Marcel, Gilles Cachin

1869 - 1958

Informations générales
  • Né le 20 septembre 1869 à Paimpol (Côtes-du-Nord - France)
  • Décédé le 12 février 1958 à Choisy-le-roy (France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 10 mai 1914 au 7 décembre 1919
Département
Seine
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Seine
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Seine
Groupe
Communiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 29 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Seine
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Seine
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Seine
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 12 février 1958
Département
Seine
Groupe
Communiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 14 janvier 1936 au 29 février 1940

Fonds d'archives

Un fonds Cachin de 4,10 mètres linéaires a été donné par la famille Hertzog-Cachin entre 1983 et 2000 aux Archives nationales. Ces documents, répertoriés sous la cote 447 AP, comprennent notamment des papiers privés de Marcel Cachin (agendas, transcriptions des agendas, notes, correspondance). Ils couvrent les années 1903 à 1958 et sont décrits dans un répertoire numérique. Hormis le dossier 447 AP 21, ils sont librement communicables. De plus amples informations sont disponibles sur le site Internet des Archives nationales.

Par ailleurs, un fonds conséquent, axé pour l’essentiel sur la bibliothèque de Marcel Cachin, a été déposé en 2005 par le parti communiste français aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis. Ce fonds de 6 mètres linéaires, répertorié sous la cote 290 J, n’est pas classé et n’est donc pas encore communicable. On y trouve notamment une série de livres dédicacés, un dossier relatif au 80e anniversaire de Marcel Cachin puis à son décès (albums de photographies, correspondance, cahiers de condoléances, revues de presse, etc.), des carnets de notes ainsi qu’un dossier relatif à la carrière politique de Marcel Cachin et à son travail de journaliste. Ces documents couvrent la période 1904-1958.
Ce fonds provenait initialement de la Bibliothèque marxiste de Paris, qui a publié dans le n° 48 des Cahiers d’histoire de l’institut de recherches marxistes en 1992, des lettres inédites de Marcel Cachin à sa femme, rédigées entre avril et novembre 1918, et issues de ce don.
Des renseignements complémentaires sont disponibles sur le site Internet des Archives départementales.

Biographies

Né à Paimpol (Côtes-du-Nord) le 20 septembre 1869.
Mort à Choisy-le-Roi (Seine) le 12 février 1958.


Député de la Seine de 1914 à 1932

Sénateur de la Seine de 1936 à 1940.

Délégué à l'Assemblée consultative provisoire en 1944.

Député aux première et deuxième Assemblées Nationales Constituantes de 1945 à 1946.

Député à l'Assemblée Nationale de 1946 à 1958.

C'est dans la petite ville de Paimpol « belle, sévère et lumineuse » que naquit, le 20 septembre 1869, le futur fondateur du parti communiste français. Son père était gendarme, sa mère était fileuse de lin, comme toutes les paysannes de son petit hameau de Pen-an-hoat, commune de Plourivo. Tous deux rêvaient pour leur fils d'une brillante carrière militaire et souhaitaient le diriger vers Saint-Cyr. Mais le jeune homme était attiré par les lettres et, particulièrement, par la philosophie. Au lycée de Saint-Brieuc, puis à celui de Rennes, il fit d'excellentes études secondaires. Il vint ensuite à Bordeaux afin d'y suivre les cours de la Faculté des Lettres. Ayant obtenu sa licence de philosophie, il devint professeur dans cette ville et y demeura durant 15 ans.

