Tanguy Prigent Dit Tanguy-Prigent François

1909 - 1970

Informations générales
  • Né le 11 octobre 1909 à Saint-jean-du-doigt (Finistère - France)
  • Décédé le 20 janvier 1970 à Morlaix (Finistère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Finistère
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Finistère
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Finistère
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Finistère
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Finistère
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Finistère
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Finistère
Groupe
Non inscrit

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 11 octobre 1909 à Saint-Jean-de-Doigt (Finistère). Député du Finistère de 1936 à 1942.

Issu d'une famille d'agriculteurs, Tanguy-Prigent cultive la terre de 12 à 26 ans, date de son élection. Il adhère en 1926 au parti socialiste puis fonde en 1933 une coopérative de défense paysanne à Morlaix. En 1934, il est élu conseiller général du canton de Lanneur : trop jeune - il n'a pas 25 ans - il est invalidé, mais il est réélu en mars 1935. Poursuivant son action politique locale, il devient conseiller municipal puis maire de Saint-Jean-de-Doigt au cours de l'année 1935.

Le 3 mai 1936, il est élu député de la 1re circonscription de Morlaix, au second tour, par 6.705 voix sur 15.567 votants contre 5.299 à Mazé et 3.503 à Bourgot. Au premier tour, il avait recueilli 6.605 voix contre 5.888 à Mazé.

A la Chambre, il adhère au groupe socialiste. Il est nommé secrétaire d'âge en 1936 et 1937.

De 1936 à 1940 Tanguy-Prigent s'intéresse particulièrement à l'agriculture. Il est intervenu notamment dans un projet de revalorisation du blé, en 1937, lors des textes relatifs à la propriété culturale ; il déposa un amendement tendant à mettre l'indemnité d'éviction à la charge du propriétaire. En 1938, il demanda à interpeller le gouvernement sur les mesures qu'il comptait prendre pour aider les cultivateurs victimes de la sécheresse et de la gelée et pour réaliser la caisse nationale d'assurance contre les calamités agricoles.

Farouche antimunichois, Tanguy-Prigent demande, en mai 1940, à monter en ligne et combat avec le 31e régiment de dragons portés.

Il fut l'un des Quatre-vingts à ne pas voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940.

Parallèlement à ses activités politiques nationales, Tanguy-Prigent s'intéresse aux problèmes agricoles également sur le plan international. Il participe aux conférences agricoles de Genève en 1937, de Prague en 1938 et de Dresde en 1939.


PRIGENT (Tanguy, François, Marie dit TANGUY-PRIGENT François)
Né le 11 octobre 1909 à Saint-Jean-du-Doigt (Finistère)
Décédé le 20 janvier 1970 à Morlaix (Finistère)

Député du Finistère de 1936 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Finistère)
Député du Finistère de 1946 à 1958 et de 1962 à 1967
Ministre de l’agriculture de septembre 1944 à octobre 1947
Ministre du ravitaillement de novembre 1945 à janvier 1946
Ministre des anciens combattants et victimes de guerre de février 1956 à juin 1957

(Voir la première partie de la biographie dans le Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, tome VII, p. 2756, 2757)

