alors un des plus jeunes membres de la Chambre, prit place dans les rangs de la majorité, parut quelquefois à la tribune, fut rapporteur des projets de loi sur les acquits de chemins de fer et sur le contrat de louage, et vota, dans la dernière session,

- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.


Né le 20 août 1860 à Bar-le-Duc (Meuse),

mort le 15 octobre 1934 à Paris.



Député de la Meuse de 1887 à 1903.

Sénateur de la Meuse de 1903 à 1913 et de 1920 à 1934.

Ministre de l'Instruction publique, Beaux-Arts et des Cultes du 4 avril au 3 décembre 1893.

Ministre des Finances du 30 mai au 1er juillet 1894.

Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes du 26 janvier au 1er novembre 1895.

Ministre des Finances du 14 mars au 25 octobre 1906.

Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères du 14 janvier 1912 au 21 janvier 1913.

Président de la République de 1913 à 1920.

Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères du 15 janvier 1922 au 29 mars 1924.

Président du Conseil et Ministre des Finances du 23 juillet 1926 au 11 novembre 1928.

Président du Conseil du 11 novembre 1928 au 29 juillet 1929


Raymond Poincaré naquit en 1860 à Bar-le-Duc au sein d'une famille d'excellente bourgeoisie lorraine, féconde en hommes de haute valeur, dont son cousin germain, Henri Poincaré, mathématicien de génie, a contribué avec lui à illustrer le nom.

Antony Poincaré, son père, ancien élève de l'Ecole polytechnique, était ingénieur des Ponts et Chaussées et devint plus tard inspecteur général de l'hydraulique.

Tout enfant le jeune Lorrain fut témoin de la défaite de 1870 et en resta marqué comme ceux de sa génération d'un ardent patriotisme. Excellent élève au lycée de Bar-le-Duc puis à Paris où il passa brillamment son baccalauréat après une année au lycée Louis-le-Grand, il opta par goût de la rigueur mais sans passion pour les études juridiques. A 20 ans il obtenait sans difficulté sa licence de droit et sa licence ès lettres et décidait de se consacrer au barreau de Paris tout en préparant sa thèse. Admis à la conférence des avocats avec le titre de premier secrétaire, il y prononça un éloge de Dufaure très remarqué par ses collègues. C'est à cette époque qu'il fit son apprentissage de juriste rigoureux en étudiant les dossiers de Maître Du Buît, l'un des avocats d'affaires les plus occupés du Palais.. Parallèlement, il rédigeait la chronique judiciaire au « Voltaire ». En 1886 l'occasion se présenta pour Poincaré de suivre certains de ses amis comme Hanotaux ou Millerand sur les chemins hasardeux de la politique. Jules Develles, député de la Meuse et vieil ami de sa famille, alors ministre de l'Agriculture, lui offrit à ses côtés le poste de chef de cabinet, qu'il occupa pendant dix-huit mois, et le fit élire conseiller général de Peyrefitte-sur-l'Ayre dans son département natal.

En 1887, décédait le député de la Meuse Henri Liouville. Le jeune avocat, de tempérament libéral et profondément républicain, présenta sa candidature aux élections sous l'étiquette progressiste, c'est-à-dire gouvernementale. Il fut aisément élu au premier tour le 31 juillet avec 34 984 suffrages contre 1 287 au conservateur, 3 484 au radical et 684 au général Boulanger. L'électorat meusien auquel il avait d'emblée inspiré confiance malgré ses 27 ans devait constamment lui renouveler son mandat jusqu'en 1903, date à laquelle les électeurs sénatoriaux de son département lui ouvraient les portes de la Haute Assemblée.

Dès 1890 Poincaré entrait à la commission du budget de la Chambre. Il s'y acquit une réputation de compétence financière qui le porta en 1893, à l'âge de 33 ans, au poste de rapporteur général. Dès lors et pendant trois ans, il participa activement à l'exercice du pouvoir, titulaire tantôt du portefeuille de l'Instruction publique - cabinet Dupuy, d'avril à décembre 1893 ; cabinet Ribot, de janvier à novembre 1895 - tantôt du portefeuille des Finances - cabinet Dupuy, de mai à juillet 1894. A l'Instruction publique, il créa un doctorat en sciences politiques et prépara un projet de loi sur la personnalité civile et l'autonomie des universités qu'il devait faire voter plus tard comme rapporteur. Aux Finances, il proposa à la Chambre, en même temps que la suppression de l'impôt sur les portes et fenêtres et son remplacement par une taxe proportionnelle, une réforme du régime des successions où apparaissait le principe de progressivité.

