Hubert Ruffe

1899 - 1995

Informations générales
  • Né le 29 août 1899 à Penne-d'agenais (Lot-et-Garonne - France)
  • Décédé le 28 août 1995 à Penne-d'agenais (Lot-et-Garonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 19 mars 1978 au 22 mai 1981
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Communiste

Biographies

RUFFE (Hubert, Maxime)
Né le 29 août 1899 à Penne-d'Agenais (Lot-et-Garonne)
Décédé le 28 août 1995 à Penne-d'Agenais

Député de Lot-et-Garonne de 1945 à 1951 et de 1956 à 1958

Député durant près d'un quart de siècle, sous les IVème et Vème Républiques dans un des bastions du communisme rural, le Lot-et-Garonne, où il inscrit ses pas sur ceux de Renaud Jean, "premier député communiste de France", Hubert Ruffe est une figure emblématique du PCF. Fils de Justin Ruffe et de Marie Pommiès, Hubert Ruffe est né dans une très modeste famille rurale lot-et-garonnaise. Son père a été métayer, comme son grand-père paternel avant d'ouvrir une épicerie à Penne d'Agenais - profession exercée à la naissance de son fils en 1899 - , puis de devenir limonadier et enfin bouilleur de cru. Dès l'âge de neuf ans, Hubert Ruffe est placé une partie de l'année chez des paysans. Malgré une assiduité limitée à l'école communale, il obtient son certificat d'études primaires. Il continue alors à "travailler chez les autres" selon son expression, comme domestique agricole jusqu'au service militaire, effectué entre 1918 et 1921. Puis il travaille dans une petite usine avant d'être rappelé sous les drapeaux en 1923, lors de l'occupation de la Ruhr. C'est alors pour Hubert Ruffe le temps de l'éveil politique et de l'engagement : au retour, employé comme auxiliaire des chemins de fer, il adhère au parti communiste et devient un lecteur assidu de L'Humanité et de Lénine dont il achète les oeuvres complètes à crédit. Devenu secrétaire de cellule à Penne, puis secrétaire de rayon à Villeneuve-sur-Lot, il acquiert une réputation de propagandiste, doctrinaire ce qui lui donne l'occasion de rencontrer Léonie Vrignon, modiste à Marmande, elle aussi militante et trésorière du sous-rayon, qu'il épouse en 1932.
La même année, il devient permanent du parti, chargé de la région de Bordeaux qui comportait trois départements (Gironde, Lot-et-Garonne et Gers).C'est pour lui le paysan, devenu en même temps, secrétaire fédéral de la Gironde, la découverte de la grande ville, des dockers et des ouvriers métallurgistes et le temps des luttes contre le "fascisme", contre Philippe Henriot, figure de proue de la droite bordelaise. Ce sont les premiers combats électoraux. En 1932, Ruffe est candidat aux élections législatives en Lot-et-Garonne dans la circonscription de Villeneuve-sur-Lot : il n'est pas élu mais avec 1 973 voix sur 21 228 inscrits, il réalise un score supérieur à la moyenne nationale du PCF. En 1934, il est battu aux cantonales dans le premier canton de Bordeaux puis en 1936, aux législatives dans la première circonscription de la Gironde (2 425 voix soit 10,6% des inscrits). En Lot-et-Garonne, le Front populaire amène l'élection de deux députés communistes : Renaud Jean à Marmande et Robert Philippot à Agen.
A la veille des élections de 1936, après avoir suivi pendant trois mois une "Ecole des cadres" du Parti à Ivry, Hubert Ruffe avait été appelé à Paris aux côtés de Jacques Duclos comme collaborateur du Comité central, au sein de la commission de propagande. En 1937, il est chargé d'organiser une nouvelle école du Parti, à Arcueil qu'il dirige jusqu'à la guerre. Mobilisé en 1939, il parvient à échapper aux Allemands en juin 1940. Dès l'automne, à Agen, puis dans la région de Toulouse, il se consacre à la confection et à la diffusion du journal La Terre. En avril 1941, il quitte le Sud-Ouest, appelé à Lyon par la direction du PCF. Il y joue un rôle de premier plan, formant avec Signor, Marc Dupuy (futur député de Gironde) puis Raymond Guyot le triangle de direction de la zone sud c'est-à-dire ceux qui organisent l'action clandestine des militants communistes. Membre du comité de libération de Lyon où il représente le PCF, Hubert Ruffe organise le congrès des CDL de la zone sud à Avignon. Son action pendant la guerre lui vaut de se voir attribuer la Rosette de la Résistance.
