Jacques, Louis David

1748 - 1825

Informations générales
  • Né le 13 août 1748 à Paris ( - Généralité de Paris - France)
  • Décédé le 25 décembre 1825 à Bruxelles (Pays-Bas)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 5 janvier 1794 au 20 janvier 1794

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 17 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Seine

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, né à Paris (Généralité de Paris, France), le 13 août 1748, mort à Bruxelles (Pays-Bas), le 25 décembre 1825, il était fils d'un marchand de fer qui fut tué dans un duel.

Recueilli et élevé par son oncle, M. Buron, entrepreneur des bâtiments du roi, il fit de bonnes études au collège des Quatre-Nations. Poussé vers la peinture par une vocation décidée, il fut envoyé chez Boucher, son parent, alors le peintre à la mode, puis chez Vien, qui commençait à réformer l'école française. David, dont les progrès avaient été remarquables, obtint par la protection de Sedaine, son parrain, un logement au Louvre, et y exécuta ses premiers travaux. Cinq ans de suite, il concourut pour le grand prix : il le remporta eu 1775, avec les Amours d'Antiochus et de Stratonice. La même année, Vien fut nommé directeur de l'Ecole française à Rome, et David partit avec lui pour l'Italie. Livré à l'étude exclusive et à la méditation constante des chefs-d'œuvre de l'art antique, il s'y fortifia dans la doctrine et dans les principes qu'il devait faire prévaloir comme chef d'école, et revint en France en 1780. Son Bélisaire (1781) acheva sa réputation : il se décida alors à ouvrir un atelier qui devint bientôt le plus suivi de l'Europe. Reçu académicien sur la présentation de son tableau d'Hector et Andromaque, il fit, avec son élève Drouais, un second voyage en Italie, termina à Rome la Serment des Horaces, qui lui avait été commandé par le gouvernement, peignit à son retour la Mort de Socrate (1787), les Amours de Paris et d'Hélène (1788), et en 1789, Brutus après la condamnation de ses fils, pour le roi Louis XVI, qui désigna lui-même le sujet au peintre.

La Révolution trouva dans David un partisan enthousiaste. Il consacra son puissant talent à reproduire les événements mémorables de cette époque : le Serment du jeu de paume, resté inachevé, à l'état d'esquisse, fut exposé en 1792.

Le 17 septembre 1792, le département de Paris le nomma membre de la Convention, le 20e sur 24, par 450 voix (583 votants). David alla siéger à la Montagne, et prit une part assez active aux délibérations de l'Assemblée sur la politique et sur les arts. Il proposa d'élever un monument en mémoire du siège de Lille, lut une lettre « sur les vexations dont les artistes patriotes sont l'objet à Rome », vota « la mort » dans le procès du roi, offrit à la Convention son tableau des Derniers moments de Michel Lepelletier, demanda une illumination générale « en réjouissance de l'achèvement de la Constitution », fit divers rapports spéciaux touchant les fêtes civiques, l'art et les artistes, et fut élu secrétaire, puis président de la Convention.

Membre du comité de sûreté générale, ce fut encore lui qui présenta à l'Assemblée les projets pour la création d'un jury national, et, pour la réorganisation de la Commission du Muséum (27 nivôse an II). Le tableau de Marat expirant, qu'il avait, disait-il, « peint avec son cœur », fut ainsi que celui de Lepelletier, destiné à la salle des séances de la Convention: on les exposa tous deux sous un portique improvisé au milieu de la cour du Louvre. Le jeune Barra, frappé à mort en Vendée, devint aussi l'objet d’une ébauche de David, qui excita, dans la population de Paris, un vif enthousiasme. Ordonnateur de toutes les fêtes nationales « dont le peuple, suivant son expression, était tout à la fois l'ornement et l'objet, » il prit notamment la plus grande part à celle qui fut célébrée en l'honneur de l'Etre suprême.

