Adrien Veber

1861 - 1932

Informations générales
  • Né le 8 mars 1861 à Bambiederstroff (Moselle - France)
  • Décédé le 29 octobre 1932 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1902 au 31 mai 1906
Département
Seine
Groupe
Parti socialiste français
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 20 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Seine
Groupe
Socialistes unifiés
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 8 mai 1910 au 31 mai 1914
Département
Seine
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 26 avril 1914 au 7 décembre 1919
Département
Seine
Groupe
Parti socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 8 mars 1861 à Bambiderstroff (Moselle), mort le 29 octobre 1932.

Député de la Seine de 1902 à 1919.

Adrien Veber naît dans la partie de la Lorraine annexée à l'Allemagne en 1871. Il fait ses études au lycée de Charleville, est répétiteur aux lycées de Saint-Omer et Valenciennes, puis maître-répétiteur au lycée Saint-Louis à Paris de 1879 à 1883. Il y prépare une licence ès lettres tout en menant un travail d'organisation des maîtres-répétiteurs dont il fonde la première association et le premier journal corporatif La réforme universitaire. Cette activité lui vaut d'être suspendu de ses fonctions. Il achève son engagement décennal comme instituteur de la ville de Paris, passe sa licence en droit, devient secrétaire de Benoît Malon et secrétaire de rédaction à la Revue socialiste, ce qui traduit son adhésion au courant du socialisme français dont va naître le parti socialiste indépendant. Il achève sa carrière professionnelle en s'inscrivant, avocat, au barreau de Paris. Il est élu, en 1896, conseiller municipal du quartier des Grandes-Carrières dans le XVIIIe arrondissement. Réélu en 1901, il abandonne son mandat en 1903, après avoir été vice-président du conseil municipal et président du Conseil général de la Seine. Elu local, il s'attache principalement aux questions de transport dans l'agglomération parisienne et à l'amélioration des conditions de travail des ouvriers et employés des services publics de la capitale.

Le comité républicain socialiste de la 2e circonscription de Saint-Denis le présente aux élections législatives de 1902. Il bénéficie du soutien de la Fédération républicaine-radicale-socialiste. Il obtient, au premier tour, sur 22.453 électeurs inscrits et 17.878 suffrages exprimés quasiment autant de voix que son principal concurrent Goussot, soit 5.186 contre 5.188, les autres candidats, Jacquemin, Bourgeois et Guyot en réunissant respectivement : 3.313, 2.869 et 671. Il est élu au scrutin de ballottage par 8.957 voix contre 7.674 à Goussot.

Inscrit au groupe du parti socialiste français, il est membre des commissions relatives au régime du gaz à Paris, des douanes et de la législation fiscale.

Avec son groupe, il soutient fidèlement le ministère Combes. Il participe à l'unification socialiste de 1905 et devient, en conséquence, membre du groupe parlementaire du parti socialiste unifié.

Son travail à la Chambre des députés est orienté principalement vers les affaires intéressant la ville de Paris, ses finances et ses services publics.

A la consultation de 1906, il arrive en tête au premier tour avec, sur 25.502 électeurs inscrits et 20.423 suffrages exprimés, 9.468 voix contre 6.466 à Mary et 4.035 à Garnier. Il l'emporte, au second tour, par 10.317 voix contre 7.572 à Mary. Il siège dans diverses commissions, dont celles des octrois, des affaires extérieures, des protectorats et des colonies, et de la législation fiscale. Il dépose des propositions de loi, notamment sur la séparation de corps et sur l'institution de la représentation proportionnelle dans les élections municipales. Il rapporte le budget des Monnaies et Médailles, intervient sur différents chapitres budgétaires concernant en particulier les maîtres-adjoints, maîtres-répétiteurs des lycées et répétiteurs des collèges.

