Pierre Schneiter

1905 - 1979

Informations générales
  • Né le 13 mai 1905 à Reims (Marne - France)
  • Décédé le 17 mars 1979 à Reims (Marne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 11 janvier 1955 au 2 décembre 1955

Mandat(s)

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Marne
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Marne
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Marne
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Marne
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Marne
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie de la IVe République

SCHNEITER (Pierre)
Né le 13 mai 1905 à Reims (Marne)
Décédé le 13 mars 1979 à Reims

Député de la Marne de 1945 à 1958
Sous-secrétaire d'Etat aux affaires étrangères du 8 février 1946 au 16 décembre 1946
Sous-secrétaire d'Etat aux affaires allemandes et autrichiennes du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948
Ministre de la santé publique et de la population du 26 juillet 1948 au 11/08/1951
Président de l'Assemblée nationale du 11 janvier 1955 au 2 décembre 1955

Pierre Schneiter ne fut pas le moins étonné de son accession, à 23 h 30, le 11 janvier 1955, à la présidence de l'Assemblée. I1 remit à plus tard son discours de remerciements - qu'il n'avait manifestement pas songé à préparer - et s'en tint à quelques phrases qui traduisaient son trouble : "Mes chers collègues, c'est avec une émotion bien compréhensible, vous le sentez, que j'accède à ce fauteuil. Au début de cette séance, je ne pensais pas que les choses se passeraient ainsi."
Il est vrai que dans la matinée, le MRP - groupe auquel il appartenait - n'était aucunement décidé à présenter un candidat. Tout indiquait que l'élection se jouerait entre le président socialiste sortant, André Le Troquer, Marcel Cachin, le doyen communiste, M. Bruyneel, indépendant (qui paraissait susceptible de rassembler l'essentiel des voix modérées) et Gaston Palewski, représentant les républicains sociaux.
A la surprise générale, Pierre Schneiter devança de peu (2 voix !) le candidat indépendant, qui se désista immédiatement en sa faveur. Il se retrouva en tête au deuxième tour et l'emporta à la majorité relative au troisième. André Le Troquer devait sa défaite à la défection communiste et à la large estime dont bénéficiait son vainqueur - qui avait trouvé 30 voix au-delà même de son propre groupe.
Pierre Schneiter méritait le respect qui l'entourait. Il combinait la discrétion qui sied à une grande modestie et des qualités fortes telles que courage et détermination : le contraste qui en résultait contribuait beaucoup à l'incontestable et paradoxal charisme qu'il dégageait.
Il était né le 13 avril 1905 à Reims et s'était établi très tôt comme courtier en vins, après de brillantes études à l'Ecole des hautes études commerciales, à laquelle il resta d'ailleurs toujours très fidèle (il devint en 1960 président de son comité de direction).
Toute sa famille participa de manière résolue à la Résistance. Son frère fut fusillé. Lui-même eut une conduite assez remarquable pour être désigné comme sous-préfet de Reims en septembre 1944. Il siégea ensuite aux deux constituantes, fut réélu à l'Assemblée nationale en novembre 1946 et en juin 1951. Il occupa avec beaucoup de sérieux plusieurs postes ministériels : sous-secrétaire d'Etat aux affaires étrangères en 1946, secrétaire d'Etat aux affaires allemandes et autrichiennes en 1947-1948 (dans le cabinet Schuman), ministre de la santé publique et de la population de 1948 à 1953 ; il assura même, à plusieurs reprises, l'intérim des affaires étrangères.
C'est dire que ce n'était pas un inconnu qui accédait au fauteuil en 1955 - fonction qu'il assuma, comme les autres, avec de l'application et un bel esprit d'équité.
Il revint en particulier à Pierre Schneiter de présider la terrible séance de la nuit du 4 au 5 février 1955, qui vit la chute du gouvernement de Pierre Mendès France. Au terme d'un débat tendu et après la proclamation des résultats du scrutin, vers 4 h 50 du matin, le président du Conseil battu demanda, contre l'usage, la parole. Au bout de quelques minutes, l'Assemblée était en ébullition, plusieurs phrases de l'orateur lui ayant particulièrement déplu : "Ce qui a été fait dans ces sept ou huit mois restera. Ce qui a été mis en marche dans ce pays ne s'arrêtera pas."
Pierre Schneiter ne dut cesser d'intervenir - contre ses propres amis, qui n'étaient pas les moins agités - pour tenter d'aider Mendès France à aller au bout de son propos : "Je vous demande de montrer quelque courtoisie à l'égard de M. le président du Conseil..." ; "M. le président du Conseil démissionnaire qui va dans un instant se rendre à l'Elysée [...] m'a demandé l'autorisation de prononcer quelques mots. J'ai cru devoir lui donner la parole, car aucun article du règlement ne s'y oppose..." ; "Je vous demande, me plaçant sur le plan de l'intérêt national - car je crois qu'il y aura toujours des rassemblements nécessaires - de faire montre de courtoisie à l'égard de M. le président du Conseil qui a exercé le pouvoir pendant huit mois..." ; "Je suis obligé de faire remarquer à M. le président du Conseil qu'en effet il n'y a plus de débat. Mais M. le président du Conseil a une occasion..." ; "J'essaie de maintenir ici certaines règles de courtoisie. Je crois rendre ainsi service au pays..."
Mais malgré tous ses efforts, Mendès ne put aller au bout de son texte. Ce qui ne l'empêcha pas de décocher la flèche du Parthe : "Ce vacarme ne m'empêchera pas de dire que, par le spectacle qu'elle offre, l'Assemblée, au moment où elle vient de renverser le gouvernement républicain, ne se montre pas digne des responsabilités qui sont les siennes."
Pierre Schneiter eut encore à présider, le 29 novembre suivant, à la chute du gouvernement Edgar Faure. Après que celui-ci eut quitté la salle des séances, Schneiter eut cette phrase, que lui dictaient le règlement et l'usage : "L'Assemblée voudra sans doute laisser à son président le soin de la convoquer. " Ce furent les derniers mots qu'il prononça depuis le "perchoir".
L'Assemblée ayant été dissoute par décret du 2 décembre (c'était un choix qui pouvait prêter à des commentaires fâcheux mais qu'imposaient les circonstances...), Schneiter, réélu par son département de la Marne, fut candidat à sa propre succession. La nouvelle configuration de l'Assemblée ne lui laissait guère de chances. Du moins arriva-t-il en tête au premier tour avec 212 voix sur 562 votants - ce qui était un beau succès d'estime. Mais, dès le second tour, la cause paraissait entendue, le candidat poujadiste se maintenant et l'inévitable Marcel Cachin, fort de ses 145 voix, décidant avec son groupe, pour faire échec au "candidat de la réaction" et empêcher "tout compromis entre les partis du Front républicain et les partis de droite", de reporter ses voix sur son adversaire André Le Troquer, ainsi en mesure de prendre sa revanche au troisième tour.
Pierre Schneiter sembla n'en concevoir nulle amertume. Il siégea jusqu'à la fin de la IVème République, fut maire de Reims de 1957 à 1959, demeura conseiller général jusqu'en 1964. Il continua avec beaucoup d'assiduité à exercer les fonctions de représentant spécial au Conseil de l'Europe pour les réfugiés nationaux, fonctions qu'il avait acceptées dès décembre 1953.
Il était encore président du Conseil économique et social de Champagne-Ardenne quand il s'éteignit le 17 mars 1973.