Pierre, Emile Guillain de Bénouville

1914 - 2001

Informations générales
  • Né le 8 août 1914 à Amsterdam (Pays-bas)
  • Décédé le 5 décembre 2001 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 5 juillet 1951 au 1er décembre 1955
Département
Ille-et-Vilaine
Groupe
Rassemblement du peuple français
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 décembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Ille-et-Vilaine
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 14 juin 1970 au 1er avril 1973
Département
Paris
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Paris
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 4 décembre 1981
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 18 janvier 1982 au 1er avril 1986
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Paris
Groupe
Rassemblement pour la République

Biographies



Né le 8 août 1914 à Amsterdam (Pays-Bas)

Député de l'Ille-et-Vilaine de 1951 à 1955

Pierre de Bénouville est le fils d'un officier de carrière devenu agent commercial. Il est élève au lycée Lakanal, puis, se destinant à la littérature, il poursuit des études de lettres jusqu'à la licence. Dans ses souvenirs de la période de la guerre, le Sacrifice du matin, le futur général de Bénouville se qualifie lui-même dans sa jeunesse de « royaliste de tradition et de raison ». Jusqu'au 6 février 1934, il milite dans les rangs de l'Action française, mais rompt avec elle à cause de l'attitude pusillanime de Maurras lors de ces événements. Il définit en ces termes ses options politiques de la fin des années 1930 : « Nous continuâmes à penser que la guerre approchait, qu'il faudrait y faire face ; que si nous ne transformions pas le régime, nous ne serions pas alors en état de tenir les engagements pris par la France, et que les changements de ministères ne pouvaient, en aucune manière, remédier aux maux tragiques que nous dénoncions ».

Parallèlement à ces engagements politiques, Pierre de Bénouville entame une carrière de journaliste et d'essayiste. En 1936, il collabore au Pays libre, organe du Jeune front et publie la même année, Baudelaire le trop chrétien que suivront des monographies sur Chateaubriand, Stendhal, Pascal ou des essais comme Les soirées d'Altkirch (1938) ou Le réveil du paganisme, dirigé contre l'Allemagne hitlérienne.

Mobilisé dans l'infanterie, il est sur le front d'Alsace lors de l'attaque du 10 mai 1940. Avec son unité, il se bat jusqu'à l'armistice et est fait prisonnier par les Allemands à Bruyères dans les Vosges. Avec quelques camarades, il parvient à s'évader et gagne à pied la zone sud et la région de Nice. Pour survivre, il reprend son métier de journaliste et collabore à l'Alerte jusqu'en 1942. Cependant, dès la fin de 1940, il noue des contacts avec des hommes décidés à résister et tente, en février 1941, de rejoindre Londres en passant par l'Afrique du Nord. Mais dès l'arrivée du bateau à Alger, Pierre de Benouville est arrêté avec ses compagnons à la suite d'une trahison. Ramené en France, il est emprisonné à Toulon. Lors de sa détention, il écrit son nouveau livre, Saint-Louis ou le printemps de la France. Toutefois, le tribunal militaire chargé de le juger conclut son procès par un acquittement et Pierre de Bénouville est libéré. Il reprend alors ses contacts avec les mouvements de résistance sur la Côte d'Azur, tout en continuant d'assurer une chronique littéraire dans son ancien journal, à titre de couverture. Il effectue notamment plusieurs missions en Suisse pour assurer les relations des résistants avec Londres et devient bientôt un maillon important d'un réseau de renseignements couvrant la zone sud, Radio patrie.

Les difficultés de ce mouvement, l'invasion de la zone sud, l'amitié de Jacques Renouvin, favorable à la France libre, amènent Pierre de Bénouville à entrer en relation avec Henry Frenay et le mouvement Combat qui fusionne avec Franc Tireur et Libération au sein des Mouvements Unis de la Résistance (M.U.R.) puis du Mouvement de Libération nationale (M.L.N.). Il se rallie ainsi définitivement à la Résistance gaulliste, alors que jusqu'alors il travaillait surtout avec le gouvernement britannique.

