Olivier Ferrand

1969 - 2012

Informations générales
  • Né le 8 novembre 1969 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)
  • Décédé le 30 juin 2012 à Velaux (Bouches-du-Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 20 juin 2012 au 30 juin 2012
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Socialiste, radical et citoyen

Biographies

Biographie de la Ve République

FERRAND Olivier
Né le 8 novembre 1969 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédé le 30 juin 2012 à Velaux (Bouches-du-Rhône)

Député des Bouches-du-Rhône en 2012


Fils de Claude Ferrand et de Marie-José née Lembo, Olivier Ferrand est originaire de Marseille. Il y fréquente le lycée Périer, avant de rejoindre Paris, où il étudie au lycée Louis-le-Grand. Il cumule les diplômes d’écoles prestigieuses : Sciences-Po, HEC et ENA (promotion Marc Bloch, 1995-1997). Il publie en 1993 un manuel, Finances publiques (réédité en 2007). Il obtient également une maîtrise de droit et un DESS de fiscalité internationale à l’université de Paris XI-Sud (devenue Paris-Saclay). Le 11 juillet 1997, à sa sortie de l’ENA, il épouse Carole Moreau, directrice de société, avec qui il aura une fille.

A 28 ans, Olivier Ferrand entame une carrière de haut fonctionnaire, nommé administrateur civil à la direction du Trésor, où il suit les négociations financières internationales (G7, FMI, OMC, OCDE) de 1997 à 2000. Il devient ensuite conseiller technique, chargé des affaires européennes au cabinet du Premier ministre Lionel Jospin (2001-2002), conseiller du représentant de la France à la Convention sur l’avenir de l’Europe, Pierre Moscovici, et membre du groupe des conseillers politiques du président de la Commission européenne, Romano Prodi, de 2003 à 2004.

Entretemps, en 2001, Olivier Ferrand se présente pour la première fois à un mandat électif : il figure sur la liste socialiste aux élections municipales dans le 3e arrondissement de Paris. Elu, il devient adjoint au maire, chargé des finances, du développement économique, de la communication et de l’urbanisme.

Le jeune élu s’investit également dans les instances du Parti socialiste (PS) : très impliqué dans la campagne présidentielle de 2002, il est nommé délégué national chargé en 2003 et 2004 des questions européennes, puis en 2005 chargé de l’international.

Olivier Ferrand est proche de Dominique Strauss-Kahn, qu’il soutient et dont il devient le directeur de cabinet pour la primaire présidentielle socialiste du 16 novembre 2006. Le professeur d’économie, député du Val d’Oise, obtient 20,69 %, ce qui le place en deuxième position derrière Ségolène Royal. Cet engagement se traduit également par sa fonction de délégué général du club de réflexion social-démocrate « A gauche ! En Europe », fondé en 2003 par Dominique Strauss-Kahn et Michel Rocard. Européen convaincu, Olivier Ferrand est le rédacteur d’un rapport « Construire l’Europe politique », commandé en 2004 dans la perspective du traité constitutionnel européen par Romano Prodi et l’ONG EuropaNova, créée et dirigée par Guillaume Klossa, de trois ans le cadet d’Olivier Ferrand et, comme lui, diplômé d’HEC et de Sciences Po.

Le PS cherche à investir ce jeune rocardien brillant à l’occasion des élections législatives de 2007. Olivier Ferrand ayant été, pendant sa période de stage de l’ENA, directeur de cabinet du préfet des Pyrénées-Orientales, il est désigné candidat dans la 4e circonscription de ce département qui regroupe les cantons d'Argelès-sur-Mer, d'Arles-sur-Tech, de Céret, de Côte Vermeille, d'Elne, de Prats-de-Mollo-la-Preste, ainsi que de Thuir. La fédération socialiste locale s’oppose cependant à ce qu’elle considère être un « parachutage » et soutient une candidature dissidente, celle du maire d'Argelès-sur-Mer, Pierre Aylagas. Malgré les déplacements de Lionel Jospin, Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn et Manuel Valls, venus le soutenir, Olivier Ferrand échoue à mobiliser les électeurs de gauche sur son nom. N’obtenant que 8 567 voix, soit 15,25 % des suffrages exprimés, c’est Pierre Aylagas, Divers gauche (DVG), qui le devance dès le premier tour, le 10 juin ; et c’est la candidate Union pour un mouvement populaire (UMP) qui l’emporte, le 17 juin, au second tour. Nullement découragé par cet échec, Olivier Ferrand intègre la liste municipale du socialiste René Olive à Thuir. Elu, il occupe le poste de maire-adjoint et celui de vice-président de la communauté de communes des Aspres. Mais il travaille toujours principalement à Paris comme chargé de mission à l’inspection des finances (2006-2007), puis en qualité de rapporteur général de la mission « L’Europe dans la mondialisation » présidée par Laurent Cohen-Tanugi en 2007 et 2008, ou encore de rapporteur adjoint de la commission Juppé-Rocard sur les investissements d’avenir en 2009. A partir de 2009, il est chargé de mission à l’Institut de la gestion publique et du développement économique.

