Pierre, Jules Baroche

1802 - 1870

Informations générales
  • Né le 18 novembre 1802 à Paris 5e (Seine - France)
  • Décédé le 29 octobre 1870 à Londres (Royaume-uni)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 27 novembre 1847 au 24 février 1848
Département
Charente-Inférieure
Groupe
Opposition dynastique
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Charente-Inférieure
Groupe
Droite
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Charente-Inférieure
Groupe
Bonapartiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 20 octobre 1864 au 4 septembre 1870

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1847-1848, représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848 et de 1849, sénateur du second Empire et ministre, né à Paris, le 18 novembre 1802, mort à Londres, le 29 octobre 1870, il se fit recevoir avocat (1823).

Il plaida avec succès dans plusieurs affaires retentissantes, notamment dans le procès des Messageries françaises contre les Messageries royales et les Messageries générales. MM. Chaix d'Est-Ange, Philippe Dupin, Delangle plaidèrent pour les Messageries royales. Les Messageries françaises, dont Baroche était l'avocat, perdirent leur procès devant la Cour de Lyon, mais Baroche devint célèbre.

Deux fois élu bâtonnier de l'ordre des avocats, il se lança, sous Louis-Philippe, dans l'opposition libérale et essaya, dès 1840, de parvenir à la députation. Après avoir vainement, plusieurs fois, sollicité les suffrages des électeurs du collège de Mantes (Seine-et-Oise), contre le député conservateur sortant, le contre-amiral Hernoux constamment réélu, Baroche, appuyé par son confrère Bethmont, reçut du comité de Rochefort l'offre d'une candidature qu'il accepta.

L'aide de camp de Louis-Philippe, M. Dumas, qui venait d'être nommé général, était soumis à la réélection, et, le 27 novembre 1847, ce fut Baroche qui l'emporta sur lui, avec 246 voix contre 235 sur 486 votants. Arrivé à la Chambre, il vota généralement avec l'opposition, dont il était un des représentants, tout en observant une certaine réserve.
« L'esprit de conduite, écrivait Hippolyte Castille (Portraits historiques du XIXe siècle, 1859), joue un rôle considérable dans la carrière de M. Baroche. Le désir de briller ne l'emporte jamais chez lui sur les calculs de la raison. »
Il préféra donc, pour ses débuts, le travail des commissions et des bureaux aux luttes de la tribune. Ami d'Odilon Barrot, et son voisin sur les bancs de la gauche, il se montra, comme lui, l'adversaire du ministère Guizot, dont il signa, le 23 février 1848, la mise en accusation après s'être associé, dans une certaine mesure, à l'agitation des banquets réformistes, ce qui lui permit de se vanter, après la chute du trône de Juillet, d'avoir devancé la justice du peuple. Lorsque Odilon Barrot vint à penser que son arrivée au ministère suffirait à calmer le peuple, il se promena à cheval sur les boulevards, en compagnie de Baroche ; mais cette démarche ne porta pas ses fruits.

La monarchie tombée, Baroche déclara qu'il se ralliait à la forme républicaine, et fut élu, sur une profession de foi très démocratique, représentant de la Charente-Inférieure à l'Assemblée constituante, le 23 avril 1848, par 93 280 voix sur 111 907 votants et 136 016 inscrits. Le gouvernement provisoire ayant remis ses pouvoirs entre les mains de l'Assemblée, un des premiers actes des représentants devait être de constituer un pouvoir exécutif intérimaire, en attendant le vote de la Constitution. Dans le débat qui s'ouvrit (8 mai) sur cette question, Baroche, dont le but était d'écarter de la future commission exécutive tous les membres du gouvernement provisoire, demanda le renvoi des diverses propositions dans les bureaux ; sa demande fut rejetée. Au 15 mai , il réclama la destitution de Caussidière, préfet de police, et le licenciement de sa garde républicaine. Il s'éleva ainsi dans l'estime des « hommes d'ordre » et conquit, peu de temps après, « celle des gens en place » en combattant un amendement de M. Flandin, qui voulait que dans la huitaine, les représentants du peuple pourvus de fonctions publiques fussent tenus d'opter entre ces fonctions et le poste de représentant (14 juin). Baroche répondit en s'abritant derrière la « souveraineté du peuple ». L'amendement Flandin fut rejeté. Le 1er juillet (discussion de la loi sur les conseils municipaux), il proposa avec succès que, dans les communes de plus de trois mille âmes, le pouvoir exécutif restât en possession de nommer les maires et les adjoints. Il tint une ligne de conduite analogue dans la discussion du projet de Constitution, et essaya de faire attribuer au pouvoir exécutif, plutôt qu'à l'Assemblée nationale, la nomination des membres du Conseil d'Etat. Il défendit encore contre certains projets de réduction les traitements des magistrats et des préfets, intervint, avec les sentiments les plus conservateurs, dans les débats suivants : loi sur les coalitions (3 janvier 1849), loi sur l'organisation judiciaire (12 février). Rapporteur de la loi sur la presse, il s'en montra le défenseur opiniâtre, ainsi que du maintien du cautionnement : il obtint, à ce sujet, le rejet des amendements Pascal Duprat et Valette.