En juin 1943, Pierre de Bénouville devient membre du comité de direction des M.U.R. où il est chargé de la direction des services militaires. Il mène alors la vie clandestine des chefs de la Résistance, alternativement à Lyon, à Paris ou dans diverses missions en France et en Suisse. Malgré ces circonstances difficiles, il parvient à épouser une jeune fille qu'il a rencontrée au début de l'Occupation, Georgie Lemonnier, avec l'aide d'un maire et d'un prêtre acquis à la Résistance. Au printemps 1944, il gagne Alger par l'Espagne et rencontre le général de Gaulle afin de mettre au point le plan de réduit national chargé d'épauler le débarquement allié en libérant une partie du territoire français. A la mi-mai, il obtient de commander une section d'infanterie des Forces françaises libres sur le front d'Italie. Il participe aux combats pour la libération de Rome au sein du 8e régiment des tirailleurs marocains. De retour à Alger, il est nommé, le 19 juin, avec Bertin, à la direction du bureau F.F.I. nouvellement créé et rattaché directement au Commissariat à la guerre.

En juillet 1944, Pierre de Bénouville est envoyé en France rejoindre le chef du C.O.M.A.C., le général Revers, dans la région de Rodez. Il est grièvement blessé au cours de cette mission dans un accident de voiture. Il maintient les contacts avec Alger pendant sa convalescence et insiste pour que le gouvernement provisoire soit représenté dans les zones déjà libérées du Massif Central. Opéré en septembre 1944 à Montpellier, il retrouve ses camarades de combat dans Paris libéré et décide alors d'écrire Le sacrifice du matin, afin de maintenir le souvenir de la Résistance. Le livre paraîtra en 1946.

Après la guerre, Pierre de Bénouville est homologué dans le grade de général de brigade, est fait compagnon de la Libération et décoré de la Croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la Résistance. De mai 1945 à janvier 1946, il est chargé de mission auprès de Jacques Soustelle, ministre de l'Information, puis des colonies, dans le cabinet du général de Gaulle. En 1946 et 1947, il effectue divers voyages et prononce de nombreuses conférences sur l'histoire de la Résistance. Mais, dès la fondation du R.P.F. par le général de Gaulle, il reprend son combat politique et fait partie du conseil de direction de ce mouvement à partir de 1949.

Aux élections du 17 juin 1951, il dirige la liste de ce parti dans l'Ille-et-Vilaine. Sa liste arrive en seconde position derrière celle du MRP avec 71 468 voix (23,4 %) et il est ' élu avec son second de liste Francis Samson. Pendant la législature, il appartient à la Commission de la défense nationale et à celle de la presse, puis à celle de l'éducation nationale.

Pierre de Bénouville est un parlementaire actif. Il rédige 17 propositions de résolution ou rapports, principalement au nom de la Commission de la défense nationale ; le plus important de ces rapports concerne l'élévation du général Leclerc, à titre posthume, à la dignité de Maréchal de France (20 juin 1952). Il intervient aussi à maintes reprises dans les débats. Ainsi, le 29 décembre 1951, il profite de la discussion du budget de la défense nationale pour regretter l'insuffisance des crédits militaires. Il dénonce l'illusion qui consiste à compter sur l'aide étrangère pour faire face aux engagements internationaux de la France et conclut par le vœu de la formation d'un large gouvernement d'union nationale auquel serait associé son parti. Le 4 juin 1953, lors du débat d'investiture du président du Conseil désigné, Pierre Mendès-France, Pierre de Bénouville explique les raisons de la défiance de son mouvement à son encontre. Il ne peut en effet souscrire au programme de désengagement et de négociation que Pierre Mendès-France avait esquissé en novembre 1950. Il proclame sa solidarité avec le corps expéditionnaire français en Indochine, son attachement à ce territoire et son refus du projet de la Communauté européenne de défense. Il conclut par ces paroles : « Nous ne sommes pas en Indochine uniquement parce que nous servons l'honneur de nos couleurs, nous sommes les soldats qui gardent le bastion avancé de la civilisation qu'en aucun cas ils ne peuvent abandonner ». Au nom de ces thèses, il s'oppose, le 6 novembre suivant, à la motion de J.M. Flandin, qui tend à retarder la levée de. l'immunité parlementaire des députés communistes impliqués par l'application de la loi du 11 mars 1950 sur la démoralisation de l'armée. Au cours de l'année 1954, Pierre de Bénouville revient à la charge à plusieurs reprises contre les partisans de la négociation et de l'abandon en Indochine. Le 9 mars notamment, il souligne qu'après les efforts financiers et humains consentis par la France pendant sept ans, traiter avec le Vietminh n'est pas possible. Il conclut en affirmant sa confiance dans la victoire des troupes françaises. Le 13 mai suivant, il dénonce les erreurs politiques et militaires qui ont abouti à la bataille de Dien Bien Phu mais pense qu'un redressement de la situation est possible. Il réitère cette position le 12 juin, en demandant au gouvernement de se donner les moyens de vaincre. Selon lui, c'est la querelle non résolue de la C.E.D. qui paralyse le Parlement et il souhaite une fois de plus la constitution d'un gouvernement de salut public qui romprait avec le régime d'Assemblée. Lors du débat d'investiture de Pierre Mendès-France, cinq jours plus tard, Pierre de Bénouville renouvelle ses réserves de 1953. Pour lui, les événements récents ne doivent pas faire conclure à la négociation, mais au contraire à l'augmentation des moyens du corps expéditionnaire pour gagner la bataille du delta.

