Paul Sion

1886 - 1959

Informations générales
  • Né le 14 mars 1886 à Marquilliès (Nord - France)
  • Décédé le 13 mars 1959 à Lille (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Socialiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 14 mars 1886, à Marquillies (Nord).

Député du Pas-de-Calais de 1936 à 1942.

Enfant du « pays noir », Paul Sion descend, dès l'âge de 13 ans, comme galibot, au fond de la fosse 6 des mines de Dourges. Dans le même temps, il parfait d'arrache-pied son instruction et acquiert de profondes connaissances dans le domaine houiller.

Il devient ainsi un véritable technicien que ses convictions syndicalistes et socialistes conduisent très vite à devenir un défenseur ardent et vigilant de la cause des mineurs dont il partage le labeur et les peines, dont il connaît mieux que quiconque les besoins et les aspirations.

En 1906, il est syndiqué et, dès 1912, il adhère au parti socialiste. Il fonde en 1912 une coopérative-boucherie dont il devient par la suite délégué administrateur.

Mobilisé en août 1914, Paul Sion accomplit son devoir avec courage et est blessé à deux reprises dans les batailles de Verdun. En 1919, privé momentanément de l'exercice de sa profession par la dévastation des houillères, il contribue de toute ses forces au regroupement des travailleurs, occupés à la reconstitution et à la remise sur pied du syndicat des mineurs disloqué par la guerre. Son action énergique est rapidement remarquée par les travailleurs et ceux de Montigny-en-Gohelle, certains de tenir en lui un soutien précieux, l'envoient siéger au conseil municipal.

En 1922, il est trésorier général du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais, fonction qu'il occupera jusqu'en 1936, date à laquelle il devient député. Peu de temps après, il se fixe à Lens où il est élu, le 5 mai 1925, sur la liste socialiste, conseiller municipal, mandat qu'il détiendra jusqu'au conflit de 1939.

Trois ans plus tard, le 6 mai 1928, dans le canton de Lens-Est, il porte le drapeau socialiste aux élections pour le Conseil général et obtient 7.044 voix contre 5.302 à ses deux adversaires réunis. Il est réélu sans difficulté en 1931, puisqu'il recueille 2.650 voix de plus que son concurrent le plus favorisé, et devient secrétaire de la commission départementale. Il est membre de la commission d'appel en matière d'assistance.

La S.F.I.O. le présente dans la 2e circonscription de Béthune, aux élections législatives de 1936 en remplacement de Jacques Louart qui prend sa retraite. Au premier tour, le 26 avril, il obtient 6.153 voix contre 5.615 à Jiolat et 4.804 à Révillion, sur 19.049 inscrits et 16.824 votants. Il l'emporte le 3 mai avec 10.926 voix contre 5.154 à Révillion, sur 19.049 inscrits et 16.307 votants.

A la Chambre où il rejoint le groupe socialiste, Paul Sion est membre des commissions d'assurance et de prévoyance sociales ; des mines et de la force motrice ; de l'Alsace et de la Lorraine. Représentant des mineurs, il s'attache plus particulièrement aux questions sociales qui les touchent de près : loi du 29 décembre 1933 relative aux mineurs occupés aux travaux de reconstitution des régions dévastées ; retraites des ouvriers mineurs, redevance communale des mineurs, ravitaillement du pays en charbon. Mais les autres problèmes ne lui sont pas étrangers. Il rapporte des propositions de résolution concernant les allocations aux familles dont les soutiens sont mobilisés et participe aux discussions des budgets de 1939 et 1940.

Le 10 juillet 1940, il ne prend pas part au vote sur les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

Paul Sion est décoré de la Croix de guerre avec citation à l'ordre de la division.


SION (Albert, Joseph, dit Paul)
Né le 14 mars 1886 à Marquillies (Nord)
Décédé le 13 novembre 1959 à Lille (Nord)

Député du Pas-de-Calais de 1936 à 1942
Membre des deux Assemblées nationales constituantes (Pas-de-Calais)
Député du Pas-de-Calais de 1946 à 1955