A la Libération, Hubert Ruffe continue son ascension dans la hiérarchie du Parti : membre suppléant du comité central élu en juin 1945 (il est un des quarante nouveaux dirigeants), il oeuvre à la reconstruction du PC et devient membre titulaire de juin 1947 à 1956. Mais entre temps, Hubert Ruffe a de nouveau représenté le PCF lors des élections. Dès le 21 octobre 1945, il est élu député de Lot-et-Garonne à l'Assemblée constituante : la liste communiste qu'il conduit avec pour titre "ancien ouvrier agricole" obtient 38 684 voix (33,4% des suffrages exprimés), loin devant le MRP (28,3%) et SFIO (23,8%). Réélu en juin 1946, à la seconde Assemblée constituante à la tête d'une liste communiste d'union républicaine et résistante, Ruffe, "agriculteur", maintient à peu près le score de 1945 (40 816 voix soit 33,1 %). Il est encore réélu le 10 novembre 1946, en tête de la liste du parti communiste et d'union républicaine et résistante qui, avec 42 065 voix (35,8%) est en progression et gagne deux sièges pour Hubert Ruffe et Duprat.
Le système des apparentements en 1951 interrompt ce cycle de victoires. Bien que la liste " d'Union républicaine, résistante et antifasciste pour l'indépendance nationale, le pain, la liberté et la paix " présentée par le PCF et conduite par Hubert Ruffe progresse encore en recueillant 40 123 voix (33,6%) ce qui la place largement en tête devant les listes RGR (28 007 voix), SFIO (12 226 voix), MRP (11 556 voix), elle perd ses deux sièges tandis que sont élus deux radicaux, un socialiste et un républicain populaire apparentés. Aux élections cantonales de l'automne 1951, l'ancien député Hubert Ruffe est élu conseiller général du canton de Lavardac, mandat qu'il garde jusqu'en 1958, date à laquelle les électeurs ne lui renouvellent pas leur confiance. Entre 1951 et 1956, l'ancien député est appelé par Waldeck Rochet à la commission agraire du PCF : il habite Paris mais sillonne la France où il répand le mot d'ordre de Waldeck Rochet "la terre à ceux qui la travaillent".
Malgré le maintien des apparentements lors des élections législatives de 1956, Hubert Ruffe - et Duprat - retrouvent leur fauteuil de député : la liste du PCF, pourtant en léger recul, caracole en tête dans le Lot-et-Garonne avec 39.769 voix (30,4%), loin devant la liste radicale (22 103 voix).
Hubert Ruffe a raconté, plus tard, sa nouvelle vie de député à la Libération : "Nous logions chez l'habitant. C'était sympathique et pas vraiment une vie parlementaire ordinaire...Nous avions en plus des séances de jour de nombreuses séances de nuit. Et lorsque nous rentrions chez le camarade à 4h ou 5h du matin, il se réveillait, il gueulait et il voulait savoir ce qu'on avait discuté ! Il sortait son flacon de mirabelle et disait : "Alors, comment çà s'est passé ? Et nous recommencions nos débats".
