Jacques Verneuil

1919 - 1982

Informations générales
  • Né le 20 septembre 1919 à Cozes (Charente-Inférieure - France)
  • Décédé le 9 mars 1982 à Angoulême (Charente - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 13 juillet 1955
Département
Charente-Maritime
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1955 au 1er janvier 1980

Biographies

Biographie de la IVe République

VERNEUIL (Jacques)
Né le 29 septembre 1899 à Cozes (Charente-Inférieure)
Décédé le 9 mars 1982 à Angoulême (Charente)

Député de Charente-Maritime de 1951 à 1955
Sénateur de Charente-Maritime de 1955 à 1980

Jacques Verneuil est issu d'une famille protestante de viticulteurs charentais. Il est né en 1899 à Cozes, dans le sud de la Charente-Inférieure. Son père fut l'artisan de la reconstruction du vignoble local, après la crise du phylloxéra. Jacques Verneuil obtient un diplôme d'ingénieur agricole à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier, avant de revenir assurer la continuité familiale dans la propriété de Gémozac. Il entame parallèlement sa carrière politique en se faisant élire, à 23 ans, conseiller d'arrondissement de Gémozac. En 1926, il épouse Marguerite Maunoury, union qui l'apparente au futur président du Conseil, Maurice Bourgès- Maunoury. Il adhère en 1928 au Parti radical-socialiste. Et en 1931, il quitte le Conseil d'arrondissement pour le Conseil général, mais il ne renouvelle pas son mandat en 1937.
Jacques Verneuil s'engage comme volontaire le 15 mai 1940 et obtient la croix de guerre. Par la suite, il participe à la résistance, d'abord en transportant des armes, puis au sein de la section spéciale de sabotage du maquis « Dordogne Nord », ce qui lui vaut la médaille de la Résistance. A la Libération, il préside le comité cantonal de Libération tandis que son frère aîné, Pierre, est préfet de Charente-Maritime, de 1944 à 1945 ; ce dernier abandonne alors la fonction pour s'occuper des exploitations viticoles.
Jacques Verneuil ne reprend pas tout de suite sa carrière politique. Il faut attendre 1951 pour qu'il renouvelle son adhésion au parti radical-socialiste, juste avant sa candidature aux élections législatives de juin 1951, sur la liste estampillée « Rassemblement des gauches républicaines – RGR ». Jacques Verneuil occupe la deuxième place de cette liste, derrière le député sortant Roger Gaborit. La liste recueille une moyenne de 19,9 % des suffrages exprimés, mais Jacques Verneuil obtient le meilleur score des candidats. Grâce à l'apparentement réalisé avec la SFIO et une coalition entre démocrates-chrétiens (MRP) et modérés, le RGR obtient deux élus, ce qui lui permet de devenir député.
La carrière parlementaire du nouvel élu saintongeais ne semble n'avoir d'autre but que de servir les intérêts de la viticulture dans laquelle il s'investit de plus en plus. Il devient secrétaire général, puis président de la fédération des viticulteurs charentais, membre du bureau interprofessionnel du Cognac, membre du Conseil supérieur de l'agriculture. Il participe à la création de la FDSEA et de la caisse locale du Crédit Agricole. Grâce à cette activité, il dispose d'une réelle influence dans le sud du département. A la fédération radicale, il est le spécialiste des questions agricoles. Au Palais-Bourbon, il entre sans surprise à la commission de l'agriculture et à celle des boissons dont il est secrétaire. Il y siège durant toute la législature (1951-1955). De surcroît, il est nommé secrétaire de la deuxième commission précitée, durant l’année 1955. Il est désigné par la commission de l'agriculture pour représenter l'Assemblée Nationale au sein de la commission consultative de la viticulture, le 1er août 1951.
Au cours de son mandat, il dépose quatre propositions de loi, sept propositions de résolutions, quatre rapports et un rapport supplémentaire. Ses initiatives parlementaires et ses treize interventions en séance publique ont un point commun : l'agriculture en général et la viticulture en particulier. Ainsi, le 1er décembre 1953, dépose-t-il une proposition de loi tendant à réglementer la dénomination « brandy » pour les eaux de vie. Sur le même thème, il rédige la proposition de résolution du 11 août 1954, demandant au gouvernement de tenir compte des légitimes intérêts de la viticulture française, pour la réglementation de la consommation des boissons alcooliques dans les territoires d'Outre-mer. En quatre années, il défend six amendements et deux demandes d’interpellation.
Lors des grands scrutins de la législature, il se prononce pour la loi Barangé et contre l'échelle mobile des salaires. II soutient le gouvernement Mendès France de bout en bout, s'oppose à la question préalable sur la Communauté européenne de défense (CED), déposée par le général Aumeran et Edouard Herriot, avant d'approuver les accords de Paris.
Le 13 juillet 1955, le député saintongeais démissionne, après son élection au Conseil de la République, le 19 juin 1955. Mais cette élection a lieu dans des conditions politiques particulières. En effet, Jacques Verneuil n'a pas l'investiture de la fédération radicale de Charente-Maritime. Cependant, il maintient sa candidature avec l'étiquette « Rassemblement des gauches républicaines (RGR) ». Il est élu au second tour, grâce à l'appui des voix socialistes. Cela provoque un conflit avec le patron de la fédération, André Dulin. Les tensions deviennent plus vives à l'automne 1956, avec les prises de position du sénateur à l’égard de la politique de Mendès France à la tête du Parti radical. Il reproche à l'ancien président du Conseil sa politique algérienne, son attitude dirigiste et son « progressisme ». Fin 1956, il démissionne du parti et rejoint les dissidents emmenés par André Morice et Henri Queuille dans le Centre Républicain. Pendant ce temps, au Palais du Luxembourg, il participe aux travaux de la commission des affaires économiques et des boissons. Fin 1957, il est membre du Conseil supérieur des alcools. Mais ses interventions y sont limitées.
Il est réélu lors des premières élections sénatoriales de la Cinquième République, en 1959, le seul de la liste radicale issue de la tendance Morice. En 1962, il se réconcilie avec André Dulin et obtient, dès le premier tour, son troisième mandat. Son dernier succès en 1971 est plus délicat, avec une victoire au deuxième tour, grâce aux voix communistes et socialistes. Paradoxalement, alors qu'il s'est opposé à Mendès France sous la Quatrième, il est le premier sénateur radical-socialiste du département à adhérer au Mouvement des radicaux de gauche (MRG). Il se rapproche alors de Michel Crépeau, malgré leurs affrontements de la fin des années Cinquante. Au Sénat, Verneuil reste l'homme des questions agricoles. Il est d'ailleurs président de l'Amicale parlementaire agricole du Sénat. Mais son activité parlementaire décline progressivement. En fait, il ne se préoccupe plus beaucoup des affaires politiques, leur préférant son exploitation. En 1980, il ne se représente pas aux élections à la Chambre haute. Son parcours politique présente ainsi la particularité de n'avoir jamais connu l'échec. Il meurt deux ans plus tard à l'hôpital d'Angoulême, le 9 mars 1982.