André, Louis, Victor Lenormand

1913 - 1984

Informations générales
  • Né le 1er septembre 1913 à Cabourg (Calvados - France)
  • Décédé le 12 janvier 1984 à Caen (Calvados - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Calvados
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Calvados
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Calvados
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Calvados
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 1er septembre 1913 à Cabourg (Calvados)
Décédé le 12 janvier 1984 à Caen (Calvados)

Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Calvados)
Député du Calvados de 1946 à 1958

André Lenormand est né le 1er septembre 1913 à Cabourg, dans le département du Calvados. Fils d'ouvrier, il entre très jeune dans l'administration des chemins de fer en tant que comptable. Communiste, il rejoint les rangs de la Résistance, ce qui lui vaut d'être arrêté par les Allemands puis déporté au camp de Buchenwald.

André Lenormand s'engage dans la vie publique au lendemain de la Libération. Il est élu conseiller municipal de Dives-sur-Mer, avant d'en devenir maire-adjoint puis, en 1953, maire. Secrétaire fédéral du Parti communiste, il est en outre désigné pour prendre la tête de la liste du Parti dans le Calvados aux élections pour la première Assemblée constituante, le 21 octobre 1945. La liste recueille un peu plus de 20 000 suffrages, ce qui est insuffisant pour emporter l'un des cinq sièges à pourvoir ; le MRP affirme sa domination sur la circonscription, avec trois élus.

La tentative suivante est plus heureuse : la liste communiste enregistre de nets progrès lors des élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée constituante, avec 29 055 voix sur 180 263 suffrages exprimés. Bénéficiant du recul du MRP et du système de la répartition des restes à la plus forte moyenne, André Lenormand fait son entrée à l'Assemblée nationale. Son activité parlementaire est surtout consacrée aux affaires agricoles ; il dépose ainsi, le 20 août 1946, une proposition de loi très ambitieuse mais vouée à l'échec, qui prévoit notamment de « supprimer le cumul des fermages », de « remettre en exploitation les terres incultes » et de « favoriser l'exploitation familiale ». Mais André Lenormand est aussi l'un des députés les plus impliqués dans le règlement de la question de la réparation des dommages de guerre, intervenant à plusieurs reprises sur le sujet à la tribune de l'Assemblée.

A l'instar de ses collègues du groupe communiste, André Lenormand s'oppose au nouveau projet de Constitution voté par l'Assemblée le 28 septembre 1946 et ratifié par référendum le 13 octobre ; il présente de nouveau sa candidature aux élections du 10 novembre. La liste communiste poursuit sa progression, avec 38 255 voix sur 178 515 suffrages exprimés ; le député socialiste sortant, Adrien Rophé, n'est pas reconduit, et la « liste d'entente républicaine et gaulliste » conduite par Joseph Laniel et Raymond Triboulet obtient deux élus.

André Lenormand est nommé membre de la Commission des boissons et de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre, dont il est élu secrétaire puis, en 1949, vice-président. Il siège en outre au Conseil d'administration de la Caisse autonome de la reconstruction. La plus grande partie de son activité parlementaire est consacrée aux problèmes de la reconstruction. Il intervient à de nombreuses reprises, au cours des débats budgétaires, pour réclamer une augmentation des crédits du ministère de la reconstruction et de l'urbanisme : celui-ci doit être considéré, plaide-t-il le 17 juillet 1948 à la tribune de l'Assemblée, comme un « grand ministère dont la vitalité doit être le symbole de la renaissance du pays et du progrès social, car il est nécessaire d'avoir toujours plus de logements, sains et aérés, pour donner au pays autre chose qu'une génération étiolée et tuberculeuse ». Quelques mois plus tard, le 23 décembre 1948, le député du Calvados souligne que « nous, communistes, en ce qui concerne l'ordre de priorité des besoins, nous estimons plus urgent pour notre pays de construire des immeubles d'habitation que des casernes. Quant au choix des dépenses, il nous paraît que la réparation des ruines de la dernière guerre doit être d'un effet psychologique autrement favorable sur la nation que l'affectation de 500 milliards de francs à la préparation d'un prochain conflit ».

Au cours de la législature, André Lenormand vote la confiance au cabinet Blum (17 décembre 1946), mais la refuse à Paul Ramadier (4 mai 1947), et choisit de s'abstenir volontairement le jour du vote du projet de loi sur le statut de l'Algérie (27 août). Il vote pour la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), rejette le projet de loi relatif à la ratification de l'accord bilatéral de coopération économique (plan Marshall, présenté le 7 juillet), le projet de loi relatif à la constitution du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et le projet de loi tendant à la ratification du pacte de l'Atlantique (26 juillet), et, à l'instar de ses collègues du groupe communiste, s'oppose à la réforme électorale instituant le système des apparentements (7 mai 1951).

