Gérard Vignoble

1945 - 2022

Informations générales
  • Né le 29 octobre 1945 à Roubaix (Nord - France)
  • Décédé le 22 août 2022 à Dinard (Ille-et-Vilaine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Nord
Groupe
Union du centre
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Xe législature
Mandat
Du 2 avril 1993 au 21 avril 1997
Département
Nord
Groupe
Union pour la démocratie française et du centre
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 19 juin 2002 au 19 juin 2007
Département
Nord
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

VIGNOBLE (Gérard)

Né le 29 octobre 1945 à Roubaix (Nord)

Décédé le 22 août 2022 à Dinard (Ille-et-Vilaine)

Député du Nord de 1988 à 1997, puis de 2002 à 2007


Gérard Antoine Gaston Vignoble est né le 29 octobre 1945 à Roubaix, dans le département du Nord. Son père, Émile Vignoble, est inspecteur des postes. Gérard Vignoble est inspecteur des télécoms et syndiqué à la CGT. Il est marié à Jocelyne Deschamps. Le couple a eu une fille.

Militant socialiste et secrétaire de la section PS de Wasquehal, une commune d’environ 16 000 habitants, Gérard Vignoble y est investi par son parti tête de liste pour les élections municipales de 1977. Il parvient à fédérer autour de lui socialistes, communistes et radicaux de gauche. Mais il a face à lui un adversaire de taille : le maire gaulliste sortant Pierre Herman, premier magistrat de la commune depuis 1968 et député de la circonscription pendant près de huit ans. La campagne se joue essentiellement sur la question de l’usine d’incinération des déchets ménagers construite deux ans plus tôt en plein centre de Wasquehal avec l’accord du maire sortant. Gérard Vignoble promet de la raser. A moins de 32 ans, il bat Pierre Herman et devient maire de Wasquehal, une fonction qu’il exerce jusqu’en 2014.

Gérard Vignoble est alors considéré comme l’un des jeunes talents montants du Parti socialiste (PS). Lors de sa campagne pour l’élection présidentielle de 1981, le candidat socialiste François Mitterrand tient son premier meeting à Wasquehal, en novembre 1980. Dans les milieux politiques, le nom de Gérard Vignoble circule pour occuper un secrétariat d’État dans un potentiel gouvernement de gauche. En dépit de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République en mai 1981, Gérard Vignoble n’est pas appelé à siéger dans le gouvernement Mauroy. L’année suivante, il est élu conseiller général du canton de Roubaix-Ouest, fief de la gauche socialiste, où le sortant, le député Léonce Clérembeaux, ne se représentait pas. Mais au niveau local, Gérard Vignoble entretient des relations difficiles avec d’autres personnalités socialistes, notamment avec le député Alain Faugaret, dont il est le suppléant entre 1981 et 1986.

Il n’est pas sur la liste socialiste conduite par Pierre Mauroy dans le département du Nord, aux élections législatives de 1986. Après la réélection, lors de la présidentielle de 1988, de François Mitterrand et la dissolution de l’Assemblée nationale élue en 1986, Gérard Vignoble décide de se présenter dans la nouvelle huitième circonscription du Nord, contre Alain Faugaret, investi par le Parti socialiste. Il reçoit alors le soutien d’une personnalité locale influente, le sénateur-maire démocrate-chrétien de Roubaix André Diligent, qui lui permet d’obtenir l’appui de l’Union pour la démocratie française (UDF). Il a également comme suppléant Michel Baudry, adjoint d’André Diligent. Alors que François Mitterrand avait placé la campagne électorale sous le sceau de l’ouverture politique et de la France unie, Gérard Vignoble exploite cette dimension dans sa profession de foi, mettant en avant « l’ouverture sur le terrain » et la priorité à l’action locale. Au premier tour, il arrive en tête avec 38,93 % des suffrages exprimés, devançant Alain Faugaret (31,85 %). Dans sa profession de foi du second tour, Gérard Vignoble insiste davantage sur la dimension d’intérêt local de sa candidature. Il emporte largement la victoire, avec 57,53 % des suffrages.

Contraint de quitter le PS en raison de cette dissidence, Gérard Vignoble se trouve sans appartenance politique. Il intègre le groupe Union du centre (UDC) comme apparenté et s’engage à ne pas voter la censure contre le gouvernement. Il est aussi membre de la commission de la production et des échanges. Dans un premier temps, Gérard Vignoble refuse de se définir comme centriste. Mais encouragé par André Diligent, il adhère au Centre des démocrates sociaux (CDS) en novembre 1989 à l’occasion d’une réunion publique à la mairie de Wasquehal en présence du président du parti et du groupe UDC, Pierre Méhaignerie. Du 20 décembre 1989 au 11 avril 1990, il est membre de la mission d'information sur la représentation du parlement au sein des postes et télécommunications dans leur évolution institutionnelle.

