Ernest Voyer

1896 - 1981

Informations générales
  • Né le 1er mai 1896 à Saint-loup-sur-thouet (Deux-Sèvres - France)
  • Décédé le 6 juin 1981 à Chatou (Yvelines - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Orne
Groupe
Résistance démocratique et socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Orne
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

VOYER (Ernest, Auguste, Ambroise)
Né le 1er mai 1896 à Saint-Loup-sur-Thouet (Deux-Sèvres)
Décédé le 6 juin 1981 à Chatou (Yvelines)

Député de l'Orne de 1945 à 1946 et de 1962 à 1967

Fils d'Auguste Voyer, forgeron, et de Germaine Croisé, cultivatrice, Ernest Voyer est né le 1er mai 1896 à Saint-Loup-sur-Thouet dans les Deux-Sèvres d’où sont originaires ses parents, grands-parents et arrière grands-parents. Marié le 6 septembre 1919 à Thérèse Guyon, il est père d'une fille prénommée Marcelle, née le 7 août 1920.
Après le certificat d'études primaires obtenu à 13 ans, Ernest Voyer prend des leçons privées de mathématiques et lit beaucoup, principalement des ouvrages d'histoire, de géographie et de sciences naturelles. Il suit les cours par correspondance de l'Institut électronique de Bruxelles et obtient les diplômes de conducteur, puis d'ingénieur de travaux. Il commence sa carrière d'ingénieur à l'Electricité de France et la poursuit comme chef de service des relations commerciales d'EDF dans l'Orne, jusqu'à sa retraite en 1953.
Mobilisé le 10 avril 1915, Ernest Voyer fait la guerre dans l'artillerie avec le 109ème régiment, puis le 309ème régiment jusqu'à l'armistice du 11 novembre 1918. De sensibilité radicale, il participe à la fondation de la société Le Progrès civique en 1922. Fortement motivé par l'appel du 18 juin 1940, il entre dans la Résistance active en mars 1943 et devient le responsable du service action du Bureau des opérations aériennes pour le secteur de Mortagne. Il s'occupe de parachutages d'armes à Almenêches, Echauffour, L'Home-Chamondot, Saint-Symphorien (Sarthe) et élabore le plan de sabotage des lignes à haute tension amenant le courant à la centrale électrique d'Aube (Orne), ainsi que des lignes le redistribuant vers Caen et Rouen. Chef des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) de Mortagne, il participe à la libération du Perche durant l'été 1944. Président du comité cantonal de libération de L'Aigle, il devient président de la délégation spéciale de L'Aigle et prend la direction du Réveil normand. En 1945, il est élu maire, puis conseiller général de L'Aigle et vice-président du conseil général de l'Orne. Membre de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), il est élu député de l'Orne à la première Assemblée nationale constituante, avec 16,9 % des suffrages exprimés.
Très occupé par les travaux de reconstruction de sa ville et de son département, Ernest Voyer ne s'adonne guère au travail parlementaire. Nommé membre de la commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales, ainsi que de la commission de l'équipement national et de la production, il est nommé juré à la Haute Cour de justice. Il ne dépose aucun texte et n’intervient pas en séance publique durant son mandat de député à la première Assemblée nationale constituante.
