Marcel Rosenblatt

1908 - 1973

Informations générales
  • Né le 17 décembre 1908 à Mulhouse ( - District de Haute Alsace Empire allemand)
  • Décédé le 28 novembre 1973 à Strasbourg (Bas-Rhin - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Bas-Rhin
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Bas-Rhin
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Bas-Rhin
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Bas-Rhin
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie de la IVe République

ROSENBLATT (Marcel, Ernest)
Né le 17 décembre 1908 à Mulhouse (District de Haute Alsace - Empire allemand)
Décédé le 28 novembre 1973 Strasbourg (Bas-Rhin)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Bas-Rhin)
Député du Bas-Rhin de 1946 à 1955

Fils d’Ernest, garçon de bureau aux chemins de fer, et d’Albertine Kappler, femme de ménage, Marcel Rosenblatt épouse Anne-Elisabeth (dite Elise) Kaufmann, ouvrière du textile, le 30 juillet 1932, à Mulhouse.
Son père ayant quitté l’Alsace annexée pour Paris en 1909, Marcel Rosenblatt est élevé dans sa ville natale par une grand-mère. L’engagement de son père dans l’armée française, en 1914, est la cause des vexations qu’il subit pendant la guerre : les autorités municipales l’auraient notamment privé du bénéfice de la soupe des écoles. Après 1918, il termine sa scolarité primaire en français et obtient le certificat d’études, mais il s’exprimera toujours avec maladresse dans la langue nationale.
Après l’interruption de son apprentissage d’ajusteur, commencé en 1923, à la suite d’une querelle avec un contremaître, Marcel Rosenblatt a une carrière professionnelle marquée par l’instabilité et le chômage. De mars à novembre 1926, il erre en France en exerçant des travaux variés dans l’hôtellerie, le bâtiment, la manutention navale et l’agriculture, avant de rentrer à Mulhouse où il travaille successivement comme aide-monteur, aide-menuisier et terrassier. Il fait son service militaire en 1929-1930 et épouse, en juillet 1932, une ouvrière du textile, d’origine allemande et militante communiste.
D’abord militant des Jeunesses socialistes en 1923-1924, Marcel Rosenblatt exerce, à partir de 1928, des responsabilités au syndicat CGTU du Bâtiment de Mulhouse et en devient secrétaire général en janvier 1931. Il adhère aux Jeunesses communistes en 1931 et au Parti communiste en décembre 1932. Membre du bureau du sous-rayon de Mulhouse, il est envoyé, en mars 1934, à Moscou où, sous le pseudonyme d’Ernest Romain, il suit les cours de l’Ecole léniniste internationale. Désormais permanent du parti, il s’installe à Strasbourg, en décembre 1935, et exerce, jusqu’à la guerre, les fonctions de secrétaire de la région Alsace et de directeur politique du journal régional de langue allemande, L’Humanité. Il est élu membre suppléant du Comité central du PCF en janvier 1936, puis membre titulaire en décembre 1937. En avril 1939, il est candidat à l’élection législative partielle de Mulhouse et se désiste, au second tour, en faveur du socialiste Jean Wagner.
Mobilisé en 1939-1940, Marcel Rosenblatt garde le contact avec son parti, désormais interdit. Démobilisé en Dordogne, il rentre en Alsace annexée, en septembre 1940, sur ordre de l’organisation clandestine. Immédiatement arrêté par la police allemande, il est interné au camp de « rééducation » de Schirmeck puis, déporté, le 25 mars 1941, au camp de concentration de Dachau. Rapatrié à Strasbourg, le 14 mai 1945, il devient secrétaire général de la fédération communiste du Bas-Rhin et retrouve la direction politique de L’Humanité d’Alsace et de Lorraine. Il exerce ces fonctions jusqu’en mars 1950. Accusé par un communiste belge d’avoir appartenu à un groupe trotskiste au camp de Dachau, il est disculpé par un autre déporté qui lui reproche, cependant, son manque de combativité. Il n’est plus réélu au comité central du PCF en juin 1945.
Tête de la liste communiste du Bas-Rhin aux élections à la première Assemblée nationale constituante, liste qui obtient 13,3 % des suffrages exprimés, Marcel Rosenblatt est élu député, le 21 octobre 1945. Membre de la commission de l’intérieur, de l’Algérie et de l’administration générale, départementale et communale et de la commission des affaires étrangères, il défend les intérêts des expulsés et des déportés politiques des trois départements recouvrés, en déposant une proposition de résolution invitant le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour le déblocage et le change de leurs avoirs. Il intervient à quatre reprises en séance publique, notamment, en janvier 1946, en faveur de l’introduction des lois laïques en Alsace et en Moselle. Placé en tête de la liste communiste et d’union républicaine et résistante qui obtient 14,2 % des suffrages exprimés dans le Bas-Rhin, il est élu à la seconde Constituante, le 2 juin 1946. Il retrouve les deux mêmes commissions parlementaires. Durant ce second mandat, il dépose deux propositions de loi et deux propositions de résolution. Ces initiatives parlementaires reflètent ses préoccupations liées aux conséquences de la guerre et de l’occupation sur les régions du Nord-est : allocations militaires et familiales indûment supprimées par les Nazis en Alsace-Moselle (1er août 1946) ; délais de paiement aux sinistrés et spoliés, provenant de patrimoines ennemis ou des collaborateurs (1er août 1946) ; extension de la législation sur la reconstruction aux biens détruits ou enlevés du fait de l’occupation ennemie (1er août 1946). Lors du débat du 25 juillet 1946 sur les Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans l’armée allemande, encore retenus dans les camps soviétiques, il rejette la responsabilité de ce drame sur ceux qui avaient voté les pleins pouvoirs à Pétain, comme son collègue MRP Henri Meck, ainsi que sur ceux qui, « à la radio de Londres, avaient préconisé la soumission ou la désertion au lieu d’appeler à la formation de détachements de partisans sur le sol national ». Marcel Rosenblatt intervient à quatre reprises en séance publique sur les mêmes thèmes. Il dépose un amendement sur les crédits de l’agriculture pour l’exercice 1946.
