Mohamed Bengana

1914 - 1996

Informations générales
  • Né le 21 décembre 1914 à Biskra (Algérie)
  • Décédé le 25 août 1996 à Palma-de-majorque (Espagne)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 21 décembre 1914 à Biskra (Algérie)

Député de Constantine de 1951 à 1955

Originaire de Biskra, dans le Sud Constantinois, Mohamed Bengana était ingénieur diplômé de l'Institut agricole d'Algérie. Il remplissait aussi les fonctions de bachaga des Ziban et d'arabe Cheraga. En 1945, à l'issue de la guerre qu'il termine comme lieutenant de réserve de cavalerie, il est élu conseiller général de Biskra, mandat qu'il conserve jusqu'en 1958. En 1947, il devient vice-président de l'Assemblée financière de l'Algérie et de 1948 à 1950, il est délégué des territoires du Sud à l'Assemblée algérienne.

A la suite de la démission de Ferhat Abbas, Mohamed Bengana est élu à l'Assemblée de l'Union française, en 1950. Au sein de celle-ci, il fait partie de la Commission des affaires sociales et de celle des relations extérieures mais il n'intervient pas dans les travaux. Ses ambitions sont en effet plus larges.

Aux élections du 17 juin 1951, il figure en seconde position sur la liste des Indépendants progressistes, derrière Abdelkader Cadi, pour le deuxième collège de la première circonscription de Constantine. Sa liste recueille une majorité écrasante (153 729 voix sur 167 632 suffrages exprimés soit 91,7 %) et il est élu avec son colistier. A la suite de son élection, il démissionne le 23 août 1951 de l'Assemblée de l'Union française.

Dans la nouvelle Assemblée, Mohamed Bengana est apparenté aux républicains sociaux et nommé membre de la Commission de la famille, de celle du suffrage universel et de la Commission des affaires économiques. Ses interventions dans les débats portent toutes, à partir de novembre 1954, sur les graves événements qui se produisent en Algérie. Lors de l'interpellation du 12 novembre 1954, il dénonce les « actes de terrorisme » commis, qui ne sont pour lui, ni une insurrection ni un soulèvement, mais un moyen d'internationaliser le problème algérien.

Après avoir rendu hommage au Gouverneur général, il demande au ministre de l'Intérieur de rétablir l'ordre sans tomber dans le cycle des attentats, de la répression et du mécontentement populaire. Il critique au passage la déposition du sultan du Maroc par le gouvernement précédent, approuve les discussions ouvertes par le gouvernement Mendès-France avec le bey de Tunis, mais souligne que les problèmes algériens ne pourront être résolus que dans le cadre de la nation française. Il conclut en réclamant des mesures de développement industriel et agricole pour faire face au sous-emploi et à la sous-alimentation des masses algériennes.

Le 3 février 1955, lors d'une nouvelle interpellation sur la situation en Algérie, Mohamed Bengana développe des idées analogues. Il demande en outre qu'on associe la population à la pacification, car celle-ci subit des pressions de la part des « hors-la-loi » qui la font passer pour suspecte aux forces de l'ordre. Il insiste aussi sur les mesures économiques et sociales d'accompagnement, le retour à l'ordre et l'association de tous aux réformes. Le 29 juillet suivant, il prend part à la discussion du projet de loi prorogeant l'état d'urgence en Algérie. L'inquiétude de ses compatriotes vient selon lui non seulement des « menaces du terrorisme » mais aussi de mesures de représailles dont ils sont les victimes. Pour obtenir la détente souhaitée par le Gouverneur général, il convient que celui-ci reçoive les moyens d'agir, qu'on s'attaque aux causes profondes, économiques et sociales, du malaise algérien et qu'on applique loyalement le statut de 1947, notamment en ce qui touche à l'enseignement de la langue arabe, langue du Coran.

Sa dernière intervention se produit lors d'une nouvelle interpellation, le 13 octobre 1955. Selon lui, on assiste à une prise de conscience de la population algérienne, ce dont témoigne la motion dite des 61. Il faut y répondre en donnant aux musulmans d'Algérie toute leur place dans la conduite des affaires de la communauté algérienne, tout en la maintenant dans un ensemble français. Lors des principaux votes, le député de Biskra approuve les gouvernements successifs : il vote la loi André Marie sur les bourses et constructions scolaires, le traité de la C.E.C.A., est partisan du projet de la C.E.D., soutient Pierre Mendès-France, même le jour de sa chute. L'absence d'élections en 1956 en Algérie, en raison de la situation militaire, interrompt la carrière politique de Mohamed Bengana.

Marié et père de trois enfants, il avait été décoré de la Légion d'honneur par le général de Gaulle en 1945 et promu officier par Vincent Auriol, lors du voyage de ce dernier en Algérie.