Georges Thomas

1909 - 2004

Informations générales
  • Né le 6 novembre 1909 à Dannelbourg ( - District de Moselle - Empire allemand)
  • Décédé le 31 octobre 2004 à Sarrebourg (Moselle - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Moselle
Groupe
Républicains populaires et centre démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Moselle
Groupe
Union démocratique pour la V° République

Biographies

Biographie de la Ve République

THOMAS (Georges)
Né le 6 novembre 1909 à Dannelbourg (Moselle)
Décédé le 31 octobre 2004 à Sarrebourg (Moselle)

Député de la Moselle de 1958 à 1962 et de 1967 à 1968

Georges Thomas naît le 6 novembre 1909 à Dannelbourg, petite commune rurale de l’est mosellan peuplée alors de 380 habitants, célèbre pour ses vestiges gallo-romains et son église à l’autel baroque et à l’orgue issu de l’église Saint-Epvre de Nancy. Jusqu’en 1918, la Moselle fait partie de l’Empire allemand, la population parle un dialecte germanique très proche de l’Alsacien, le « plat » et Georges Thomas suit donc une scolarité germanophone. Après la Victoire en novembre 1918, la commune redevient française et appartient désormais au canton de Phalsbourg et à l’arrondissement de Sarrebourg. Dans les années 1930, Georges Thomas travaille comme agent général d’assurances. Il est proche du Parti démocrate populaire, petite formation de centre-droit qui a le soutien de l’Eglise catholique, très influente dans ce département de Concordat. Durant la Deuxième guerre mondiale, la Moselle, comme l’Alsace, sont de nouveau annexées par l’Allemagne. Très patriote, Georges Thomas refuse l’occupation étrangère et entre dans la Résistance. La commune de Dannelbourg n’est libérée qu’à la fin du mois de novembre 1944, après les durs combats menés par la 7e armée américaine. Après-guerre, Georges Thomas est décoré de la Croix de Guerre au titre de la Résistance et reçoit un diplôme de passeur et la carte de réfractaire.

Elu maire de Dannelbourg lors des municipales du printemps 1945, Georges Thomas est constamment reconduit à l’hôtel de ville pendant cinquante ans. Il rejoint le Mouvement républicain populaire (MRP), incarné en Moselle par Robert Schuman. C’est sous cette étiquette qu’il est élu conseiller général de Phalsbourg en 1951 et qu’il se présente aux élections législatives de novembre 1958, dans la 8e circonscription de Moselle, celle de Sarrebourg et Château-Salins. Au premier tour, il obtient 19 052 voix, soit 45,57 % des suffrages exprimés, devance le candidat du Centre national des indépendants (CNI) qui en recueille 17 213 et distance le candidat réformateur, 3 527 voix, le socialiste, 1 063 voix et le communiste, 950 voix. Élu au second tour par 23 022 voix, soit 53,36 % des suffrages, il rejoint le groupe Républicains populaires et centre démocratique. Il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, puis à celle de la Défense et des forces armées, en octobre 1959, avant de rejoindre de nouveau celle des affaires culturelles en avril 1962. Il entre au Sénat de la Communauté en juillet 1959. Très intéressé par les questions agricoles, il participe, en juin 1959, aux débats sur le projet de loi de programme relatif à l’équipement agricole pour déplorer l’insuffisance des crédits. Lors de l’examen du budget de 1962, il défend les anciens combattants mosellans et attire l’attention de ses collègues parlementaires sur l’exode rural, contre lequel il réclame l’industrialisation des campagnes et une aide sociale accrue de l’Etat. Le 2 février 1960, à la suite de la semaine des barricades, Georges Thomas vote en faveur du projet de loi sur les « pouvoirs spéciaux » autorisant le gouvernement à prendre, par application de l’article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’État, à la pacification et à l’administration de l’Algérie.

