André Lescorat

1908 - 1957

Informations générales
  • Né le 29 janvier 1908 à Niort (Deux-Sèvres - France)
  • Décédé le 1er août 1957 à Moncrabeau (Lot-et-Garonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 29 janvier 1908 à Niort (Deux-Sèvres)
Décédé le 1er août 1957 à Moncrabeau (Lot-et-Garonne)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Lot-et-Garonne)
Député du Lot-et-Garonne de 1946 à 1951

André Lescorat est né le 29 janvier 1908 à Niort, dans le département des Deux-Sèvres. D'abord linotypiste à La Gazette de Biarritz, il s'installe à Agen à l'âge de vingt-six ans, en 1934. Embauché à l'Imprimerie moderne, il se lance dans le syndicalisme. Secrétaire du syndicat CGT du Livre à Agen, il est candidat au secrétariat général de l'Union départementale, contre le communiste Louis Aurin, lors de la réunification de 1936 ; le mouvement syndical du Lot-et-Garonne étant dominé par les ex-unitaires, il doit toutefois s'incliner.

Quoique réformé, André Lescorat tient à être enrôlé lorsque sonne l'heure de la mobilisation. Engagé dans la Résistance dès les premières semaines de l'Occupation, il est fait prisonnier, mais parvient à s'évader de la Centrale d'Eysses, et rejoint ses compagnons de lutte dans le maquis. A la Libération, il fait partie du Comité départemental de Libération du Lot-et-Garonne.

C'est sous l'étiquette MRP qu'André Lescorat se présente le 21 octobre 1945 aux élections pour la première Assemblée Constituante. A la tête de la liste démocrate-chrétienne dans le Lot-et-Garonne, il recueille 32 791 voix sur 115 731 suffrages exprimés, et emporte l'un des trois sièges à pourvoir. Les autres sièges échoient à la liste communiste conduite par Hubert Ruffe, qui recueille 38 684 voix, et à la liste SFIO de Jacques Arrès-Lapoque, dont les positions sont affaiblies par la présence d'une liste radicale-socialiste, et qui ne recueille que 27 541 voix.

André Lescorat est nommé membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire. Son activité parlementaire se résume à une intervention, au cours de la discussion du projet de loi portant fixation du budget général de l'exercice 1946, pour la section portant sur le ministère des travaux publics et des transports ; rapporteur, il propose une réduction symbolique des crédits de ce ministère, en vue d'encourager le gouvernement à une meilleure maîtrise de la dépense publique.

A la différence de ses collègues du groupe MRP, André Lescorat ne prend pas part aux votes sur les nationalisations ; à leur instar, toutefois, il s'oppose le 19 avril 1946 au premier projet de Constitution de la IVe République. Le texte est de toute façon rejeté par le référendum du 5 mai, ce qui rend nécessaire la convocation d'une seconde Assemblée Constituante.

Ces élections se tiennent le 2 juin. Elles enregistrent une progression sensible du MRP dans le Lot-et-Garonne : la liste démocrate-chrétienne, toujours conduite par André Lescorat, recueille 40 752 voix sur 123 262 suffrages exprimés. Le communiste Hubert Ruffe est lui aussi réélu, mais la liste SFIO de Jacques Arrès-Lapoque se voit devancer d'un peu moins de 500 voix par la liste du Rassemblement des Gauches Républicaines de Henri Caillavet, qui emporte le dernier des trois sièges à pourvoir.

Retrouvant la Commission des finances et du contrôle budgétaire, André Lescorat siège en outre à la Commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales. Il s'excuse de son absence le 18 juillet 1946 ; son activité parlementaire, au cours des cinq mois pendant lesquels siège l'Assemblée Constituante, est nulle.

André Lescorat approuve le nouveau projet de Constitution voté par l'Assemblée le 28 septembre 1946 et ratifié par référendum le 13 octobre ; il présente de nouveau sa candidature aux élections législatives du 10 novembre. Ce sont cette fois quatre sièges qui sont à pourvoir dans la circonscription du Lot-et-Garonne ; cette modification sauve le siège d'André Lescorat, dont la liste, en net repli, ne recueille plus que 32 040 voix sur 117 390 suffrages exprimés. Les trois députés sortants retrouvent leur fauteuil, mais le Parti communiste obtient un second élu en la personne de Gérard Duprat.

Au cours de la législature, André Lescorat siège dans plusieurs Commissions parlementaires : Commission de la production industrielle (1947), Commission des affaires économiques (1948), Commission du suffrage universel, du règlement et des pétitions (1949) et Commission de l'intérieur (1950, 1951). Il est en outre nommé, le 26 janvier 1948, juré à la Haute Cour de justice.