Né en 1909 dans une famille de petits cultivateurs du Trégor finistérien et bretonnant, le jeune Tanguy Prigent doit quitter l’école primaire après son certificat d’études primaires. Son père s’oppose, en effet, à la poursuite de ses études, souhait de son instituteur. Tout en travaillant à la ferme paternelle, le jeune Tanguy poursuit sa formation en autodidacte, encouragé par les cours du soir de son ancien maître d’école et bientôt par Guy Le Normand, professeur d’allemand au collège de Morlaix et secrétaire fédéral du parti socialiste SFIO du Finistère. A 15 ans et demi, Tanguy Prigent, dont le père est conseiller municipal socialiste, crée une section SFIO à Saint-Jean-du-Doigt. Après son service militaire à Paris (1930-1931), il devient un militant actif de la SFIO, s’investissant fortement, en 1933 et 1934, dans la création d’un syndicat agricole paysan, la Fédération paysanne du Finistère, affiliée à la CNP dont il devient un dirigeant national. Il travaille aussi dans une coopérative paysanne. Alors qu’il n’a pas encore 25 ans - il sera invalidé parce qu’il lui manque quatre jours mais sera réélu -, Tanguy Prigent devient conseiller général de Lanmeur (Finistère), le plus jeune de France, en battant un vieux notable radical, puis maire de sa commune en 1935, deux fonctions qu’il occupera jusqu’à sa mort, sauf sous Vichy.
Connu dans l’ensemble de la région pour son opposition à l’Office central de Landerneau et surtout à Dorgères et pour son affrontement sur le terrain avec ses Chemises vertes, Tanguy Prigent, partisan du Front populaire, devient député de Morlaix en mai 1936, dans une triangulaire contre le docteur Mazé, député radical-socialiste sortant. Il fréquente le ministère de l’agriculture détenu par le socialiste Georges Monnet. En revanche, il est déçu par les réformes limitées du Front populaire en faveur des agriculteurs, hormis la création de l’Office national du blé. Pacifiste convaincu, mais prenant conscience du danger de guerre présenté par le nazisme, Tanguy Prigent soutient en 1938 le courant de La Bataille socialiste de Jean Zyromski, et il participe au début 1939 au groupe Agir. Mobilisé en 1939, il demande à combattre au front en mai 1940. Il est légèrement blessé pendant la « Bataille de France ». Le 21 juin 1940, il arrive à Bordeaux et refuse de s’embarquer sur le Massilia. Si le 9 juillet, à Vichy, il vote pour la révision des lois constitutionnelles de 1875, comme la quasi totalité des députés, le lendemain, le 10, il est des 80 parlementaires qui refusent de déléguer les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, avec six autres finistériens.
De retour à Saint-Jean-du-Doigt, Tanguy Prigent redevient maire et petit fermier. Il est arrêté une première fois par les Allemands (6-23 septembre 1940). Libéré, l’ancien député anime son syndicat et combat publiquement la politique de la Révolution nationale de Vichy et la Corporation paysanne, dans un Bulletin publié du 1er novembre 1940 à sa suspension le 17 avril 1942. Il s’oppose légalement à la politique agricole du régime, défendant l’autonomie de sa coopérative jusqu’à la fin 1942 et ses idées jusqu’à sa révocation de maire en janvier 1943. Mais parallèlement, Tanguy Prigent a repris contact avec ses camarades socialistes, y compris à Paris dès 1940. En 1941, il est l’un des premiers organisateurs en Bretagne du mouvement de Résistance Libération-Nord et bientôt du Comité d’action socialiste et du parti socialiste clandestin dans l’Ouest de la France. Ayant échappé à une nouvelle arrestation, durant l’été 1943, Tanguy Prigent-Jacques Le Ru est contraint de plonger dans la clandestinité avec son épouse. Pendant plusieurs mois, il contribue à mettre en place, dans 19 départements de la France de l’Ouest, les structures de l’Armée secrète et les embryons de comités départementaux de la Libération. Donnant une contribution au programme du Conseil national de la Résistance (CNR), Tanguy Prigent organise, début 1944, un journal et un mouvement - Résistance paysanne -, ce qui en fait un des principaux dirigeants socialistes de la Résistance en milieu rural. Et, à l’été 1944, il combat les armes à la main avec les forces françaises de l’Intérieur (FFI), pour libérer la région de Morlaix.
