Philippe, Eugène, Pierre Courmeaux

1817 - 1902

Informations générales
  • Né le 15 février 1817 à Reims (Marne - France)
  • Décédé le 22 novembre 1902 à Reims (Marne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 4 septembre 1881 au 14 octobre 1885
Département
Marne
Groupe
Gauche radicale

Biographies

Député de 1881 à 1885, né à Reims (Marne), le 15 février 1817, il vint étudier le droit à Paris après avoir fait de bonnes études au lycée de sa ville natale.

Il suivait les cours du doctorat en droit, à Paris, lorsqu'en décembre 1838, ayant été témoin dans un duel où l'un des adversaires fut tué sur place, il passa à l'étranger pour éviter la détention préventive, séjourna six mois à Francfort, revint ensuite se constituer prisonnier quand l'affaire fut appelée devant la cour d'assises de la Seine, et fut acquitté (mai 1839).

Alors il se fixa à Reims, et devint, en 1843, conservateur-adjoint de la Bibliothèque, et bientôt bibliothécaire en titre (1846). Bibliophile fervent, il s'adonna à l'organisation et au classement des collections qui lui étaient confiées, publia un travail sur la Bibliothèque de Reims, et continua le Catalogue des imprimés (1846). Vers la même époque, il prit part aux travaux du Congrès scientifique qui eut lieu dans cette ville. En même temps, il se signalait à l'attention par les opinions nettement libérales et démocratiques qu'il ne craignait pas de manifester, ainsi qu'en témoigne un opuscule de lui sur l'Agitation catholique (Reims 1846).

La république de 1848, dont il se déclara le partisan déterminé, le fit sous-commissaire du gouvernement provisoire à Reims. Il refusa ensuite la sous-préfecture, lorsque les jours de crise étalent passés, et reprit ses fonctions de bibliothécaire (août 1848). La présidence de L.-N. Bonaparte et l'expédition entreprise par son gouvernement contre la République romaine, trouvèrent en M. Courmeaux un adversaire résolu. Ayant protesté publiquement, lors de l'affaire du 13 juin 1849, il fut arrêté, traduit, après six mois et demi de captivité préventive, devant la cour d'assises de Melun, et acquitté sur une plaidoirie de Jules Favre, mais destitué de sa place de bibliothécaire. En 1851, un nouveau procès politique causé par un article qui prophétisait le coup d'Etat, l'amena devant la cour d'assises de l'Aisne, qui le condamna à un an de prison. Il parvint à se soustraire à cette peine en gagnant la Belgique, demeura en exil jusqu'en 1853, et devint l'ami des proscrits de décembre; puis toujours traqué et menacé, il passa quelques années à parcourir l'Europe, et visita surtout l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la Turquie et la Crimée (en 1855) au cours de la guerre. Vers la fin de l'Empire, il habitait Paris, où il tenait l'agence d'une des plus célèbres maisons de vins de Champagne.

Les événements de 1870, le rappelèrent à Reims. Pendant l'occupation de la ville par les Allemands, il alla porter à Gambetta l'adhésion du parti républicain rémois au gouvernement de la Défense nationale il alla une seconde fois à Tours, quand les lignes étaient coupées par l'ennemi, ravitailler le service des pigeons voyageurs, dont il parvint à remettre une cargaison à M. Steenackers, directeur général des postes et télégraphes, au moment ou le dernier pigeon allait être lancé. Il devint, en 1871, conseiller municipal de Reims, se prononça énergiquement pour la république radicale, fut élu conseiller général de la Marne, et défendit, en mainte occasion, par la parole et par la plume, les institutions démocratiques. Ses brochures intitulées: République ou royauté (1871); Ne touchez pas à la République (1873); Ce que valait le plus grand des rois de France (1873); sa collaboration à l'Indépendant rémois, au Progrès de la Marne, enfin la fondation et la direction du journal le Franc-Parleur rémois qui mena contre le gouvernement du Seize-Mai une vigoureuse campagne, et qui succomba sons le coup d'une quadruple poursuite et de condamnations à l'amende et à la prison, augmentèrent encore sa notoriété.

Dès lors, M. Courmeaux prit ouvertement parti contre l'opportunisme, et, lors de l'élection partielle du 6 avril 1879, motivée par la nomination de M. Leblond, au Sénat, il obtint comme candidat de l'extrême gauche, dans la 1re circonscription de Reims, 7,729 voix contre M. Diancourt, républicain modéré, élu par 9,051 suffrages.

Il se représenta au renouvellement général de 1881 ; après une lutte des plus vives, son nom sortit vainqueur du scrutin de ballottage avec 8,017 voix (16,329 votants, 26,896 inscrits), contre 5,874 à M. Mennesson, opportuniste, 1,950 à M. Lelièvre, et 175 à M. Pedron. M. Courmeaux s'inscrivit au groupe de l'extrême gauche, dont il fut vice-président deux ans de suite, et vota constamment avec les radicaux intransigeants:

- contre le ministère Gambetta,
- pour la révision intégrale de la Constitution par une assemblée constituante,
- pour l'amendement Jules Roche (mars 1882) sur l'élection d'un maire de Paris,
- pour la proposition Boysset tendant à l'abrogation du Concordat,
- pour l'élection de la magistrature par le peuple (janvier 1883),
- contre le ministère Ferry,
- contre les crédits du Tonkin,
- contre la loi sur les récidivistes,
- contre le maintien de l'ambassade auprès du pape.

M. Courmeaux vota encore pour la suppression des fonds secrets, dont il dénonça un jour à la tribune l'influence déterminante sur la politique de certain journal, qu'il nomma. Il fut un des rares députés qui se déclarèrent au scrutin en faveur de la proposition Gambon, tendant à l'abolition des armées permanentes et à leur remplacement par une armée nationale sédentaire. Au Congrès qui se tint à Versailles, 4-13 août 1884, il fut un des 7 membres qui, dans la séance du 8, par l'organe de M. Barodet, protestèrent contre le vote qui repoussait la nomination, par le suffrage universel, d'une Constituante appelée à réviser la Constitution de 1875. Les signataires de la protestation quittèrent la salle et cessèrent de prendre part aux délibérations du Congrès. Partisan convaincu de l'union des races latines, M. Courmeaux a pris part, en dehors du Parlement, à tous les congrès et meetings qui ont eu cette propagande pour objet.

Après le rétablissement du scrutin de liste, qu'il avait fortement combattu à la tribune, M. Courmeaux fut porté, le 4 septembre 1885, sur la liste républicaine radicale de la Marne ; il n'obtint que 16,751 voix contre 52,244 accordées au dernier élu de la liste opportuniste, M. Mennesson, le même qu'il avait battu en 1881. Il fut alors réintégré dans ses fonctions de bibliothécaire de la ville de Reims, après un entr'acte de 37 ans.

M. Courmeaux qui est officier d'Académie, a fait dans la plupart des villes de la Marne un grand nombre de conférences historiques et littéraires qui ont toujours reçu le meilleur accueil. Tout récemment, il vient de publier le Catalogue des Incunables de la bibliothèque qu'il dirige.


Né le 15 février 1817 à Reims (Marne), mort le 22 novembre 1902 à Reims.

Député de la Marne de 1881 à 1885. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 203.)

Il se retira définitivement à Reims, sa ville natale, où il mourut le 22 novembre 1902, à l'âge de 85 ans.