En 1896, Poincaré abandonna toute fonction gouvernementale. Il devait se tenir écarté du pouvoir pendant dix années, au cours desquelles, de retour au Palais, il se constitua un cabinet d'avocat. Ses qualités d'orateur et de civiliste lui assurèrent une clientèle de choix dans les milieux littéraires qu'il avait fréquentés lors de ses passages à l'Instruction publique. Avocat conseil de la Société des gens de lettres, il plaida à ce titre l'affaire du testament d'Edmond de Goncourt.

Mais Poincaré n'abandonna pas pour autant ses activités parlementaires : il prononça devant la Chambre qui l'avait élu vice-président en 1895, deux discours restés célèbres : l'un en 1896 contre les projets fiscaux du gouvernement Léon Bourgeois, l'autre en 1898 pour dénoncer les procédés du ministère des Armées, dans l'affaire Dreyfus, et « libérer sa conscience ».

Ce n'est qu'en 1906 qu'il accepta à nouveau un portefeuille, celui des Finances, dans le cabinet radical Sarrien. Entre temps, il était entré au Sénat le 22 février 1903, avec 774 voix sur 908 votants.

Ayant démissionné des Finances à la suite d'un désaccord avec le cabinet sur la réforme fiscale, il passa six nouvelles années à l'écart du pouvoir au cours desquelles il fut élu au conseil de l'Ordre du Palais et entra, en 1909, à l'Académie française.

Le 14 janvier 1912, le président Fallières l'appela pour former le gouvernement. Le cabinet Caillaux venait de tomber sur la ratification du traité franco-allemand signé au terme de la crise d'Agadir que Poincaré était chargé de rapporter devant le Sénat. Avec Briand et Delcassé comme principaux collaborateurs, il suscita un ministère d'union nationale. La priorité fut accordée aux problèmes extérieurs : le président du Conseil qui avait pris les Affaires étrangères, obtint du Parlement la ratification du traité franco-allemand ; il s'efforça de resserrer nos liens diplomatiques avec l'Angleterre et la Russie ; la France put jouer le rôle de médiateur dans le conflit balkanique. A l'intérieur, Poincaré fit voter, malgré l'opposition des radicaux, la réforme électorale tendant à instituer la représentation proportionnelle.

Les succès obtenus par sa politique conduisirent le président du Conseil à présenter sa candidature à la Présidence de la République. Il incarnait alors dans l'opinion la défense de la Patrie et l'autorité du pouvoir exécutif. Il fut élu à la magistrature suprême le 17 janvier 1913 au second tour de scrutin, avec 482 voix. Son principal adversaire, Jules Pams, que lui opposait Clemenceau, en avait obtenu 296. Ce résultat fut accueilli avec enthousiasme par une large fraction de l'opinion.

Raymond Poincaré sut, durant les dures années de son septennat, user des prérogatives que lui conférait la Constitution pour agir à chaque occasion dans le sens de l'intérêt national. Pendant les mois qui précédèrent la première guerre mondiale, il soutint la politique à la fois pacifiste et réaliste des gouvernements Briand, Barthou puis Viviani. C'est ainsi qu'il appuya de son prestige moral le vote de la loi de trois ans, et multiplia personnellement les contacts avec la Grande-Bretagne et la Russie dans le but de consolider les alliances du pays. A la veille du déclenchement des hostilités, il s'était rendu, accompagné du président du Conseil, jusqu'à Saint-Pétersbourg.

A chaque phase nouvelle du conflit, il n'hésita pas à appeler à la direction du pays l'homme que les circonstances exigeaient. C'est ainsi que Clemenceau, son adversaire de toujours, put mener la France à la victoire.

Son mandat expira peu après l'armistice. Poincaré désirait continuer à servir son pays dans les assemblées parlementaires et recouvra son siège de sénateur. Le 17 janvier 1920 les représentants qualifiés de tous les groupes de la Chambre, à l'exception des socialistes unifiés, lui rendirent un solennel hommage en inscrivant son nom parmi ceux des Français qui avaient bien mérité de la Patrie et le Sénat, à l'unanimité, s'associa à cet acte de reconnaissance nationale.

