Charles Lemercher de Longpré d'Haussez

1778 - 1854

Informations générales
  • Né le 20 octobre 1778 à Neufchâtel ( - Généralité de Rouen France)
  • Décédé le 10 novembre 1854 à Saint-Saëns (Seine-Inférieure - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
Ire législature
Mandat
Du 22 août 1815 au 5 septembre 1816
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Minorité gouvernementale
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IVe législature
Mandat
Du 17 novembre 1827 au 16 mai 1830
Département
Landes
Groupe
Majorité ministérielle

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1815 à 1816, de 1827 à 1830, et ministre, né à Neufchâtel (Généralité de Rouen) le 20 octobre 1778, mort à Saint-Saëns (Seine-Inférieure) le 10 novembre 1854, il était issu d'une famille de magistrats, attachés à l'ancien régime.

Ses études terminées il entra, tout jeune, dans les complots royalistes qui se tramèrent vers la fin de la période révolutionnaire, servit en l'an VII dans « l'armée royale de Normandie », fut dénoncé à la police, poursuivi, et dut se tenir caché jusqu'en 1804. Il se remit à conspirer et se trouva compromis dans l'affaire de Georges Cadoudal et de Pichegru ; prévenu d'avoir favorisé le débarquement des conjurés sur la côte de Biville, il fut relâché faute de preuves. L'Empire pensa d'ailleurs le compter parmi ses partisans: l'enthousiasme que M. d'Haussez manifesta, au début, pour le nouvel empire, fut récompensé (novembre 1805) par le titre de baron et la fonction de maire de Neufchâtel.

Mais ses préférences légitimistes ne tardèrent pas à reprendre le dessus. Empressé à saluer Louis XVIII à la tête d'une députation neufchâteloise, commandant de la garde nationale après Waterloo, conseiller général de la Seine-Inférieure, il fut, le 22 août 1815, élu député de ce département, au grand collège, par 122 voix (197 votants, 248 inscrits). Précédemment, le 10 mai, il avait échoué dans l'arrondissement de Neufchâtel, comme candidat à la Chambre des Cent-Jours, avec 32 voix contre 64 à l'élu, M. Rigoult. Dans la Chambre introuvable, M. d'Haussez fit partie de la minorité ministérielle. Le 6 décembre, il se montra opposé à la proposition Hyde de Neuville tendant à faire juger par une commission parlementaire les individus exceptés de la loi d'amnistie ; il défendit l'institution du jury et combattit l'idée de rendre au clergé le droit exclusif d'enregistrer les actes de l'état civil.

Après la dissolution de la Chambre, dissolution à laquelle il applaudit, il n'obtint pas sa réélection comme député, et fut nommé, le 28 mai 1817, préfet des Landes. Le 19 mars 1819, il passa à la préfecture du Gard, et, en 1820, à celle de l'Isère. Ce fut sous son administration qu'éclatèrent (1821) les troubles de Grenoble, à la suite de la révolution du Piémont, Le général Pamphile Lacroix, qui commandait la division, mit le département en état de siège, contre l'avis du préfet, qui en appela au gouvernement et obtint le retrait de cette mesure. M. d'Haussez n'en prit pas moins une part personnelle des plus actives à la répression sanglante qui étouffa les troubles.

Préfet de la Gironde le 7 avril 1824, puis conseiller d'Etat et officier de la Légion d'honneur, il reparut à la Chambre des députés le 17 novembre 1827, comme l'élu du 2e arrondissement électoral des Landes (Dax), avec 111 voix (157 votants, 230 inscrits). Il siégea dans la majorité; mais lorsque Charles X se sépara du cabinet Martignac pour donner à M. de Polignac la direction des affaires, M. d'Haussez accepta, le 23 août 1829, d'entrer dans la combinaison nouvelle, en remplacement du vice amiral de Rigny, qui venait de refuser, après l'avoir d'abord sollicité, le portefeuille de la Marine.

M. d'Haussez signala son passage aux affaires par le rôle important qu'il joua dans la préparation et la conduite de l'expédition d'Alger. Il contribua, avec MM. de Bourmont, ministre de la Guerre, de Guernon-Ranville et Courvoisier, à faire révoquer le traité d'abord conclu avec les envoyés de Méhémet-Ali, pacha d'Egypte, et en vertu duquel celui-ci était chargé de courir sus aux pirates d'Afrique et de venger le coup d'éventail donné par le dey d'Alger au consul français. Dès qu'il eut été décidé que la France s'armerait elle-même pour sa propre querelle ce fut en vain que l'Angleterre, sentant se réveiller toutes ses vieilles rancunes, demanda des explications, fit entendre des plaintes, eut recours aux menaces. Les dépêches du cabinet des Tuileries lui firent savoir que le roi ne poserait les armes qu'après avoir atteint le double but qu'il s'était proposé, savoir : le redressement des griefs, cause immédiate des hostilités, et, en second lieu, le triomphe des intérêts communs à toute la chrétienté. L'attitude des ministres français causa en Angleterre une irritation profonde. À Paris, lord Stuart, ambassadeur anglais, essaya, dans des entretiens semi-diplomatiques, d'intimider le ministre de la Marine; mais M. d'Haussez repoussa les démarches du représentant de l'Angleterre. On dit même que dans la conversation, irrité du ton tranchant que prenait lord Stuart, il laissa échapper ces mots: « Si vous désirez une réponse diplomatique, M. le président du conseil vous la fera. Pour moi, je vous dirai, sauf le langage officiel, que nous nous f... de vous. » Grâce à l'habile activité de M. d'Haussez, les préparatifs de guerre se poursuivirent avec ardeur; dans tous les ports du royaume, la tâche des ouvriers fut doublée ainsi que leur salaire, et en moins de trois mois cent bâtiments de guerre et quatre cents transports furent entièrement prêts. Cependant la plupart des amiraux déclaraient le débarquement impossible; ils irritèrent, sans la déconcerter, l'inexpérience du ministre de la Marine qui, fort de l'opinion de deux capitaines de vaisseau employés au blocus d'Alger, MM. Gay de Taradel et Dupetit-Thouars, passa outre, déchira la nomination de l'amiral Roussin au commandement de la flotte et en confia la conduite à l'amiral Duperré, alors préfet maritime à Brest. M. de Bourmont emporta d'ailleurs secrètement une ordonnance qui lui donnait tout pouvoir sur l'armée de terre et sur l'armée de mer.

En politique, M. d'Haussez signa les ordonnances du 25 juillet 1830, non sans avoir présenté quelques observations de forme. Le 28, il parut, dit-on, dans les rangs des troupes royales. Quand la victoire fut acquise à l'insurrection, il se rendit à Saint-Cloud auprès de Charles X, puis gagna Dieppe, et de là l'Angleterre. Impliqué dans le procès des derniers ministres de la Restauration, il fut condamné par contumace, le 11 avril 1831, à la détention perpétuelle. Il passa son temps d'exil à visiter l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, rentra en France à la faveur de l'amnistie de 1839, et fixa sa résidence dans le département de la Seine-Inférieure.

Il mourut en 1854, au château de Saint-Saëns, étranger à la politique.

Outre différents récits de voyage, M. d'Haussez a publié plusieurs écrits sur la politique et l'administration, parmi lesquels :
- Réflexions d'un ami du roi, par M***, ancien député (1816) ;
- Un mot à M. de Chateaubriand (1817) ;
- Considérations sur l'agriculture et l'industrie dans les Landes (1817) ;
- Des routes et des canaux (1828) ;
- Philosophie de l'exil (1832), etc.