Georges, Alphonse, Henri Blachette

1900 - 1980

Informations générales
  • Né le 27 septembre 1900 à Alger (Algérie)
  • Décédé le 5 novembre 1980 à Saint-martin-de-crau (Bouches-du-Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Républicains indépendants

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 27 septembre 1900 à Alger (Algérie)

Décédé le 5 novembre 1980 à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône)

Député d'Alger de 1951 à 1955

Georges Blachette est né à Alger, dans le quartier de Mustapha, le 27 septembre 1900, descendant d'une famille originaire de l'Ardèche mais installée en Algérie pratiquement depuis la conquête. Son père était Alphonse Charles Blachette, sa mère Lucie Jeanne Cestin.

Après ses études, Georges Blachette succède à son père comme Président directeur-général de la Société générale des alfas, qui avait comme activité l'exploitation de l'alfa dans le sud du département d'Oran, sa transformation en pâte à papier, et l'exportation de celle-ci, tout particulièrement à destination de l'Angleterre. Les domaines de monoculture contrôlés par la famille Blachette dans le Sud-oranais sont extrêmement étendus, et les Blachette sont considérés comme un modèle de ces familles de « grands colons » installés en Algérie depuis plusieurs générations. La part de leurs exportations d'alfa s'élèvera certaines années à quelque 28 % des exportations totales de l'Algérie. L'ampleur de leurs intérêts explique que leurs installations agricoles ou industrielles seront fréquemment l'objet d'attentats durant les événements postérieurs à 1954, et la mesure de nationalisation de la production d'alfa qui interviendra en 1956. Georges Blachette est également Président directeur-général de la Société algérienne des Eaux, société qui assure notamment le service de distribution des eaux de la ville d'Oran. Lieutenant de réserve, il sert pendant la guerre de 1940-1945, et sera fait chevalier de la Légion d'honneur.

Georges Blachette s'oriente, au lendemain de la guerre, vers une activité politique. Le 23 novembre 1948, il est élu par l'Assemblée algérienne conseiller de l'Union française. Il reprend, en 1949, le Journal d'Alger, quotidien qui défend la ligne libérale et bénéficie à ce titre d'une large audience. Lui-même est notamment lié à Jacques Chevallier, maire d'Alger de sensibilité libérale, qui optera pour la nationalité algérienne après l'indépendance.

Le 17 juin 1951, Georges Blachette conduit, devant le premier collège d'Alger, la liste d'union des indépendants et R.P.F. Ses engagements électoraux insistent tout particulièrement sur le caractère néfaste du mode de scrutin utilisé, le scrutin majoritaire à un tour avec apparentement : « citoyens libres, nous voulons une loi électorale digne de ce nom (...). En fait de loi, on ne nous offre que des statuts d'une mutuelle de réélection... » La situation propre à l'Algérie y est soulignée : il ne faut ni « méconnaître les droits des algériens européens, ni mépriser les droits des algériens musulmans (...). Les députés algériens à l'Assemblée nationale ont non seulement à participer au jeu des partis politiques de la métropole, mais aussi à se regrouper pour représenter efficacement l'Algérie et défendre ses intérêts... » Il faut, avant tout, donner une autonomie et un pouvoir plus larges à l'Assemblée algérienne.

Georges Blachette, qui se présente lui-même sous l'étiquette Républicain indépendant, recueille 72 132 voix sur 153 017 suffrages exprimés (et 228 101 inscrits), et est donc élu député d'Alger pour la seconde législature, sa liste remportant d'autre part quatre des six sièges à pourvoir. Il démissionne alors de l'Assemblée de l'Union française (août 1951). A l'Assemblée, il est membre de deux Commissions parlementaires importantes : affaires économiques (1951-1952, 1954), et intérieur (1951, 1954-1955). Son intérêt pour l'évolution de la situation en Indochine, qu'il jugeait essentielle pour l'Algérie, le fait d'autre part nommer par la Commission des affaires économiques membre de la Commission de coordination pour l'examen des problèmes intéressant les Etats associés d'Indochine (25 mai 1954). Le « poids » de Georges Blachette en Algérie, allié à sa sensibilité de libéral, voire de progressiste, font que Pierre Mendès-France veut en 1954 lui confier le poste de secrétaire d'Etat à la défense nationale. A la suite de son refus, ce portefeuille est confié à son ami Jacques Chevallier.

Georges Blachette dépose, au cours de sa députation, six textes tendant notamment à créer des justices de paix dans l'agglomération d'Alger (28 février 1952) et à réorganiser administrativement et financièrement les chemins de fer algériens (17 février 1953). Il intervient à plusieurs reprises dans les discussions parlementaires, à propos des développements de la situation en Algérie, et notamment lors des séances des 4 février, 8 et 29 juillet 1955. Ainsi, le 4 février, il déclare : « c'est 100 milliards par an qu'il faudrait (...) pendant 18 ans pour valoriser le pays, l'équiper, le mettre en condition de produire, lui fournir de quoi répondre aux exigences de ses 250 000 bouches excédentaires annuellement... » Il revient sur cette urgence, le 29 juillet, au cours de la discussion sur la prorogation de la loi d'urgence en Algérie : il y a « une urgence non moins nécessaire et constructive, celle d'une aide économique importante et indispensable (...), Il y a là-bas une richesse trompeuse, limitée aux rives africaines, et, par-delà cette richesse, un paupérisme chronique issu de causes complexes, géographiques, politiques, démographiques. Cette terre jeune, c'est-à-dire inégalement exploitée, souffre d'une insuffisance d'investissements (...). Devant une réalité de cet ordre, il convient de renoncer au marché classique, à l'économie d'équilibre immédiat, même et surtout budgétaire. Nous sommes parvenus à l'âge du don, de l'équilibre obtenu à long terme (...). Créer le bien-être, c'est là l'unique chance de la France (...). Un déficit n'est rien quand il s'insère dans un programme d'expansion. Mais ce qui brise un pays, l'écarte de l'Histoire, c'est de dépenser avec cinquante ans de retard »..

Georges Blachette vote pour la ratification du traité de Paris sur la Communauté européenne du charbon et de l'acier (C.E-.C.A.) le 13 décembre 1951, pour l'ordre du jour gouvernemental sur l'Indochine le 27 octobre 1951, et contre la question préalable opposée par le Général Aumeran et Edouard Herriot à la ratification du traité de Paris sur la Communauté européenne de défense (C.E.D.) le 30 août 1954 (approuvant par là le traité). Il vote la confiance à la suite du débat sur l'Algérie (10 décembre 1954), tout comme il vote la confiance à Pierre Mendès-France le 5 février 1955. Enfin, il se prononce pour l'état d'urgence en Algérie (31 mars 1955), mais contre la confiance à Edgar Faure (29 novembre 1955).

A la suite des massacres de Philippeville, les élections législatives de 1956 sont reportées pour les départements d'Algérie, et Georges Blachette ne peut donc pas se présenter à la députation.

Il avait épousé à Alger le 18 novembre 1942 Anne-Marie Girard. Il est décédé à Saint-Martin de Crau le 5 novembre 1980.