André Lescorat ne dépose aucun texte, mais intervient à plusieurs reprises dans les débats. La plupart de ses interventions à la tribune de l'Assemblée sont consacrées aux questions agricoles ; il dépose ainsi à trois reprises (le 3 février 1948, le 18 et le 24 janvier 1949) une demande d'interpellation sur la politique du gouvernement en la matière ; il participe aussi, le 23 décembre 1948, à la discussion sur le projet de loi de finances pour l'année 1949, pour dénoncer l'alourdissement de la fiscalité agricole : « je veux bien qu'on augmente la cédule des bénéfices agricoles. Pourtant (...), vous savez que, dans l'état actuel de la paysannerie française, chaque fois qu'on augmente la fiscalité qui la concerne, c'est le hangar qui n'est pas bâti, c'est l'amélioration de l'habitat rural qui ne se réalise pas, c'est le tracteur qui ne s'achète pas. Ne pensez-vous pas qu'ils seraient bénis, le gouvernement et ce ministre de l'agriculture qui, au lieu d'acheter des céréales aux Etats-Unis et des pommes de terre à la Hollande, importeraient des tracteurs, des engrais qui seraient vendus » hors taxe « et » hors douane « aux agriculteurs de ce pays, en vue de produire non seulement ce dont nous avons besoin, mais encore ce que l'Europe pourrait nous acheter ? ».

André Lescorat s'implique aussi dans les débats relatifs à l'amnistie des personnes condamnées pour collaboration avec l'ennemi, pour promouvoir une « éthique du pardon ». Le 17 mai 1949, il dépose une demande d'interpellation « sur les conditions dans lesquelles se trouve toujours détenu le maréchal Pétain, entré maintenant dans sa quatre-vingt-quatorzième année et atteint par toutes les faiblesses de son âge, et sur les mesures que compte prendre le Gouvernement pour mettre un terme à une situation contraire à la tradition d'humanité chrétienne et révolutionnaire de la France et de la République » ; le 9 novembre 1950, il intervient lors de la discussion du projet de loi portant amnistie relative aux faits de collaboration, en priant ses collègues de « penser à ceux qui ont commis des délits alors que l'on peut dire qu'ils ne savaient peut-être pas parfaitement ce qu'ils faisaient ». Il poursuit alors : « on se trompe à vingt ans, et l'on se trompe souvent plus tard. Nous, qui avons souvent été désignés pour venir sièger dans cette Assemblée parce qu'on pensait que nous étions les meilleurs (...), à certains moments nous commettons des erreurs. Vous allez me dire qu'elles sont moins graves, mais enfin, ne condamnez pas irrémédiablement des jeunes hommes qui avaient quelquefois des circonstances atténuantes à se tromper ». Toutefois, la volonté de pardon n'implique ni la résignation à l'oubli, ni l'absolution universelle ; André Lescorat en est bien conscient, qui, le 3 mars 1950, au cours de la discussion sur le projet de loi relatif à la répression de certaines atteintes à la sûreté de l'Etat, dépose un sous-amendement tendant à condamner le fait d'avoir sollicité des autorités allemandes la reparution d'un organe de presse.

Au cours de cette législature, André Lescorat vote la confiance au cabinet Blum (17 décembre 1946) et au cabinet Ramadier (4 mai 1947) ; il approuve le projet de loi sur le statut de l'Algérie (27 août) et vote pour la question de confiance à la suite de laquelle Paul Ramadier se sépare de ses ministres communistes (30 octobre). Il vote contre la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), pour le plan Marshall (7 juillet), pour la création du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et pour la ratification du pacte Atlantique (26 juillet) ; il vote enfin pour la loi électorale instituant le système des apparentements (7 mai 1951).

Après avoir tenté, en vain, de se faire élire en novembre 1948 au Conseil de la République, André Lescorat sollicite le 17 juin 1951 le renouvellement de son mandat de député. Il conduit cette fois, non la liste du MRP, mais une liste de « Concentration républicaine et de défense paysanne ». Sa liste n'obtient que 10 088 suffrages en moyenne, mais lui-même recueille 12 187 voix ; ce score est de toute façon insuffisant pour lui assurer sa réélection. L'année suivante, André Lescorat démissionne de son mandat de conseiller municipal d'Agen après les grandes inondations qui dévastent la région.

Atteint par la maladie, André Lescorat se retire de la vie publique et s'installe à Moncrabeau, village à la limite du Gers et du Lot-et-Garonne, où son épouse exerce la profession de médecin. Il ne se représente pas aux élections du 2 janvier 1956. Il y décède le 1er août 1957.