Emmanuel Villedieu

1919 - 1980

Informations générales
  • Né le 8 juin 1919 à Valognes (Manche - France)
  • Décédé le 19 mars 1980 à Caen (Calvados - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 février 1959 au 9 octobre 1962
Département
Calvados
Groupe
Union pour la nouvelle République

Biographies

Biographie de la Ve République

VILLEDIEU (Emmanuel, Auguste, Charles)
Né le 8 juin 1919 à Valognes (Manche)
Décédé le 19 mars 1980 à La Cambe (Calvados)

Député du Calvados de 1959 à 1962

Né le 8 juin 1919 à Valognes, dans la Normandie littorale, Emmanuel Villedieu est le fils d’un notaire de la ville, Emmanuel Villedieu, et d’Alexandrine Martin. Après avoir fréquenté l’école primaire de La Cambe (Calvados), il accomplit ses études secondaires aux lycées de Cherbourg et de Coutances, puis à la Faculté de droit de Caen. Il en sort diplômé d’une licence. Mobilisé en 1939, il participe aux Chantiers de jeunesse, entre 1940 et 1942, avant d’être démobilisé à cette date. Dès 1944, il s’engage à l’Union nationale des Etudiants de France (UNEF), et en devient le président, jusqu’en 1946. Le 14 septembre 1945, il épouse Paulette Perrier, de l’union avec laquelle naissent trois enfants : Emmanuel, le 27 septembre 1946 ; Martine, le 27 mai 1949 ; Bernard, le 15 mars 1952. Emmanuel Villedieu commence une longue carrière professionnelle à La Cambe, en novembre 1948, très tôt interrompue cependant par son engagement politique.
Gaulliste, il adhère au Rassemblement du peuple français (RPF), en 1947. C’est sous cette étiquette qu’il est élu maire de La Cambe, en 1951. Président des maires du canton d’Isigny-sur-Mer, il est candidat de l’Union pour la Nouvelle République (UNR) aux premières élections législatives de la Cinquième République, comme suppléant de Raymond Triboulet, ancien ministre, député sortant et conseiller général. Au premier tour du scrutin législatif, le 23 novembre 1958, c’est le succès pour les deux hommes, dans cette circonscription qui rassemble les cantons de Balleroy, Bayeux, Caumont-l’Eventé, Creully, Isigny-sur-Mer, Ryes, Tilly-sur-Seulles et Trévières. Ils dominent très nettement le scrutin, avec quatre fois plus de suffrages que n’en obtient leur concurrent le mieux placé, le divers droite François-Charles d’Harcourt, soit 20 443 voix contre 5 556. De surcroît, Raymond Triboulet est appelé, quelques semaines plus tard, à siéger dans le gouvernement de Michel Debré, comme ministre des anciens combattants. Aussi, Emmanuel Villedieu est-il proclamé de fait député de la quatrième circonscription du Calvados, le 9 février 1959.
Le nouveau député s’inscrit au groupe gaulliste de l’Assemblée nationale. Il est nommé membre de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, le 5 mai 1959. Il y demeurera jusqu’à la fin de la législature. Au cours de son mandat, Emmanuel Villedieu déploie une activité parlementaire intense. Il ne dépose pas de proposition de loi ou de résolution ; il est l’auteur, en revanche, de cinq rapports, au nom de la commission des lois, et d’un avis. Hormis les textes visant à la ratification d’accords internationaux, en décembre 1951, quatre initiatives dominent l’action législative du député du Calvados et sous-tendent la délibération parlementaire : les trois rapports sur les propositions de loi relatives à l’adoption, les 27 juillet 1959, 13 décembre 1960 et 19 juin 1962, et son avis, relatif aux groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC), le 24 novembre 1961. Il s’exprime sur ces textes et sur d’autres sujets dont il se saisit, au cours de vingt-sept interventions en séance publique. S’agissant du thème de l’adoption, lors des débats de novembre 1959 et de décembre 1960, il met à profit ses fonctions de rapporteur pour démontrer l’évolution du droit français en vigueur dans ce domaine, faisant valoir la nécessité de prendre en considération la situation des femmes seules, veuves ou divorcées, dans l’intérêt de l’adopté aussi. Il propose de réduire l’âge de l’adoptant à 35 ans, toutefois sans succès. Lorsque l’adoption et la légitimation adoptive reviennent en discussion, à l’occasion du débat du mois de juin 1962, à nouveau rapporteur, il souhaite l’élargissement des conditions d’adoption. Il souligne la nécessité de permettre la légitimité adoptive des enfants naturels dans des conditions les moins restrictives possibles.
