Victor de Broglie

1795 - 1870

Informations générales
  • Né le 29 novembre 1795 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 25 janvier 1870 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Eure
Groupe
Droite

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Fils de Claude-Victor de Broglie et neveu de Victor Amédée Marie de Broglie (1772-1852), député de 1812 à 1820, Achille Léonce Victor de Broglie, pair de France, ministre, et représentant du peuple à l'Assemblée législative de 1849, né à Paris, le 28 novembre 1785, mort à Paris, le 25 janvier 1870, avait neuf ans lorsque son père périt sur l'échafaud. Au même moment, sa mère, Sophie de Rauzan, était en prison à Vesoul ; un serviteur dévoué l'en fit évader ; elle rentra en France après le 9 thermidor et épousa Voyer d'Argenson, qui se chargea de l'éducation du jeune de Broglie, sut lui conserver la belle terre de Broglie, le fit exempter de la conscription sous l'Empire, et nommer auditeur au Conseil d'Etat (1809), puis intendant en Illyrie, et attaché aux ambassades de Varsovie (1812) et de Vienne. Secrétaire de M. de Narbonne au congrès de Prague (1813), M. de Broglie se lia avec M. de Talleyrand qui le fit comprendre dans la première promotion des pairs de la Restauration (4 juin 1814). Lors du procès du maréchal Ney, il n'avait atteint que depuis peu de jours l'âge de 30 ans nécessaire pour prendre part aux délibérations de la Chambre haute ; il revendiqua ce droit au moment du jugement, et il vota pour la déportation. Le 15 février 1816, il épousa à Livourne la fille de Mme de Staël ; il reprit à cette occasion le titre de duc.

Il combattit les lois d'exception, notamment la « loi d'amnistie », défendit la liberté de la presse, parla en faveur de l'abolition de l'esclavage, et contre la contrainte par corps, et vota cependant, avec le ministère, la nouvelle loi électorale (1820). Membre de la Société « Aide-toi, le ciel t'aidera », et de la Société des « Amis de la liberté de la presse », il était alors suspect au gouvernement, qui le faisait surveiller. Le 18 février 1821, le duc de Broglie écrivait au baron Mounier, directeur général de la police : « Deux de mes domestiques, touchés de repentir, viennent de m'avouer que, depuis dix-huit mois, ils sont payés par votre administration pour épier ce qui se fait ou se dit dans ma maison, remettre mes lettres, copier et livrer mes papiers et ceux de ma femme. »

Aussi seconda-t-il de tous ses vœux la révolution de Juillet ; dès le 30, le gouvernement provisoire le nommait secrétaire provisoire chargé du portefeuille de l'Intérieur, et, le 11 août, Louis-Philippe lui confiait, dans son premier ministère, le portefeuille de l'Instruction publique et des Cultes, et la présidence du Conseil d'Etat. Mais trouvant bientôt la marche du cabinet trop accentuée dans le sens des réformes, le duc de Broglie se retira le 2 novembre, et devint, à la Chambre des pairs, un des orateurs des plus influents du parti de la résistance ; il vota notamment pour le maintien de l'hérédité de la pairie (la constitution anglaise lui semblait le modèle des constitutions), et en faveur de la cérémonie expiatoire du 21 janvier, anniversaire de la mort de Louis XVI.

À l'avènement du cabinet conservateur du 11 octobre 1832, le duc de Broglie reçut le portefeuille des Affaires étrangères, qu'il conserva jusqu'au 3 avril 1834 ; il fit voter par les Chambres l'emprunt grec, se retira un moment (13 avril 1834), devant l'opposition que rencontra une réclamation de 25 millions présentée par les Etats-Unis pour dommages causés à leur commerce sous Napoléon 1er, puis rentra dans le cabinet le 13 novembre suivant, sous la présidence du duc de Trévise, et, lorsque ce dernier se retira à son tour, joignit au portefeuille des Affaires étrangères la présidence du Conseil (12 mars 1835). Il parvint, le 21 avril, à faire voter les 25 millions des Etats-Unis, mais on reprocha au cabinet, une certaine pusillanimité en face des paroles blessantes contenues à ce sujet dans un message du président Jackson. C'est pendant ce ministère que le duc de Broglie conclut avec l'Angleterre la convention relative à la répression de la traite des noirs, convention qui consacrait le droit de visite, concession si souvent reprochée au gouvernement de Juillet.

Le ministère de Broglie tomba le 6 février 1836, à deux voix de minorité, sur la question de la conversion de la rente, Le « parti doctrinaire », dont le duc de Broglie était le chef, montrait une raideur de formes et de principes dont les vues personnelles du roi ne s'accommodaient pas toujours ; « il ne manquait au duc de Broglie, disait un de ses amis, pour se faire pardonner sa haute position aristocratique, son irréprochable probité, son désintéressement, son talent, que l'art de ménager les amours-propres, et il ne l'a jamais eu. »

Le 30 avril 1836, le duc fut nommé grand-croix de la Légion d'honneur ; dans les dernières années du règne, il sembla se rapprocher du libéralisme moins technique de MM. Thiers et Odilon Barrot, laissa passer la révolution de Février, et ne se présenta qu'aux élections pour l'Assemblée législative, dans l'Eure, qui le choisit, le 13 mai 1849, comme représentant du peuple, le 4e sur 9, par 55 021 voix sur 93 065 votants et 125 952 inscrits.

Il était membre du comité électoral de la rue de Poitiers, et, au Palais Bourbon, il devint le chef de la droite, compta parmi les « Burgraves », et déposa, en juillet 1851, une proposition de révision de la Constitution, qui n'ayant réuni que 446 voix contre 278, ne fut pas adoptée, le chiffre des deux tiers, fixé par la constitution de 1848, n'étant pas atteint (21 juillet).

Au coup d'Etat de décembre, le duc le Broglie se retira de la vie politique, pour n'y plus rentrer.

Il était membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences morales et politiques.