Jean Pupat

1901 - 1960

Informations générales
  • Né le 23 septembre 1901 à Saint-paul-en-jarez (Loire - France)
  • Décédé le 12 janvier 1960 à Civens (Loire - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Loire
Groupe
Centre républicain d'action paysanne et sociale et des démocrates indépendants

Biographies

Biographie de la IVe République

PUPAT (Eugène, Jean)
Né le 23 septembre 1901 à Saint-Paul-en-Jarez (Loire)
Décédé le 12 janvier 1960 à Civens (Loire)

Député de la Loire de 1951 à 1955

Issu d’une famille de céréaliers aisés, Jean Pupat décide également d’épouser la terre et entre, pour ce faire, à l’Institut agricole de Beauvais au lendemain de la première guerre mondiale ; il en sort diplômé, deux ans plus tard. Il retourne dans sa région du Pilat où il reprend l’exploitation familiale et s’installe comme expert agricole et foncier. Très investi dès les années vingt dans la vie rurale et paysanne, proche de la Corporation d’action paysanne, Jean Pupat est le président fondateur de la Coopérative agricole des blés et d’approvisionnement de la Loire, président de la Coopérative agricole d’utilisation de matériel et d’outillage de Feurs puis du Comité des céréales de la Loire. Il est choisi, au milieu des années trente, comme vice-président de la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles et désigné comme administrateur des caisses départementales d’assurances sociales et d’allocations familiales de la Loire ainsi que des caisses mutuelles agricoles « accident et maladie » de ce même département. Cet investissement personnel important lui vaudra après la guerre d’être fait chevalier de l’ordre du Mérite agricole. Il est également élu conseiller municipal de Civens, aux élections du 5 mai 1929, fonctions qu’il occupe jusqu’à la guerre durant laquelle il reste des plus discrets. Il est naturellement confirmé dans son mandat local à la Libération et élu maire de cette même commune en mars 1947. Il le demeure jusqu’à sa mort en janvier 1960.
Jean Pupat attend les élections législatives de juin 1951 pour se porter candidat à la députation dans la Loire. Dans un département dominé par la droite et, singulièrement, par Georges Bidault, Antoine Pinay, Eugène Claudius-Petit et Jean Nocher, le pari peut sembler risqué. Toutefois, en accord avec les organisations agricoles, Jean Pupat se présente à la tête d’une liste paysanne présentée par le « rassemblement des groupes républicains et indépendants français » uniquement constituée de cultivateurs. Le discours, assez rudimentaire et uniquement fondé sur le « bon sens » paysan, a néanmoins le mérite d’être clair et fait mouche dans une Loire encore très rurale au seuil des années cinquante. Avec 25 656 des 292 398 suffrages exprimés, soit 8,8% des voix, Pupat est l’un des huit élus de ce département, la liste démocrate-chrétienne, indépendante et paysanne et l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) obtenant trois sièges, les gaullistes et les communistes chacun deux.
Une fois son élection validée le 31 juillet 1951, il est appelé à siéger aux commissions des affaires étrangères (1951-1954) et du Suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions (1955). En outre, il est nommé, le 2 août 1951, membre suppléant pour représenter la France à l’Assemblée consultative prévue par le statut du Conseil de l’Europe, ainsi qu’à la sous-commission chargée de suivre et d’apprécier la mise en oeuvre de la convention de coopération économique européenne et du programme du relèvement européen, le 21 septembre suivant. Enfin, il est désigné à la commission de coordination pour l’étude des questions relatives à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), le 16 juillet 1653. Assez paradoxalement, ce héraut de la cause paysanne et rurale n’a pas rejoint la commission de l’agriculture.
D’emblée, Jean Pupat se révèle un parlementaire extrêmement actif, ne déposant pas moins de vingt-cinq propositions de loi et quinze propositions de résolution. Il intervient à douze reprises en séance publique, défendant notamment quatre amendements. Il dépose aussi une demande d’interpellation. Moins orateur que législateur, moins politique que technicien, il formule des propositions n’ayant que peu de rapports avec ses commissions d’attache, mais ayant trait aux questions rurales et agricoles, sur des sujets aussi divers que les intempéries, les jardins familiaux, le fermage, l’arrachage des vignes, l’exonération de différentes taxes de nombre de professions du secteur primaire ou une fixation officielle du prix du blé. Une certaine veine sociale irrigue également ses initiatives parlementaires. Ainsi prône-t-il la gratuité des transports pour les appelés éloignés de leur lieu de conscription, l’inventaire urgent du patrimoine de l’Etat afin d’y loger les sans-abri, le remboursement par la Caisse nationale d’assurance des cotisations versées en vue d’une augmentation des retraites en cas de changement de régime, la création d’une allocation à la mère au foyer pour les exploitants agricoles ou l’arbitrage systématique dans les conflits personnels ou collectifs, publics ou privés. Sur un plan plus législatif ou réglementaire, il suggère enfin l’instauration d’un statut des fonctionnaires, l’obligation de présence aux réunions des différentes commissions de l’Assemblée, le durcissement des modalités de rappel au règlement ou l’élargissement des conditions d’interpellation si elle relève d’une situation d’urgence. Ses interventions témoignent une fois encore de ses priorités ruralistes. Il met ouvertement en cause la politique agricole du cabinet Laniel, en particulier de son ministre de tutelle Roger Houdet, l’ancien conseiller de Paul Antier, appelant à cette occasion à un véritable «changement d’essence de la politique intérieure française» (22 octobre 1953). Le 6 janvier 1954, il invite le gouvernement à retenir les leçons des manifestations paysannes de l’automne précédent et le met en garde contre les effets de sa politique en Indochine, l’invitant à « rechercher toute solution pouvant mettre fin dans l’honneur au douloureux d’Indochine ». Sur ce même conflit, il réclame la mise en place d’une « unité du commandement et des responsabilités civiles et militaires en Indochine », le 4 mai suivant.
Durant cette seconde législature, Jean Pupat affiche des votes assez nettement orientés à droite. Il vote pour les lois Marie et Barangé, le projet de Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), l’adoption de l’échelle mobile des salaires. Il prend position contre le premier cessez-le-feu en Indochine, pour l’instauration de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), s’abstient sur les accords de Genève, se prononce en faveur de la motion Aumeran, c’est-à-dire contre la Communauté européenne de défense (CED), s’abstient volontairement sur les accords de Londres, vote en faveur des accords de Paris et pour la proclamation de l’état d’urgence en Algérie. Il vote en faveur de l’investiture d’Edgar Faure, mais contribue à sa chute en février 1952, soutient constamment de ses votes les cabinets d’Antoine Pinay et de Joseph Laniel et s’abstient lors de l’investiture de Pierre Mendès France dont il vote la chute en février 1955. Il vote l’investiture du deuxième gouvernement d'Edgar Faure et s’oppose à sa chute le 29 novembre 1955.
L’organisation d’élections législatives anticipées le 2 janvier 1956 renvoie Jean Pupat devant les urnes. À la tête d’une liste paysanne, il sollicite de nouveau les voix de ses électeurs, mais ne recueille que 6,9% des suffrages exprimés et perd son siège. Absent du scrutin de novembre 1958, il est toutefois reconduit à la mairie de Civens mais meurt brutalement quelques mois après, à l’âge de cinquante-huit ans, le 12 janvier 1960.