Ikhia Aboubekr Zodi

1919 - 1996

Informations générales
  • Né le 1er janvier 1919 à Widiten (Niger)
  • Décédé le 16 février 1996 à Niamey (Niger)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Niger
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance

Biographies

Biographie de la IVe République

ZODI IKHIA (Aboubekr)
Né vers 1919 à Winditen (Niger)
Décédé le 16 février 1996 à Niamey (Niger)

Député du Niger de 1951 à 1955

Né dans un milieu touareg lettré, Aboubekr (ou Aboubacar) Ikhia Zodi est fils d’un notable de l’amenokalat de Taghagar. Il effectue ses études primaires et primaires supérieures à Niamey, puis il suit les cours de l’Ecole William Ponty à Dakar de laquelle il sort diplômé. Instituteur-adjoint du cadre unique de l’Afrique occidentale française (AOF), il enseigne dans des écoles primaires et des écoles nomades à partir de 1941. Il assume souvent les fonctions de directeur, à l’exemple de l’Ecole des enfants de troupe à Bingerville (Côte-d’Ivoire), ce qui lui vaut les Palmes académiques. Il pose sa candidature aux élections du 17 juin 1951 alors qu’il dirige l’Ecole des Kel Gress d’Arzérori (subdivision de Madoua). Membre du Syndicat des enseignants du Niger, à partir de 1948, il le restera jusqu’à l’indépendance, en 1960.
Sa vie militante a débuté en 1946 dans les rangs du Parti progressiste nigérien (PPN), branche du Rassemblement démocratique africain (RDA). Il est élu au Conseil général de Tahoua en 1948. En 1949, il rejoint l’Union des Nigériens indépendants et sympathisants (UNIS), organisation affiliée à l’Union démocratique et socialiste de la résistance (UDSR). Il se présente aux élections à l’Assemblée nationale, le 17 juin 1951, sur la liste conduite par Georges Mahama Condat. Leur programme se veut « essentiellement pratique » et, dans ce but, les objectifs en sont définis chaque année par le congrès du parti qui affirme être « avant tout un parti nigérien ». Les candidats appuient les chefs coutumiers auxquels ils attribuent les réformes d’intérêt général réalisées pendant la législature précédente, et s’engagent auprès des anciens combattants à poursuivre les efforts pour revaloriser leurs pensions. Avec 46 680 voix sur 56 594 votants, l’UNIS arrive en tête des quatre listes en présence, emportant les deux sièges à pourvoir et battant les candidats du RDA dont le député sortant, Diori Hamani. Ikhia Zodi est élu à l’Assemblée territoriale, en 1952, pour représenter la région de Filingué et, la même année, il entre au Grand conseil de l’AOF, où il siègera jusqu’en 1957.
A l’Assemblée nationale, il respecte l’affiliation à l’UDSR jusqu’en 1953, puis il rejoint le groupe des Indépendants d’Outre-mer (IOM). Il est nommé membre de la commission de l’éducation nationale (1951-1952 ; 1954-1955), mais il a également participé aux travaux de la commission de la production industrielle (1953-1954). Ses activités parlementaires ne suivent pas un rythme soutenu, le député du Niger ne déposant aucun texte de loi et n’intervenant pas en séance publique durant cette législature. En revanche, il prend part régulièrement aux scrutins concernant les questions traitées pendant la législature : par exemple, il se prononce pour la réforme fiscale et la taxe sur la valeur ajoutée, le 9 avril 1954, ou pour la ratification de la Convention de l’OTAN, le 4 août 1954. Il agit plus volontiers sur le terrain. Ainsi, lors d’une conférence organisée à Niamey, le 24 août 1954, sur la situation alimentaire du Niger pendant la famine de 1953-1954, il dénonce l’incurie des autorités administratives à tous les niveaux, leur reprochant, entre autres, de n’avoir pas procédé à des distributions de denrées. Son attitude déplaît à l’Administration qui fait pression sur Comité central de l’UNIS pour le désavouer, suscitant une crise dans le parti. Nombre de dirigeants et de militants le quittent, certains lui reprochant son affiliation aux IOM. Marginalisé, Ikhia Zodi est battu aux élections législatives de 1956. Tête de liste de l’UNIS, il n’arrive qu’en quatrième position, loin derrière le Bloc nigérien d’action-UDSR de Georges Condat, un ancien de l’UNIS, député sortant réélu, et le Parti progressiste nigérien-RDA de Diori Hamani, également élu.
Rassemblant quelques fidèles, Ikhia Zodi transforme son parti en Front démocratique nigérien (FDN), le 6 mars 1957, et s’affilie à la Convention africaine, créée par Léopold Sédar Senghor avec les IOM. Parallèlement, il assure la direction de publication du journal L’Unité, organe de son parti, dans lequel il rédige de nombreux articles, et ce jusqu’en 1958.
La fin de la quatrième République est marquée, au Niger, par la division des principaux leaders sur la question du référendum, alors que l’Administration civile et militaire se mobilise en faveur du vote positif. Ikhia Zodi, dont le parti avait été intégré au mouvement Sawaba de Djibo Bakary, alors vice-président du Conseil du gouvernement, hésite puis se détache de ce dernier et se prononce pour le « Oui ». Il semble que cette décision lui ait coûté le poste de directeur de l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) qu’il assumait en remplacement de Boubou Hama. Par la suite, la Communauté ayant été créée, alors que le FDN n’existe plus que par sa personne, il se rapproche du PPN-RDA, en décembre 1958, ce qui lui permet d’être intégré au gouvernement de Diori Hamani auquel il apporte la caution d’une partie de la chefferie. En charge du portefeuille de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, il s’élève contre des mutations, effectuées à son insu, d’enseignants soupçonnés par le ministre de l’Intérieur d’appartenir à l’opposition ou de la soutenir. Cette attitude lui vaut, en 1960, d’être rétrogradé secrétaire d’Etat à la présidence, chargé de la défense, ce qui lui permettra toutefois d’assurer, à son tour, la présidence ès qualité du Conseil de défense de l’Union africaine et malgache (UAM). Or en 1963, il est impliqué dans une tentative de coup d’Etat contre Diori Hamani. Condamné à mort, sa sentence est commuée en une peine d’emprisonnement dans le sud du pays, mettant un coup d’arrêt à sa carrière politique. Il ne sera libéré qu’en février 1971. Il disparaît le 16 février 1996 à Niamey (Niger).