Le 22 juillet suivant, après la fin de la conférence de Genève, Pierre de Bénouville dresse un tableau très sombre de l'évolution probable de l'Indochine. La France, pour lui, a failli à sa tâche de défense de la civilisation en abandonnant les catholiques locaux, elle a perdu « des cadres irremplaçables de notre armée qui, pour une partie, avaient été forgés dans la France libre et dans la Résistance ». Il craint, pour conclure, que des problèmes du même type se posent en Afrique du Nord et dénonce les négociations éventuelles avec les mouvements indépendantistes du Maroc et de la Tunisie. Après l'échec de la C.E.D., contre laquelle il s'est toujours dressé, le 30 août 1954, Pierre de Bénouville vote la ratification des accords de Paris qui aboutissent au réarmement de l'Allemagne, pour soutenir l'Alliance atlantique et faire pièce à l'armée de l'Allemagne de l'Est qui existe déjà.

Le 3 mars 1955, lors de la discussion d'une proposition de loi relative à la désignation des personnes contraintes au travail en pays ennemi, il s'élève contre l'expression « déporté au travail », qui instaure une confusion avec les vrais déportés et porte atteinte au « capital moral » de la Résistance.

La dernière intervention importante du général de Bénouville porte sur la situation au Maroc, au cours d'une discussion d'interpellation, le 7 octobre 1955. Il y critique la politique menée par le gouvernement Edgar Faure dont il a pourtant voté l'investiture, y voyant les prémisses de l'abandon qu'il refuse : « Nous devons au Maroc la présence française qui assure la justice sociale, la justice tout court, le droit des gens ».

Après la dissolution de l'Assemblée nationale, Pierre de Bénouville conduit la liste des républicains sociaux en Ille-et-Vilaine et recueille 30 962 voix (8,6 % des suffrages). Il perd donc son siège au profit de la S.F.I.O. dont la liste le devance de peu avec 8,8 % des voix.

Pierre de Bénouville n'est pourtant pas absent de la vie publique pendant les dernières années de la IVe République, car il a été élu maire de la Richardais (Ille-et-Vilaine) en mai 1953 et il continue de s'adresser à l'opinion comme directeur de l'Oise libérée (à partir de 1954) et de l'hebdomadaire Jours de France, fondé par Marcel Dassault dont il est devenu l'un des principaux collaborateurs.


Pierre de Bénouville
Né le 8 août 1914 à Amsterdam (Pays-Bas).
Décédé le 5 décembre 2001 à Paris.

(Pour la première partie de la biographie, voir le Dictionnaire des parlementaires de la IVe République).

Député de l’Ille-et-Vilaine de 1958 à 1962, puis de Paris de 1970 à 1993.