A la première Assemblée constituante, Hubert Ruffe est membre de la commission de la presse, de la radio et du cinéma ce qui le rendit furieux car son souhait était d'intégrer la commission de l'agriculture. Ce fut acquis durant la seconde Constituante, puis entre 1946-1951 et 1956-1958 : Hubert Ruffe ne siège alors que dans une seule commission, celle de l'agriculture, ce qui lui paraît conforme à son expérience professionnelle et surtout à la tradition communiste de Lot-et-Garonne, dans la lignée de Renaud Jean. Durant son premier mandat, Hubert Ruffe intervient peu mais uniquement pour "arrêter les procédures et poursuites engagées contre les métayers" et surtout dans le débat du projet de loi relatif au statut du fermage, votée le 13 avril 1946. Il lutte pour obtenir que les métayers étrangers - en Lot-et-Garonne, les Italiens étaient nombreux - disposent des mêmes droits que les Français. Cette victoire explique en grande partie, selon ses souvenirs, ses réélections successives. Hubert Ruffe approuve le premier projet de constitution (voté par l'Assemblée le 19 avril 1946) ainsi que le second (voté par la seconde Assemblée constituante le 30 septembre 1946).
Il poursuit tout au long de ses mandats ultérieurs son activité au service des agriculteurs. Il dépose ainsi vingt-huit textes sous la IVème République, dont l'immense majorité entre 1946 et représente le PCF, Hubert Ruffe organise le congrès des CDL de la zone sud à Avignon. Son action pendant la guerre lui vaut de se voir attribuer la Rosette de la Résistance.
Il poursuit tout au long de ses mandats ultérieurs son activité au service des agriculteurs. Il dépose ainsi vingt-huit textes sous la IVème République, dont l'immense majorité entre 1946 et 1951, presque exclusivement sur des questions agricoles et principalement sur des sujets concernant fermiers et métayers. Il intervient beaucoup - une cinquantaine de fois entre 1946-1951 et 1956-1958 - à la tribune du Palais-Bourbon, à compter de novembre 1946, presque toujours sur les problèmes de l'agriculture et des agriculteurs. Il est souvent désigné comme rapporteur par la commission de l'agriculture.
Il ne prend part au vote des pouvoirs spéciaux attribués au gouvernement sur l'Algérie le 12 mars 1956 et rejette le projet de loi-cadre sur l'Algérie présenté par le gouvernement Bourgès-Maunoury le 30 septembre 1957. Les 1er et 2 juin 1958, il s'oppose, comme ses camarades communistes, à de Gaulle, refusant son investiture et la loi constitutionnelle.
La Cinquième République ne met cependant pas fin à la carrière d'Hubert Ruffe. Battu aux élections législatives de 1958, dans la deuxième circonscription de Lot-et-Garonne, il revient à la section agraire du PCF, habitant encore Arcueil mais se déplaçant toujours beaucoup à travers la France rurale. En 1959, sa candidature au Sénat dans le Lot-et-Garonne échoue. Il retrouve un mandat local en août 1961 quand il est élu conseiller général du Mas d'Agenais à l'occasion d'une élection partielle, réélu en 1964, 1970 et 1976. Il reconquiert son siège de député, dans la deuxième circonscription de Lot-et-Garonne, en 1962, siège conservé en 1967 mais perdu en 1968. Il redevient député en 1973 et il est réélu en 1978. De 1973 à 1981, il a également été membre du Conseil régional d'Aquitaine. Seules les deux vagues gaullistes de 1958 et 1968 lui ont coûté son siège au Parlement. Toutefois, le temps des échecs - lié à l'âge et aux dissensions de la gauche locale - arrive paradoxalement au moment où la gauche accède au pouvoir y compris les communistes. Hubert Ruffe cherche à deux reprises, vainement, à retrouver son siège de député, en 1981 et 1986 et il perd son siège de conseiller général en 1982. Désormais, le vieil homme, veuf, se retire à la maison de retraite de Penne d'Agenais où il finit sa vie, presque centenaire, en 1995.
Comme l'écrit Olivier Dartigolles : "Communiste des champs ...Hubert Ruffe fait fructifier l'héritage légué par Renaud Jean. En Lot-et-Garonne, la mémoire collective conserve le souvenir des jacqueries, des mouvements protestataires, de la solidarité rurale et de l'activité des militants communistes sous l'Occupation ...Hubert Ruffe est un des élus aquitains qui incarnent le mieux le communisme rural".

