Michel, Louis, Etienne Regnaud de Saint-Jean-d'Angely

1760 - 1819

Informations générales
  • Né le 3 novembre 1760 à Saint-Fargeau ( - Généralité d'Orléans - France)
  • Décédé le 11 mars 1819 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 22 mars 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Saint-Jean-d'Angely (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Tiers-Etat
Régime politique
Cent-Jours
Législature
Chambre des représentants
Mandat
Du 11 mai 1815 au 13 juillet 1815
Département
Charente-Inférieure
Groupe
Bonapartiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, et représentant aux Cent-Jours, né à Saint-Fargeau (Généralité d'Orléans, France) le 3 novembre 1760, mort à Paris (Seine) le 11 mars 1819, fils d'un président au bailliage de Saint-Fargeau, il fit ses études au collège du Plessis à Paris, et se destina au barreau.

Mais une fois reçu avocat, il dut accepter, pour venir en aide à sa famille, le poste de lieutenant de la prévôté de la marine à Rochefort, son père, frappé de cécité, ayant été obligé de résigner son emploi.

En 1789, le jeune Regnaud fut chargé de rédiger les cahiers du tiers état de la sénéchaussée de Saint-Jean-d'Angély.

Elu député du tiers-état de cette sénéchaussée aux Etats-Généraux, le 16 mars 1789, par 176 voix (301 votants), il prit place dans l'Assemblée parmi les réformateurs les plus modérés, fut membre et secrétaire du comité des rapports, et membre du comité central. Actif, doué d'une parole facile et agréable, il mit ses talents au service du parti constitutionnel, qui s'efforçait de concilier la royauté et les idées nouvelles, et prononça de nombreux discours où se trahissait cette préoccupation. Il parla contre Mirabeau, dans la discussion sur l'unité du corps législatif, vota pour l'adoption du plan de finances de Necker, et demanda qu'il fût accompagné d'une adresse au peuple, fit diverses propositions sur la caisse de l'extraordinaire et la comptabilité du trésor public, opina pour la réduction des pensions, pour le maintien des droits d'entrée, contre la conversion de la contribution patriotique, émit l'avis que le pouvoir exécutif ne pût déclarer la guerre ni faire aucune entreprise offensive sans le consentement de la nation, dénonça une adresse des catholiques de Nîmes, réclama l'amélioration du sort des religieuses, vota pour que l'Assemblée délibérât sur la demande d'indemnités formée par la commune de Paris, pour les frais de la démolition de la Bastille, discuta les moyens d'atteindre les capitalistes par la contribution personnelle, parla sur le mode de remboursement de la dette publique, combattit le projet de réunion du comtat d'Avignon à la France, défendit les droits des hommes de couleur, fit rendre un décret sur la libre circulation de l'argent, demanda la destitution et le remplacement de Bouillé, et prit en maintes occasions la défense de la Constitution. Sur sa motion (8 mai 1791), l'Assemblée décréta que les restes de Voltaire seraient transportés dans l'église paroissiale de Romilly, jusqu'à ce qu'il eût été statué sur la pétition de la municipalité de Paris qui les réclamait, concurremment avec Troyes et Romilly.

Après la session, il collabora activement au Journal de Paris, dont André Chénier était le principal rédacteur, et à l'Ami des patriotes, journal subventionné par la liste civile. A la suite des événements du 10 août 1792, il dut se tenir à l'écart; lors de la proscription des Girondins, il fut découvert et emprisonné à Douai, puis à Paris; mais il parvint à s'évader et resta caché jusqu'au 9 thermidor. Regnaud fut encore impliqué, par la suite, dans un mouvement contre la Convention.

Cependant, il réussit à obtenir sa nomination comme administrateur des hôpitaux de l'armée d'ltalie. Il y connut le général Bonaparte, s'attacha à sa fortune et l'accompagna dans son expédition d'Egypte. Retenu à Malte par la maladie il y fut laissé en qualité de commissaire du Directoire, revint en France pour solliciter des secours après le blocus de l'île par les Anglais, et resta dans sa famille.

Il seconda, au 18 brumaire, les projets du général Bonaparte, fut nommé, le 4 nivôse an VIII, conseiller d'Etat, et bientôt président de la section de l'intérieur (27 fructidor an X). Membre de l'Académie française, il devint membre de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII, grand-officier de cet ordre le 25 prairial suivant, fut appelé la même année (17 messidor) aux fonctions de procureur général de la haute cour, en 1807 à celles de secrétaire d'Etat de la famille impériale, et, en 1808, fut créé comte de l'empire.

Napoléon prit Regnaud pour confident de l'exécution de plusieurs de ses actes, l'admit dans presque tous ses conseils et le chargea fréquemment de porter la parole au Sénat et au Corps législatif pour les levées d'hommes, et pour la défense de sa politique intérieure et extérieure.

