Victor Lesaché

1860 - 1938

Informations générales
  • Né le 18 décembre 1860 à Abbeville (Somme - France)
  • Décédé le 27 mai 1938 à Troyes (Aube - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Aube
Groupe
Gauche républicaine démocratique
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Aube
Groupe
Gauche républicaine démocratique

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1930 au 1er janvier 1933

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 18 décembre 1860 à Abbeville (Somme), mort le 27 mai 1938 à Troyes (Aube).

Député de l'Aube de 1919 à 1928.

Sénateur de l'Aube de 1930 à 1938.

Avoué près le Tribunal de Troyes depuis 1887, Victor Lesaché fait son entrée dans la vie publique à l'occasion des élections municipales de 1912 qui l'installent dans le siège de premier adjoint au maire de l'ancienne capitale de la Champagne. Ce sera le départ de la brillante carrière politique du directeur de la Tribune de l'Aube : conseiller général du canton de Soulaines-Dhuys à partir de 1922, Victor Lesaché deviendra, en effet, député de l'Aube de 1919 à 1928 pour en être sénateur de janvier 1930 jusqu'à sa mort, qui surviendra en 1938.

Il est élu à la Chambre des députés aux élections générales du 16 novembre 1919, en tête de tous les candidats, sur une liste d'union républicaine emmenée par le docteur Bachimont, député sortant, qui, lui-même, ne retrouvera pas son siège.

Les élections législatives du 11 mai 1924 lui renouvellent la confiance de ses électeurs puisqu'il conduit à la victoire sa liste du parti républicain démocratique et social, laquelle enlève les trois sièges attribués au département de l'Aube à contre-courant de la vague du Cartel des gauches qui submerge alors à la Chambre les rescapés du Bloc national.

Le retour au scrutin d'arrondissement, aggravé de la coalition de la gauche au second tour de scrutin, allait être fatal à ce partisan convaincu de la représentation proportionnelle. Si, en effet, les élections législatives de 1928 auxquelles il se présente comme candidat républicain de gauche sous la bannière de l'alliance démocratique, dans la circonscription de Bar-sur-Aube-Bar-sur-Seine, lui confirment la préférence de ses concitoyens, puisqu'il arrive nettement en tête au premier tour de scrutin, réunissant 6.644 voix contre 3.548 à son suivant immédiat, le candidat du parti radical-socialiste, Maurice Robert, il sera en définitive battu par ce dernier qui recueille au second tour les voix de la S.F.I.O. et du bloc ouvrier et paysan (communistes).

Il fera appel de cet échec, devant le collège électoral sénatorial réuni le 20 octobre 1929, et sera élu par celui-ci au troisième tour de scrutin, à la pluralité des voix, - pour 328 suffrages sur 661 exprimés - pour représenter l'Aube dans la Haute Assemblée à partir du 1er janvier 1930.

Inscrit au groupe de la gauche républicaine et démocratique à la Chambre des députés, il prend une part active aux nombreuses commissions de travail auxquelles ses compétences le désignent tout naturellement : notamment les commissions des finances, de législation civile, des marchés et spéculations, des boissons ou encore d'administration générale dont il sera élu vice-président.

Rien ne tient plus de place dans son effort que sa lutte contre l'oppression des petits par les puissances économiques ou financières, contre les abus des monopoles de fait ou les spéculations immorales. Combien de fois ne dénonce-t-il pas l'amodiation à des sociétés d'intérêts privés des mines de potasse d'Alsace au détriment d'une participation aux concessions des syndicats agricoles ? les manœuvres d'accaparement des denrées ? les hausses de prix des vivres ? le scandale des bénéfices de guerre ? les conditions de liquidation des biens allemands ?

Au Sénat, Victor Lesaché, qui siège parmi ses amis de l'union démocratique et radicale, poursuit l'œuvre entreprise à la Chambre. Ainsi sa persévérance à dénoncer les anomalies des pratiques d'oligarchies irresponsables « qui tiennent en tutelle la plus grande partie des affaires industrielles et commerciales du pays » au préjudice de l'épargne et sa volonté d'apporter au régime des sociétés anonymes les améliorations qui lui paraissent les plus adaptées à en moraliser le fonctionnement.

Ce sera le souci de protéger le petit épargnant de la spoliation de ses économies qui amènera Victor Lesaché à prendre vivement à partie Vincent Auriol, ministre des Finances du cabinet de Front populaire, lors du débat devant le Sénat concernant la réforme monétaire de 1936 qui s'analysera par la dévaluation que l'on sait.

Sa détermination, Victor Lesaché la montrera aussi dans l'adversité qui assombrit la fin de sa vie. Un terrible accident l'ayant touché en 1933 dans ses plus chères affections, il y fera front par un redoublement d'obstination à la tâche. Lorsque les atteintes d'un mal qui ne devait pas tarder à l'enlever le contraignent à renoncer à venir dans la capitale participer aux débats du Sénat, il n'en croit pas moins devoir continuer à siéger et à travailler au Conseil général de l'Aube, mais encore à saisir la Haute Assemblée des préoccupations qui lui semblent essentielles. Ainsi, moins de trois semaines avant de mourir, dépose-t-il une demande d'interpellation sur la coordination rail-route !...

Cet infatigable lutteur s'éteindra le 27 mai 1938 à l'âge de 77 ans.