Jeanine Porte

1933 - 2010

Informations générales
  • Née le 14 novembre 1933 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)
  • Décédée le 20 juillet 2010 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 19 mars 1978 au 22 mai 1981
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie de la Ve République

PORTE (Jeanine)
Née le 14 novembre 1933 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédée le 2 juillet 2010 à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Députée des Bouches-du-Rhône de 1978 à 1981


Née dans une famille ouvrière, issue d’un père d’origine italienne et de sensibilité anarchiste, Jeanine Giovanetti grandit à Marseille dans le quartier populaire de La Cabucelle, avant de devenir couturière à la sortie de ses études secondaires. Elle adhère au Parti communiste français (PCF) dès l’âge de 17 ans, en 1950. En 1954, elle épouse Roger Porte, ouvrier métallurgiste. Mère de famille, elle s’investit dans différentes associations de parents d’élèves et milite contre la guerre au Vietnam et en Algérie. En 1961, elle intègre la direction départementale du PCF, est élue en 1973 conseillère générale des Bouches-du-Rhône dans le 8e canton et réélue dès le premier tour en 1976. Cette même année, Jeanine Porte entre au comité central du PCF, où elle est chargée des questions touchant aux droits des femmes.

Lors des élections législatives de 1978, le communiste Paul Cermolacce, député pendant trente-trois ans de la septième circonscription des Bouches-du-Rhône, décide de ne pas se représenter et apporte son soutien à la candidature de Jeanine Porte. Celle-ci se présente aux électeurs sous la triple identité d’ouvrière couturière, de conseillère générale et de dirigeante nationale du PCF. À l’issue du premier tour, la candidate communiste arrive en tête, avec 13 097 voix, soit 37,1 % des suffrages exprimés, contre 8 504 voix (24,1 %) au socialiste Jules Rocca-Serra et 6 722 voix (19 %) au candidat du Rassemblement pour la République (RPR) Pierre Castel. Le candidat de l’Union pour la démocratie française (UDF) Jean-Marc Gazagnaire, obtient 4 593 voix et Henri Roche, du Mouvement des démocrates, 1 158 voix. Au second tour, le Parti socialiste et son candidat appellent officiellement leurs électeurs à reporter leurs voix sur la candidate communiste.  Jeanine Porte est élue avec 58,8 % des suffrages.

Au Palais-Bourbon, la nouvelle députée s’inscrit au groupe communiste, est élue secrétaire de l’Assemblée pour un an, et siège à la commission de la production et des échanges pendant toute la durée de la législature. Outre le dépôt d’un projet de loi visant à aligner les rentes viagères sur l’inflation, Jeanine Porte intervient à plusieurs reprises pour défendre les travailleurs et l’activité économique, navale et maritime de Marseille. Elle prend la parole à deux reprises en séance, en juin et octobre 1978, pour dénoncer les licenciements dans le secteur de la construction navale, ou encore le recours des armateurs aux pavillons de complaisance, réclamant une intervention et un contrôle plus direct de l’État. Elle poursuit ce combat à l’occasion des discussions des projets de loi de finances. Son deuxième thème privilégié d’interventions concerne les droits des femmes et les affaires familiales. Le 21 novembre 1979, à la suite d’une déclaration du gouvernement sur la politique familiale, la députée communiste défend le statut des femmes enceintes. Elle dénonce comme une discrimination la pratique du contrat obligé, qui indique qu’en cas de maternité, une femme ne fera plus partie du personnel. Le 6 mai 1980, elle intervient à nouveau lors de la discussion du projet de loi portant diverses dispositions pour améliorer la situation des familles nombreuses, pour plaider la cause de celles des quartiers populaires, en insistant sur leurs conditions d’existence difficiles, marquées par la misère, les bas salaires et les accidents du travail.

Ses positions lors des grands scrutins de la VIe législature reflètent ses convictions communistes. Jeanine Porte se prononce ainsi contre l’augmentation de la quote-part de la France au FMI et contre la déclaration de politique générale du gouvernement, en avril 1978 ; contre la loi d’aide aux travailleurs privés d’emploi, en janvier 1979 ; contre l’aménagement de la fiscalité directe locale, vote sur lequel la responsabilité du gouvernement est engagée, en décembre 1979, et contre le projet de loi dit « sécurité et liberté » renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes, en décembre 1980. En revanche, elle soutient les avancées sociales de la mandature. La députée marseillaise se déclare en faveur de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), le 29 novembre 1979 ; de l’élargissement de la définition du viol, le 11 avril 1980, et de la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales, le 20 novembre 1980.

L’élection de François Mitterrand à la présidence de la République et la dissolution de l’Assemblée nationale amènent la tenue d’élections législatives anticipées en 1981. Au soir du premier tour, le conseiller général socialiste Jean-Jacques Léonetti se place en tête en recueillant 9 687 voix, soit 35,2 % des suffrages exprimés, devançant Jeanine Porte de 274 voix. Le candidat UDF Francis Cousigné obtient 6 170 voix. En vertu des accords passés entre PS et PCF, la candidate communiste se désiste en faveur de Jean-Jacques Léonetti, qui est élu député au second tour avec 65,28 % des suffrages exprimés. Après cette défaite, Jeanine Porte conserve son siège de conseillère générale du 8e canton, où elle est réélue sans discontinuer de 1982 à 2008. L’élue communiste représente encore son parti aux élections législatives de 1986, 1988 et 1993, mais sans parvenir à se qualifier. En 1986, la liste départementale du PCF, conduite par Guy Hermier, sur laquelle Jeanine Porte figure en 3e position, obtient 14,46 % des suffrages exprimés et deux sièges. En 1988, avec 6 923 voix au premier tour, elle est devancée par le candidat du Front national (FN) Pascal Arrighi, 11 245 voix, celui du PS Michel Pezet, 10 301 voix mais l’emporte sur le candidat RPR Jacques Lalain, 4 211 voix. Au second tour, Michel Pezet bat Pascal Arrighi par 57,45 % des suffrages exprimés. Le premier tour des législatives de 1993 donne 8 039 voix au candidat FN Maurice Gros, 6 553 voix au candidat d’union RPR-UDF Bernard Leccia et 4 825 voix à Jeanine Porte et 2 061 voix à l’ancien adjoint au maire de Gaston Defferre, Pierre Rastoin. Le duel du second tour est remporté par Bernard Leccia qui bat Maurice Gros avec 55 % des 23 854 suffrages exprimés et 3 237 bulletins blancs ou nuls.

Alors que la maladie l’avait contrainte à renoncer à se présenter aux élections cantonales de 2008, Jeanine Porte décède le 2 juillet 2010, à l’âge de 77 ans. Pierre Dharréville, secrétaire départemental du PCF, lui a rendu hommage en soulignant que l’élue marseillaise avait incarné " l’esprit populaire de sa ville avec noblesse et détermination ".