En janvier 1814, Regnaud fut nommé commandant d'une des légions de la garde nationale; le 30 mars, il sortit de Paris pour s'opposer à la marche de l'ennemi; mais il revint précipitamment, et ce brusque retour fut sévèrement jugé par la population. Regnaud se rendit alors auprès de Marie-Louise à Blois où il resta jusqu'au 8 avril. Au début de la première Restauration, ayant à recevoir comme académicien le poète Campenon, il plaça habilement dans son discours un hommage au roi et à sa famille.

Elu, le 11 mai 1815, représentant du grand collège de la Charente-Inférieure à la Chambre dite des Cent-Jours, par 58 voix (98 votants), il reprit en même temps ses fonctions auprès de l'empereur, et s'éleva contre la déclaration du congrès de Vienne. Comme député et comme ministre d'Etat, il eut assez fréquemment à porter la parole à l'assemblée. Après Waterloo, il fut de ceux qui engagèrent vivement l'empereur à abdiquer. « Il a fallu batailler, disait le duc Decrès; mais ce diable de Regnaud a si bien parlé, que son éloquence a été entendue. » Regnaud fit connaître cette résolution aux représentants et s'efforça d'en assurer l'exécution.

La seconde Restauration mit fin à sa carrière politique, Le 25 juillet 1815, il écrivit à Fouché, alors ministre de la police générale : « On m'apporte la Gazette officielle qui contient l'ordonnance du roi et la liste où mon nom est inscrit. Il n'est pas dans mon caractère de me soustraire à l'examen de ma conduite, et personne mieux que vous, Monsieur le duc, ne sait que je n'ai point à le craindre. Cependant, ayant déjà fait connaître à V. E. le dessein que j'ai de me retirer avec ma famille dans l'Amérique septentrionale, et ne pouvant d'une autre manière vivre sans être séparé des miens; j'ai l'honneur de vous demander si vous pouvés me donner des passeports pour ce païs. »

Les passeports furent accordés, et il partit le 28 août 1815; dans une lettre écrite à Bérard, l'avant-veille de son départ, il lui disait d'embrasser ses enfants pour lui: « Ils verront la liberté et la paix, eux », ajoutait-il. Une nouvelle lettre au même, datée de New-York, 25 novembre 1815, porte : « Je me sens plus Français que jamais depuis que je ne suis plus en France, et je sens que vivre sans vous, sans l'espoir de vous rejoindre, serait chose impossible... Ne m'oubliez pas près de Jouy, de Lenoir, d'Allard, de Bérenger, d'Isabey, de Talma,.. » La bibliothèque de La Rochelle conserve une série de lettres de Regnaud écrites de l'exil; il s'inquiète de la situation politique, avec un perpétuel espoir de retour, et annonce, le 30 juin 1816, qu'il se prépare à revenir en Europe.

Il s'établit à Liège : « Je n'ai fait, écrit-il de cette ville le 20 septembre 1818, que changer de tourment en abordant en Europe. La douce présence de mon excellente et noble Laure (sa femme) est empoisonnée par ce qu'elle souffre de fatigues pour m'assurer un asile, de craintes pour un très prochain avenir, et d'incertitudes même dans les suppositions les moins fâcheuses. Mon Dieu, n'ai-je donc pas, en vivant silencieux et paisible dans un pays où je pouvais tout faire et tout dire impunément, donné assés de garanties, que, si mes affections ne s'éteignent pas, et si je n'ai pas la lâcheté de les abjurer ou la faiblesse de les désavouer, je n'en reste pas moins étranger à toute affaire politique, laissant à deux puissances qui triomphent tôt ou tard, le temps ou l'opinion, le droit qui n'appartient qu'à elles de donner la sécurité aux souverains, la paix à l'Europe, la liberté aux peuples, et la balance aux deux mondes. »

Parny, dans son testament, en date du 8 octobre 1814, avait confié à Regnaud de Saint-Jean-d'Angély le soin de surveiller les éditions qui pourraient être faites de ses ouvrages, en lui accordant le produit de ces éditions, « sans en rendre compte à qui que ce soit. » Cette dernière disposition ne fut pas exécutée: Regnaud surveilla les rééditions, mais ne toucha rien. Enfin les réclamations incessantes de ses puissants amis obtinrent pour lui, du ministère Decazes, l'autorisation de rentrer en France. Regnaud mourut le soir même de son arrivée à Paris.

Une biographie manuscrite dit de lui : « Toutes les fois qu'il n'a pas exécuté des ordres formels qui enchaînaient ses paroles, il a été le défenseur de la justice. Il n'a jamais méconnu, dans leur infortune, ceux à qui il avait témoigné de l'amitié dans leur prospérité, et il a même été plusieurs fois le soutien de gens qu'il n'aimait pas et qui étaient injustement opprimés. »

Date de mise à jour : janvier 2015