C’est cet authentique paysan, qui n’a pas encore 35 ans, qui est nommé ministre de l’agriculture par le général de Gaulle, le 9 septembre 1944. Pendant trois ans, dans tous les gouvernements, Tanguy Prigent va diriger ce ministère dans un contexte difficile d’aggravation des pénuries, notamment alimentaires. Il va s’efforcer de réaliser de grandes réformes sociales et de moderniser l’agriculture française, dans le cadre de la Reconstruction. Deux questions lui tiennent particulièrement à cœur : le membre du comité directeur de la SFIO et militant socialiste qu’il reste veut organiser, par ses nombreux déplacements à travers la France, la Confédération générale de l’agriculture (CGA), un syndicalisme unifié, puissant et de gauche dans le monde rural. Il tient aussi à l’élaboration d’un statut du fermage et du métayage, une promesse que le Front populaire n’était pas parvenu à réaliser. A la veille des élections à la première Assemblée constituante, le très populaire ministre obtient la promulgation d’une ordonnance du gouvernement annonçant ce statut. Conduisant la liste de la SFIO dans le Finistère, Tanguy Prigent est réélu au quotient député le 21 octobre 1945, après être redevenu maire et conseiller général, avec 21,4 % en moyenne de liste (78 590 voix). Il est déçu car, à gauche, le PCF a doublé la SFIO qui n’obtient que deux sièges comme en 1936, Jean-Louis Rolland étant lui aussi réélu.
Toujours membre du gouvernement dirigé par le général de Gaulle, Tanguy Prigent ajoute, pour deux mois, la responsabilité du ravitaillement à l’agriculture (novembre 1945-janvier 1946), un poste difficile au moment où il faut rétablir la carte de rationnement du pain, imprudemment supprimée avant les élections, ce qui lui vaut le surnom de « M. Tanguy PRIVE GENS ». Sous la première Constituante, il dépose et défend 13 projets de loi dont, le 5 février 1946, celui portant sur le statut du fermage et du métayage, importante réforme de structure de la Libération qu’il parvient à faire voter à l’unanimité, au début avril 1946. Une loi réorganise aussi le Crédit agricole pour soutenir l’installation des jeunes paysans et une autre crée l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Comme membre du gouvernement, il intervient à six reprises en séance. Par ailleurs, les élections au sein de la CGA voient le retour en force des courants conservateurs dans le syndicalisme agricole et le jeune ministre est très déçu des résultats électoraux de son parti.
Certes, il est réélu à la seconde Assemblée constituante en juin 1946 (84 614 voix). Il siège à la commission de l’agriculture, mais retrouve son portefeuille ministériel dès l’été. Il dépose cinq projets de loi, dont une réforme du statut agricole (3 septembre 1946). Il n’intervient qu’à trois reprises en séance.
Il est réélu à l’Assemblée nationale en novembre 1946, mais les socialistes reculent encore dans le Finistère (perte de près de 23 000 voix, 16,2 % seulement), tout en conservant deux députés. Le PCF en a désormais trois. Tanguy Prigent, qui s’est rapproché de la gauche du parti et soutient Guy Mollet, le nouveau secrétaire général, pense que les socialistes doivent quitter le gouvernement. Mais, par discipline et parce qu’il est le spécialiste agricole du parti, il reste dans les gouvernements Blum et Ramadier jusqu’à la fin de 1947. Il lui faut gérer une situation quotidienne de plus en plus difficile. Il est critiqué par l’opinion publique et, de surcroît, par ses camarades Vincent Auriol, président de la République, et Paul Ramadier. Comme ministre de l’agriculture, il dépose 12 projets de loi pendant cette période, notamment dans le but de l’institution d’un Ordre national des vétérinaires (22mai 1947). Il est critiqué au sein du gouvernement pour avoir mal géré « la question du blé » en 1947, alors que difficultés de la soudure et aléas climatiques rendent la question du ravitaillement de plus en plus tendue. Durant cette période, intervenant à vingt reprises en séance, le ministre doit fréquemment répondre à des interpellations sur les difficultés d’approvisionnement en blé, en pain et en viande et sur les hausses des prix, tout en défendant son budget. Partisan d’une politique économique interventionniste, Tanguy Prigent est de plus en plus isolé au sein du gouvernement et lorsque Paul Ramadier le remanie entre les deux tours des élections municipales, le 22 octobre 1947, le député du Finistère n’en fait plus partie.
Membre de la commission de l’agriculture de l’Assemblée (1946-1951), le député Tanguy Prigent, qui préside la commission agricole de la SFIO, va déposer, de 1948 à 1951, sept propositions de loi, deux propositions de résolution et deux rapports. Ses initiatives parlementaires portent, en particulier, sur des questions qu’il a défendues comme ministre, telle la création d’un Fonds national de modernisation et d’équipement rural (4 février 1948) et les foyers ruraux (22 juin 1948). Au cours des débats parlementaires, lors desquels il prend la parole à trente-huit reprises, le député du Finistère présente de nombreux amendements pour défendre les coopératives agricoles (23 décembre 1948) et veiller à l’application de « son » statut du fermage (10 novembre 1950). C’est le cas lors des débats sur les baux ruraux (7 juillet 1948) et moyens de fonctionnement des tribunaux paritaires (31 décembre 1948). Par exemple, le 26 avril 1950, Tanguy Prigent dépose un amendement tendant à réduire de deux milliards de francs les investissements en Indochine et à augmenter d’autant les prêts agricoles.