Devenu ainsi un des chefs les plus influents de la majorité de droite, il consolida encore cette situation dans l'Assemblée législative, où 74 563 voix (90 799 votants, 142 041 inscrits) l'envoyèrent représenter à nouveau la Charente-Inférieure. Le 30 mai 1849, il était nommé, par 405 voix, premier vice-président de la Chambre. Précédemment, le prince président, dont la politique n'avait pas de soutien plus fidèle, l'avait fait procureur général près la Cour d'appel de Paris. Plus que jamais il se fit le champion des idées de réaction, parlant sans cesse en faveur des projets du gouvernement présidentiel, notamment dans les questions relatives aux condamnés politiques (8 décembre 1849) et à la transportation en Algérie des insurgés de juin (23 et 24 janvier 1850). Son zèle répressif ne s'exerçait pas seulement à l'Assemblée.

Procureur général, il fit pleuvoir sur les journaux républicains une grêle de condamnations : désigné, par décret du 28 janvier 1849, pour remplir ces mêmes fonctions près la haute Cour de Bourges, réunie pour juger les accusés du 15 mai (Barbès, Blanqui, Sobrier, etc. ) il requit contre eux les condamnations les plus sévères. Après l'affaire du 13 juin 1849, Baroche proposa, à l'Assemblée législative, la mise en accusation des représentants Ledru-Rollin, Considérant, Boichot, etc. ; mais, épuisé de fatigue, il ne put porter lui-même la parole devant la Haute Cour de Versailles, près de laquelle un nouveau décret l'avait nommé procureur général.

Peu après, le 15 mars 1850, il était appelé au ministère de l'intérieur, en remplacement de Ferdinand Barrot. Il reçut, à ce propos, de Thiers, une lettre ainsi conçue :

« Mon cher collègue,
J'apprends que vous devenez ministre de l'Intérieur, je me hâte de vous dire que cette nouvelle nous cause à tous le plus grand plaisir. Vous êtes un homme d'esprit et de cœur que nous appuierons de toutes nos forces ; comptez sur moi en particulier. Dans des temps comme ceux-ci, on doit son concours aux hommes qui savent se dévouer.

Mille amitiés.
A. Thiers. »

Il fit voter, comme ministre, la suspension du droit de réunion, la faculté d'interdire les réunions électorales, le rétablissement de l'impôt du timbre sur les journaux, l'augmentation du chiffre du cautionnement, la loi sur la déportation des condamnés politiques à Nouka-Hiva. Puis, de concert avec les chefs de la droite, il proposa la célèbre loi de restriction du suffrage universel, dite du 31 mai. Sa participation active à la confection de cette loi lui avait gagné la confiance entière de la majorité ; mais son attachement particulier, de plus en plus marqué à la politique personnelle de Loui-Napoléon Bonaparte, excita, à la fin, quelques défiances parmi les membres de la droite. Très vivement combattu, d'autre part, en toute occasion, par l'opposition de gauche, il fut contraint de se retirer devant le vote de l'ordre du jour Sainte-Beuve, soutenu par MM. de Rémusat, Berryer, Thiers et Cavaignac, et ainsi conçu : L'Assemblée déclare qu'elle n'a pas confiance dans le ministère et passe à l'ordre du jour. Son dernier acte avait été la destitution du général Changarnier.
Le 10 avril 1851, il rentra au pouvoir en qualité de ministre des Affaires étrangères, mais dut donner sa démission, le 14 octobre, pour n'avoir point à soutenir une politique qui allait demander le retrait de la loi du 31 mai.

Après le coup d'Etat du 2 décembre, il accepta la vice-présidence de la commission consultative puis (1852) la présidence du Conseil d'Etat, avec droit de prendre part aux travaux des ministres. L'Empire rétabli, il conserva cette situation et fut, en 1855, nommé grand-croix de la Légion d'honneur. Chargé, au mois de janvier 1860, de l'intérim du ministère des Affaires étrangères, entre la retraite de M. Walewski et l'installation de M. Thouvenel, il devint (novembre de la même année) ministre sans portefeuille, et prit, en cette qualité une part très considérable aux discussions du Corps législatif et à celles du Sénat. Il entra aussi dans le conseil privé. Remplacé en 1863 par Rouher, il ne tarda pas à remplacer lui-même Delangle comme ministre de la justice ; il joignit à ses attributions le ministère des cultes, et obtint de l'empereur, en 1864, le décret qui défendit aux évêques de publier dans les paroisses la première partie de la fameuse encyclique de Pie IX, Quanta cura.... Le 20 octobre 1864, il avait été élevé à la dignité de sénateur. Un autre acte important de Baroche, comme ministre de la justice, fut la circulaire adressée par lui (septembre 1868), lors de la souscription Baudin, aux magistrats des parquets, pour leur recommander l'attitude la plus sévère à l'égard des journaux.

Baroche se démit enfin de son portefeuille le 17 juillet 1869, et se borna dès lors à siéger au Sénat, jusqu'au 4 septembre 1870 ; dans cette dernière séance, pendant que la Chambre était envahie, il proposa au Sénat et fit adopter l'idée de se séparer immédiatement « dans le but de mieux défendre au dehors, par les moyens personnels, l'ordre et la dynastie ».