Paul Vahé

1907 - 1983

Informations générales
  • Né le 29 mars 1907 à Douai (Nord - France)
  • Décédé le 11 septembre 1983 à Saint-rémy (Saône-et-Loire - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Union et fraternité francaise

Biographies

Biographie de la IVe République

VAHÉ (Paul, Alfred, Ferdinand)
Né le 29 mars 1907 à Douai (Nord)
Décédé le 11 septembre 1983 à Saint-Rémy (Saône-et-Loire)

Député de Saône-et-Loire de 1956 à 1958

Parmi les petits commerçants et artisans qui ont entamé un itinéraire politique national à la faveur de la vague poujadiste, Paul Vahé se distingue par le rôle de premier plan qu’il a joué et par la persévérance de son engagement aux côtés de Pierre Poujade.
Le père de Paul Vahé a été transporteur par eau jusqu’en 1914, avant de devenir directeur d’une agence de transports fluviaux, puis directeur d’un chantier de réparation de péniches. Paul Vahé est lui-même mécanicien spécialisé en moteurs de péniches à Chalon-sur-Saône quand l'Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) s’implante en Saône-et-Loire. Il a un passé politique, puisqu’il a été membre du Parti social français (PSF) du colonel de la Rocque avant 1940, puis militant du Rassemblement du peuple français (RPF). Adhérent de la première heure à l’UDCA, il est élu président de la section locale de Chalon le 13 décembre 1954, avant de devenir président départemental le 16 janvier 1955. Leader incontesté du mouvement dans son département, Paul Vahé anime avec ardeur l’ensemble des campagnes nationales initiées par l’UDCA. Son militantisme le conduit d’ailleurs à s’éloigner de son commerce qui périclite. Obéissant scrupuleusement aux consignes de Saint-Céré, il refuse de payer ses impôts et ses cotisations à la caisse primaire de sécurité sociale, ce qui lui vaut d’être cité à comparaître devant les tribunaux en 1956. En Saône-et-Loire, Paul Vahé anime les campagnes nationales qui correspondent à l’apogée du poujadisme, notamment la grève des commerçants du 28 mars 1955, puis la préparation des Etats Généraux du peuple de France à partir du mois de juillet suivant. Il participe à des oppositions à contrôle fiscal, par exemple le 4 octobre 1955 à Chagny. Le 15 novembre 1955, à Chalon-sur-Saône, lors d’une réunion des responsables cantonaux et départementaux de l’UDCA, Paul Vahé fait adopter à l’échelle départementale les décisions nationales de l’Union concernant la présentation de candidats poujadistes lors des prochaines élections législatives. Paul Vahé se fait également élire sous l’étiquette UDCA au tribunal de commerce et à la chambre de commerce de Châlon-sur-Saône.
La formation de l’Union de défense des ouvriers de France (UDOF) s’inscrit dans le mouvement plus large de création des unions parallèles à l’UDCA, à partir de mars 1955. L’apparition de ces organismes destinés à rassembler l’ensemble des classes sociales au sein du mouvement Poujade est le signe le plus incontestable de sa politisation. Paul Vahé annonce le 27 mai 1955 l’apparition de l’Union de défense des ouvriers de France en Saône-et-Loire. Pour étendre l’influence poujadiste aux ouvriers, Paul Vahé participe activement à la politique de main tendue et de fraternisation entre petits commerçants et ouvriers. Les grèves qui surviennent à Digoin, à la compagnie des fours et à la faïencerie en septembre, sont l’occasion de concrétiser la solidarité entre classes sociales. Le 4 septembre 1955 à Digoin, au cours d’une réunion, Paul Vahé fait adopter par l’assistance, à main levée, les formes sous lesquelles les poujadistes apporteront leur soutien aux ouvriers en grève. Par la suite, il organise des dons en nature des commerçants en faveur des grévistes, ainsi que la fermeture des boutiques le 6, puis le 21 septembre, en signe de soutien aux ouvriers. Des collectes sont réalisées. Cette nouvelle politique de l’UDCA engendre l’hostilité ouverte du Parti communiste français et de la CGT qui s’insurgent contre cette remise en cause de leur représentativité ouvrière et mènent sur le terrain une vigoureuse campagne anti-poujadiste, à partir du 20 septembre. Les syndicats et partis de gauche constituent en Saône-et-Loire un comité de vigilance destiné à contrecarrer l’action de l’UDOF. Les 24, 25 et 26 octobre, des échauffourées opposent manifestants de gauche et poujadistes à Montceau-les-Mines, à Saint-Vallier puis à Perrecy-les-Forges ; à cette occasion, Paul Vahé est légèrement blessé et sa voiture est renversée. La vigueur des réactions des partis et syndicats socialistes et communistes met un coup d’arrêt aux tentatives poujadistes de prospection en milieu ouvrier, et par là même à la progression de l’UDOF.
Ainsi, dès l’origine, Paul Vahé obéit-il fidèlement aux directives de Pierre Poujade. Cela lui vaut d’être promu responsable national de l’UDCA en février 1955, chargé des départements de l’Ain, du Jura, du Doubs, de Côte-d’Or, de Haute-Saône et de Saône-et-Loire. Militant modèle, il fait un stage d’une semaine à l’Ecole des Cadres de l’UDCA en septembre 1955. En novembre, en tant que président de la commission nationale de vigilance de l’Union, il est chargé de l’étude des candidatures poujadistes aux élections législatives. Proche de Poujade, Paul Vahé assiste à toutes les réunions importantes des organismes directeurs du mouvement.