A nouveau premier sur la liste communiste du Bas-Rhin qui obtient 15,1 % des suffrages exprimés, il est élu député le 10 novembre 1946. Membre de la commission des affaires étrangères (1946-1951) et de la commission des pensions (1948-1951), il déploie une activité particulièrement importante. A cet égard, il dépose dix-sept propositions de loi et douze propositions de résolution qui lui permettent de poursuivre son action en faveur des déportés, internés, transplantés, incorporés de force, évadés, spoliés d’Alsace et de Moselle. Il se distingue particulièrement en posant le problème récurrent, depuis 1919, de l’application de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat aux départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle (5 janvier 1948). Il n’intervient pas moins de cinquante-cinq fois en séance publique, en une législature, et défend vingt-sept amendements, sur des sujets qui, tous, touchent à la région frontalière qu’il représente : la politique suivie en Sarre (30 juillet 1948) et la ratification des accords franco-sarrois (20 octobre 1950); le statut de la Ruhr (2 décembre 1948); la nullité des actes de spoliation accomplis par l’ennemi (7 avril 1949) ; l’enseignement de l’Allemand en Alsace-Lorraine et les écoles d’apprentissage de Strasbourg (21 avril 1951) ; les Alsaciens Lorrains, soldats de la Wehrmacht (15 mai 1951). Le 30 novembre 1947, il s’adresse à des manifestants soutenant le quotidien communiste strasbourgeois, dont une édition vient d’être saisie, en dénonçant la « politique boche » du gouvernement de Robert Schuman. Le 3 décembre 1948, il proteste à l’Assemblée nationale contre la déclaration, en zone américaine d’Allemagne, d’un groupe d’anciens nazis qui revendiquent la ré-annexion des trois départements, et quitte la tribune en chantant « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».
Le 17 juin 1951, tête de liste d’Union républicaine, résistante et antifasciste présentée par le parti communiste, qui recueille 12,2 % des suffrages exprimés, Marcel Rosenblatt est réélu une dernière fois député du Bas-Rhin. Il retrouve les deux mêmes commissions que sous la législature précédente et y siège toute la législature (1951-1955). Son activité n’est pas moins soutenue, puisqu’il dépose vingt propositions de loi, huit propositions de résolution et deux rapports, toujours en relation avec l’Alsace-Lorraine. Il se préoccupe aussi bien de l’égalité des droits des justiciables des trois départements d’Alsace-Moselle devant la loi (27 juillet 1951) que du fonctionnement des Caisses d’Epargne du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle (20 mai 1952). Ses quarante-quatre interventions en séance publiques, ses cinquante-neuf amendements déposés et ses trois motions préjudicielles témoignent de son attachement aux départements retrouvés en 1919. Le 18 février 1953, il est le seul parlementaire d’Alsace-Moselle à voter contre l’amnistie des treize Alsaciens incorporés de force dans la Waffen-SS, condamnés par le tribunal militaire de Bordeaux pour avoir participé au massacre d’Oradour. Il continue à intervenir fréquemment au Palais-Bourbon pour la défense des victimes alsaciennes et lorraines de la guerre et pour la défense d’intérêts catégoriels particuliers aux trois départements. Sa proposition de loi du 11 août 1951 tend au maintien des droits acquis aux personnels des collectivités locales des trois départements, notamment en matière de retraites. Il dépose, le 21 août 1951, une proposition de résolution invitant le gouvernement à rétablir l’enseignement de l’allemand dans les écoles primaires de l’académie de Strasbourg, selon les dispositions en vigueur avant 1940. Il revient sur ce sujet par des demandes d’interpellation le 21 mai et le 8 octobre 1953. Il intervient également sur des questions économiques. Il prend la parole dans la fixation de la date d’une interpellation sur les difficultés de l’industrie cotonnière en Alsace, le 1er juillet 1952 et le 18 mars 1955, sur les mesures envisagées pour éviter la fermeture d’une usine de soie artificielle à Colmar, le 19 juillet 1955. Quelques mois plus tôt, en février 1955, il a pris plusieurs fois la parole en République fédérale d’Allemagne lors de la campagne de meetings organisée par le Parti communiste d’Allemagne contre le réarmement.
Le 2 janvier 1956, avec 12 % des suffrages exprimés, la liste communiste est battue, tous les sièges du Bas-Rhin revenant aux listes apparentés du MRP, du CNI et des Républicains sociaux. Le 7 novembre 1956, un groupe d’étudiants saccage l’appartement de Marcel Rosenblatt et brûle une partie de son mobilier, alors qu’il garde les locaux strasbourgeois du Parti communiste, assiégés par des manifestants, à la suite des événements de Budapest.
A la fin de sa vie, Marcel Rosenblatt préside la commission départementale des retraités de la CGT et la section du Bas-Rhin du Mouvement de la Paix.
Il disparaît le 28 novembre 1973.