RUFFE (Hubert, Maxime)
Né le 29 août 1899 à Penne-d'Agenais (Lot-et-Garonne)
Décédé le 28 août 1995 à Penne-d'Agenais (Lot-et-Garonne)

Député du Lot-et-Garonne de 1945 à 1951, de 1956 à 1958, de 1962 à 1968 et de 1973 à 1981

Député sortant, Hubert Ruffe se présente aux premières élections législatives de la Ve République en 1958, dans la 2e circonscription du Lot-et-Garonne, celle de Marmande, un « bastion » du Parti communiste français (PCF) dont l'emblématique représentant du communisme rural, Renaud Jean, fut l'élu dans l'entre-deux-guerres. Hubert Ruffe a comme suppléant Léopold Rambeau, cultivateur et maire d'Armillac. Sept concurrents se disputent le siège. Au premier tour, Hubert Ruffe arrive en deuxième position avec 10 888 voix, soit 27,7 % des suffrages exprimés, derrière Joseph Turroques, conseiller général et maire de Casteljaloux, candidat des Indépendants et paysans d'action sociale (IPAS), arrivé en tête avec 35,75 %. Le candidat radical Yves Grassot, maire de Marmande obtient 15,96 % des suffrages et le candidat de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), Jean Nenon, en recueille 6,8 %. Au second tour, Hubert Ruffe, qui n'a bénéficié que d'un faible report des voix de gauche (à peine plus de 3 000) recueille 13 966 voix, soit 36 % des suffrages exprimés, et c'est Joseph Turroques qui remporte donc le siège avec le score imposant de 64 %. Manifestement déstabilisé par le passage au scrutin d'arrondissement majoritaire à deux tours et isolé par l'échec de son appel à voter « non » au référendum constitutionnel du 28 septembre, le Parti communiste, qui était arrivé très largement en tête dans les limites de la même circonscription lors des dernières élections, au scrutin de liste, en 1956, a donc perdu la première place et plusieurs milliers de voix. Pourtant, dans cette circonscription rurale où l'implantation électorale communiste remonte aux années 1920, le PCF bénéficie encore, et pour longtemps, d'une forte audience.

Sans mandat local depuis son échec aux élections cantonales d'avril 1958 dans le canton de Lavardac, dont il était l'élu depuis 1951, Hubert Ruffe est rappelé par la direction nationale du PCF pour collaborer aux travaux de la section agraire. Il emménage à Arcueil, mais continue de sillonner les campagnes françaises, et de suivre de près la politique en Aquitaine. Il se porte d'ailleurs candidat, mais sans succès, aux sénatoriales du 26 avril 1959 dans le Lot-et-Garonne. Il renoue peu de temps après avec la victoire et la carrière élective, en remportant une élection partielle en août 1961 dans le canton du Mas d'Agenais, succédant à Renaud Jean au siège de conseiller général.

Hubert Ruffe se représente aux élections législatives qui suivent la dissolution de l'Assemblée nationale de 1962, dans la même circonscription qu'en 1958, à nouveau accompagné de Léopold Rambeau. Au premier tour, le 18 novembre, il y a six candidats en lice et Hubert Ruffe arrive cette fois en première position, remportant 11 994 voix, soit 33,1 % des suffrages exprimés. Il devance Raymond Fourcade, adjoint au maire de Marmande et « candidat national » gaulliste (24 %), le député sortant Joseph Turroques n'arrivant qu'à la troisième place avec 23,5 % des voix. Au second tour, le 25 novembre, le candidat communiste l'emporte d'une très courte avance contre Raymond Fourcade, avec 19 140 voix, soit 50,84 % des 37 645 suffrages exprimés. Ce score très serré montre que la vie politique s'est très nettement bipolarisée depuis 1958, chaque candidat ayant fait cette fois-ci le plein des voix de gauche ou de droite au second tour (Hubert Ruffe ayant en l'occurrence bénéficié en plus d'une légère augmentation de participation entre les deux tours).

