André Vidal

1908 - 1984

Informations générales
  • Né le 18 décembre 1908 à Constantine (Algérie)
  • Décédé le 27 septembre 1984 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Tarn
Groupe
Union pour la nouvelle République

Biographies

Biographie de la Ve République

VIDAL (André, Pierre, Louis)
Né le 18 décembre 1908 à Constantine (Algérie)
Décédé le 27 septembre 1984 à Paris-16ème

Député du Tarn de 1958 à 1962

André Vidal naît au début du siècle à Constantine, dans une famille de la classe moyenne : les membres s’en partagent entre l’enseignement primaire et secondaire, le service des armes et le petit commerce. Les origines d’André Vidal l’attachent au Sud-ouest de la France et lui-même devait se définir plus tard comme « gascon ». La branche paternelle se partage en effet entre Castres, Mazamet et Carcassonne, quand sa mère est Gersoise. André Vidal poursuit de brillantes études et réussit le concours de l’Ecole polytechnique à la fin des années 1920. Ingénieur, il fonde en 1932 une entreprise de conseil en organisation. Il est mobilisé au début de la Deuxième guerre mondiale puis rendu à ses foyers à l’issue de la campagne de France. Sous la IVème République, il se consacre à son cabinet de conseil, qui prospère jusqu’à employer une centaine d’ingénieurs.
L’Union pour la Nouvelle république, fondée pour soutenir l’action du général de Gaulle, ne répugne pas à investir des hommes neufs à l’occasion des élections législatives de novembre 1958. André Vidal reçoit ainsi le soutien de cette jeune formation : il se présente dans la deuxième circonscription du Tarn sous l’étiquette UNR. Il se dit libre de toute « attache politique ou confessionnelle » dans sa profession de foi et refuse de « participer à la mascarade habituelle, en promettant de faire augmenter le prix du blé tout en diminuant celui du pain ». Très critique à l’égard du régime défunt, il juge que « les partis de la IVème sont imbattables dans l’art de démolir, de noyauter, de trahir ou d’écoeurer les hommes d’Etat valables » et invite les électeurs tarnais à les sanctionner. Il s’engage pour sa part à « aider le général de Gaulle, sans conditions, aussi longtemps qu’il faudra, et tant qu’il n’aura pas démérité aux yeux de la Nation ». Le premier tour est très disputé entre les différents candidats modérés dans la deuxième circonscription du Tarn. Le sortant François Reille-Soult-Dalmatie, élu pour la première fois en 1919, porte à nouveau les couleurs du Mouvement républicain populaire (MRP) ; l’adjoint au maire de Castres et conseiller général François Sery représente le Centre national des Indépendants et paysans (CNI). C’est François Reille-Soult-Dalmatie qui arrive en tête le 23 novembre 1958 avec 25,7% des suffrages exprimés, devant André Vidal (20,6%) et François Sery (20%). Peu implanté, le candidat gaulliste obtient ses meilleurs résultats dans les cantons ruraux d’Anglès (29,8%) et de Murat-sur-Vèbre (28,7%). André Vidal se livre entre les deux tours à une vigoureuse campagne contre son adversaire démocrate chrétien. Il le qualifie dans un document électoral d’ « homme âgé, qui n’a jamais eu la moindre valeur politique » et à qui « il faut donc (…) montrer le chemin de la retraite ». Le scrutin décisif donne lieu à une quadrangulaire qui profite à André Vidal. Ce dernier l’emporte en effet grâce au soutien de 41,3% des électeurs, contre 39,1% qui lui préfèrent François Reille-Soult-Dalmatie.
Le député du Tarn s’inscrit au groupe de l’Union pour la Nouvelle république et siège à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République à l’Assemblée nationale. Ses premières initiatives parlementaires se situent au mois de juin 1960, comme s’il avait respecté auparavant un temps d’observation pour se familiariser avec les usages parlementaires. Le 11 juillet 1960, il dépose une proposition de loi très technique, qui vise à garantir la libre concurrence et à définir une « politique en matière de distribution ». L’article unique de ce texte envisage de supprimer un décret daté du 24 juin 1958 touchant au refus de vente et à la « pratique du prix minimum ». Le député du Tarn a sans doute été familiarisé à ces sujets dans le cadre de ses activités professionnelles. Il intervient à douze reprises dans l’hémicycle sous la première législature. Le 24 juin 1960, il se joint aux critiques développées par le député du Cher et ancien ministre Raymond Boisdé sur certains aspects de la politique gouvernementale en matière de réglementation commerciale. Quelques semaines plus tard, l’élu gaulliste se distingue à nouveau en opposant la question préalable à un projet de loi que défend le ministre de l’Industrie Jean-Marcel Jeanneney. L’article 8 de la loi du 8 avril 1946 sur la nationalisation du gaz et de l’électricité règle le fonctionnement d’un secteur libre