Vahé est élu député, le 2 janvier 1956. La liste qu’il dirige, Union et fraternité française (UFF), arrive en troisième position, avec 11,6 % des suffrages exprimés, derrière les listes communiste et socialiste. En Saône-et-Loire, les scores poujadistes les plus élevés se concentrent plus particulièrement dans les arrondissements d’Autun et de Charolles. Au Palais Bourbon, Vahé est nommé membre des commissions des affaires étrangères (1956-1957), de l’agriculture (1956-1957), de la défense nationale (1957-1958), et de la commission des moyens de communication et du tourisme (1957-1958). En 1956, il est vice-président national de l’UDCA aux relations extérieures, chargé des unions parallèles et des oeuvres sociales. Il est également président du groupe parlementaire poujadiste à l’Assemblée nationale jusqu’en janvier 1957. Début 1957, il abandonne ses fonctions de président du groupe UFF à l’Assemblée nationale et en profite pour donner un regain d’activité à l’UDCA en Saône-et-Loire. Il adhère au groupe paysan de Paul Antier, apparenté au groupe UFF, composé de 10 membres, dont sept ont été élus sous l’étiquette UFF.
Les votes de Paul Vahé lors des principaux scrutins sont conformes aux directives données par le bureau national du mouvement Poujade. Il vote contre l’investiture des présidents du conseil Guy Mollet (31 janvier 1956), Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), Félix Gaillard (5 novembre 1957), et Pierre Pflimlin (13 mai 1958) ; il se prononce contre les pouvoirs spéciaux en Algérie, le 12 mars 1956 puis le 12 novembre 1957. Le 31 octobre 1956, il vote contre l’expédition de Suez et contre le projet de loi-cadre en Algérie, le 30 septembre 1957.
Au cours de son mandat, Paul Vahé dépose neuf propositions de lois et sept propositions de résolution. Sa première préoccupation concerne les institutions. A cet effet, Paul Vahé dépose, le 12 mars 1956, une proposition de loi tendant à rendre sa dignité au mandat des membres des assemblées constitutionnelles par l’interdiction des recommandations, interventions ou sollicitations concernant des intérêts privés. Le 9 novembre 1956, il dépose une proposition de loi tendant à assurer la publicité des ressources et des effectifs des partis et groupements politiques. Ainsi, le souci de réforme institutionnelle poujadiste se fonde-t-il sur un solide antiparlementarisme.
Par la suite, Paul Vahé s’intéresse de près à la fiscalité, conformément aux préoccupations originelles de l’UDCA. Le 5 juin 1956, il dépose une proposition de loi tendant à modifier certaines dispositions du Code général des impôts concernant les artisans mariniers, dont il fait partie. Le 23 juillet 1956, une proposition de résolution a pour objectif l’élaboration d’une réforme fiscale fondée sur l’impôt à la base. Le 1er août 1956, dans un souci d’égalité fiscale entre les gros et petits magasins de détail, une proposition de loi tend à assujettir les magasins du type « prix uniques » à la TVA.
Enfin, le troisième axe des initiatives parlementaires de Paul Vahé concerne le maintien de la présence française en Algérie. Le 4 juillet 1956, une proposition de loi tend à opérer un prélèvement sur les indemnités parlementaires, afin d’associer la représentation nationale à l’effort de guerre en Afrique du Nord.
Parallèlement à son activité parlementaire, Paul Vahé développe une vigoureuse action de terrain. En mai 1956, il assiste aux obsèques de Gaston Bergeri, militant poujadiste savoyard décédé à la suite de heurts avec la police, et prononce un éloge du défunt au nom du mouvement. En septembre 1956, il accompagne Pierre Poujade pour les journées d’Angoulême, qui marquent une velléité de rapprochement avec la droite parlementaire traditionnelle. Paul Vahé anime, dans son département, les manifestations de l’UDCA. Le 17 novembre 1956, il participe activement à la journée de barrages sur les routes, organisée au plan national pour protester contre la nouvelle vignette automobile. Il manifeste à Chalon-sur-Saône, le 30 mars 1957, en faveur du capitaine Moureau, officier français tombé aux mains de l’ennemi à la frontière algéro-marocaine, puis contre la présence du ministre des affaires étrangères Christian Pineau à la foire-exposition de Mâcon, le 19 mai. Paul Vahé écrit de nombreux articles pour l’hebdomadaire poujadiste Fraternité Française, notamment en 1956 et en 1957, dans lesquels il développe les points de vue du mouvement.
En 1958, Paul Vahé suit fidèlement les consignes de Pierre Poujade en votant pour l’investiture du général de Gaulle (1er juin), contre les pleins pouvoirs, puis en faveur de la révision constitutionnelle (2 juin). Il est candidat aux élections législatives de novembre 1958 dans la deuxième circonscription de Saône-et-Loire sous l’étiquette poujadiste « Défense des Libertés », mais n’obtient que 3,3 % des inscrits au premier tour. A nouveau candidat en 1962, en 1968, puis en 1973, ses scores n’atteignent jamais 5 % des inscrits. Il reste membre du comité directeur du mouvement Poujade et vice-président national. Lors des élections européennes de juin 1979, Paul Vahé figure en 73ème position sur la liste estampillée Union de défense interprofessionnelle pour une France indépendante dans une Europe solidaire (UDIP-FIDES), conduite par Philippe Malaud et Pierre Poujade, qui rassemble des poujadistes, des centristes et certains membres du Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP). Cette liste n’obtient aucun élu.
Paul Vahé est décédé à Saint-Rémy, le 11 septembre 1983.