Gaulliste de la première heure, Pierre de Bénouville ne peut que se satisfaire de la naissance de la Ve République. Il y a même pris une part notable en organisant le voyage clandestin de Jacques Soustelle vers Alger. Cette contribution devient un argument de campagne à l’occasion des élections législatives de novembre 1958, où il se présente dans la cinquième circonscription de l’Ille-et-Vilaine, sous la bannière de l’Union pour la nouvelle République (UNR) : expliquant la chute de la IVe République, Pierre de Bénouville évoque « l’action décisive du 13 mai à laquelle j’ai eu l’honneur de concourir avec Jacques Soustelle ». Celui qui se présente comme « un compagnon fidèle du général de Gaulle » se place en tête du premier tour avec 34,8 % des voix. Jean Le Lann, candidat de droite sans étiquette, a obtenu un score de 26,5 %. Pierre-Henri Teitgen, ancien ministre et député sortant, n’a recueilli que 21,2 % des suffrages. Les candidats de gauche, le communiste Jean Mage et le socialiste Joseph Fournier, recueillent respectivement 6 % et 10 % des voix. Au second tour, le retrait du député sortant permet à Pierre de Bénouville d’être élu avec 18 393 voix, contre 17 458 à Jean Le Lann, les deux candidats de gauche récoltant moins de 5 000 voix.

À son retour au Palais-Bourbon, le député s’inscrit au groupe UNR et est nommé membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. Il est également en octobre 1960 membre, puis président de la commission chargée d'examiner une demande de suspension de la détention d'un membre de l'Assemblée. Il est également représentant suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Son activité parlementaire est étroitement liée aux événements algériens. Dès le 11 décembre 1958, entendu sur le règlement provisoire de l’Assemblée, Pierre de Bénouville dénonce les agissements d’une certaine presse, qui « pendant des années n’a pas travaillé dans le sens d’une Algérie française » et qui calomnie certains députés nouvellement élus. Le 15 novembre 1960, le député d’Ille-et-Vilaine prend à nouveau la parole pour défendre Pierre Lagaillarde, député d’Alger arrêté à la suite de sa participation à la semaine des barricades en janvier de la même année. En avril 1962, il dépose une proposition de loi visant à étendre la loi d’amnistie votée peu auparavant (22 mars 1962) concernant les faits commis durant les événements d’Algérie. Enfin, le 5 juillet 1962, il prend la parole pour défendre Georges Bidault, s’opposant par son discours et son vote à la levée de son immunité parlementaire : le résistant y insiste notamment sur le rôle crucial de celui qui fut président du Conseil national de la Résistance (CNR) durant la Seconde guerre mondiale.

Lors d’autres grands scrutins de la législature, le député apporte son soutien à la majorité gaulliste : il approuve le programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959), le nouveau règlement de l’Assemblée nationale régulant les possibilités d’expression des élus de la Nation (3 juin 1959), la déclaration de politique générale du Premier ministre, le 15 octobre 1959, quelques semaines après le discours du général de Gaulle évoquant l’« autodétermination » de l’Algérie, le projet de loi Debré sur le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959), les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960) et le programme du gouvernement Pompidou (27 avril 1962). Enfin, il ne vote pas la motion de censure du 4 octobre 1962.

Exclu de l’UNR en 1962 pour avoir marqué sa désapprobation à l’égard de la politique algérienne du Général, Pierre de Bénouville quitte une nouvelle fois le Palais-Bourbon avec amertume. Cet échec n’éloigne pas pour autant l’ancien Camelot du Roi de la vie publique. D’une part, il conserve sa mairie bretonne de La Richardais où il demeure jusqu’en 1971. Surtout, comme directeur de la rédaction puis PDG de Jours de France et d’autres publications, comme administrateur de la Société des avions Marcel Dassault et finalement comme principal collaborateur de l’avionneur français, Pierre de Bénouville devient le relais de son vieil ami, l’un des principaux contributeurs de la droite.

En 1970, le député gaulliste de la 12e circonscription parisienne, le colonel Pierre Bourgoin, démissionne de son mandat. Il fait appel à son compagnon Pierre de Bénouville pour pourvoir à son remplacement. Celui-ci manque, à moins de 700 voix, d’être élu dès le premier tour de cette élection partielle qui a peu mobilisé avec une participation de 47,7 %. Le second tour, face à une candidature unique de la gauche représentée par le communiste Georges Heckli, voit la victoire de Pierre Bénouville avec 56,3 % des voix.

De retour dans l’hémicycle le 15 juin, le nouveau député de Paris s’apparente au groupe UDR en octobre et participe aux travaux de la commission de la défense nationale et des forces armées. Ses deux interventions orales en séance traitent d’enjeux essentiellement locaux, concernant aussi bien la santé publique que le logement. Le député de Paris poursuit son soutien à l’exécutif en approuvant la déclaration de politique générale de Jacques Chaban-Delmas le 15 octobre 1970, la création des régions le 27 avril 1972, et enfin la déclaration de politique générale de Pierre Messmer, le 24 mai 1972.

