Né le 28 janvier 1901 à Notre-Dame-de-Briançon (Savoie), mort le 11 février 1951 à l'hôpital Foch de Suresnes (Seine).
Député de la Seine de 1936 à 1942. Délégué à l'Assemblée Consultative provisoire de 1943 à 1945.
Député de la Seine aux deux Assemblées Nationales Constituantes de 1945 à 1946.
Député de la Seine de 1946 à 1951. Ministre du Travail de 1945 à 1946 et en 1947.
Ambroise Croizat n'avait que 13 ans lorsque son père et son frère aîné furent mobilisés en 1914. Il dut entrer à l'usine comme apprenti métallurgiste. Il suivait en même temps les cours de l'école du soir, et devint ouvrier .ajusteur-outilleur dans la région lyonnaise.
Dès 1917 il s'inscrivit aux Jeunesses socialistes et se déclare partisan de l'affiliation du parti S.F.I.O. à l'Internationale communiste. Il entra lui-même au parti communiste dès sa fondation et devint membre du Comité central, puis du Bureau de la fédération de la jeunesse.
En 1928, il est nommé secrétaire de la fédération unitaire des métaux, et, en 1936, au moment où se réalise l'unité syndicale, il devient secrétaire général de la Fédération unique des métallurgistes. rattachée à la C.G.T.
Aux élections générales législatives du 26 avril 1936, il se présente dans la deuxième circonscription du 14e arrondissement de la Seine et emporte le siège au premier tour de scrutin, par 10.935 voix contre 7.654 à M. Louis Dumat, sur 19.141 votants.
Inscrit au groupe communiste, il appartient à la Commission spéciale chargée de l'examen des projets de loi sociaux, à celle de la marine militaire, à celle du travail et à celle de l'aéronautique. Il est en outre nommé membre de la Commission supérieure du travail. Elu rapporteur du projet de loi relatif à la convention collective du travail, il prend part à sa discussion (1936), ainsi qu'à celles concernant : les procédures de conciliation et d'arbitrage dans les conflits collectifs du travail (1936), le budget du travail de l'exercice 1939 (durée hebdomadaire du travail, rendement des entreprises, congés payés) (1938), l'amnistie des ouvriers frappés à la suite de faits de grève (1939).
Il approuve le pacte germano-russe de non-agression et est arrêté dans la nuit du 7 au 8 octobre 1939. Déchu de son mandat de député le 20 février 1940, il est condamné à cinq ans de prison et 4.000 francs d'amende. Il est transféré en Afrique du Nord en mars 1941. Libéré le 5 février 1943, par l'avance alliée, il prend part à la lutte clandestine contre l'ennemi et contre le Gouvernement de Vichy. Puis, une décision du Conseil des Ministres du 28 octobre 1944, prise en vertu de l'ordonnance du 9 août 1944, relative au rétablissement de la légalité républicaine vient annuler sa déchéance de 1940. Il est alors désigné par le bureau confédéral de la C.G.T. comme représentant à l'Assemblée Consultative provisoire d'Alger. Cette désignation est confirmée au moment où l'Assemblée s'installe à Paris, au début de novembre 1944. Il y est membre de la Commission des affaires économiques et sociales, de celle de réforme de l'Etat et de législation, de celle de l'équipement national, de la production et des communications, enfin de celle du travail et des affaires sociales dont il devient le président. Il s'intéresse tout particulièrement, pendant cette période, à la création des Comités d'entreprise dans les établissements industriels et commerciaux (1944), à la production du charbon (1944), à la fixation des prix (1945), au prêt au mariage (1945), et à l'organisation de la sécurité sociale (1945).