A l'Assemblée nationale, Hubert Ruffe s'inscrit au groupe communiste. Il est membre de la commission de la production et des échanges, et par ailleurs membre de deux commissions spéciales chargées d'examiner des projets de loi relatifs au monde rural, en mai 1963, celui pour l’amélioration de la production et de la structure de la forêt française, et en juin 1963, celui de la proposition de loi d’Edmond Bricout, sur les modalités de l’économie contractuelle en agriculture. Pendant cette législature, Hubert Ruffe ne dépose pas de proposition de loi, mais il intervient plus d'une vingtaine de fois en séance publique, essentiellement sur des questions agricoles, étant l'élu d'un département où l'agriculture, omniprésente, produit à la fois de la vigne, des céréales, des fruits, des légumes et du tabac, sans oublier les gemmeurs landais. Hubert Ruffe prend ainsi la parole pour débattre sur les aides aux victimes des calamités agricoles, sur le marché commun des produits agricoles, sur les prix, sur les revenus, sur les baux ruraux, ou encore sur l'accès aux prêts des caisses de crédit agricole. Le 27 octobre 1964 par exemple, il critique durement la politique menée par le ministre Edgard Pisani et, en particulier, sa grande « loi d’orientation agricole » de 1962, qui vise selon le député communiste à « favoriser la concentration agraire au profit de la grande propriété foncière capitaliste ».

Pendant cette législature, Hubert Ruffe vote en conformité avec le groupe communiste auquel il appartient.

Réélu conseiller général du canton du Mas d'Agenais en 1964, il se représente dans la 2e circonscription du Lot-et-Garonne aux élections législatives de 1967. Il a Marcel Drouilhet, cultivateur, comme suppléant. Au premier tour, il arrive assez largement en tête des six candidats, avec 15 115 voix, soit 34,1 % des suffrages exprimés (et plus de 3 000 suffrages supplémentaires par rapport à 1962), devant Joseph Turroques (22,5 %), Alfred Mardegan, le candidat gaulliste (16,3 %), et le socialiste Maurice Cazassus (15,8 %). Pour le second tour, en application de l'accord national de désistement réciproque conclu entre le PCF et la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) le 20 décembre 1966, celle-ci décide de retirer son candidat Maurice Cazassus et appelle à voter pour Hubert Ruffe. Le 12 mars, le député communiste sortant est donc réélu contre son rival Joseph Turroques, une fois encore par une victoire très serrée, avec un score de 50,98 % des suffrages exprimés (22 701 voix).

A l'Assemblée nationale, il s'inscrit au groupe communiste et retrouve la commission de la production et des échanges. Pendant cette très courte législature, interrompue par la dissolution annoncée le 30 mai 1968, il dépose deux propositions de loi, relatives à la lutte contre l'alcoolisme (30 juin 1967) et à l'organisation du régime de garantie contre les calamités agricoles (25 octobre 1967). Il intervient moins d'une dizaine de fois en séance, presque exclusivement à propos des calamités agricoles (délais nécessaires pour être indemnisés, fonds de garantie...). Il vote pendant cette législature à l'unisson du groupe communiste.

Hubert Ruffe se représente aux élections législatives de 1968 dans la 2e circonscription du Lot-et-Garonne, avec de nouveau Marcel Drouilhet pour suppléant. La compétition s'est clarifiée depuis 1967, avec deux candidats de moins, mais cette situation nouvelle ne va pas lui bénéficier, dans un contexte national défavorable aux candidats communistes. Le PCF est en effet mis en accusation par le gouvernement pour les troubles du mois de mai 1968, et le climat ambiant, marqué par la volonté du retour à l'ordre, favorise les candidats du pouvoir gaulliste en place. De plus, la crise a entraîné une division de la gauche.