Préoccupé de questions sociales, souhaitant ardemment l'avènement d'une démocratie qui libérerait les classes opprimées, les peuples coloniaux, il trouva en Jules Guesde et en Paul Lafargue des hommes qu'il admira et dont il devint bientôt le disciple préféré. Dès 1901, il entra en contact avec le parti ouvrier français qu'animaient ces deux personnalités. Il collabora à la Question sociale et au Socialiste de la Gironde dont il devint le rédacteur en chef. Tout en enseignant la philosophie et en préparant son agrégation, il devint secrétaire d'une section du Parti Ouvrier Français, et en 1896, le parti posa sa candidature à une élection partielle dans l'arrondissement de Libourne. A l'occasion de cette campagne qui fut très importante, il fonda dans le Libournais de nombreuses sections du Parti ouvrier français. Il ne fut pas élu, mais en 1900, il entra au Conseil municipal de Bordeaux et devint adjoint au maire. Il remplira ces fonctions jusqu'en 1904. À cette époque, il sera délégué du congrès international du Parti ouvrier français, qui se prononcera, à Amsterdam, pour l'unification des partis socialistes. En 1905, les diverses fractions qu'exprime le socialisme en France se réunissent à la salle du Globe, boulevard de Strasbourg, en congrès appelé « de l'Unité » et, en application de la décision prise à Amsterdam l'année précédente, constituent ce qui devint le parti socialiste, longtemps appelé unifié, secteur français de l'Internationale ouvrière, la S.F.I.O. Marcel Cachin est nommé délégué à la propagande. Pendant 6 ans, il occupera ce poste et parcourra la France pour y tenir d'innombrables réunions. Il prendra, le plus souvent, la parole et se révélera un orateur prestigieux, à la voix cuivrée et chaude. Il dominera tous les auditoires, il les entraînera par son éloquence passionnée.

Aux élections législatives des 6 et 20 mai 1906, le parti S.F.I.O. présente la candidature de Marcel Cachin dans la première circonscription de Béziers. Il est battu, au deuxième tour de scrutin, par 10.163 voix contre 12 159 à M. Louis Laferre. Toujours préoccupé par le problème des peuples coloniaux, il entreprend, en 1908, un voyage en Algérie (Alger, Oran, Constantine, Bône, Philippeville). Il en rapporte une documentation abondante dont il fait connaître l'essentiel aux lecteurs des journaux auxquels il collabore.

Aux élections des 24 avril et 8 mai 1910, il mène une lutte serrée dans la 1re circonscription d'Alais, contre M. Marius Devèze, professeur, député sortant. Au deuxiéme tour de scrutin, ce dernier obtient 6 929 voix contre 6 944 à Marcel Cachin, Mais la Commission de recensement rectifie ces chiffres et proclame Marius Devèze élu par 6 952 voix contre 6 947. Marcel Cachin conteste cette élection. Le rapport présenté par le quatrième bureau de la Chambre attribue aux deux adversaires un nombre à peu près égal de suffrages et conclut à l'annulation. Mais la Chambre passe outre, et après discussion, l'élection de Marius Devèze est validée par scrutin publie à la tribune.

L'année suivante, Marcel Cachin retourne en Algérie. Cette fois, il dirige ses investigations vers l'Ouest algérien et se rend, notamment, à Sidi-Bel-Abbès. Il communiquera ses impressions aux lecteurs des journaux socialistes dans une série d'articles qui auront un grand retentissement.

En 1912, le 18e secteur de la fédération de la Seine le désigne comme candidat, et il est élu conseiller municipal de Paris pour le quartier de la Goutte-d'or et conseiller général de la Seine. À l'Hôtel de Ville, où il siège pendant deux ans, il se spécialise dans la question des transports urbains. Il sera d'ailleurs élu, en 1913, secrétaire du Syndicat des transports en surface de la région parisienne, Cette année-là, il entre à l'Humanité comme rédacteur, en remplacement de Paul Lafargue. Nommé président du congrès constitutif des Jeunesses socialistes de France, il est délégué, en 1914, au congrès international de Bâle.