Aux élections générales du 21 octobre 1945, il est élu député à la première Assemblée Nationale Constituante sur la liste communiste de la première circonscription de la Seine. Il recueille 115.657 voix sur 441.829 votants. Et il retrouve son siège aux élections générales du 2 juin 1946 (deuxième Assemblée Nationale Constituante) sur la liste communiste du premier secteur de la Seine, avec 120.586 voix sur 439.345 votants. Nommé Ministre du Travail dans le deuxième Cabinet de Gaulle du 22 novembre 1945 au 22 janvier 1946, il conservera ce portefeuille dans le premier Cabinet Félix Gouin du 27 janvier au 11 juin 1946. En cette qualité, il s'intéresse surtout à la discussion de son budget (1945 et 1946), aux vieux travailleurs salariés (1945), à la rémunération des heures supplémentaires de travail (1946), à l'amélioration du régime de retraite des ouvriers mineurs (1946), et au statut des délégués du personnel dans les entreprises (1946). Nommé à nouveau Ministre du Travail et de la Sécurité sociale dans le Cabinet Georges Bidault, du 24 juin 1946 au 28 novembre 1946, il soutient le projet de loi relatifs aux congés payés des jeunes travailleurs (1946), le projet de loi fixant le régime des prestations familiales (1946), le projet de loi sur l'aide de l'Etat aux catégories sociales économiquement faibles (1946). Ministre de la Production industrielle, par intérim, en remplacement du titulaire momentanément empêché ; il soutient le budget de ce département (1946) ; puis, reprenant ses fonctions de Ministre du Travail, il fait voter le projet de loi portant réorganisation des contentieux de la Sécurité sociale et de la Mutualité sociale agricole (1946), ainsi que le projet de loi sur la prévention et la réparation des accidents du travail et maladies professionnelles (1946).
Après l'approbation de la Constitution de 1946, il est réélu aux élections générales du 10 novembre 1946, député à la première Assemblée Nationale, sur la liste communiste de la première circonscription de la Seine. Il groupe sur son nom 128.941 voix, sur 439.679 votants. Membre de la Commission du travail et de la Sécurité sociale, il s'intéresse à la discussion du projet de loi relatif aux conventions collectives, et en demande l'application aux départements français d'outre-mer.
Le 22 janvier 1947, il est encore nommé Ministre du Travail dans le Cabinet Ramadier où il restera jusqu'au 4 mai 1947, date à laquelle, avec les autres Ministres communistes, il sera écarté, par décret, du Gouvernement. A ce titre, il prend part à la discussion : de la proposition de loi relative à l'organisation administrative de la Sécurité sociale (1947), de la proposition de résolution concernant les élections aux Conseils d'administration des Caisses de sécurité sociale et d'allocations familiales (1947), et du projet de loi relatif au régime de sécurité sociale des fonctionnaires (1947).
Retourné à son banc de député, il s'intéresse à l'indemnisation des agents et courtiers d'assurance (1947), à la représentation proportionnelle dans l'élection des délégués dans les entreprises (1947), à la protection de la liberté du travail (1947), au prélèvement exceptionnel de lutte contre l'inflation (1947), à la reconduction de l'allocation temporaire aux vieux (1948), à certaines dispositions économiques et financières (1949), à la création de la carte des économiquement faibles (1949), au fonctionnement de la Sécurité sociale (1949), à la politique française à l'égard de l'Allemagne (1949), au projet de pool franco-allemand (1949), à la fixation d'un programme aérien (1950).
Et à la deuxième séance du 13 février 1951, le Président Edouard Herriot annonçait son décès à l'Assemblée. Il avait été transporté d'urgence à l'hôpital Foch de Suresnes où il avait subi une grave intervention. Les médecins qui le soignaient annonçaient sa guérison prochaine, lorsqu'il succomba à une complication imprévue, le 11 février. Il n'avait que 50 ans. Dans son éloge funèbre, le Président Edouard Herriot, s'exprima en ces termes, après avoir retracé la longue carrière du disparu : « En juillet 1950, il connut une profonde peine : son fils, Victor, Roger Croizat, ouvrier électricien, trouva la mort à Lyon, dans un accident du travail. J'ai compati à la douleur du père, il le savait. Il suit de près son enfant dans la tombe. On comprend que les travailleurs se montrent à ce point émus par la disparition de celui qui leur fut si étroitement dévoué. Ministre du Travail, il leur disait un jour : « J'entends demeurer fidèle à mon origine, à ma formation, à mes attaches ouvrières et mettre mon expérience de militant au service de la Nation. » Reconnaissons qu'il est demeuré fidèle à ce programme. »
Né le 28 janvier 1901 à Notre-Dame-de-Briançon (Savoie)
Décédé le 11 février 1951 à Suresnes (Seine)
Député de la Seine de 1936 à 1940 Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1951 Ministre du Travail du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946
Ministre du Travail et de la Sécurité sociale du 26 janvier au 16 décembre 1946 et du 22 janvier au 4 mai 1947
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome III, p. 1188 et 1189)
En mars 1941, alors qu'il effectuait la peine de cinq ans de prison à laquelle il avait été condamné en avril 1940 pour son appartenance au Parti communiste, alors interdit, Ambroise Croizat est transféré à Maison-Carré (Alger) par le gouvernement de Vichy. Libéré en février 1943, il représente la C.G.T. auprès des autorités d'Alger avant d'être nommé à l'Assemblée consultative provisoire, au titre de son syndicat, en novembre 1943.
