Etienne Weill-Raynal

1887 - 1982

Informations générales
  • Né le 9 décembre 1887 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 14 juillet 1982 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1950 au 4 juillet 1951
Département
Oise
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la IVe République

WEILL-RAYNAL (Etienne, Marc, Isaac)
Né le 9 décembre 1887 à Paris IXème (Seine)
Décédé le 14 juillet 1982 à Paris XVIème (Seine)

Député de l’Oise de 1950 à 1951

Etienne Weill-Raynal est le fils d’un républicain d’origine alsacienne, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, et d’une nièce de Gambetta, militante socialiste et proche de Pierre Renaudel. La rencontre de cet élève de l’Ecole normale supérieure avec le bibliothécaire dreyfusard, Lucien Herr, et sa lecture assidue de Jean Jaurès le gagnent au socialisme. Il adhère à la SFIO en 1913. Reçu premier à l’agrégation d’histoire en 1910, il accomplit son service militaire, puis obtient une licence de droit et entreprend une thèse de doctorat. Figure même de l’intellectuel, Etienne Weill-Raynal publiera toute sa vie des articles et des ouvrages sur des sujets très divers. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert à l’état-major de la 1ère Armée comme interprète.
En 1919, il est nommé professeur au lycée de Laon (Aisne) et adhère au syndicat CGT de l’enseignement secondaire. Puis il est détaché à la délégation française de la commission des réparations et, devenu un spécialiste de la question, publie plusieurs études de référence. Il enseigne ensuite aux lycées Corneille de Rouen, puis Voltaire et Louis-le-Grand à Paris. Lors de la scission de Tours, en décembre 1920, il choisit de rester à la SFIO et appartient à l’aile modérée, favorable à la participation ministérielle des socialistes. Très attaché à l’unité de son parti, il s’efforce toujours de défendre la synthèse lors des congrès de crise, comme en 1933 avec la scission néo-socialiste. Il est également membre de la Ligue des Droits de l’Homme et du Grand Orient de France. En 1924, il est candidat sur une liste du Cartel des gauches dans la deuxième circonscription de l’Oise, mais n’ayant obtenu que 18,1 % des suffrages exprimés, il se désiste en faveur du radical-socialiste qui est élu. La même année, il entre à la commission administrative de la fédération socialiste de l’Oise, et en est le secrétaire politique de 1932 à 1938. Mais il va aussi plusieurs fois prêter main forte aux socialistes de la Charente qui, en 1932, le présentent à Barbezieux, où il obtient 14,6 % des suffrages exprimés au premier tour. En 1936, il y tente à nouveau sa chance et augmente son score avec 28,9 % des suffrages exprimés au premier tour, et 28,2 % au second. En 1937, il est encore candidat malheureux dans le canton de Montembœuf (Charente). Parallèlement, il est l’un des collaborateurs de Vincent Auriol, ministre des finances du gouvernement de Léon Blum en 1936 et 1937. Après les accords de Munich, il se rapproche de la tendance pacifiste de la SFIO, réunie autour de son secrétaire général Paul Faure. Il collabore à son journal Le Pays socialiste.
Après la défaite, le gouvernement de Vichy le révoque de l’éducation nationale, en application du statut des Juifs d’octobre 1940. Il est un temps interné au camp de Drancy. Ayant réussi à être libéré, il entre dans la clandestinité en 1941. Il travaille alors au Comité général d’études, fondé par Jean Moulin, qui est chargé de réfléchir aux exigences du futur régime républicain.
A la Libération, Etienne Weill-Raynal entre à la rédaction de nombreux périodiques tels que l’organe du parti socialiste, Le Populaire, ou Nord-Matin. Il collabore également et régulièrement à La revue socialiste, dont il deviendra le directeur en 1954, à la place de l’historien Ernest Labrousse. Il est l’un des théoriciens du parti et publie Pour connaître le socialisme. En 1945, il soutient sa thèse de doctorat sur les réparations allemandes et la France, et la publie. Militant à la fédération de l’Oise, dont il est le secrétaire général adjoint, il est élu conseiller général de Grandvilliers en septembre 1945. En octobre, il est candidat à la première Assemblée nationale constituante, en troisième position sur la liste SFIO, menée par le député sortant Jean Biondi, l’un des dirigeants de Libération Nord. Dans leur profession