pour ces énergies, mais il impose de nationaliser les entreprises privées qui dépasseraient une production de six millions de mètres cubes par an. Or, deux usines du secteur libre dépassent ce plafond en 1960, que le gouvernement de Michel Debré souhaite relever pour éviter d’avoir à les nationaliser. André Vidal regrette le manque de « solennité » avec lequel l’exécutif envisage ces questions et insiste sur l’importance symbolique de la loi d’avril 1946. Il s’émeut du laconisme du projet de loi et de la « hâte un peu insolite » avec laquelle le Gouvernement a souhaité voir abordée cette question. Son discours est du reste salué par des applaudissements sur plusieurs bancs « au centre, à gauche et au centre droit ». Après l’intervention d’André Vidal, le député UNR du Finistère Hervé Nader précise que son collègue s’est exprimé « en son nom personnel ».
André Vidal occupe une place singulière au sein du groupe gaulliste du Palais-Bourbon, dès le mitan de l’année 1960. Il apparaît comme rétif aux disciplines politiques et refuse de renoncer à une certaine liberté dans ses prises de position, même s’il approuve le programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959) comme la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959) et le projet de loi réformant le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959). Il accorde les pouvoirs spéciaux au Gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie au lendemain de la semaine des barricades (2 février 1960). Ses discours se caractérisent souvent par leur caractère général. André Vidal semble parfois s’y passionner plus pour l’esprit des lois que pour leur contenu, sauf quand il est question de réglementation commerciale. Le 25 octobre 1960, lors de la discussion du projet de loi de finances pour l’année suivante, il rappelle que la force de frappe donne des obligations à ceux qui la détiennent. Il invite notamment l’exécutif à tenir « mieux que jamais sur le plan international le langage de la raison, le langage de la sagesse » et à prendre la mesure du « problème de l’expansion économique » en politique intérieure. Le député du Tarn se livre ensuite à un véritable réquisitoire contre le rapport Armand-Rueff, dont la publication lui semble « une prodigieuse erreur politique », qui a déclenché « le tocsin dans toutes les couches de la population ». C’est pourtant à cet élu marginal que le groupe UNR confie le soin d’exprimer sa position après la déclaration du Premier ministre Michel Debré relative à l’Algérie, le 7 décembre 1960. André Vidal réaffirme à cette occasion sa confiance dans la politique algérienne du général de Gaulle, mais affirme, à la tribune, que « la Vème République, à ses débuts, a fort mal utilisé le Parlement ».
Son attachement au parlementarisme, plus qu’à une Algérie où il est pourtant né, éloigne très progressivement André Vidal de la majorité à la fin de la première législature. Il prend ainsi la parole lors de l’examen du IVème Plan de développement économique et social pour critiquer le fait que les parlementaires aient été peu associés à sa préparation (séance du 6 juin 1962). S’il approuve le programme du gouvernement de Georges Pompidou (27 avril 1962) et consent à la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962), il rompt définitivement avec l’UNR en votant la motion de censure du 4 octobre 1962.
Alors que le « non » l’a emporté de deux voix dans le Tarn au référendum du 28 octobre 1962, l’UNR y investit pour les législatives de novembre l’adjoint au maire de Castres Antonin Tirefort dans la deuxième circonscription. Candidat sans étiquette, André Vidal, qui se réclame désormais du radicalisme, ne recueille plus que 12,7% des suffrages exprimés le 18 novembre 1962, derrière les candidats de l’UNR, de la SFIO, du MRP et du PCF. Il ne devance ses adversaires que dans le petit canton d’Anglès qui lui accorde 27,2% des voix. Le député sortant se maintient cependant au second tour. La polarisation du scrutin ne lui permet pas de dépasser 11,1% des suffrages exprimés le 25 novembre 1962. C’est alors Antonin Tirefort qui emporte la victoire et succède à André Vidal comme député du Tarn.
L’ancien parlementaire n’abandonne pas complètement la vie publique après cet échec. Il se présente en effet aux élections législatives de juin 1968 dans son ancienne circonscription, avec le même suppléant que dix ans plus tôt. La vague gaulliste manque alors de faire réélire le jeune Jacques Limouzy, successeur d’Antonin Tirefort en mars 1967, dès le premier tour. Sans étiquette, André Vidal ne dépasse guère le stade de la candidature de témoignage, avec 2,2% des voix. Il se consacre dès lors au Centre de psychologie appliquée, qu’il a fondé. C’est près de 22 ans après avoir quitté le Palais-Bourbon qu’André Vidal s’éteint à Paris, âgé de 75 ans.