Au premier tour, Hubert Ruffe améliore son score de 1967, avec 15 754 voix, soit 36,9 % des suffrages exprimés, et arrive en première position, devant Guy Bégué, candidat gaulliste de l'Union pour la défense de la République (UDR) (29,89 %), le socialiste Jean Fenouillet (17,2 %) et Jacques Aurin, candidat Républicain Indépendant Ve République (16,05 %). Au second tour, le 30 juin, Hubert Ruffe est battu avec 21 032 voix, soit 49,18 % des suffrages exprimés, par Guy Bégué, qui l'emporte avec 701 voix de plus que le candidat communiste. Il a manqué à ce dernier pour l'emporter au deuxième tour plus de 2 000 voix des électeurs de gauche du premier tour, signe que les dissensions nationales entre les socialistes et les communistes engendrées par la crise de mai 1968 affectent aussi le Lot-et-Garonne. Privé donc de mandat national sous la IVe législature, Hubert Ruffe se concentre sur son ancrage local. Il se représente aux élections cantonales de 1970 et est réélu conseiller général du Mas d'Agenais.

Hubert Ruffe se présente de nouveau aux législatives de 1973, dans la 2e circonscription du Lot-et-Garonne, dans le contexte porteur engendré par la signature l'année précédente du « programme commun de gouvernement de la gauche unie » entre le PCF, le Parti socialiste et les Radicaux de gauche. Il a cette fois-ci Auguste Brunet, membre du comité central du PCF et premier secrétaire de la fédération du Lot-et-Garonne, comme suppléant. Au premier tour, le candidat communiste arrive en tête avec 16 610 voix, soit 36 % des suffrages exprimés, suivi par le député sortant Guy Bégué sous l'étiquette de l'Union des républicains de Progrès (URP) (31,6 %), le radical-socialiste Michel Grassot (14,9 %), le socialiste Henri Emmanuelli (13,9 %) et le candidat de l'Alliance républicaine indépendante et libérale (ARIL) Gérard Belmas (3,6 %). Au second tour, bénéficiant du désistement et du soutien apportés par les socialistes et les radicaux sur sa candidature, ainsi que d'une légère augmentation de la participation en sa faveur, Hubert Ruffe reconquiert son siège, avec une très courte avance cependant contre Guy Bégué, en réunissant sur son nom 23 902 voix soit 50,8 % des suffrages exprimés.

A l'Assemblée nationale, il s'inscrit au groupe communiste le 2 avril 1973, et siège à nouveau à la commission de la production et des échanges. Pendant cette législature, il présente trois propositions de loi, qui concernent toutes le monde agricole, à savoir les conditions d'attribution de l'indemnité viagère de départ (24 mai 1973), l'organisation du régime de garantie contre le calamités agricoles (8 octobre 1975) et le financement de la protection de la forêt contre les incendies dans les départements de la Dordogne, de la Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne (7 avril 1976). Ses questions et ses interventions en séance (deux par an en moyenne) sont de nouveau centrées sur l'agriculture et très souvent liées directement à la situation des exploitants d'Aquitaine (primeurs et viticulteurs du Lot-et-Garonne, gemmeurs de Gascogne etc.). Il vote toujours en conformité avec le groupe communiste.

Parallèlement à sa carrière parlementaire nationale, Hubert Ruffe poursuit et renforce son ancrage local. Il se fait en effet réélire conseiller général du Mas d'Agenais en 1976, et siège au conseil régional d'Aquitaine à partir de novembre 1973.

Hubert Ruffe se représente aux législatives de 1978, dans la même circonscription, et à nouveau avec Auguste Brunet, élu conseiller général entre temps, comme suppléant. Au premier tour, le député communiste sortant arrive aisément en première position, avec 17 011 voix, soit 32,2 % des des 52 841 suffrages exprimés, loin devant le candidat de droite Pierre Wind (22,8 %) et le candidat socialiste Gérard Gouzes (21,4 %). En vue du deuxième tour, et en application de l'accord national conclu entre les communistes, les socialistes et les radicaux de gauche, Gérard Gouzes se désiste au profit d'Hubert Ruffe. Celui-ci est élu le 19 mars avec 28 739 voix, soit 53,5 % des suffrages exprimés, face à Pierre Wind (46,5 %).

