André, Jean-Baptiste Commentry

1891 - 1961

Informations générales
  • Né le 25 juillet 1891 à Saumur (Maine-et-Loire - France)
  • Décédé le 17 novembre 1961 à Saumur (Maine-et-Loire - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Rassemblement du peuple français

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 25 juillet 1891 à Saumur (Maine-et-Loire)
Décédé le 17 novembre 1961 à Saumur (Maine-et-Loire)

Député du Maine-et-Loire de 1951 à 1955

André Commentry est né le 25 juillet 1891 à Saumur (Maine-et-Loire), où son père, Edmond Commentry possédait une maison de commerce en gros de fers et de charbons. Après ses études secondaires à l'Institution Saint-Louis de Saumur, il entre au lycée Louis-le-Grand à Paris pour préparer le concours de l'Ecole navale, où il est admis le 30 septembre 1910. Devenu aspirant, André Commentry embarque, pour la troisième année d'école, sur le croiseur Jeanne d'Arc (1912-1913). Il fera toute sa carrière professionnelle dans la marine et atteindra le grade de contre-amiral en 1946.

Participant comme officier de marine à la Première Guerre mondiale, André Commentry se trouve notamment à bord du cuirassé Jean-Bart lorsque celui-ci conduit le Président Raymond Poincaré en visite officielle en Russie (1914), puis lorsqu'il est torpillé en mer Adriatique. Par la suite, il effectue de multiples embarquements et acquiert progressivement une spécialisation certaine dans le domaine des sous-marins, pour lesquels il se porte volontaire dès l'année 1915. Elève officier torpilleur en 1920 sur le cuirassé Patrie, il devient chef d'Etat-major à Brest à l'automne 1932, puis commandant du centre d'essais des sous-marins (1932-1934) et sous-directeur du port militaire de Brest (1937-1938). Enfin, il sera également, du 17 octobre 1938 au 31 mai 1939, auditeur au Centre des hautes études navales à Paris. Le 24 août 1939, André Commentry rejoint l'Etat major amiral Ouest, et est un temps envoyé en Angleterre pour organiser les convois de l'Atlantique. Puis, au début de 1940, il devient chef d'Etat-major de la marine en Indochine et le restera jusqu'au 30 avril 1941 ; il continuera ensuite à servir dans le Sud-est asiatique, d'abord comme commandant du croiseur Lamotte-Picquet (1942) puis, à Haïphong, comme commandant la marine du Tonkin (1943-1945). Il tend alors à se rapprocher du mouvement de libération constitué autour du général de Gaulle.

Lors de l'attaque japonaise du 9 mars 1945, André Commentry réussit à sauver une partie de ses troupes, avant de se replier avec elles dans la Chine nationaliste (mai 1945). Son action pendant cette période lui vaut sa promotion au grade de commandeur de la Légion d'honneur, et l'attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes. Mais la capitulation du Japon (14 août) est suivie, en Indochine, d'une difficile période de transition : le pays passe, en dix jours, sous le contrôle du Viet Minh, alors que la conférence de Potsdam avait prévu que le Nord dépendrait des Chinois nationalistes, et le Sud des Anglais. A partir d'octobre 1945 a lieu la reconquête française face aux communistes indochinois : après la signature de l'accord de Chongqing (26-28 février 1946), le capitaine de vaisseau André Commentry, à nouveau commandant supérieur de la marine en Indochine, reçoit du général Leclerc, le 6 mars, l'ordre à la flotte française d'appareiller pour le Nord. Devant Haïphong, les navires français essuient le feu de la garnison chinoise, avant de riposter et d'assurer avec succès le débarquement des troupes. A la suite de cette action, André Commentry est cité à l'ordre de l'armée, citation comportant l'attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil. De retour à Toulon en juin 1946, André Commentry est promu au grade de contre-amiral le 24 juillet. Placé en deuxième section des officiers généraux le 12 octobre suivant, il se retire à Saumur.

Sans s'orienter aussitôt vers la vie politique, l'amiral Commentry compte parmi les proches du général de Gaulle, qu'il rencontre fréquemment, et devient ainsi tout naturellement le responsable du nouveau R.P.F. à Saumur (14 avril 1947). Elu le 19 sur la liste R.P.F., au Conseil municipal de sa ville natale, il est premier adjoint au maire de Saumur à compter du 26 octobre 1947.