Issu de milieu modeste, Paul Sion quitte l’école à l’âge de 13 ans pour descendre à la fosse 6 des mines de Dourges. En 1906, il adhère au syndicat CGT des mineurs et, en 1912, à la SFIO. Il est aussi un coopérateur actif, et fonde avec Célestin Moinier une boucherie coopérative dont il est l’administrateur délégué. Mobilisé en 1914, il est blessé à deux reprises à la bataille de Verdun ; il est décoré de la croix de guerre. Démobilisé en 1919, il est élu conseiller municipal socialiste de Montigny-en-Gohelle et reste fidèle à la SFIO, lors de la scission de Tours en décembre 1920. Les houillères étant dévastées, il participe à la reconstruction de la région et, en 1922, s’installe à Lens, dans le Pas-de-Calais. Il occupe des responsabilités syndicales de plus en plus importantes : il participe à la reconstitution du syndicat en regroupant les mineurs dispersés, remplit les fonctions de trésorier général du Pas-de-Calais de 1922 à 1936, et celles de secrétaire permanent du syndicat réunifié, à partir de 1935. En mai 1925, il est élu conseiller municipal socialiste de Lens, mandat qu’il assure jusqu’en 1940. En 1928, il devient conseiller général de Lens-Est, est réélu sans difficulté en 1931 et 1937, et y fait preuve d’une intense activité en faveur des mineurs. En 1936, il fait partie des nouveaux élus du Front populaire, et devient député SFIO de la deuxième circonscription de Béthune. Le 10 juillet 1940, il ne peut rejoindre Vichy et participer au vote sur les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. En 1942, il est arrêté et détenu quelques temps par les Allemands.
A la Libération, il préside la délégation municipale provisoire de Lens et est maintenu dans le parti socialiste lors de l’épuration de novembre 1944. Vice-président du syndicat des mineurs du département, il échoue aux cantonales de septembre 1945, mais il est troisième sur la liste SFIO, dans la deuxième circonscription du Pas-de-Calais, en octobre 1945, derrière Guy Mollet et Just Evrard. Avec 137 508 voix, soit 38 % des suffrages exprimés, leur liste obtient trois élus à la première Assemblée nationale constituante, en devançant la liste communiste du maire de Lens, Auguste Lecœur, de 16 968 voix.
A cinquante-neuf ans, Paul Sion entame donc une nouvelle carrière parlementaire, au cours de laquelle il est le porte-parole privilégié des mineurs et le fidèle soutien de son camarade Guy Mollet. Il est nommé à la commission de l’équipement national et de la production, ainsi qu’à celle du ravitaillement. Il est également nommé juré à la Haute Cour de Justice. Il dépose une proposition de loi, une proposition de résolution et signe un rapport. Ses initiatives parlementaires visent à améliorer le régime de retraite des mineurs (17 janvier et 28 février 1946) - qui demeurera son principal cheval de bataille - et invite le gouvernement à indemniser d’urgence les victimes de la catastrophe minière d’Ostricourt (30 mars 1946). Il intervient à quatre reprises en séance publique. Il est notamment rapporteur du projet de loi apportant des améliorations au régime de retraites des ouvriers mineurs. Il vote en faveur des nationalisations de la Banque de France (décembre 1945), du gaz et de l’électricité (mars 1946) et de certaines sociétés d’assurance (avril 1946) avec le reste du groupe socialiste. Et le 11 avril 1946, il approuve le projet de Constitution.
En juin 1946, il se représente, toujours en troisième position, sur la liste SFIO de Guy Mollet. Avec 120 571 voix, soit 32,4 %, celle-ci est alors devancée par les communistes (32,8 %). Elle conserve certes ses trois députés sortants, mais Paul Sion n’est élu qu’à la plus forte moyenne. Il retrouve la commission de l’équipement national et de la production. Il est désigné à nouveau comme juré à la Haute Cour de Justice, le 4 juillet 1946. Il dépose alors trois propositions de loi, une proposition de résolution et deux rapports. Dans ces textes, il suggère d’augmenter de 25 % les prestations servies par la caisse autonome aux mineurs (4 juillet et 9 août 1946) et pour améliorer leur régime de retraite (22 août et 25 septembre 1946). Et il vote avec tout le groupe socialiste la Constitution de la Quatrième République (28 septembre 1946). Il prend la parole à trois reprises en séance. Il est rapporteur d’une proposition de loi tendant à accorder une avance immédiate des prestations servies par la Caisse autonome des retraites des ouvriers mineurs, le 29 août 1946.
En novembre 1946, la liste de Guy Mollet, pourtant secrétaire général de la SFIO depuis le mois d’août, perd encore des voix au profit des communistes menés par Auguste Lecœur. Avec 105 619 voix, soit 28,5 % des suffrages exprimés, elle fait moins que les 35,5 % des communistes, mais conserve néanmoins ses trois députés. Paul Sion revient à la commission de la production industrielle (1946-1951) qu’il préside jusqu’en janvier 1949, date à laquelle il en devient le vice-président, jusqu’à la fin de la législature. Cette commission le désigne pour participer à la sous-commission chargée de suivre et d’apprécier la mise en œuvre de la convention de coopération économique européenne et du programme du relèvement européen, le 15 mars 1950. Il siège également à la commission du travail