David était uni de principes et d'amitié aux Jacobins, et, le 8 thermidor, lorsque Robespierre vint lire au club de ce nom le discours qu'il avait prononcé le matin à la Convention, et qu'il laissa échapper ces paroles: « Il ne me restera plus bientôt qu'à boire la ciguë, » David se précipita au devant de lui, en s'écriant: « Robespierre, si tu bois la ciguë, je la boirai avec toi ! » Cependant Barère et ses amis l'empêchèrent de venir aux séances du lendemain et des jours suivants, et, obtinrent de lui, lorsque sa tête fut menacée, qu'il prononçât, le 13 thermidor, une véritable rétractation des sentiments sympathiques qu'il avait professés à l'égard du « tyran ». André Dumont dénonçant David comme « un des complices de Catilina », David s'écria : « On ne peut concevoir jusqu'à quel point ce malheureux m'avait trompé... Dorénavant, j'en fais le serment, je ne m'attacherai plus aux hommes, mais seulement aux principes. »

David néanmoins fut écarté du comité de sûreté générale et même décrété d'arrestation sur la proposition de Monmayou. Emprisonné à deux reprises différentes, il ne fut rendu à la liberté, sur les instances de ses élèves et la proposition de Merlin (de Douai), que le 9 nivôse an III. Ce fut pendant sa seconde détention au Luxembourg, qu'il fit l'exquisse de son tableau des Sabines. Il prit ensuite peu de part à la politique. Cependant son passé de jacobin le fit incarcérer de nouveau à la suite des événements de prairial an III ; mais il obtint, au mois de fructidor, l'autorisation de rester chez lui sous la surveillance d'un gardien, et recouvra définitivement la liberté après l'amnistie du 4 brumaire an IV. Là se termina sa vie politique.

Le 29 brumaire de la même année, il devint membre de l'Institut. Le 26 prairial, il refusa du ministre de l'Intérieur les fonctions de membre du jury d'examen des tableaux destinés au salon d'exposition, « son opinion ayant toujours été pour une liberté absolue. »

L'engagement pris par David « de ne plus s'attacher aux hommes », ne l'empêcha pas de se laisser gagner de bonne heure à la cause de Bonaparte. A la demande de ce dernier, il interrompit le tableau de Léonidas, pour faire le portrait équestre du premier consul, gravissant le mont Saint-Bernard, « calme, sur un cheval fougueux ». Dés lors, il fut en possession de toute la faveur de Napoléon, qui, devenu empereur, le nomma son premier peintre, et lui commanda à la fois, pour décorer la salle du trône : Le Couronnement, la Distribution des aigles, l'Intronisation dans l'église Notre-Dame, l'Entrée de l'Empereur à l'Hôtel de Ville de Paris. David trouva encore le temps de produire un grand nombre de portraits, qui comptent parmi ses chefs-d'œuvre.

Membre de la Légion d'honneur, du 26 frimaire an XII, et officier du même ordre, le 22 octobre 1808, chevalier de l'Empire le 10 septembre de la même année, David songea, un moment, pour centraliser dans ses mains, la direction générale des arts en France, à faire rétablir pour lui la charge que Le Brun avait exercée sous Louis XIV. Il est vrai, qu'après avoir présenté cette demande à Napoléon (14 avril 1810), en demandant en même temps la jouissance des prérogatives d'officier de sa maison, David lui-même pria, peu après, le ministre de l'Intérieur de la considérer comme non avenue.

Pendant les dernières années de l'Empire, David peignit plusieurs portraits de Napoléon, et acheva son Léonidas (1814), que le retour des Bourbons exila du Salon; mais tout Paris alla le voir chez l'auteur.

Pendant les Cent-Jours, Napoléon fit une visite à David, et le nomma commandeur de la Légion d'honneur.

David ayant adhéré à l'acte additionnel, fut, lors de la seconde Restauration, rayé de la liste des membres de l'Institut, et mis au nombre des Conventionnels exilés par la loi du 12 janvier 1816. Il partit, le 27 janvier, pour Bruxelles, résistant aux offres du ministre de Prusse, exécuta encore plusieurs compositions remarquables en Belgique, où il forma de nombreux élèves, et mourut en exil, le 25 décembre 1825.

Ses enfants n'ayant pu obtenir du gouvernement de la Restauration la permission de rapporter en France ses restes mortels, la population bruxelloise lui fit de magnifiques funérailles.