Aux élections générales législatives des 25 avril et 10 mai 1914, il est élu député de la 3e circonscription du 18e arrondissement de Paris, battant, au deuxième tour de scrutin, M. Edouard Bussat, député sortant, radical indépendant, par 7 246 voix contre 7 098 à son adversaire. Inscrit au parti socialiste, membre des Commissions de la marine, des affaires extérieures, de la réorganisation économique, de la législation civile, il s'intéresse à tous les grands problèmes se rattachant aux affaires extérieures comme aux questions sociales, À la veille de la guerre, le jour de l'assassinat de Jean Jaurès, il vient, avec une délégation de son parti, affirmer au secrétaire d'Etat, Abel Ferry, la volonté des socialistes de ne pas accepter le conflit. Mais, les hostilités engagées, il se prononce pour la défense nationale et assume la présidence du Comité patriotique du ravitaillement de Paris. Dès lors, il se préoccupe des baux et loyers pendant la guerre, du problème du charbon et de la politique minière du Gouvernement, du rationnement de la consommation du pain. Ces responsabilités ne l'empêchent pas d'accepter plusieurs missions à l'étranger. Elles sont dangereuses et difficiles. Deux d'entre elles, au moins, et des plus importantes, seront menées à bien : en 1915, il prend contact avec Mussolini, directeur du journal socialiste l'Avanti, pour le persuader de déclencher une campagne en faveur de l'entrée en guerre de l'Italie contre les Empires centraux ; en 1917, ayant à ses côtés les députés socialistes Ernest Lafont et Marius Moutet, il conduit à Pétrograd une délégation de la Commission des affaires étrangères de la Chambre, dans le but d'entraîner Kérensky et le Gouvernement provisoire russe à reprendre contre l'Allemagne une bataille désespérée. La mission réussit, mais l'offensive des troupes russes est écrasée, et c'est la débâcle militaire, la paix de Brest-Litovsk, la révolution d'octobre. Les bolcheviks balaient le Gouvernement Kérensky et s'emparent du pouvoir.

La guerre s'achève. Marcel Cachin assiste, aux côtés de Clemenceau et de Poincaré, à l'entrée des troupes françaises à Strasbourg. L'émotion l'étreint visiblement. « L'homme qui, en 1918, avait pleuré d'émotion en voyant les troupes françaises rentrer dans Strasbourg, suivit pendant la dernière guerre les fluctuations de la politique stalinienne », écriront plus tard certains journalistes. Tout était vrai en Marcel Cachin : le plus ardent patriotisme, le dévouement le plus absolu à l'idéal du parti auquel il consacra sa vie, l'aspiration passionnée à une paix durable. Nommé directeur de l'Humanité en 1918, (il le restera jusqu'à sa mort) il pose, à la Chambre, le 27 décembre 1918, la question de l'intervention contre la Russie, Il entreprend ensuite, dans son journal une vive campagne contre la politique menée par le Gouvernement à l'égard de l'Allemagne, notamment en ce qui concerne l'occupation de la Ruhr.

Aux élections générales du 16 novembre 1919, il est élu député de la première circonscription de la Seine sur la liste socialiste, par 60 459 voix sur 191 850 votants, et dès 1920, il repart pour la Russie, chargé par le congrès S.F.I.O. de Strasbourg d'une mission à Moscou : il s'agit d'étudier le moyen d'aboutir au rétablissement de l'unité socialiste. Accompagné de M. Frossard, secrétaire général du parti, Marcel Cachin assiste au deuxième congrès de l'Internationale communiste et revient en France le 11 août, après avoir parcouru 3 000 kilomètres en 71 jours dans la Russie encore en lutte et avoir rencontré Lénine à plusieurs reprises. Aussitôt rentré, il organise avec M. Frossard une réunion publique au cirque de Paris. Acclamés par une foule enthousiaste, les deux orateurs font le compte rendu de leur voyage. Puis, c'est l'ardente campagne menée à travers le pays : il faut faire connaître la signification de la révolution d'Octobre, la nature du pouvoir soviétique, ses réalisations, ses perspectives d'avenir.

Le 29 décembre 1920, a lieu le congrès socialiste de Tours. Clara Zetkin, lutteuse ardente et courageuse de la Social-Démocratie allemande y paraît. Le programme est : adhésion ou non-adhésion à la troisième Internationale. Marcel Cachin présente la motion d'adhésion à l'Internationale communiste. Après des débats passionnés, le congrès se prononce pour l'adhésion. Mais une fraction n'accepte pas cette sanction : l'unité socialiste est, à nouveau, rompue. La majorité adhère à la IIIe Internationale et prend le nom de Parti communiste français. Les minoritaires décident de rester dans la IIe Internationale et conservent à leur fraction le nom de Parti socialiste français. Membre du comité directeur de la section française de l'Internationale communiste, Marcel Cachin fait bientôt partie du comité central et du bureau politique, fonctions qu'il conservera jusqu'à sa mort.