Battu aux élections à la seconde Assemblée constituante, en juin 1946, n’obtenant que 8,2 % des suffrages exprimés alors qu'il conduit la liste du Rassemblement des gauches républicaines (RGR), il participe à la fondation de l'Union gaulliste à l'automne 1946. Mais il ne parvient pas à présenter une liste dans l'Orne pour les élections législatives de novembre 1946. En avril 1947, il adhère au Rassemblement du peuple français (RPF), devient délégué pour le canton de L'Aigle, puis entre au comité départemental de l'Orne où il siège comme vice-président. L'année suivante, il se détache du mouvement gaulliste lorsque ce dernier se déclare favorable aux subventions pour les écoles libres. Il demande alors de ne pas être reconduit dans ses fonctions cantonale et départementale.
Réélu maire de L'Aigle en 1947 et 1953, conseiller général de L'Aigle en 1951 et 1958, Ernest Voyer tente en vain de reprendre une carrière parlementaire. Il est d'abord battu aux élections législatives de 1951 avec seulement 1,4 % des suffrages exprimés tandis qu'il mène une liste radicale de large union intitulée " Liste du Rassemblement des gauches républicaines, de Représentation économique et paysanne indépendante et de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) ". Il est ensuite distancé aux élections au Conseil de la République de 1958 avec l'étiquette UDSR.
Lors du retour au pouvoir du général de Gaulle, Ernest Voyer renoue avec le gaullisme. A l'automne 1958, il adhère à l'Union pour une nouvelle République (UNR) dont il est le candidat aux élections sénatoriales de 1959. Battu par deux candidats indépendants, il ne se décourage pas. Reconduit dans ses mandats de conseiller général en 1958 et de maire en 1959, il est candidat à la députation dans la circonscription de Mortagne en novembre 1962 avec l'investiture de l'UNR. Il profite à ce moment-là de la dynamique gaulliste et d'une élection triangulaire pour battre au second tour, avec 40 % des suffrages exprimés, l'ex-gaulliste Roland Boudet qui ne tarde pas à prendre une triple revanche sur Ernest Voyer en se faisant élire conseiller général de L'Aigle en 1964, maire de L'Aigle en 1965 et député de Mortagne en 1967. Distancé de 125 voix seulement à l'élection législative, Ernest Voyer introduit avec succès un recours en annulation devant le Conseil constitutionnel. Mais l'élection législative partielle du 24 septembre 1967 lui est très défavorable. Roland Boudet, passé au centrisme, est élu dès le premier tour avec 57,2 % des suffrages exprimés contre seulement 23,7 % pour Ernest Voyer. Ce nouvel échec met fin à sa carrière politique, mais pas à sa vie militante qui se poursuit au sein de l'UNR, de l'Union des démocrates pour la République (UDR), puis du Rassemblement pour la République (RPR).
Ernest Voyer a reçu de nombreuses décorations : officier de la Légion d'honneur, croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, Kings Medal for courage, croix de guerre italienne, médaille de la Résistance, croix du combattant volontaire de la Résistance, médaille d'honneur du travail, officier du Mérite civil, chevalier des Palmes académiques et chevalier du Mérite agricole.
Ernest Voyer disparaît le 6 juin 1981.