Il retourne, en 1910, devant les citoyens de la 2e circonscription de Saint-Denis pour qu'ils lui reconduisent une nouvelle fois son mandat législatif. Il est encore en tête au premier tour. Sur 29.743 inscrits et 22.725 suffrages exprimés, il totalise 9.206 voix contre 6.777, 4.628, 780 à ses adversaires Trousselle, Brunet et Mollinger. Il est élu au second tour avec 10.495 suffrages contre 9.835 à Trousselle, quelques voix se portant sur les autres candidats.

Il est membre des commissions de la réforme judiciaire et des commissions du budget pour les exercices 1911, 1912, 1913 et 1914.

Il dépose de nombreuses propositions de loi, notamment pour combattre les abus des huissiers et avoués.

Il exprime à plusieurs reprises son souci de voir réformer l'exercice des professions judiciaires ; demande que le gouvernement presse le Sénat de voter le projet de loi sur l'impôt sur le revenu adopté par la Chambre ; se prononce pour l'amnistie la plus large, englobant aussi bien les délits commis par les congréganistes que ceux tombant sous le coup de la loi dite « scélérate » de 1894.

Il a, durant toute cette période, une grande activité au sein du parti socialiste. Il est, par exemple le rapporteur sur la question municipale au Congrès de Saint-Quentin de 1911, où il expose les conceptions du « municipalisme », comme moyen d'acheminement sur la société socialiste. Il avait écrit sur ce thème, en 1908, une brochure intitulée Le Socialisme municipal.

Les élections de 1914 sont, pour Adrien Veber, sans problème. Il est élu au premier tour, obtenant sur 19.987 électeurs inscrits et 15.368 suffrages exprimés, 7.883 voix contre 6.295 à Trousselle et 496 à Glinat.

Il est membre des commissions des crédits, de la réforme judiciaire et de la législation civile et criminelle, dont il est nommé vice-président.

Pendant le conflit, il affirme, au sein du parti socialiste et de son groupe parlementaire, des positions très fermes en faveur de l' « Union sacrée ». Il est constamment en faveur de la participation ministérielle. Le 5 juin 1917, il se sépare de la grande majorité de ses amis politiques en votant la confiance au gouvernement Ribot qui avait interdit à une délégation socialiste de participer à la conférence internationale de Stockholm.

En juillet 1918, il est, avec Compére-Morel et Arthur Rozier, directeur du quotidien La France libre, organe des socialistes décidés à voter en toute hypothèse les crédits de la défense nationale. Le 25 juin 1919, onze députés socialistes votent effectivement les crédits militaires pour le deuxième semestre 1919. Adrien Veber n'en est pas parce qu'absent par congé, mais il se déclare solidaire des indisciplinés. Le 2 octobre 1919, il rompt de nouveau avec la majorité de son groupe en refusant de voter contre l'approbation du traité de Versailles. Il ne prend pas part au vote.

La Fédération socialiste de la Seine l'élimine avec ses amis de la France libre des listes de ses candidats pour les élections du 16 novembre 1919. Adrien Veber démissionne et forme, avec Lauche et Déjeante, une liste qui se présente dans la 2e circonscription de la Seine, sous l'étiquette parti socialiste (comité d'action socialiste), dont les candidats se réclament du socialisme et de la défense nationale. Seul Jacques Lauche est élu avec 22.970 voix sur 221.132 inscrits et 162.449 suffrages exprimés. Adrien Veber, avec 20.970 voix, est battu. La fédération de la Seine exclut les dissidents par une décision que confirme le congrès de Strasbourg de février 1920. Les démissionnaires et exclus constituent le parti socialiste français qui ne recueille qu'une très faible audience, presque exclusivement parisienne.

C'est ainsi qu'Adrien Veber finit sa carrière politique ; il obtient alors un poste dans l'administration.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : L'éclairage (1906), Les impôts (1905), Le socialisme municipal (1908), La suppression des octrois (1899), et de la version française de la thèse latine de Jean Jaurès : Les origines du socialisme allemand.