En 1923, la politique de M. Raymond Poincaré trouve en Marcel Cachin un adversaire déterminé. Plus que jamais, il réprouve l'occupation de la Ruhr. À Essen, où il se rend avec Gaston Monmonsseau et Gabriel Péri, il prend la parole aux côtés de Clara Zetkin, opposant la politique de guerre à l'idéal de l'Internationalisme. Le manifeste du parti communiste, diffusé parmi les troupes d'occupation, affirme la fraternité qui unit les ouvriers des deux pays. Le Gouvernement poursuit alors Marcel Cachin pour complot contre la sûreté de l'Etat, mais le Sénat, réuni en Haute Cour de justice, rejette ces poursuites le 26 mai 1923.

En 1924, Marcel Cachin est élu membre du comité exécutif de l'Internationale communiste. Ce sera pour lui l'occasion de contacts nouveaux avec les représentants des partis communistes du monde entier, l'occasion, aussi, d'orienter ses préoccupations vers la question qui, jusqu'à sa mort, ne cessera jamais de l'obséder : l'indépendance des peuples coloniaux. Il reviendra constamment sur ces problèmes : la guerre du Rif, les événements d'Indochine avant la guerre de 1939 et, depuis la fin de cette guerre, Madagascar, la Tunisie, le Cameroun, le Viet-Nam et, enfin, l'Algérie. C'est à l'Algérie que fut consacré son dernier écrit, en 1958.

Aux élections générales du 11 mai 1924, il est réélu en tête de la liste du bloc ouvrier-paysan. Il obtient personnellement 48 524 voix sur 196 986 votants. Survient la guerre du Rif. Les murs se couvrent d'affiches du comité central du parti communiste, pathétique appel à la cessation des hostilités. L'imprimeur est arrêté, mais Marcel Cachin revendique l'entière responsabilité du document. Arrêté avec M. Vaillant-Couturier à la sortie du Palais-Bourbon, il est condamné à deux ans de prison. En appel, la peine est ramenée à un an. Il l'accomplira à la Santé.

Le 25 avril 1926, (retour au scrutin d'arrondissement) il est élu de nouveau dans la troisième circonscription du 18e arrondissement de Paris par 8 119 voix contre 5 619 à M. de Gouvion Saint-Cyr. Mais, en 1932 il est battu, au deuxième tour de scrutin, par un de ses anciens disciples, M. Louis Sellier devenu socialocommuniste. Cet échec ne ralentit en rien l'ardeur de sa lutte. Inlassablement, il affirme sa confiance dans le traité franco-soviétique pour le resserrement d'une alliance qui pourrait contrebalancer la puissance nazie. Lorsque éclate la guerre civile en Espagne, il défend avec vigueur les 2 thèmes de son parti : sur le plan extérieur, front unique international pour venir en aide aux espagnols luttant contre le franquisme ; sur le plan intérieur, réalisation du Front populaire.

Au renouvellement partiel du Sénat, du 14 janvier 1936 (élections du 20 octobre 1935) il est élu sénateur de la Seine, au deuxième tour de scrutin, sur une liste d'Union radicale, S.F.I.O., communiste, par 620 voix sur 1 241 votants. Il est le premier représentant du parti communiste à entrer au Palais du Luxembourg. Bientôt rejoint par M. Clamamus sur les bancs d'extrême gauche, il est désigné, en juin 1936, comme président du groupe parlementaire communiste réunissant députés et sénateurs.

Vient la guerre de 1939. Un décret promulgué le 26 septembre, quelques jours après la déclaration de guerre, interdit l'activité des organisations communistes. Marcel Cachin se solidarise avec les membres du parti, poursuivis après la conclusion du pacte germano-soviétique qu'ils ont refusé de désavouer. En janvier 1940, ils sont déchus de leurs fonctions publiques. Le Sénat prononce leur exclusion. Marcel Cachin, qui habitait une maison appartenant à son parti, doit déménager : le décret du 26 septembre précédent met sous séquestre les biens du parti communiste. Il se réfugie dans sa petite maison de Bretagne où les Allemands l'arrêtent en août 1941. Il est incarcéré à la prison de Saint-Brieuc, puis à celle de Rennes, et, un peu plus tard, il est transféré à la Santé. À cette époque, est affiché sur les murs de Paris le passage d'une lettre dans laquelle Marcel Cachin désavoue les attentats individuels commis contre les troupes allemandes, comme non conformes à la doctrine et à la tradition du mouvement ouvrier. On se souvient des polémiques suscitées par ce document et de l'assurance qui fut donnée : on avait abusé de la signature du prisonnier.