Il rejoint en octobre 1990 le Conseil supérieur des postes et télécommunications. En décembre 1988, il présente une proposition de loi tendant à faciliter l’accès des publications associatives au régime des aides accordées à la presse. Puis, en décembre 1990, il présente une autre proposition de loi relative à l’insertion dans la législation de 1951 de la notion de « victimes de la déportation du travail ». En 1991, il présente deux propositions de loi relatives aux questions de société : l’une en mars, sur le divorce par consentement mutuel ; l’autre en 1991, sur la protection des mineurs au sein des réseaux de télécommunications. Il en est désigné rapporteur l’année suivante, en remplacement de Marc-Philippe Daubresse.

En séance publique, Gérard Vignoble pose une question au gouvernement, en octobre 1990, sur les événements de la banlieue de Lyon, à Vaulx-en-Velin.

Ses autres interventions concernent essentiellement le secteur des postes et télécommunications, dans lequel il se spécialise d’emblée.

En 1988, il prend la parole sur le budget des Postes, télécommunications et espace, lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1989. Il le fait à nouveau sur les crédits prévus pour 1990, en novembre 1989, puis en 1991 et 1992, pour les crédits prévus pour l’année suivante. En mai, puis en octobre 1990 respectivement, il est l’un des orateurs de référence sur le projet de loi relatif à l’organisation du service public de la poste et des télécommunications, puis du projet de loi sur la réglementation des télécommunications.

En dépit de son changement d’appartenance politique, Gérard Vignoble est réélu maire de Wasquehal aux élections municipales de 1989 avec 81 % des suffrages exprimés. Les mauvais résultats de la gauche aux élections régionales de 1992 entretiennent l’idée d’une fin de mandat difficile pour François Mitterrand et annoncent une défaite de la gauche lors des élections législatives de mars 1993. Gérard Vignoble, à nouveau candidat, est investi par l’UDF et le Rassemblement pour la République (RPR). Il arrive en tête du premier tour avec 40,83 % des suffrages exprimés, devant le candidat Front national (FN) Jean-Pierre Gendron (21,74 %), tandis que la candidate socialiste Marie-Odile Rousseaux est éliminée avec seulement 14,32 %. Il remporte aisément le second tour avec 68,3 %. Membre de la majorité parlementaire, Gérard Vignoble rejoint l’UDF, puisque le groupe de l’Union du centre disparaît, avec la réunification du groupe UDF.

Gérard Vignoble retrouve dans un premier temps la commission de la production et des échanges. Puis, du 1er avril 1994 au 1er octobre 1996, il devient membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. Du 14 avril 1993 au 10 juin 1994, il fait partie de la délégation de l'Assemblée nationale pour les communautés européennes. Du 2 octobre 1996 au 21 avril 1997, il est à nouveau membre de la commission de la production et des échanges. Au cours de la législature, il est également membre de la commission ad hoc chargée d'examiner la demande de levée de l'immunité parlementaire de Bernard Tapie.

Spécialiste reconnu du secteur, Gérard Vignoble est à nouveau nommé membre, en mai 1993, de la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications.

Il est aussi membre de la délégation de l’Assemblée nationale pour les communautés européennes.

A ce titre, il est rapporteur en 1993 de la délégation, puis de la commission de la production et des échanges, pour les projets et propositions communautaires relatifs à l’ouverture des réseaux de téléphonie vocale et de libéralisation des services de télécommunication. Sa proposition de résolution est présentée en séance publique, en décembre 1993, par Ambroise Guellec, qui le supplée. La question est complexe et il se prononce en faveur de la préservation tant de l’aménagement du territoire que des intérêts industriels des pays membres. Après ce sujet difficile, techniquement et politiquement, avec des tensions entre la délégation et le gouvernement qui trouvent un écho en séance publique, Gérard Vignoble reste en retrait.

Sur le plan local, Gérard Vignoble est réélu maire de Wasquehal lors des élections municipales de 1995.

Il est en mars 1997 rapporteur pour avis du projet de loi d’orientation relatif au renforcement de la cotisation sociale. Le projet de loi est fondamental, répondant au thème de la « fracture sociale » développé par Jacques Chirac pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 1995. Cependant, intervient la dissolution de l’Assemblée nationale le 21 avril 1997, Jacques Chirac souhaitant une majorité pérenne et unie pour une nouvelle dynamique. Cette décision entraîne l’organisation d’élections législatives anticipées les 25 mai et 1er juin. Le projet ne sera jamais inscrit à l’ordre du jour.

Gérard Vignoble se représente dans la huitième circonscription du Nord. Il arrive en tête au premier tour, avec une avance moins importante que la fois précédente : avec 29,13 % des suffrages exprimés, il est talonné par le candidat socialiste Dominique Baert (24,68 %), tandis que le candidat FN Carl Lang est en mesure de se maintenir au second tour avec ses 22,22 % des voix. Dans ce contexte de triangulaire, Gérard Vignoble est battu au second tour, obtenant 38,81 % des voix, contre 43,58 % pour son rival socialiste et 17,62 % pour Carl Lang. A l’échelle nationale, la droite perd sa majorité au profit de l’alliance des forces de gauche, appelée « gauche plurielle ». Le président Jacques Chirac nomme comme Premier ministre le socialiste Lionel Jospin.