Lors des élections législatives de 1973, les électeurs parisiens de Bercy, de Picpus et des Quinze-Vingts renouvellent leur confiance à Pierre de Bénouville. Dans ses circulaires, le député sortant insiste sur la nécessité de faire barrage à « l’alliance contre-nature des socialistes et des communistes, échafaudée à des fins purement électorales ». Ce discours séduit 39,4 % des électeurs au premier tour et lui permet de battre à nouveau le candidat unique de la gauche, le communiste Georges Heckli, avec plus de 56,2 % des voix au second tour.

Lors de sa troisième rentrée parlementaire sous la Ve République, Pierre de Bénouville s’apparente à nouveau au groupe UDR, et retrouve la commission de la défense. Il est rapporteur en juin 1977 de la proposition de loi tendant à élever à titre posthume le général Koenig à la dignité de Maréchal de France. Il présente trois propositions de loi, deux relatives à l’amnistie, pour étendre le champ des mesures précédentes, et l’autre pour favoriser le maintien dans les lieux des locataires de plus de soixante-quinze ans. Il pose deux questions au gouvernement : la première, le 6 novembre 1974, sur l’industrie aéronautique ; la seconde, le 26 novembre 1975, sur les conséquences du vote de l’ONU assimilant le sionisme au racisme. Ses autres interventions orales en séance reflètent également la diversité de ses centres d’intérêt : le 25 juin 1974, lors de la discussion du projet de loi abaissant la majorité à 18 ans, le député de Paris fait part de ses inquiétudes sur la majorité réelle de la jeunesse ; le 19 décembre 1975, à l’occasion de la deuxième lecture du projet de loi sur la sécurité sociale des écrivains et artistes, il propose un amendement – repoussé – visant à supprimer l’extension du droit de suite aux ventes faites par l’intermédiaire d'un commerçant. Enfin, le 3 novembre 1976, lors du débat sur l’instauration d’une commission d’enquête sur l’utilisation des fonds publics alloués aux sociétés du groupe Marcel Dassault, Pierre de Bénouville vient rappeler les commandes jamais obtenues par le groupe dont il est administrateur.
Lors des grands scrutins nationaux, le député soutient les orientations générales défendues par le gouvernement. Il approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre, Jacques Chirac, le 6 juin 1974, et le programme du gouvernement de Raymond Barre, le 28 avril 1977. Le 16 octobre 1973, le député vote la réforme du quinquennat ; le 10 octobre 1974, il se prononce en faveur de l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel et, le 21 juin 1977, en faveur de l’élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel. En revanche, Pierre de Bénouville s’oppose aux réformes voulues par le nouveau chef de l’Etat en matière sociétale : il vote contre le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse le 28 novembre 1974, et contre la réforme du divorce le 4 juin 1975.

Aux élections législatives de 1978, pas moins de quatorze candidats briguent la succession de Pierre de Bénouville. Ce dernier a étoffé ses mandats en dehors du Palais-Bourbon : devenu conseiller municipal du 12e arrondissement de Paris en 1977, il est par ailleurs le fondateur et le secrétaire général de Démocratie chrétienne française. Malgré la vive concurrence, le député sortant manque de peu d’être élu dès le premier tour, remportant 13 946 voix, soit 46,58% des suffrages exprimés. Il devance très largement le candidat socialiste, l’universitaire Stélio Farandjis (21,8 %), et la candidate communiste Frédérique Piel (18,3 %). Pierre de Bénouville est réélu au second tour avec 54,1 % des voix face à son adversaire socialiste, resté seul candidat de la gauche en lice.

À l’Assemblée nationale, le député de Paris s’apparente au groupe Rassemblement pour la République (RPR) et retrouve les bancs de la commission de la défense nationale. Il dépose deux propositions de loi, dont l’une en date du 21 mai 1981 tendant à modifier l'article 3 de la loi du 6 novembre 1962 relative à l’élection du président de la République au suffrage universel.