Dès sa libération, il repart pour Paimpol. Plus tard, des amis le cachent chez eux, dans la région parisienne, où il mènera, jusqu'en 1944, une vie clandestine.

Aussitôt la guerre terminée, Marcel Cachin reprend toutes ses activités politiques. Membre de l'Assemblée Consultative provisoire de Paris comme représentant du parti communiste français (1944-1945), il est élu député de la deuxième circonscription de la Seine aux deux Assemblées Nationales Constituantes (21 octobre 1945 par 100.192 voix sur 457.737 votants et 2 juin 1946 par 98.966 voix sur 457.556 votants).

Réélu comme tête de liste du parti communiste, devant Mme Jeannette Vermeerch, le 10 novembre 1946 par 105 120 voix sur 459 292 votants, puis le 17 juin 1951 par 80 611 voix sur 425.224 votants ; et enfin, le 2 janvier 1956 par 102.639 voix sur 507.179 votants, il est Président d'honneur du groupe parlementaire communiste et Président de la Commission des affaires étrangères, fonctions qu'il remplira durant plusieurs années. Régulièrement, mais en vain, il est candidat à la Présidence de l'Assemblée Nationale, contre M. Vincent Auriol d'abord, puis contre MM. Edouard Herriot, Schneiter, et Le Troquer.

En novembre 1946, il devient doyen d'âge de l'Assemblée, puis se voit dépossédé du décanat aux élections du 17 juin 1951 par M. Eugène Pebellier, père, son aîné de trois ans et demi. Il recouvrera ce titre à la mort du député de la Haute-Loire, survenue le 30 mars 1952. De nouveau, il ouvre chaque session au fauteuil présidentiel. En dépit de son grand âge, il est resté alerte et a conservé toute la lucidité de son esprit. Sa voix a toujours ses belles sonorités graves. On se presse à ces séances inaugurales : Marcel Cachin passe d'un pas rapide entre les gardes qui lui rendent les honneurs. Au-dessus de l'hémicycle, sa silhouette se détache, couronnée d'une chevelure blanche. Prononcée par lui, « l'allocution d'usage » prend un ton personnel et polémique qui provoque souvent des remous, mais ne peut laisser personne indifférent.

Le 17 novembre 1956, il dut subir une cruelle épreuve : la mort de sa femme, Mme Marguerite Cachin. Bien qu'âgé de 87 ans, Marcel Cachin avait gardé intacte une sensibilité jeune et vivante. Il lui fallut dominer sa peine et continuer à assumer les multiples devoirs de ses charges. Le 20 septembre 1957, une joie lui fut donnée : il reçut la décoration de l'ordre de Lénine. Mais peu à peu, sa santé déclinait. Il refusa longtemps, aussi longtemps qu'il le put, d'interrompre son activité. Il mourut chez lui, à Choisy-le-Roi, 19 rue Auguste-Blanqui, le 12 février 1958. Le groupe communiste de l'Assemblée Nationale lui rendit hommage dans une motion rendue publique le lendemain de sa mort. « Saluons avec respect et émotion la mémoire du militant prodigieux qui fut, tout au long d'une activité de presque 70 années, une des plus belles figures du mouvement ouvrier français, l'exemple de la fidélité inflexible, du désintéressement et du dévouement absolu à la cause de la classe ouvrière et de son parti. »

Le 14 février, le cercueil fut placé dans le hall de l'Humanité, 6 faubourg Poissonnière et, dès 11 heures du matin, les fidèles défilèrent, innombrables. Les obsèques eurent lieu le lendemain. Le char funèbre quitta le faubourg-Poissonnière à 14 h. 45, précédé par l'harmonie de la R.A.T.P. et par les drapeaux des fédérations du parti communiste. Derrière, venait la famille du disparu : Mme le Docteur Marcelle Cachin-Herzog, ancien député ; Mme Marie-Louise Cachin-Jacquier, avocat à la Cour d'Appel ; le Docteur Charles Cachin, ancien interne des Hôpitaux de Paris. M. Maurice Thorez, accompagné de M. Etienne Fajon, avait pris place dans une voiture. Suivi d'une foule immense et recueillie, le cortège arrivait à 16 h. 30 au cimetière du Père-Lachaise où le cercueil fut déposé sur un catafalque entouré de bannières rouges et tricolores.