VOYER (Ernest, Auguste)
Né le 1er mai 1896 à Saint-Loup-sur-Thouet (Deux-Sèvres)
Décédé le 6 juin 1981 à Chatou (Yvelines)

Membre de la première Assemblée nationale constituante (Orne)
Député de l’Orne de 1962 à 1967

Maire de l’Aigle depuis la Libération, Ernest Voyer a rejoint le RPF au début de la IVème République, mais ne figure pas sur la liste présentée par la formation gaulliste aux élections législatives du 17 juin 1951. Il n’est pas non plus candidat le 2 janvier 1956 au titre des Républicains sociaux de Jacques Chaban-Delmas. Réélu conseiller général le 20 avril 1958, Ernest Voyer approuve le retour au pouvoir du général de Gaulle et voit une garantie de stabilité dans la Constitution de la Vème République.
A la veille des élections législatives de novembre 1958, son canton de l’Aigle figure dans la deuxième circonscription de l’Orne, où l’UNR accorde son investiture à Roland Boudet, directeur du Réveil normand. Elu, ce dernier s’éloigne progressivement de la discipline du groupe gaulliste à l’Assemblée nationale, jusqu’à voter la motion de censure du 4 octobre 1962. Après que 76,1% des électeurs de l’Orne (contre 62,25% des Français) ont approuvé l’élection du président de la République au suffrage universel, l’UNR désigne Ernest Voyer pour s’opposer au sortant et incarner la majorité dans la deuxième circonscription à l’occasion des élections législatives des 18 et 25 novembre. Dans sa profession de foi, le maire de l’Aigle se présente comme « le candidat de défense des intérêts de l’arrondissement » mais son programme reprend très largement les argumentaires préparés par l’UNR. Contre « les errements anciens », il y appelle en effet à soutenir le général de Gaulle et l’action de redressement national entreprise depuis 1958. Au premier tour, Ernest Voyer rassemble 30,8% des suffrages exprimés, contre 27,2% pour le sortant, qui se réclame désormais du Parti libéral européen de Jean-Paul David et 17,5% pour l’UDSR Louis Mermaz, déjà candidat en novembre 1958. Le candidat de l’UNR obtient son meilleur résultat (50,9%) dans le petit canton de Pervenchères, que son suppléant Charles Gireaux représente à l’Assemblée départementale. Il est revanche devancé par Roland Boudet dans son propre canton de l’Aigle (27,9% contre 37,2% pour le sortant). Le maintien au second tour de Louis Mermaz, qui prive Roland Boudet des voix de gauche qui auraient pu se porter sur son nom, permet à Ernest Voyer de devenir député de l’Orne le 25 novembre 1962. Il est cependant un des parlementaires les moins bien élus de France, avec 39,98% des suffrages exprimés.
Le Palais-Bourbon que retrouve Ernest Voyer diffère sensiblement de celui de 1946 dans son atmosphère comme par son règlement. Il s’y inscrit au groupe de l’UNR-UDT et siège à la Commission de la production et des échanges pendant toute la deuxième législature. Le parlementaire normand n’intervient pas dans l’hémicycle entre 1962 et 1967 et ne dépose pas de proposition de loi ou de rapport sur le bureau de l’Assemblée nationale. Il soutient avec constance la politique du gouvernement de Georges Pompidou. Il autorise la ratification du traité de l’Elysée, qui scelle la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963), approuve l’encadrement de l’exercice du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963), vote le projet de loi réformant le scrutin municipal (17 juin 1964) et se prononce en faveur de la réforme du service national (26 mai 1965).
Après avoir abandonné son mandat de conseiller général, Ernest Voyer est défait par Roland Boudet aux élections municipales de 1965. Il n’aborde pas les législatives de mars 1967 dans les meilleures conditions et affronte à cette occasion son successeur à l’hôtel de ville de l’Aigle. Investi par le Centre démocrate de Jean Lecanuet, Roland Boudet ne ménage pas ses critiques contre Ernest Voyer et affirme dans sa profession de foi « que de 1963 à 1967 il n’a pris part à aucun débat, n’a présenté rapport, n’a posé qu’une question écrite et aucune question orale » à l’Assemblée nationale. Le 5 mars 1967, le résultat du sortant gaulliste est sensiblement identique à celui de novembre 1962 dans la deuxième circonscription de l’Orne : 30,7% des suffrages exprimés contre 30,8% quatre ans et demi plus tôt. Huit cantons placent Ernest Voyer en tête du premier tour, contre cinq qui lui préfèrent Roland Boudet et deux l’Indépendant Henri Olivier. Les attaques du candidat centriste se font plus dures avant le scrutin décisif : ses documents électoraux présentent Ernest Voyer comme un « député inconditionnel, absolument inactif et toujours invisible » et lui reprochent de se comporter en homme « très hautain, très distant, très méprisant ». Le 12 mars 1967, l’ancien maire de l’Aigle est défait par son successeur dans le cadre d’une triangulaire avec Joseph Camus, candidat de la FGDS. Il compte en effet 125 suffrages de moins que Roland Boudet : 15710 voix (40,2%) contre 15835 (40,5%).
Ce résultat serré convainc Ernest Voyer de déposer un recours en annulation de l’élection devant le Conseil constitutionnel, qui rejette cette demande. L’ancien membre du RPF abandonne alors la vie politique. Il meurt en région parisienne, âgé de 85 ans, quelques semaines après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Il était officier de la Légion d’honneur et avait été décoré des croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, ainsi que de la médaille de la Résistance.