Au cours de la législature, le député de Paris se prononce en faveur des grandes réformes menées par le gouvernement comme l’augmentation de la quote-part de la France au FMI le 18 avril 1978, l’aide aux travailleurs privés d’emploi le 5 janvier 1979, l'aménagement de la fiscalité directe locale le 18 décembre 1979, la définition et la répression du viol le 11 avril 1980, la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales le 20 novembre 1980 et le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes, le 18 décembre 1980. En revanche, il vote contre la réforme de l’IVG le 29 novembre 1979, refusant toujours la loi « Veil » votée sous la précédente législature.

La « vague rose » de 1981 n’emporte pas Pierre de Bénouville. Aux élections législatives de juin, il réunit 48,5 % des suffrages au premier tour, devançant ainsi son adversaire socialiste de la précédente élection (38,9 %) et le candidat communiste Joseph Benkemoun (9,3 %), mais il est réélu de justesse lors d’un second tour très serré : Stélio Farandjis obtient 12 808 voix et Pierre de Bénouville 12 862. Cet écart si faible conduit à l’invalidation de l’élection par le Conseil constitutionnel.

Les candidats retournent devant les électeurs en janvier 1982. Cette fois-ci, le député du RPR est très largement élu puisqu’il remporte 57,2 % des voix dès le premier tour.

Pierre de Bénouville s’apparente à nouveau au groupe RPR et rejoint la commission de la défense. Ses interventions en séance sont rares mais rencontrent un certain écho. Lors de la discussion du projet de loi sur l’abolition de la peine de mort, le député de Paris intervient, le 18 septembre 1981, pour défendre le caractère dissuasif de la peine de mort, tout en rappelant qu’il est « contre tous les supplices ». Il termine ainsi son discours : « La mort entraîne la rédemption car elle est l'expiation suprême. C’est à la justice de Dieu qu’il faut faire appel en dernier recours pour savoir ce qu’il adviendra des hommes que nous ne devons pas conserver dans nos rangs dès lors qu’ils se sont montrés ennemis du genre humain. » Le 2 février 1984, il prend la parole longuement à la suite des incidents survenus la veille lors de la discussion d’un projet de loi sur les entreprises de presse, et qui a dérapé en un violent affrontement verbal entre droite et gauche, à propos des responsabilités de chacun durant la Seconde Guerre mondiale. Si Pierre de Bénouville récuse les propos tenus alors par Edmond Garcin, député communiste et ancien membre des FFI, ayant estimé que « l’opposition aurait eu peu d’amis dans les camps de concentration », l’ancien résistant livre un long plaidoyer visant à rappeler que « les sacrifices pour la liberté ont été consentis par tous. » Il invite notamment Jacques Toubon et Alain Madelin, jeunes élus de l’opposition qui avaient contesté le passé résistant du président de la République, à corriger leur point de vue : évoquant ses souvenirs personnels de 1943 attestant de l’engagement résistant du président de la République, le résistant gaulliste clôt la controverse par ces propos : « Je suis dans cette assemblée celui qui connaît depuis le plus longtemps François Mitterrand puisque nous avons fait nos études dans le même collège religieux. […] L’homme que je suis est venu ce soir apporter son témoignage : François Mitterrand fut l’un des nôtres. » Par ailleurs, son amitié avec François Mitterrand, qu’il tutoie, lui a permis de préserver les intérêts de la famille Dassault, dont le groupe échappe à la nationalisation en 1981, contre cession à l’État de parts de l’entreprise.

Situé dans l’opposition, il ne partage pas les orientations du gouvernement. Il l’exprime à l’occasion des déclarations de politique générale votant contre celle de Pierre Mauroy, le 9 juillet 1981, mais ne prend pas part au vote qui suit celle de Laurent Fabius, le 24 juillet 1984. S’il vote la loi relative aux étrangers (25 mai 1984), il s’oppose à l’abolition de la peine de mort (18 septembre 1981), au remboursement de l’IVG (20 décembre 1982) et à la démocratisation des enquêtes publiques (20 avril 1983). Il s’abstient volontairement de prendre part au scrutin du 6 décembre 1982 sur l’égalité professionnelle des femmes et des hommes, ainsi qu’à celui du 5 mai 1983 sur la protection des victimes d’infraction. Enfin, il ne prend pas part au scrutin du 6 mai 1985 sur l’égalité des époux dans les régimes matrimoniaux.