À la deuxième séance du mardi 18 février 1958, le Président André Le Troquer prononça l'éloge du disparu. Il retraça sa longue carrière, mettant l'accent sur le dramatique congrès de Tours. « L'amitié qui nous attachait, dit-il, devint silencieuse, discrète et comme pudique. L'un et l'autre, nous l'avons conservée. » Il évoqua ensuite avec émotion la belle figure de Mme Cachin, « admirable compagne de sa vie », puis il termina en ces termes : « Notre Assemblée rend hommage à celui qui la présida 14 fois en qualité de doyen. Elle exprime ses vives condoléances au parti communiste qui le vénérait. L'homme était de qualité : sa loyauté, sa probité, sa fidélité, avaient fait de lui un symbole respecté. »

Il est impossible de passer sous silence un aspect de Marcel Cachin que connaissait bien son entourage : son amour de la pensée et des arts. Il avait, parmi ses amis, des écrivains, des peintres, des sculpteurs, des cinéastes. Passionné de philosophie, d'histoire, d'art sous toutes ses formes, il fut lié avec Matisse, Paul Signac, Maximilien Luce, Picasso, Ehrenburg, Paul Eluard, Thomas Mann et bien d'autres, tous de qualité.

La mort du leader communiste laissait vacante à l'Assemblée le siège du Doyen d'âge. M. le Chanoine Kir, député de la Côte-d'Or, né le 22 janvier 1876, succéda à Marcel Cachin.




Né le 20 septembre 1869 à Paimpol (Côtes-du-Nord)
Décédé le 12 février 1958 à Choisy-le-Roi (Seine)

Député de la Seine de 1914 à 1932

Sénateur de la Seine de 1936 à 1940

Membre de la première et de la seconde Assemblées nationales Constituantes (Seine)

Député de la Seine de 1946 à 1958


(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940, tome III, p. 823 à 826).

Déchu de son mandat de sénateur en application de la loi du 20 janvier 1940, Marcel Cachin, alors âgé de 70 ans se retire dans sa maison de Lancerf-en-Plourivo près de Paimpol. Bien que toujours membre statutaire du Bureau politique, il ne participe pas à la direction clandestine du Parti communiste. Arrêté à Lancerf, le 5 septembre 1941 par des membres du S.D. (police allemande) de Saint-Brieuc, il est transféré à Rennes puis à la prison de la Santé de Paris, interrogé par la Gestapo, rue des Saussaies, puis mystérieusement libéré le 17 octobre 1941. Cependant, le 21 octobre 1941, il remet à Bœmelburg, chef de la Gestapo à Paris, une lettre dans laquelle il dénonce les attentats individuels contre les occupants. En mai 1942, un passage de ce document sera reproduit sur une affiche, conçue par le Parti ouvrier et paysan français et financée par les Allemands.

Ceux-ci et leurs alliés français parvinrent ainsi à utiliser le témoignage d'un des dirigeants communistes les plus prestigieux pour combattre la politique de lutte armée alors préconisée par la direction du P.C.F. Marcel Cachin subira la conséquence de son acte : dès novembre 1941, son nom disparaît de la couverture du bulletin interne communiste « la Vie du Parti » et en juillet 1942 paraît un faux numéro de la « Vie ouvrière » l'accusant d'avoir trahi ses camarades : « la classe ouvrière vomira ce vieillard sénile ». Plus tard, en août 1944, sur quelques éditions, son nom disparaît de la manchette de l'Humanité. Après guerre, en octobre 1945, le journal « l'Epoque »lance la polémique qui rebondira en 1951 dans « le Populaire ».

En fait, du témoignage de Bœmelburg et de la correspondance échangée entre le S.D. et les autorités militaires allemandes à propos de la libération de Marcel Cachin, à l'initiative de la seule Gestapo, il ressort que ce dernier a été utilisé par Abetz et la police allemande qui prévoyaient et craignaient que le Parti communiste, jusque là hostile aux attentats, changeât d'attitude après l'entrée en guerre de l'Allemagne contre l'Union soviétique.