Comme les autres membres de son groupe, Georges Thomas soutient la motion de censure du 4 octobre 1962 et se représente aux élections législatives de novembre 1962 dans la même circonscription et sous la même étiquette MRP. Obtenant 14 743 voix, il est devancé par le gaulliste Henri Karcher, que 26 750 voix, soit 62,78 % des suffrages exprimés, élisent dès le premier tour. Ce chirurgien originaire de Saint-Dié des Vosges s’était engagé dans les FFI, avait participé à la campagne de Libye puis au débarquement en Normandie et s’était rendu célèbre en arrêtant le général von Choltitz à l’hôtel Meurice, avant de finir la guerre comme aide de camp du général Koenig. Compagnon de la Libération, ancien du Rassemblement du peuple français (RPF), élu député Union pour la nouvelle République (UNR) de la 21e circonscription de Paris en novembre 1958, il avait cédé à l’insistance des gaullistes de Sarrebourg pour, avec l’accord du comité central de l’UNR auquel il appartenait, affronter à l’automne 1962 le démocrate-chrétien Georges Thomas. Le nouveau député gaulliste de la 8e circonscription de la Moselle se fait aussi élire, en décembre 1962, conseiller général du canton de Sarrebourg. Ce duel Karcher-Thomas prolonge les affrontements très durs qui ont opposé gaullistes et démocrates-chrétiens sous la IVe République. Dans l’est du département, ce clivage politique épouse la frontière linguistique : les cantons germanophones, ceux où l’on parle le « plat », votent pour les candidats démocrates-chrétiens tandis que les cantons francophones votent pour les candidats modérés, indépendants ou gaullistes.

Déçu, Georges Thomas ne s’avoue pas vaincu. Il bénéficie de l’appui des milieux catholiques, bien implantés dans sa circonscription. Il préside l’association des maires du canton de Phalsbourg, un syndicat d’eau d’une trentaine de communes et le syndicat des voiries de Phalsbourg-Sarrebourg. Il affronte à nouveau le gaulliste Henri Karcher, qui se représente sous l’étiquette Union des démocrates pour la Ve République (UD Ve) aux législatives de mars 1967. Georges Thomas se présente en candidat « démocrate indépendant ». Il est soutenu par son suppléant, Marcel Stock, médecin à Dieuze. Il recueille 20 429 voix, soit 44,95 % des suffrages exprimés, au premier tour, Henri Karcher 17 121 voix, le candidat centre démocrate 5 994 et le communiste 1 902 voix. Georges Thomas est élu au second tour par 24 811 voix, soit 54,4 % des suffrages exprimés. Sa victoire est d’autant plus éclatante que le général de Gaulle avait obtenu 86 % des voix dans la circonscription lors du second tour de l’élection présidentielle de 1965, soit son meilleur score national. Georges Thomas se rapproche alors des gaullistes pour consolider sa position politique. A l’Assemblée, il s’apparente au groupe d’Union des démocrates pour la Ve République. Il siège à la commission des affaires étrangères et se montre peu actif durant cette courte législature.

Irrités par le fait que la circonscription « la plus gaulliste de France » ait élu un démocrate-chrétien aux législatives de 1967, l’Union des démocrates pour la République (UDR) choisit de « parachuter » sur place une personnalité influente du gouvernement, le ministre des Armées Pierre Messmer. Ce dernier cherchait par ailleurs une circonscription politiquement « sûre » après sa défaite aux législatives précédentes à Lorient. Georges Thomas s’efface donc. Il reste conseiller général du canton de Phalsbourg jusqu’en 1973 et maire de Dannelbourg jusqu’en 1995, avant de quitter définitivement la vie politique. Élu triomphalement aux législatives anticipées de juin 1968, son successeur, Pierre Messmer, domine la circonscription très largement, fédérant les cantons francophones et germanophones sur son nom. Réélu dès le 1er tour à chaque élection législative de 1968 à 1988, son ascendant s’exerce désormais sans partage. Les candidats démocrates-chrétiens ne réaliseront plus que de faibles scores, affaiblis par la progressive perte d’influence de l’Église et le réflexe légitimiste d'une partie importante des électeurs de la circonscription.

Georges Thomas s’éteint le 31 octobre 2004, à 90 ans. Il était chevalier du Mérite agricole.