Nommé président de la commission des réparations, il se fit le défenseur de l'exécution stricte du traité de Versailles et ne cessa de réclamer une juste contribution de l'Allemagne au relèvement de la France épuisée économiquement et moralement par la guerre.

Le 15 janvier 1922, Poincaré revenait à la présidence du Conseil à la chute du cabinet Briand, suspecté de manquer de fermeté à l'égard de l'ennemi vaincu. Il prit le ministère des Affaires étrangères et mit toute son énergie à défendre les intérêts du pays. Malgré l'Angleterre et les Etats-Unis, il décida, avec le soutien italien, de faire occuper la Ruhr par les troupes françaises. La résistance passive des allemands finit par céder et les usines du pays furent alimentées par le charbon rhénan. Mais le président du Conseil, respectueux de la légalité, ne voulut pas user de sa position de force et choisit de reprendre les conversations avec les anglo-saxons pour aboutir à un accord sur le problème des réparations. Cette attitude temporisatrice devait susciter des critiques contradictoires ; après la victoire du cartel des gauches aux élections de 1924 Poincaré préféra se retirer.

Le 23 juillet 1926, au paroxysme de la crise financière que les cabinets du cartel n'étaient pas parvenus à contenir, le sage Lorrain apparut comme le seul homme d'Etat susceptible de rétablir la confiance. Il constitua un ministère d'union nationale en s'entourant principalement de Briand aux affaires étrangères, Barthou, André Tardieu et Edouard Herriot. Les radicaux-socialistes devaient quitter le gouvernement le 11 novembre 1928.

S'étant chargé lui-même du portefeuille des Finances, Poincaré entreprit tout d'abord l'assainissement des finances publiques et le redressement de la situation monétaire. Onze milliards d'impôts nouveaux furent votés pour 1927. Une caisse d'amortissement de la dette publique fut créée par une loi constitutionnelle. La situation financière s'étant nettement améliorée en moins de deux ans, grâce au soutien de la Banque de France et sans appel à d'impopulaires emprunts extérieurs, les chambres purent voter la loi monétaire du 25 juin 1928 qui stabilisait le franc au cinquième de la valeur du franc germinal.

La politique sévère de restriction des dépenses publiques menée par le gouvernement avait été l'occasion de procéder à une importante réforme administrative : suppression d'une centaine de sous-préfectures ; réorganisation des conseils de préfecture ; nouvelle répartition des compétences entre le pouvoir central et les pouvoirs locaux dans le sens de la décentralisation.

Il faut ajouter à l'actif du bilan des 4e et 5e cabinets Poincaré une réforme judiciaire (les tribunaux d'arrondissement furent remplacés par des tribunaux départementaux), et une législation sociale non négligeable (loi Loucheur établissant un programme d'habitations à loyer bon marché ; loi du 5 avril 1928 créant un système d'assurances sociales). A l'extérieur, les préoccupations dominantes étaient le désarmement, les réparations, les dettes de guerre envers les alliés, problèmes au sujet desquels Poincaré soutint la politique conciliatrice de son ministre Briand.

Il tentait de convaincre la Chambre de ratifier les accords de Washington et de Londres tendant au règlement des dettes françaises, condition préalable aux conversations sur le Plan Young, lorsqu'il tomba subitement malade le 17 juillet 1929. Il fut contraint d'adresser sa démission au Président de la République, Briand prenant sa succession pour faire aboutir la politique entreprise.

Raymond Poincaré ne put reprendre ses activités politiques. Il eut la consolation d'être élu en juin 1931 au bâtonnat de l'Ordre des avocats de Paris et, l'année suivante, de voir renouveler son mandat sénatorial, quoiqu'il ne fût pas en mesure de siéger à la Haute Assemblée.

Il mourut à Paris le 15 octobre 1934, à l'âge de 74 ans, peu après l'assassinat de son ami Barthou. Le pays, au salut duquel il avait consacré son énergie à tant d'occasions dramatiques, lui fit des funérailles nationales.

Raymond Poincaré avait lui-même choisi pour ses mémoires de guerre un titre significatif : Au service de la France.