A l'Assemblée nationale, Hubert Ruffe s'inscrit de nouveau au groupe communiste et rejoint la commission de la production et des échanges. Pendant cette législature, il dépose trois propositions de loi, dont deux relatives à l'agriculture (18 avril et 22 mai 1979) et une concernant l'accès au droit à la retraite du combattant des titulaires de la carte du combattant ayant eu une absence illégale au cours de la guerre 1914-1918, qui n'ont pas failli à l'honneur au cours du conflit de 1939-1945 (24 avril 1979). Il intervient une petite dizaine de fois en séance, comme à son habitude pour défendre des intérêts agricoles, en particulier le 4 juin 1980 pour alerter sur la « dégradation de la production tabacole » et dénoncer le « processus de privatisation de l'industrie tabacole française » entraînée, selon lui, par le projet de loi portant modification du statut de la société d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (SEITA). Il vote par ailleurs à l'unisson du groupe communiste auquel il appartient.

Hubert Ruffe se représente aux élections législatives en 1981 dans la même circonscription, avec Auguste Brunet comme suppléant. Au premier tour, il arrive cependant en deuxième position avec 31,3 % des voix (15 092 des 48 151 suffrages exprimés) derrière le candidat socialiste Gérard Gouzes (31,9 %), dans un contexte national marqué par un fort recul du PCF, et devant Jean-Pierre Fourcade, candidat « parachuté » (bien qu'originaire de Marmande) de l'Union pour la démocratie française (UDF), ancien ministre et sénateur-maire de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) et ancien ministre (22,5 %) et Pierre Wind, candidat Divers droite (14,3 %). Au second tour, Hubert Ruffe se désiste au profit du candidat de gauche mieux placé que lui, Gérard Gouzes, qui l'emporte avec 64,7 % des suffrages exprimés, contre Jean-Pierre Fourcade (35,3 %).

Il est à nouveau présent lors des élections de 1986 dans le Lot-et-Garonne, qui se déroulent au scrutin de listes départementales proportionnel à un seul tour. Hubert Ruffe figure en deuxième position sur la liste présentée par le PCF, derrière Jean-Claude François, ancien secrétaire parlementaire d'Hubert Ruffe et conseiller municipal de Casteljaloux. La liste remporte 19 578 des 171 546 suffrages exprimés, soit 11,4 % des voix, mais n’obtient aucun des trois sièges de député à pourvoir (deux vont à la droite et un PS).

Hubert Ruffe, alors âgé de 87 ans, n’exerce alors plus aucun mandat. Il ne siège plus au conseil régional d'Aquitaine depuis 1981, et n'a pas été réélu conseiller général lors des élections de 1982 qui ont vu le PCF perdre à cette occasion 45 cantons.

Il se retire dans la maison de retraite de Penne d'Agenais, dans le Lot-et-Garonne, où il s'éteint, à la veille de son quatre-vingt-seizième anniversaire, le 28 août 1995. Lors de ses obsèques, qui se déroulent le 2 septembre, un long hommage lui est rendu. La fédération communiste du Lot-et-Garonne reçoit de nombreux messages, dont ceux de Georges Marchais, de Pierre Zarka, directeur de L'Humanité, d'Alain Bocquet, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, et de Robert Hue, secrétaire national, qui rend hommage au militant et au résistant, mais salue « également l'élu intègre, le conseiller général et régional, celui qui exerça avec talent son mandat de député pendant près de quarante ans ».

Hubert Ruffe s'était marié en 1932 avec Léonce Vrignon, militante communiste, décédée en 1962. Il était chevalier de la légion d'Honneur et titulaire de la médaille de la Résistance avec rosette. Il avait également reçu la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance et la Croix du Combattant volontaire 39-45, et faisait partie du comité d'honneur de l'Association des anciens combattants de la résistance (ANACR) du Lot-et-Garonne. Il avait accepté de paraître sur grand écran dans un film de Jean-Daniel Simon, Il pleut toujours où c'est mouillé, diffusé en 1974, qui mettait en scène les difficultés matérielles d'un couple paysan dans un petit village du Lot-et-Garonne, en plein période électorale. Dans cette fiction engagée, qui reçut le prix Paul Vaillant-Couturier en 1975, Hubert Ruffe incarnait son propre rôle, celui d'un parlementaire particulièrement actif et dévoué.