Roger, Jules, Lucien Secrétain

1902 - 1982

Informations générales
  • Né le 25 août 1902 à Orléans (Loiret - France)
  • Décédé le 30 décembre 1982 à Orléans (Loiret - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 4 novembre 1951 au 1er décembre 1955
Département
Loiret
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance

Biographies

Biographie de la IVe République

SECRÉTAIN (Roger, Jules, Lucien)
Né le 25 août 1902 à Orléans (Loiret)
Décédé le 30 décembre 1982 à Orléans

Député du Loiret de 1951 à 1955

Roger Secrétain est né le 25 août 1902 à Orléans. Il devient subitement orphelin de père, à l'âge de trois ans. Il fréquente l'école primaire supérieure d'Orléans et obtient son brevet élémentaire à l'âge de 14 ans. Malheureusement, l'absence du père au domicile familial le contraint à abandonner les études pour celui du travail. D'abord apprenti ébéniste durant quelques mois, il est ensuite employé aux écritures à la mairie, puis surnuméraire auprès de l'administration des contributions indirectes en 1920.
Avide de culture générale, il éprouve un grand intérêt pour les arts et la musique. En 1921, il obtient le premier prix de violon au Conservatoire d'Orléans. Il effectue son service militaire en 1922 dans le corps du Train à Cosne-sur-Loire (Nièvre).
En 1927, il décide de mettre un terme à sa carrière administrative et se consacre alors aux métiers du journalisme. Roger Secrétain entre ainsi au principal quotidien d'information d'Orléans et de sa région, Le Républicain Orléanais. Cet organe de presse appartient à une famille bordelaise, également propriétaire de La Petite Gironde, un quotidien à gros tirage. Journaliste débutant, il passe par tous les échelons de conception pour accéder au poste de rédacteur. Dès lors, ses articles sont très vite remarqués, à l’instar de celui du 15 mars 1933 au sujet du buste d'Etienne Dolet inauguré quelques jours plus tôt dans les jardins de la mairie.
Passionné de littérature - de philosophie et de poésie notamment -, il fonde, dans les années Vingt, une sorte d'université populaire dans un café, rue de la gare, avec un groupe d'amis parmi lesquels figurent René Berthelot et Jean Zay. Profitant de l'effervescence qui anime l'Orléans de l'entre-deux-guerres, ce "groupe de jeunes", ainsi qu'ils le nomment, multiplie les occasions de diffuser ses idées et écrits, fondant successivement deux revues entre 1924 et 1927, Le Grenier et Le Mail. Nombre d'entre eux auront d'ailleurs, par la suite, une carrière littéraire plus qu'honorable.
En 1938, il devient rédacteur en chef du Républicain Orléanais. Les bombardements de mai-juin 1940 le contraignent à quitter Orléans pour la ville de Bordeaux où il travaille pendant quelques mois à La Petite Gironde. Les locaux du Républicain Orléanais détruits, les propriétaires bordelais font l'acquisition des installations du Journal du Loiret (ancien quotidien orléanais de droite racheté avant guerre par deux éditions hebdomadaires), afin de permettre la publication d'un nouveau titre, Le Républicain du Centre, seul quotidien local autorisé sous l'occupation. Un nouveau rédacteur en chef est nommé ; Roger Secrétain traite alors surtout de l'information locale : déblaiements de la ville, reconstruction, problèmes de ravitaillement, urbanisation future.
Expulsé du journal en 1942, il entre en contact avec des milieux parisiens d'obédiences politiques différentes, mais tous animés par le même refus de l'occupant. Dans l'hiver 1942-1943, il constitue, sous le pseudonyme d'Alfonso, le groupe orléanais du mouvement national Libération Nord, avec Pierre Segelle (alias Clovis). Placé sous la présidence d'André Dessaux, ce petit groupe rassemble, entre autres, son beau-frère Georges Carré, le docteur Chevallier, le docteur Grosbois, Robert Goupil, Paul Sougy et Charles Rochet. Il se réunit régulièrement à l'hôpital d'Orléans. Cette formation locale de Libération Nord accueille et protège des évadés et parachutés et entretient le contact avec Londres.
Avec l'assentiment de la préfecture, Roger Secrétain crée "un bureau d'enquêtes cantonales", censé effectuer des recherches historiques, géographiques et économiques. En fait, les étudiants réunis au sein de cette structure sont des agents de liaison qui établissent le contact avec des groupes locaux de résistants. A la suite de deux vagues d'arrestation en octobre et décembre 1943, le réseau Libération Nord est décimé. Roger Secrétain parvient de peu à échapper à une rafle et se cache en région parisienne. Il trouve asile dans une clinique où il rencontre le professeur Robert Debré. Il y demeure jusqu'en février 1944, date à laquelle il part pour la Suisse dans l'espoir de rallier Londres. Il est arrêté à la frontière helvétique et est interné à Sion, dans un camp de "réfugiés politiques". Profitant de ce séjour forcé, il rédige son "journal de résistance", non édité mais déposé au Centre Charles-Péguy à Orléans.