Renforçant son implantation territoriale, Gérard Vignoble est élu conseiller régional de la région Nord-Pas-de-Calais l’année suivante. Mais en juin 1999, il est victime d’un accident vasculaire cérébral qui l’éloigne des affaires pendant cinq mois. Lors des élections municipales de 2001, il est réélu maire de Wasquehal avec 77,26 % des voix.

Aux élections législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac comme président de la République, Gérard Vignoble, qui reste fidèle à François Bayrou, se présente sous l’étiquette UDF n’ayant pas rejoint l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) qui se veut le parti unique de la droite et du centre.

Gérard Vignoble arrive en tête du premier tour avec 35,46 % des suffrages exprimés, devant le député socialiste sortant Dominique Baert (34,45 %), puis emporte le second tour de peu, avec 50,18 %. Il siège à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République, tout en rejoignant très temporairement la commission des finances, la commission des affaires culturelles, familiales et sociales ou les affaires économiques. Il est également membre titulaire du Conseil national des services publics départementaux et communaux et membre de de la section française de l'Assemblée parlementaire de la francophonie. Il est vice-président des groupes d’étude « Pollutions industrielles historiques » et « Sport et éducation sportive »

En janvier 2003, Gérard Vignoble est rapporteur de la proposition de loi de Jean-Pierre Abelin tendant à la reconnaissance du vote blanc aux élections. Du 20 janvier 2004 au 7 juillet 2004, il est membre de la mission d’information sur la sécurité du transport aérien de voyageurs. Du 12 décembre 2005 au 6 juin 2006, il est membre de la commission d'enquête chargée de rechercher les causes des dysfonctionnements de la justice dans l'affaire dite d'Outreau et de formuler des propositions pour éviter leur renouvellement.

Dans ses interventions en séance publique, soucieux de contribuer au règlement de certains sujets de société, Gérard Vignoble présente plusieurs amendements, dont certains sont adoptés, en mai 2003, en faveur des droits des victimes, sur le projet de loi portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité.

En mai 2006, Gérard Vignoble fait partie des onze députés UDF qui votent la motion de censure déposée par le groupe socialiste contre le gouvernement.

Pour l’élection présidentielle de 2007, Gérard Vignoble soutient à nouveau François Bayrou, qui termine en troisième position, avec 18,57 % des suffrages exprimés. Il annonce qu’il votera blanc au second tour, refusant de choisir entre le candidat UMP Nicolas Sarkozy et la candidate socialiste Ségolène Royal. Mais lors des élections législatives de la même année, il décide de ne pas se représenter, car l’UMP a investi un candidat en la personne du cardiologue Salem Kacet, ancien adjoint d’André Diligent à Roubaix, et surtout, celui qui lui a sauvé la vie lors de son accident vasculaire cérébral de 1999.

Sur le plan politique, Gérard Vignoble rompt avec François Bayrou en 2009 en rejoignant le Nouveau Centre (NC), parti fondé en 2007 par des dissidents de l’UDF opposés à la stratégie de François Bayrou vis-à-vis de l’UMP. Lors des élections législatives de 2012, qui suivent le retour de la gauche au pouvoir avec la victoire du socialiste François Hollande, Gérard Vignoble dirige la campagne de son ami Francis Vercamer, député sortant de la 7e circonscription du Nord, avec qui il siégeait dans le groupe UDF entre 2002 et 2007. Depuis le redécoupage de 2010, c’est cette circonscription qui englobe Wasquehal. En novembre 2013, Gérard Vignoble est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, 30 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour détournements de fonds publics au titre de ses fonctions locales. Mais il fait appel, ce qui lui permet d’être candidat à l’élection municipale de 2014, qui voit la droite locale se déchirer en quatre listes. Gérard Vignoble est soutenu nationalement par l’UMP et l’UDI (Union des démocrates et indépendants, une confédération de divers partis centristes dont le NC), mais la fédération départementale de l’UDI soutient Stéphanie Ducret. Cette dernière arrive en tête du premier tour avec 21,96 % des suffrages exprimés, devançant Gérard Vignoble (18,16 %). Ce dernier perd le second tour, dans le contexte d’une quadrangulaire face à Stéphanie Ducret, qui met fin à son règne de 37 ans à la tête de la commune. Lorsque le Conseil d’État annule le scrutin le 22 juin 2015, entraînant une nouvelle élection, Gérard Vignoble décide de ne pas y prendre part. Mais lors des élections municipales de 2020, sans être candidat, il annonce sa volonté de contribuer à la défaite de Stéphanie Ducret, néanmoins réélue.

Très affaibli par la pandémie du Covid-19 et ses conséquences, Gérard Vignoble décède accidentellement le 22 août 2022 dans sa maison de Dinard. Son action locale est saluée par de très nombreux élus de divers horizons. Il est inhumé à Wasquehal.