Lors des élections du 17 juin 1951 pour la deuxième législature de la IVe République, l'amiral Commentry se présente en troisième position sur la liste du R.P.F. conduite dans le Maine-et-Loire par Victor Chatenay. Le succès du R.P.F. est très net dans le département, puisqu'il regroupe plus de 36 % des voix (22 % en France), enlevant ainsi trois des six sièges à pourvoir alors qu'il n'avait pas conclu d'accord d'apparentement. Avec 82 917 voix sur 229 761 suffrages exprimés, l'amiral Commentry est élu député, et, nommé membre de la Commission des boissons (1951, 1953), et de celle de la défense nationale (1951, 1953, 1954, 1955), cette dernière le nommant en outre membre titulaire de la Commission de coordination pour l'examen des problèmes intéressant les Etats associés d'Indochine. La politique militaire, et, dans une moindre mesure, les problèmes régionaux, constituent le domaine privilégié d'intervention du nouveau député du Maine-et-Loire, qui dépose treize textes relatifs à des questions viticoles ou à la politique militaire. Sa proposition de loi du 9 août 1951 vise ainsi à la création d'un conseil interprofessionnel des vins d'Anjou et de Saumur, et il dépose, le 13 décembre suivant, le rapport de la Commission des boissons sur ce texte. Il est rapporteur de la Commission de la défense nationale, ce même jour, sur une proposition de loi tendant à faire bénéficier les combattants d'Indochine et de Corée de toutes les dispositions relatives aux combattants. A plusieurs reprises, l'amiral Commentry déposera des rapports complémentaires sur ces deux textes ainsi que plusieurs autres rapports de la Commission de la défense nationale. Favorable à l'adoption de l'échelle mobile des salaires (20 septembre 1951), il s'oppose en revanche à l'intégration européenne et vote, le 13 décembre, contre la ratification du traité de Paris instituant la C.E.C.A. (pool charbon-acier), puis, suivant la position de son parti, s'abstient volontairement lors du scrutin d'investiture du gouvernement Pinay (6 mars 1952). Le 17 juin suivant, l'amiral Commentry intervient longuement dans le débat sur le budget de la Marine. Il revient sur ces problèmes le 26 janvier 1953, en présentant ses explications de vote à propos du projet de loi sur le développement des dépenses militaires. Mais la question indochinoise devient alors cruciale : l'amiral Commentry s'abstient volontairement lors du scrutin du 26 juin 1953 pour la confiance à Joseph Laniel, mais il vote pour l'ordre du jour gouvernemental à la suite du débat sur la situation en Indochine (27 octobre). Favorable au cessez-le-feu (9 mars 1954), il se prononce contre la confiance à Laniel après la défaite de Diên-Biên-Phû et alors que les conversations de Genève se poursuivent (13 mai). Après la démission du gouvernement Laniel, il approuve l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin).

Lors des municipales du 26 avril 1953, l'amiral Commentry se présente sur la liste d'Union et d'action municipale et, le 7 mai, il est réélu au fauteuil de premier adjoint au maire de Saumur. A la suite du décès d'Emmanuel Clairefond, il devient maire de Saumur (6 décembre), fonctions dont il démissionne cependant dès le 5 février 1954 : son premier adjoint, Fernand Angibault, lui succède alors.

Le 30 août 1954 a lieu le vote sur la question préalable opposée par Edouard Herriot et le général Aumeran à la ratification du traité sur la Communauté européenne de défense : toujours adversaire de l'intégration européenne, l'amiral Commentry soutient la question préalable, dont l'adoption équivaut au rejet du traité. Ayant refusé la confiance au gouvernement lors du scrutin du 10 décembre 1954 sur sa politique en Algérie, il refuse à nouveau la confiance à Pierre Mendès-France le 4 février 1955 (chute du cabinet), et s'abstient volontairement sur l'investiture d'Edgar Faure (23 février). Partisan de l'état d'urgence en Algérie (31 mars 1955), l'amiral Commentry intervient longuement comme rapporteur pour avis du budget de la Marine pour 1955 et 1956, dans la séance du 22 juillet 1955. Le 29 novembre, il vote contre la confiance à Edgar Faure, scrutin à la suite duquel le cabinet est renversé. Le 2 décembre 1955, l'Assemblée nationale est dissoute.

L'amiral Commentry abandonne alors pratiquement la vie politique, ne se présentant pas aux élections anticipées du 2 janvier 1956 pour la troisième législature de la IVe république.

Président de l'Amicale des officiers de réserve de l'arrondissement de Saumur, de l'Amicale des anciens marins et de l'Association des anciens du corps expéditionnaire français d'Extrême-Orient (section de Saumur), l'amiral Commentry était notamment commandeur de la Légion d'honneur, titulaire de la Croix de guerre (1939-1945) avec palmes et étoile de vermeil, de la Médaille coloniale, de la Croix militaire de 1re classe (Belgique), de l'Ordre royal du Cambodge, du Dragon d'Annam et de Saint-Stanislas de Russie.