Il revient dans sa ville natale le 20 septembre 1944, soit un mois après la Libération du département. Dès son retour dans l'orléanais, le Comité départemental de Libération lui confie la réalisation et la gestion de La République du Centre, journal qui succède au Républicain Orléanais d'avant guerre et au Républicain du Centre, dont le premier numéro paraît le 27 septembre 1944. Rédacteur en chef du journal en 1944, il en devient le PDG en 1945 jusqu'à sa disparition en 1982, partageant ainsi son temps entre ses activités journalistiques et politiques.
Sollicité par ses amis politiques, Roger Secrétain se présente sous l'étiquette UDSR (Union démocratique socialiste de la Résistance) aux élections législatives de 1951, date qui marque son entrée officielle dans la vie politique.
En fait, il est candidat aux élections législatives partielles des 21 octobre et 4 novembre 1951 puisqu'il est nécessaire de remplacer le docteur Chevallier, député UDSR décédé. Neuf candidats sont en liste. Roger Secrétain est élu au deuxième tour avec 48 761 voix sur 146 573 suffrages exprimés, soit avec 33,27 % des voix. Il devance de quelques points seulement le candidat RPF Henri Duvillard (45 775 voix) et, avec un écart plus important, le candidat URR (Union républicaine et résistante) Albert Rigal (40 246 voix).
Son élection est validée le 13 mars 1952. Le député du Loiret appartient à plusieurs commissions durant son mandat : commission de la reconstruction et des dommages de guerre (1951-1955), commission des immunités parlementaires (1952-1954), puis de la commission de la presse (1953-1955) dont il devient le secrétaire en 1954. Fort de ses compétences et préoccupations professionnelles, il dépose vingt-huit textes de loi : quatorze propositions de loi, onze propositions de résolution, un avis et deux rapports. Son activité professionnelle liée à la presse l’entraîne à déposer, au nom de la commission éponyme, deux rapports (20 mars et 4 novembre 1953), une proposition de loi (7 octobre 1952) et un avis (4 mars 1955) portant sur la modification de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et la délivrance de la carte d'identité de journaliste honoraire.
Il intervient en séance publique à vingt-neuf reprises, ce qui en fait un parlementaire particulièrement actif. Au fil de la législature, il défend vingt-six amendements, deux amendements indicatifs et une motion préjudicielle. Il dépose trois amendements sur le projet de loi relatif au contrôle des ententes professionnelles (9 et 10 juillet 1952). Roger Secrétain souhaite ainsi que le temps passé obligatoirement dans l’armée pour la retraite et l’avancement des fonctionnaires et agents de l’Etat soit pris en compte. Dans la discussion du projet de loi de finances pour l’exercice 1953, il rédige un autre amendement tendant à majorer les droits sur les alcools et à en affecter le produit à la reconstruction et aux pensions des anciens combattants (21 décembre 1952). Ses initiatives parlementaires interviennent essentiellement sur les annonces judiciaires et légales (il dépose alors huit amendements), demandant l'unification des règles de publicité et l'inscription à la commission paritaire des papiers de presse, sur la nécessité d'un tirage minimum exigé pour recevoir les annonces ainsi que sur l'aspiration d'interdire des remises sur le prix des annonces. A cet égard, il est rapporteur d’une proposition de loi relative à la représentation des entreprises de presse, le 27 mars 1953. Par la suite, il participe activement à la délibération parlementaire, en amendant le projet de loi modifiant la législation sur les habitations à loyer modéré. Par ailleurs, il dépose trois autres amendements sur le projet de loi relatif aux dépenses des ministères, pour l’exercice 1954 (chapitre Radio-diffusion-télévision française). Enfin, il est rapporteur pour avis d’une proposition de loi relative au fonctionnement de la Caisse des lettres. Il souhaite la prolongation des droits d’auteur des écrivains modernes, le 22 mars 1955.