Après avoir œuvré pour la réconciliation entre Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac en organisant en 1985 un déjeuner chez Drouant, Pierre de Bénouville renouvelle son mandat de député à l’occasion des élections législatives de 1986. La liste Rassemblement pour la République (RPR) de Jacques Toubon, sur laquelle il est placé en cinquième position, remporte en effet 35 % des voix et 8 des 21 sièges à pourvoir à Paris. Avec 32 % des voix, les socialistes conduits par Lionel Jospin ont également obtenu 8 élus. La liste de l’Union pour la démocratie française (UDF) emmenée par Jacques Dominati en remporte 3 (11,8 %) et le Front national (FN) de Jean-Marie Le Pen 2 (11 %).

Son activité durant cette législature écourtée est moindre : le député s’inscrit au groupe RPR et siège toujours à la commission de la défense nationale. Il dépose une proposition de loi tendant à modifier les conditions de fonctionnement de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), créé en 1952. Soutien indépendant à l’exécutif pendant la première cohabitation, le député de Paris approuve les deux déclarations de politique générale du gouvernement Chirac le 9 avril 1986 et le 7 avril 1987, et la réforme de l’exercice de l’autorité parentale, le 7 mai 1987. En revanche, il ne prend pas part au vote de ratification de l’Acte unique européen le 20 novembre 1986.

Pierre de Bénouville, qui défend toujours les couleurs du RPR, est réélu au second tour des élections législatives de 1988, battant à nouveau avec 23 732 voix et 55,8% des suffrages exprimés Stélio Farandjis, après avoir frôlé la réélection au premier tour avec 48%. Pour ce qui constitue le dernier mandat d’une très longue carrière parlementaire, Pierre de Bénouville, inscrit au groupe RPR, continue de participer aux travaux de la commission de la défense nationale, mais n’intervient plus en séance publique. Par ailleurs son ancrage parisien se confirme, puisqu’il est, après 1989, conseiller de Paris.
Lors des scrutins d’importance nationale, le député ne se démarque pas des votes de son groupe parlementaire. Ainsi, il s’oppose au projet de loi voté le 4 juillet 1989 sur les conditions de séjour et d’entrée des étrangers en France revenant sur les restrictions adoptées en 1986, au projet de loi constitutionnelle instituant un contrôle de constitutionnalité des lois par voie d'exception le 25 avril 1990, à la proposition de loi « Gayssot » tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe le 2 mai 1990, ainsi qu’à la réforme du statut de la Corse accordant au territoire une plus grande autonomie le 12 avril 1991. Comme la plupart de ses collègues RPR, il se prononce en faveur de l’intervention contre l’Irak pour libérer le Koweït le 16 janvier 1991. Enfin, toujours comme son groupe, il s’abstient lors du vote sur la réforme du code pénal du 12 octobre 1989.

En revanche, il est en retrait sur les motions de censure. Pierre de Bénouville hésite notamment à voter la motion de censure contre le gouvernement Rocard, le 19 novembre 1990, la plus menaçante car soutenue non seulement par les groupes de droite et du centre, mais également par les communistes, hostiles à la contribution sociale généralisée (CSG). Le député gaulliste n’hésite pas à déclarer « le gouvernement socialiste ne me convient pas du tout » avant d’ajouter « on ne peut toutefois pas dire qu’il va mal dans tous les domaines ». Il cite en exemple : « Chevènement est socialiste, mais c’est un patriote. Roland Dumas ne se débrouille pas mal. Pourquoi ne pas le dire ? ». La motion, qu’il finit par ne pas voter, échoue à cinq voix près.

En 1992, Pierre de Bénouville n’obtient pas l’investiture du RPR pour les législatives de mars 1993, précisément en raison des motions de censure qu’il n’a pas votées et de son vote en faveur de la proposition de loi constitutionnelle visant à rendre la Constitution compatible avec le traité de Maastricht. C’est donc Jean de Gaulle, petit-fils du général de Gaulle et député des Deux-Sèvres, qui obtient la confiance du RPR et est élu député de la 12e circonscription de Paris.

La longue carrière de Pierre de Bénouville s’achève en 1995, lorsque son mandat de conseiller de Paris arrive à son terme. Fondateur du Club des 22, groupement paritaire de compagnons de la Libération de droite et de gauche soucieux d'unité nationale, cet homme au parcours atypique s’éteint le 5 décembre 2001 à l’âge de 87 ans.