de foi, ils se réclament de la Résistance et demandent l’application du programme du Centre national de la Résistance (CNR). Mais avec 25,3 % des suffrages exprimés, seul Jean Biondi est élu. En juin 1946, Etienne Weill-Raynal est cette fois son second. Ils revendiquent les réalisations déjà accomplies, telles que les nationalisations, s’opposent au rétablissement du Sénat, et s’engagent à défendre la laïcité. Ils mettent aussi en garde leurs électeurs contre leurs partenaires du gouvernement tripartite, le Mouvement républicain populaire (MRP) et le Parti communiste français (PCF), en déclarant ne vouloir « ni passer sous la houlette de ceux qui prennent leur mot d’ordre à Rome, ni accepter la direction de ceux pour qui l’idéal reste un régime de dictature et dont la règle de conduite est l’intérêt du gouvernement de Moscou ». Mais leur liste n’emportant que 19,7 % des suffrages exprimés, elle n’obtient à nouveau qu’un seul député. De même en novembre 1946, seul Jean Biondi, avec 17,4 % des votants, est élu. Mais à la suite du décès accidentel de ce dernier, Etienne Weill-Raynal le remplace le 2 décembre 1950.
A l’Assemblée nationale, il siège à la commission du suffrage universel, du règlement et des pétitions (1950-1951) et à celle de la réforme administrative jusqu’à la fin de la législature (1950- 1951). Il entre à la commission des affaires économiques en janvier 1951. En six mois, il dépose un rapport sur une proposition de loi et intervient à l’occasion de cinq discussions différentes. Il défend alors huit amendements. Dans le domaine économique, en particulier, il prend part à la discussion sur le statut du fermage et du métayage, en souhaitant favoriser le renouvellement de son bail pour le preneur ; il propose de prévoir au Conseil économique un représentant par question : l’épargne, la propriété bâtie, le tourisme et les exportateurs. Il intervient également à plusieurs reprises pour défendre le système des apparentements envisagé pour les prochaines élections législatives. Le 27 avril 1951, il s’exprime ainsi au nom du groupe socialiste : « La République, fondée sur les libertés démocratiques, est menacée des deux côtés : par ceux qui veulent la dictature d’un homme et par ceux qui veulent la dictature d’un parti », stigmatisant à la fois les gaullistes et les communistes. Et il s’oppose à la représentation proportionnelle intégrale, parce que, selon lui, une coalition des gaullistes et des communistes rendrait le pays ingouvernable. Il vote donc avec tout son groupe en faveur de la loi sur les apparentements (mai 1951).
En juin 1951, Etienne Weill-Raynal mène la liste SFIO dans l’Oise. Mais avec 21 662 voix, soit 11,3 % des suffrages exprimés, il est largement battu. La liste gaulliste du RPF, menée par le maire de Compiègne, Jean Legendre, obtient 34,4 % des suffrages et emporte trois sièges. Les deux députés sortants communistes, André Mercier et Armand Brault, sont réélus. Il est également battu aux cantonales la même année. En 1954, lors de la querelle sur la Communauté européenne de défense (CED) qui déchire son parti, il appartient à la majorité cédiste autour de Guy Mollet. En janvier 1956, il ne se représente pas aux élections législatives et cède la tête de liste à Marcel Mérigonde qui, lui, est élu. Mais il entre comme conseiller technique dans le gouvernement de Guy Mollet et au Comité directeur de la SFIO - où il siégera jusqu’en 1963. Dans cette instance, il soutient « la politique de pacification » en Algérie de Guy Mollet. Il approuve son action en faveur du général de Gaulle pendant la crise de mai-juin 1958. Il anime dès lors la commission nationale d’études du parti socialiste jusqu’au milieu des années soixante.
Etienne Weill-Raynal continue de diriger La Revue socialiste jusqu’en 1971, et publie plusieurs ouvrages historiques. Il est également président d’honneur du Cercle Paul Ramadier et de l’Amicale des Vétérans du parti socialiste. Il est vice-président de la Société d’études jaurésiennes. Spécialiste des systèmes électoraux, il défend depuis longtemps une formule de représentation proportionnelle nationale, avec un scrutin individuel dans le cadre des circonscriptions, et des péréquations entre les départements. Aussi, en mars 1978, fonde-t-il encore un Comité républicain d’action pour promouvoir ce système. Il décède le 14 juillet 1982.