et de la Sécurité sociale (1946-1951), dont il est le secrétaire en 1946, et entre à la commission supérieure de la caisse nationale de retraite pour la vieillesse, le 4 février 1947. Son activité législative au cours de cette législature est intense, puisqu’il ne dépose pas moins de quarante-sept textes de loi : vingt-et-une propositions de loi, cinq propositions de résolution, deux avis, dix-sept rapports et deux rapports supplémentaires. La plupart de ces initiatives sont pensées en faveur de l’organisation de la sécurité sociale des mineurs, de la revalorisation de leur retraite, ou de la majoration des allocations aux mutilés et accidentés du travail. En avril 1948, il réclame une aide d’urgence pour les sinistrés de Courrières, puis il interpelle le gouvernement sur la fermeture de puits de mine (août 1950). En séance, Paul Sion est un parlementaire discipliné qui vote comme son groupe en a préalablement décidé. Il soutient par conséquent le gouvernement socialiste de Léon Blum, investi le 12 décembre 1946. De même, il vote le départ des ministres communistes du gouvernement Ramadier (4 mai 1947), le statut de l’Algérie (août 1947), refuse un statut particulier aux écoles privées des houillères nationalisées (mai 1948), approuve la création du Conseil de l’Europe (juillet 1949) et ratifie le Pacte de l’Atlantique (juillet 1949). Il prend la parole à vingt-deux reprises, en défendant dix amendements, un ordre du jour et en déposant une demande d’interpellation. Il remplit les fonctions de rapporteur à quatre reprises (26 février et 26 novembre 1948, 10 décembre 1948, 20 juillet 1949).
Entre-temps, Paul Sion est entré à la commission exécutive de la fédération socialiste du Pas-de-Calais en 1947, où il siège jusqu’en 1956. Il a également été élu conseiller général socialiste de Lens en 1949, mais ne se représente pas en 1951. Aux législatives de juin 1951, les socialistes mènent une campagne violemment anticommuniste, dénonçant « les staliniens » qu’ils accusent de vouloir instaurer « la tyrannie bureaucratique » en France. Ils stigmatisent les gaullistes de la même manière, soupçonnés, quant à eux, de souhaiter « un pouvoir personnel ». Paul Sion est réélu avec 97 229 voix, soit 25,5 % des suffrages exprimés, juste derrière Guy Mollet. Mais en dépit de l’apparentement conclu entre la SFIO, l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) et le Mouvement républicain populaire (MRP), la liste communiste emporte 36,4 % des suffrages et un quatrième siège. A l’Assemblée, Paul Sion retrouve la commission de la production industrielle (1951-1955), dont il demeure le vice-président durant toute la législature, et la commission du travail et de la Sécurité sociale (1951-1955). Il est délégué à la commission de coordination chargée des questions relatives à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Enfin, le 9 janvier 1952, il est élu secrétaire de l’Assemblée nationale. Entre 1951 et 1955, il dépose vingt-et-un textes : six propositions de loi, une proposition de résolution, onze rapports et trois rapports supplémentaires. Il invite le gouvernement à verser une aide d’urgence aux victimes de l’explosion de la poudrière d’Haisnes-lez-la-Bassée et à procéder à une enquête (11 juillet 1951), et intervient pour que le gouvernement encourage la production charbonnière (10 août 1951). Il est rapporteur d’une proposition de loi portant majoration des retraites et des prestations de la sécurité sociale dans les mines (27 juin 1952). Expliquant que la modernisation a entraîné une baisse des effectifs et donc des cotisations, il propose de substituer aux contributions patronales et de l’Etat une taxe qui serait prélevée sur le prix de vente des produits miniers consommés en France, ainsi que sur ceux exportés. Il remplit les fonctions de rapporteur à trois autres reprises : dans la discussion d’une proposition de loi portant amélioration du régime de la sécurité sociale dans les mines (11 mars 1954) ; dans la discussion d’une proposition de loi relative au régime des retraites dans les mines (11 octobre 1955) ; dans la discussion du projet de loi relatif à la retraite des ouvriers mineurs (22 novembre 1955). Il prend la parole à douze reprises en séance, en défendant trois amendements et en déposant deux demandes d’interpellation. Avec l’ensemble du groupe socialiste, il s’oppose au texte de loi Marie-Barangé favorable à l’enseignement privé, approuve la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA, décembre 1951), de même qu’il investit Mendès France de sa confiance (17 juin 1954). Alors que le projet d’une Communauté européenne de défense (CED) déchire son parti, Paul Sion suit la ligne de Guy Mollet et approuve la ratification du traité, qui est néanmoins rejetée (10 août 1954).
Agé de soixante-dix ans en 1956, Paul Sion quitte la commission exécutive fédérale de la SFIO et ne représente pas aux élections législatives de janvier. Il a obtenu de nombreuses réformes en faveur des mineurs, dont l’entrée en compte du service militaire dans le calcul des pensions et une majoration de 50 % dans les prestations servies par la caisse autonome. Aussi sa disparition, le 13 novembre 1959, provoque-t-elle une réelle émotion à Lens et dans le Pas-de-Calais.