Membre de nombreuses Commissions- affaires économiques et sociales, réforme de l'Etat et législation, équipement national, travail et Sécurité sociale - Ambroise Croizat participe largement aux travaux de l'Assemblée consultative provisoire. Il s'intéresse à la production de charbon, à la politique économique, aux nationalisations, à la création des comités d'entreprise et à l'organisation de la Sécurité sociale.
Membre du comité central, fonction qu'il exercera jusqu'à sa mort, le Parti communiste le présente en deuxième position sur la liste que conduit André Marty dans la première circonscription de la Seine pour les élections du 21 octobre 1945 à la première Assemblée nationale Constituante. Réalisant 29 % des suffrages le Parti communiste est distancé par le M.R.P. (32 %) et obtient trois des sièges à pourvoir. Ambroise Croizat sera réélu, toujours en deuxième position derrière André Marty, aux élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale Constituante et aux élections législatives du 10 novembre 1946. Lors de ces deux consultations le Parti communiste arrive en tête avec respectivement 27,7 % et 29,7 % des suffrages exprimés et conserve ses trois sièges, le M.R.P. subissant sur sa droite la concurrence du Parti républicain et de la liberté.
Au lendemain des élections du 21 octobre 1945, le général de Gaulle confie le ministère du Travail à Ambroise Croizat. Reconduit dans ses fonctions, auxquelles s'ajoute la Sécurité sociale, par Félix Gouin (26 janvier 1946 puis par Georges Bidault (24 juin 1946), il ne fait pas partie du cabinet Blum (26 décembre 1946) mais retrouve ses attributions dans le cabinet Ramadier (22 janvier 1947) et les exerce jusqu'au 4 mai 1947, date à laquelle le Président du Conseil met fin aux fonctions des ministres communistes.
Ministre pendant vingt huit mois, l'ancien métallurgiste accomplit une œuvre considérable. Si son nom reste attaché aux grandes lois relatives à la Sécurité sociale- organisation administrative de celle-ci, élection aux conseils d'administration des caisses et régimes des fonctionnaires - il dépose ou soutient des projets concernant les comités d'entreprise, le statut des délégués du personnel dans les entreprises, les conventions collectives, la prévention et la réparation des accidents du travail, le régime des prestations familiales ou encore l'aide de l'Etat aux économiquement faibles.
Après son départ du gouvernement, Ambroise Croizat siège à la Commission du travail et de la Sécurité sociale. Député actif, il dépose des propositions de loi ou de résolution et des rapports, au nom de la Commission, intéressant l'allocation servie aux vieux travailleurs salariés (A.V.T.S.), les prestations de la Sécurité sociale, la gestion de cette institution, les conventions collectives. En séance, il intervient à de nombreuses reprises sur tous ces sujets et prend part à la discussion du projet de loi, violemment combattu par son groupe, tendant à la protection de la liberté du travail (29 novembre et 3 décembre 1947).
Ambroise Croizat ne se cantonne pas aux seules questions ayant trait au travail et à la Sécurité sociale. Il participe à des débats de nature économique - prélèvement exceptionnel de lutte contre l'inflation (21 décembre 1947), projet de loi relatif à certaines dispositions économiques et financières (24 et 25 mai 1949) - ou à caractère plus politique. A ce dernier titre, il interpelle Robert Schuman sur la composition et la politique de son gouvernement (27 novembre 1947) et développe largement les positions de son parti lors de la discussion d'interpellation sur la politique du deuxième cabinet Bidault à l'égard de l'Allemagne (25 novembre 1949).
En juillet 1950, son fils trouve la mort dans un accident du travail. Quelques mois plus tard, Ambroise Croizat subit d'urgence une grave intervention chirurgicale et succombe à une complication imprévue. Le 13 janvier 1951, à l'Assemblée nationale, le Président Herriot, citant l'ancien ministre, témoigne qu'il a réalisé son programme : « Demeurer fidèle à mon origine, à ma formation, à mes actions ouvrières et mettre mon expérience de militant au service de la nation ».
La C.G.T. et le Parti communiste organiseront des funérailles grandioses au cimetière du Père Lachaise. Le nom d'Ambroise Croizat demeure attaché à la participation de communistes au gouvernement : le Parti communiste y fit souvent référence dans la perspective de la formation d'un gouvernement d'union de la gauche.