En 2008, Olivier Ferrand fonde et préside Terra Nova, laboratoire intellectuel de la gauche progressiste, chargée de « convertir les diagnostics des intellectuels sur la société française en propositions politiques » et qui produit une trentaine d’études. Il y défend notamment – avec succès – l’idée de primaire présidentielle de la gauche, ouverte aux sympathisants de gauche. En 2009, il écrit L’Europe contre l’Europe. En 2011, il signe l’appel de Jacques Attali en faveur d’une Eurofédération : « Prendre des décisions à 27, à l’unanimité, c’est très compliqué et long […]. La structure intergouvernementale ne sait pas se projeter sur la scène internationale », déclare-t-il le 12 mars 2012. Voix écoutée à gauche, Olivier Ferrand crée parfois la polémique. C’est le cas avec sa note intitulée Gauche, quelle majorité électorale pour 2012 ?, expliquant que « la classe ouvrière n'est plus le cœur du vote de gauche » et que le parti socialiste doit surtout s’adresser aux femmes, aux jeunes diplômés, aux minorités et aux habitants des grands ensembles urbains.

Aux élections législatives de 2012, Olivier Ferrand est investi dans sa terre natale par le PS, dans la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône, qui s’étend aux communes des cantons de Berre-l’Etang, Salon-de-Provence, et Pélissane, où sa famille a toujours de solides attaches. Il n’y affronte pas moins de 13 autres candidats. Au soir du premier tour, le 10 juin, Olivier Ferrand se place en deuxième position, obtenant 17 034 voix, 31,55 % des suffrages exprimés, distancé de six cents voix par le candidat de l’UMP Nicolas Isnard, qui réunit 17 601 voix, soit 32,6 % des suffrages exprimés. Le candidat du Front national (FN), Gérald Gerin, se maintient au second tour. Dans cette triangulaire, le report des voix du premier tour est plus favorable au candidat de gauche, qui l’emporte avec 22 331 voix, soit 40,48 % des suffrages exprimés, devançant son concurrent de droite, 22 013 voix, soit 39,91 % des suffrages exprimés et le candidat du FN, 10 816 voix, soit 19,61 % des suffrages exprimés. « C'est un retour chez moi que je voulais depuis longtemps » explique-t-il.

A l’Assemblée nationale, il s’inscrit à la commission des finances. Mais, moins de deux semaines après son élection et quatre jours après la séance d’ouverture de la législature, cette étoile montante du PS meurt brutalement à Velaux, le 30 juin 2012. Féru de sport et, plus particulièrement, de marathon, il s’effondre brutalement dans son jardin de retour d’un jogging, victime d’un arrêt cardiaque. Il avait 42 ans. Son suppléant, Jean-Pierre Maggi, conseiller général socialiste des Bouches-du-Rhône et maire de Velaux, lui succède.

Le président de la République François Hollande rend hommage à Olivier Ferrand en ces termes : « Il était l’un de ces talents dont la République pouvait s’enorgueillir, et dont l’avenir était plein de promesses. » Le 10 octobre 2012, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone prononce son éloge funèbre : « […] Olivier Ferrand avait hâte, c’était un homme pressé, c’était un homme impatient, un jeune député promis à une carrière éclatante. Il voulait moderniser et réformer notre pays, améliorer la vie de ses habitants. Comme pour les Gracques à l’époque de la Rome antique, sa destinée aura été à la fois tragique et brillante. »