En août 1942, Marcel Cachin quitte Lancerf-en-Plourivo et entre dans la clandestinité. Il rencontre Benoît Frachon et Jacques Duclos à Bourg-la-Reine en décembre et reprend sa collaboration à l'Humanité à partir de janvier 1943.

A la Libération, délégué à l'Assemblée consultative provisoire, où il représente le groupe communiste du Sénat, il est membre de la Commission des affaires étrangères et intervient, le 21 décembre 1944, dans le débat sur l'alliance franco-soviétique.

Aux élections du 21 octobre 1945, pour la première Assemblée nationale Constituante, Marcel Cachin conduit la liste du Parti communiste dans la deuxième circonscription de la Seine (1er, 2e, 8e, 9e, 17e et 18e arrondissements de Paris). Avec 22,6 % des suffrages exprimés, le Parti communiste arrive en seconde position, derrière le M.R.P., et compte trois élus dont Jeannette Thorez-Vermeersch, suivante de liste de Marcel Cachin.

Son parti lui confiera à nouveau la tête de liste dans cette même circonscription aux élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale Constituante et aux trois élections générales de la IVe République. Il recueille 21,8 % des suffrages et arrive en troisième position derrière le P.R.L. et le M.R.P., pour deux élus, le 2 juin 1946; 23,2 % des suffrages, en deuxième position derrière le M.R.P. pour trois élus le 10 novembre 1946. A cette élection, sa fille Marcelle Hertzog-Cachin devient député communiste de la 5e circonscription de la Seine. La liste de Marcel Cachin recueille 19,3 % des suffrages, deuxième position derrière le R.P.F., pour deux élus le 17 juin 1951 et enfin, avec 20,9 % des suffrages, elle arrive en première position et remporte deux sièges aux élections du 2 janvier 1956.

Membre de la Commission des affaires étrangères tout au long de son mandat, Marcel Cachin en sera président à partir de décembre 1946 mais, en février 1948, après le départ des ministres communistes du gouvernement, Edouard Bonnefous le remplace à ce poste. Le député de Paris dépose propositions de loi et de résolution ayant trait aux économiquement faibles (15 janvier 1952) ; aux rentiers-viagers (21 octobre 1952) ; aux théâtres lyriques nationaux (5 novembre 1952) ; aux anciens combattants (26 février 1953) ; aux retraités de l'Etat et des services publics (6 octobre 1953) ; aux expulsions de locataires (9 février 1954) ; au versement d'une prime aux réservistes (4 octobre 1956). N'intervenant pas dans les débats parlementaires, mais doyen d'âge de la seconde Assemblée nationale Constituante, puis de l'Assemblée nationale, avec une interruption de juin 1951 à mars 1952, Marcel Cachin prononce, à ce titre, de nombreuses allocutions à fort contenu politique.

Avec son groupe, il refuse la confiance à Ramadier après le départ des ministres communistes (30 octobre 1947), vote contre la C.E.C.A. (Communauté européenne du charbon et de l'acier) le 13 décembre 1951, vote la confiance à Pierre Mendès-France (17 juin 1954) et les accords de Genève sur l'Indochine (23 juillet 1954). Il vote la question préalable sur la C.E.D. (Communauté européenne de défense) le 30 août 1954, accorde sa confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956) mais ne prend pas part au vote sur les pouvoirs spéciaux en Algérie alors que son groupe les accorde au gouvernement (12 mars 1956).

Toujours très populaire parmi les militants, il fait l'objet, en 1949, à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire, d'une campagne dans le style du culte de la personnalité qui culmine par une grande réunion à la Mutualité sous la présidence de Maurice Thorez. Parallèlement à son activité parlementaire, Marcel Cachin dirige « l'Humanité » et siège au Bureau politique du Parti communiste. Peu après sa réélection au XIVe Congrès (Le Havre - juillet 1956), il perd sa femme à laquelle il était profondément attaché. Sa dernière joie sera d'être décoré de l'« Ordre de Lénine » le 20 septembre 1957.

Il meurt à son domicile le 12 février 1958. Le 14 février, le cercueil est exposé dans le hall de l'Humanité et tout au long de la journée ses fidèles viennent lui rendre hommage. Le lendemain le Parti communiste lui organise des obsèques grandioses : plusieurs centaines de milliers de personnes défilent des Grands Boulevards au Père Lachaise en passant par la République et la Bastille.