Candidat au renouvellement de son mandat aux élections législatives du 17 juin 1951, André Lenormand voit s'affaiblir ses positions, avec 29 139 voix sur 180 651 suffrages exprimés ; il est toutefois réélu. Les autres élus sont les indépendants Joseph Laniel et Jacques Le Roy-Ladurie, le démocrate-chrétien Jean-Marie Louvel et le gaulliste Raymond Triboulet.

André Lenormand retrouve la Commission des boissons, dont il est nommé secrétaire. Il siège en outre à la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre, à la Commission de la presse et à la Commission des territoires d'outre-mer. Il est de nouveau l'un des parlementaires les plus impliqués dans les problèmes de reconstruction, dénonçant sans relâche la politique du gouvernement en la matière. Il intervient en outre à plusieurs reprises lors de la discussion du projet de loi relatif à l'état d'urgence, en mars 1955, dans le but d'encadrer cette nouvelle législation ; il dépose trois amendements, visant notamment à obliger chaque nouveau gouvernement à demander à l'Assemblée nationale la confirmation de l'état d'urgence, et à mettre fin à ce régime d'exception lorsque le gouvernement est démissionnaire à la suite du vote d'une motion de censure.

Au cours de la législature, André Lenormand se prononce contre l'adoption de la loi Barangé-Marie sur l'école (21 septembre 1951) et contre la création de la CECA (13 décembre). Il refuse sa confiance à Antoine Pinay (6 mars 1952) et à Joseph Laniel (26 juin 1953), mais soutient l'investiture de Pierre Mendès France à la Présidence du Conseil (17 juin 1954). A l'instar de ses collègues communistes, André Lenormand vote pour la question préalable opposée à la discussion du projet de ratification du traité de Paris (30 août ; le vote aboutit au rejet de la CED) ; enfin il refuse d'apporter son soutien à Edgar Faure lors du vote d'investiture de celui-ci à la Présidence du Conseil (23 février 1955).

André Lenormand conduit de nouveau la liste communiste aux élections législatives du 2 janvier 1956 ; il consolide nettement ses positions, avec 39 996 voix sur 203 862 suffrages exprimés. Tous les députés sortants sont reconduits, à l'exception de Jacques Le Roy-Ladurie, qui cède son siège au socialiste Charles Marguerite, lequel profite d'un apparentement conclu avec la liste radicale-socialiste de Parfait Debeyre.

André Lenormand est nommé membre de la Commission de l'intérieur ; il siège en outre au sein de la Commission de la reconstruction, des dommages de guerre et du logement, dont il est aussi élu secrétaire. Son activité parlementaire est nettement plus réduite. S'il intervient à plusieurs reprises à la tribune de l'Assemblée, presque toujours pour dénoncer la « politique du taudis » menée en matière de logement par les gouvernements successifs, il ne dépose que deux textes, dont l'un est une proposition de loi tendant à « faciliter l'organisation et le fonctionnement des colonies de vacances ».

Au cours de la législature, André Lenormand vote la confiance au gouvernement de Guy Mollet (31 janvier 1956), mais la refuse à celui de Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957) ; il s'oppose à la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et la Communauté européenne de l'énergie atomique (9 juillet) et au projet de loi relatif aux pouvoirs spéciaux en Algérie (12 novembre). La crise algérienne se radicalisant, le groupe communiste choisit de s'abstenir lors du vote de confiance demandé le 13 mai 1958 par Pierre Pflimlin, lequel est toutefois investi avec 274 voix. S'il approuve, le 27 mai, la proposition de résolution tendant à la révision constitutionnelle, afin d'éviter la vacance du pouvoir, André Lenormand refuse de voter le 1er juin la confiance au général de Gaulle. Avec son groupe, il refuse encore, le 2 juin, de voter le projet de loi relatif aux pleins pouvoirs ainsi que le projet de loi constitutionnelle dont l'adoption met fin à la IVe République.

Candidat aux élections législatives de novembre 1958 dans la troisième circonscription du Calvados, André Lenormand est battu par le républicain libéral Edmond Duchêne. Sous la Ve République, il règne sans partage sur la mairie de Dives, qu'il administre jusqu'en 1983, et sur le canton de Dozulé, dont il est conseiller général de 1960 jusqu'à sa mort. En revanche toutes ses tentatives pour redevenir parlementaire se soldent par des échecs, aussi bien pour l'Assemblée nationale (1962, 1967, 1968 et 1973) que pour le Sénat (1971, 1980). Il décède le 12 janvier 1984 à Caen.