Conduisant, à nouveau, la liste de la SFIO dans le Finistère, Tanguy Prigent est réélu député, le 17 juin 1951 : sa liste (deux élus) obtient une moyenne de 60 449 voix (16,1 %), mais lui-même recueille 62 632 suffrages. Il poursuit son action à la commission de l’agriculture (1951-1956) et représente l’Assemblée nationale au sein de la commission plénière de la Caisse nationale du crédit agricole. Pendant cette législature, l’ancien ministre dépose douze propositions de loi, quatre rapports, deux rapports supplémentaires et deux propositions de résolution sur les mêmes thèmes, notamment sur l’organisation des marchés agricoles pour mieux garantir les revenus des producteurs (11 juillet 1951 et 10 décembre 1953) et sur leur protection sociale comme non salariés (assurance, vieillesse, prestations familiales, proposition de loi du 10 août 1951). Mais du fait de graves ennuis de santé, il doit interrompre son activité parlementaire pendant plusieurs mois (fin 1952-1953). Il intervient cependant à dix-sept reprises en séance, le plus souvent lors des discussions du budget du ministère de l’agriculture en général, et sur les prestations familiales agricoles en particulier.
Dirigeant socialiste reconnu, très proche de Guy Mollet, Tanguy Prigent conserve son siège le 2 janvier 1956 en recueillant 68 000 voix (16,6 % pour la moyenne de liste). La victoire du Front républicain et le choix de Guy Mollet comme président du Conseil permettent son retour au gouvernement. Initialement, Tanguy Prigent devait être nommé secrétaire d’Etat à l’agriculture, sous la tutelle d’un grand ministère des affaires économiques, confié au socialiste Robert Lacoste. Mais le rappel de Jacques Soustelle, gouverneur général en Algérie, fait échouer la combinaison gouvernementale : les républicains sociaux s’opposent à l’entrée au gouvernement de leur leader Jacques Chaban-Delmas et Tanguy Prigent se retrouve bombardé ministre des anciens combattants et des victimes de guerre. Il reste dans ces fonctions jusqu’au 13 juin 1957. A ce titre, il accompagne Guy Mollet à Alger, lors des graves incidents du 6 février 1956. Il soutient la politique algérienne du chef du gouvernement jusqu’à leur rupture de 1958. Le ministre dépose sept projets de loi portant principalement sur le code des pensions militaires (25 juillet 1956).
En 1958, après être redevenu député, membre, puis membre titulaire de la commission de l’agriculture, il signe deux propositions de loi et un rapport. Il souhaite assurer une sécurité sociale intégrale aux exploitants agricoles non salariées et aux membres de leur famille (27 mars 1958) et amender la loi du 11 janvier 1951 sur l’enseignement des langues régionales (3 juin 1958). Face aux enjeux de la période, les interventions du ministre, au nombre de huit, sont limitées et ponctuelles. Le député socialiste du Finistère, qui ne prend la parole qu’à deux reprises en séance, est élu représentant de la France à l’Assemblée unique des communautés européennes, le 13 mars 1958.
Mais, après le 13 mai 1958, le député du Finistère n’accepte pas les conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle, dans la foulée des émeutes d’Alger. Tanguy Prigent prend la tête des députés socialistes opposés au général de Gaulle et, le 1er juin 1958, il défend ce point de vue lors du débat d’investiture, au nom d’une certaine conception de la légalité républicaine. Il était pourtant attaché à la personne du Général. Il rompt ainsi douloureusement avec son ami Guy Mollet, qui appuie le retour au pouvoir de Charles de Gaulle. Logiquement, Tanguy Prigent appelle à voter « non », lors du référendum sur la constitution de la Cinquième République, le 28 septembre 1958. Le 30 novembre 1958, il est battu au second tour (48,4 %) par le docteur Le Duc, dans la circonscription de Morlaix. Un an après, en octobre 1959, Tanguy Prigent quitte la SFIO pour le PSA, puis le PSU, s’intégrant à l’opposition de gauche. En novembre 1962, il reprend le siège de Morlaix, seul député PSU, non inscrit à partir de 1963. Mais, de plus en plus malade, il ne se représente pas en mars 1967 et meurt à l’hôpital de Morlaix, le 20 janvier 1970. C’est un homme désabusé et très affaibli qui disparaît alors qu’il n’a que 60 ans. Ce petit paysan breton, devenu ministre très jeune, a marqué la mémoire du monde rural de son temps.