Ses interventions ne se bornent pas au champ d'application de ses nominations. Roger Secrétain s'exprime en effet activement sur de nombreuses et diverses questions : procédure exceptionnelle de vote par correspondance en faveur de certaines catégories d'électeurs, commémoration de l'armistice du 8 mai 1945, réorganisation du service de la répression des fraudes, recrutement de l'armée, autorisation de transformation d'emplois et réforme de l'auxiliariat. Les sujets relatifs à la fiscalité et aux réformes économiques, notamment agricoles, se trouvent aussi au cœur de ses domaines d'interventions au cours de son mandat. Le 24 juin 1954, il dépose, par exemple, une proposition de loi tendant à créer le titre d'expert économique et accorde un intérêt particulier à la défense et à la compétitivité des exploitations et des prix agricoles Plusieurs de ses initiatives parlementaires vont dans ce sens ; proposition de loi du 30 décembre 1953 concernant l'organisation et l'assainissement du marché du vin et l'orientation de la production viticole ; proposition de loi du 26 mars 1954 pour la sauvegarde des intérêts légitimes des planteurs de betteraves frappés par la fermeture des distilleries; proposition de loi du 23 février 1955 demandant la création d'un carburant agricole qui permettrait de faire face aux besoins des exploitations agricoles ; proposition de résolution destinée à étendre aux bâtiments d'exploitation agricoles les dispositions relatives aux primes d'amélioration de l'habitat rural ; proposition de résolution du 31 octobre 1955 sur la nécessaire harmonisation des prix industriels et agricoles afin de rendre l'agriculture française compétitive sur le marché international et diverses interventions.
Au cours de cette législature, Roger Secrétain vote en faveur de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), en décembre 1951, ainsi que pour les investitures de Pinay (mars 1952), de Laniel (juin 1953), de Mendès-France (juin 1954) et d'Edgar Faure (février 1955). Il adopte une position multiple concernant la politique indochinoise dans la mesure où s'il abstient volontairement sur l'ordre du jour de René Kuehn concernant les interpellations sur l'Indochine le 27 octobre 1953 et vote contre l'ordre du jour Sesmaisons en mars 1954. Il se prononce en faveur de la question de confiance, le 12 juin de la même année. Il s'oppose à la question préalable du général Aumeran et d’Edouard Herriot, hostile à la ratification du traité de Paris (CED, 30 août 1954). En revanche, il répond favorablement à l'entrée de la RFA dans l'OTAN (octobre 1954), à la ratification des accords de Paris (projet de loi Billotte; décembre 1954), ainsi qu'à la question de confiance posée par Mailhé sur la situation en Afrique du Nord (février 1955). Enfin, il n'adhère pas à la question de confiance posée contre la proposition de la conférence des présidents, repoussant le débat sur la date des élections et le projet de réforme électorale (novembre 1955).
En 1955, Roger Secrétain est désigné membre du cabinet Pineau constitué mais non invest. Il est, par ailleurs, président du groupe UDSR à l'Assemblée nationale.
Aux élections législatives de 1956, il sollicite le renouvellement de son mandat, mais il n'est pas réélu. Il n'obtient que 15 185 voix sur 183 140 suffrages exprimés, largement distancé par les candidats du parti communiste, de la SFIO, du parti radical, du MRP, du groupement national des indépendants d'action démocratique et paysanne et même par le candidat poujadiste.
Sous la Cinquième République, il se consacre alors pleinement à la politique locale de la ville d'Orléans, tant son souhait de l'élever au rang de capitale régionale est grand. Conseiller municipal d'Orléans depuis 1953, il est élu maire de cette ville en 1959, réélu en 1965, puis battu en 1971. Il jette ainsi les fondements de la politique urbanistique du quartier de la Source et fonde, en 1966, la maison de la culture d'Orléans. Président fondateur de l'association des maires du Loiret, il est également, en qualité de maire de chef lieu de région, membre de droit du Conseil régional de la région Centre de 1964 à 1971.
Analyste, penseur, biographe et critique, Roger Secrétain est l'auteur de nombreuses publications dont les plus célèbres et significatives sont : Destins du poète (1937), Péguy, soldat de la Vérité (1941 et plusieurs éditions) suivi de Péguy aujourd'hui (1972), Quand montait l'orage (1946), Chroniques (5 volumes, 1949-1976), Orléans (1972), Ceux qui ont éclairé nos chemins (1977), Sagesse du Pessimisme (1978), Un sculpteur maudit : Gaudier-Brzeska (1980).
Commandeur de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre national du Mérite, Chevalier des Arts et Lettres, titulaire d'une bourse de littérature de la Fondation Blumenthal (1936), Roger Secrétain était également titulaire de diverses décorations étrangères : Commandeur de l'Ordre national du Mérite de la République italienne et Officier du Mérite de la République d'Allemagne.
Marié à Cécile Carré, institutrice, devenu veuf le 28 mars 1971 et père d'un fils unique, Michel, Roger Secrétain est décédé le 30 décembre 1982 à Orléans.