Il intervient longuement dans les discussions auxquelles la sociologie de sa circonscription du Bessin l’invite à travailler : les affaires rurales. Son investissement est important, dans la discussion du projet de loi relatif aux groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC). Après avoir déposé un avis, le 24 novembre 1961, il prend la parole dans la discussion, en qualité de rapporteur pour avis. Il soutient la création de sociétés civiles d’exploitants agricoles à responsabilité limitée et à capital variable. Il met en garde contre le problème posé par l’apport du droit au bail et la lourdeur de la procédure d’agrément, comme l’insertion souhaitable de clauses-types dans les statuts des groupements. Dans cette discussion, il souhaite de la même manière laisser aux paysans leur liberté d’action.
Par ailleurs, sur des textes aussi variés que la promotion sociale ou les transactions portant sur les immeubles et les fonds de commerce, sur la politique de l’énergie ou sur la publicité foncière en Algérie, il dépose plusieurs sous-amendements, sept amendements et un article additionnel. A l’occasion de sa dernière intervention en séance publique, le 23 juillet 1962, il s’intéresse à la protection du patrimoine historique et esthétique de la France, notamment la nécessité d’utiliser la procédure rapide du référé.
Son mandat à l’Assemblée nationale est également le moyen de faire connaître publiquement ses réserves face à la politique gouvernementale en Algérie. Cette initiative le conduit à quitter le groupe gaulliste du Palais-Bourbon, le 29 juin 1961, et à siéger parmi les députés indépendants. Elle justifie son départ de la commission des lois, le même jour, avant un retour au sein de cet aréopage, après une très courte période d’une semaine. Les votes d’Emmanuel Villedieu corroborent cette liberté personnelle, rare dans les rangs gaullistes. En effet, il s’abstient lors du vote de l’ordre du jour de confiance au gouvernement Debré, le 16 janvier 1959. Certes, il approuve la déclaration de politique générale que le Premier ministre prononce, quelques mois plus tard, le 15 octobre 1959. Il contribue, par sa voix, à l’adoption de la loi sur l’enseignement privé, le 23 décembre 1959, ainsi que de l’ensemble du projet de loi sur les pouvoirs spéciaux, le 2 février 1960. Mais il manifeste une abstention volontaire, lors du scrutin portant sur la modification de la Constitution, le 11 mai 1960, et refuse de donner sa confiance au gouvernement formé par Georges Pompidou, le 27 avril 1962. Enfin, il vote la motion de censure déposée en application de l’article 49, alinéa 3, le jeudi 4 octobre 1962.
Emmanuel Villedieu n’est pas candidat aux élections législatives du mois de novembre 1962, consécutives de la dissolution de l’Assemblée nationale, contraignant Raymond Triboulet au choix d’un nouveau suppléant. Le maire de La Cambe se réinvestit alors dans son activité professionnelle. Il est président de la Chambre des notaires du Calvados, de 1962 à 1965, puis de 1970 à 1973. Simultanément, de 1968 à 1975, il est président du syndicat national des notaires. Il préside également la confédération française des officiers publics et ministériels, à partir de 1963. A partir de 1970, il est vice-président de l’Union notariale des professions libérales, et membre du comité directeur du Conseil national de liaison et d’action des classes moyennes, ainsi que de l’association des conseillers de l’économie privée. Au titre de la défense de sa profession, il dirige la revue Ventôse, de 1968 à 1976.
C’est à la tête de sa commune que ce passionné de navigation de plaisance, chevalier de l’ordre du cèdre du Liban, et titulaire de la médaille d’honneur départementale et communale, disparaît, le 19 mars 1980, à quelques mois de son soixante-et-unième anniversaire.