PRIGENT (Tanguy, François, Marie dit TANGUY-PRIGENT François)
Né le 11 octobre 1909 à Saint-Jean-du-Doigt (Finistère)
Décédé le 20 janvier 1970 à Morlaix (Finistère)

Député du Finistère de 1936 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Finistère)
Député du Finistère de 1946 à 1958 et de 1962 à 1967
Ministre de l’agriculture du 4 septembre 1944 au 21 novembre 1945
Ministre de l’agriculture et du ravitaillement du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946
Ministre de l’agriculture du 26 janvier 1946 au 22 octobre 1947
Ministre des anciens combattants et victimes de guerre du 1er février 1956 au 13 juin 1957

Lors des événements de mai-juin 1958, bien que très proche du secrétaire général de la SFIO, Guy Mollet, François Tanguy-Prigent n’approuve pas comme lui le retour du général de Gaulle au pouvoir. Le 1er juin, il refuse ainsi, avec un peu plus de la moitié des députés socialistes dont il se fait le porte-parole, l’investiture au Général. Et dès le 15 juin, il démissionne du Comité directeur du parti socialiste. Cette rupture avec le secrétaire général l’affecte beaucoup. Il appelle à voter « non » au référendum sur la Constitution de la Ve République le 28 septembre 1958, mais ne rejoint pas Édouard Depreux et ses camarades au Parti socialiste autonome (PSA) lorsqu’ils font scission en septembre. Aussi, aux législatives de novembre 1958, comme de nombreux députés socialistes sortants - seuls 18 sur 98 sont réélus, il est battu dans sa circonscription de Morlaix par le docteur Jean Le Duc, conseil général et maire de Morlaix. Mais il est toujours maire de sa ville natale, Saint-Jean-du-Doigt, qu’il a conquis en 1935 et conseiller général. En octobre 1959, un an après la fondation du PSA, Tanguy-Prigent rejoint ces socialistes anticolonialistes et antigaullistes, tels que Daniel Mayer ou Edouard Depreux. En avril 1960, il participe avec ses camarades à la création du PSU et entre à son Comité politique national. Il dirige la fédération PSU du Finistère et son organe de presse, l’hebdomadaire Le Socialiste et doit compter avec la concurrence du socialiste Hippolyte Masson à la tête de la fédération SFIO.
En 1962, il désapprouve la réforme de l’élection du président de la République au suffrage universel et le mode de révision constitutionnelle, par référendum. En novembre 1962, il représente le PSU dans sa 4ème circonscription du Finistère, qu’il avait perdue en novembre 1958. Dans sa campagne, il dénonce « la flagrante illégalité » que constitue le référendum d’avril 1962 et « une SFIO tristement et gravement défaillante ». Il réclame « la suppression de la propriété sous sa forme spéculative » et « une démocratie économique et sociale par la gestion effective, totale, des moyens de production et de transformation (…) par les travailleurs eux-mêmes ». Au premier tour, sur 40 397 suffrages exprimés, il obtint 10 296 voix contre 8 483 voix pour le député sortant, Jean Le Duc. Au second tour, le maire communiste d’Huelgoat, Alphonse Penven, et le socialiste Robert Arnault se désistent en sa faveur. Il l’emporte avec 23 458 voix contre 21 381 pour son adversaire. Il est le seul député PSU à l’Assemblée nationale et, refusant de rejoindre le groupe parlementaire SFIO, est non-inscrit, ce qui lui interdit d’être membre d’une commission.
En séance, il se montre néanmoins très actif et intervient sur une grande variété de sujets. En 1963, il demande que soit rétablie la péréquation de la taxe locale supprimée par le décret du 7 janvier 1959. Le 13 juin, il s’oppose à la ratification du traité de coopération franco-allemande du 22 janvier. Le 20 décembre, il est le seul à voter contre le projet de loi constitutionnelle qui modifiait l’article 28 sur les sessions parlementaires, le jugeant défavorable au Parlement. Puis il dénonce le projet de loi relatif à la réglementation de la grève dans les services publics et vote contre les 17 et 26 juillet au nom de la liberté syndicale. En 1964, il vote contre le projet de loi sur les élections municipales, le 17 juin. Lors du débat de la motion de censure d’octobre, il défend les dirigeants des organisations agricoles et dénonce l’amenuisement des ressources des communes rurales et l’accélération de l’exode rural. En 1965, il intervient à nouveau pour réclamer une plus juste répartition des subventions aux communes rurales et proteste contre la situation faite aux députés non inscrits. En 1966, cet ancien ministre de l’Agriculture souligne la nécessité d’assurer une sécurité sociale intégrale aux agriculteurs. Il dénonce également l’absence de pouvoir législatif réel de l’Assemblée nationale.
Malade, affaibli et soucieux de « laisser la place aux jeunes », Tanguy-Prigent ne se représente pas aux élections législatives de mars 1967. Il cède sa place à son ami Roger Prat, conseiller général PSU, qui est élu. Il entreprend de rédiger ses mémoires, publiés après sa mort par sa fille. Le second volume montre un militant déprimé, qui lutte pour résister à la déchéance physique et intellectuelle. Tanguy-Prigent meurt le 20 janvier 1970 à Morlaix.